Première réédition “officielle” de la GT40 (qui avait été conçue pour battre Ferrari sur son propre terrain mi des années ’60), la Ford GT entra en production en 2005 et fut construite à 1.302 exemplaires, telle que présentée 3 ans plus tôt (en janvier 2002) comme étant une ultra sportive néo-rétro pour nostalgiques, affichant des caractéristiques plus qu’alléchantes : V8 5.4 litres de 558 chevaux à deux injecteurs par cylindre, compresseur Lysholm, couple phénoménal de 678 Nm à 4.500 tr/min, vitesse de pointe dépassant 300 km/h et une accélération de 0 à 100 en 3.9 secondes.
Le rendement restait en-dessous des 100 chevaux par litre, mais elle acceptait de l’essence à indice d’octane 91, telle celle que l’on trouve partout aux States… et cette berlinette de 4m64 ne pesait que 1545 kg, soit à peine plus que la Ferrari F430 de la même époque, moins puissante et surtout moins coupleuse (470 Nm).
Les grands marchands Européens de véhicules hors normes d’occasion, n’hésitèrent pas, dès l’année suivante, à rafler tous les modèles de seconde main disponibles aux USA pour les revendre 3 fois plus à une moyenne de 220.000 euros (neuve en concessions aux USA son prix était de 150.000 US$)… ce qui paraissait être un commerce juteux voire une escroquerie, 15 ans plus tard n’est qu’un ensemble d’opportunités quasi bradées… en effet, en 2020 une Ford GT navigue entre 6 et 1.00.000 de US$ !
Fin des années ’80, tout cela fit “exploser” le marché des fausses Ford GT-40…, les originales se négociant à plus d’un, deux, voire trois millions et plus de US$…, les “belles” répliques osant se positionner pas loin en dessous des 100.000 US$, tandis que les “moches” répliques (dont certaines étaient bidouillées d’une motorisation VW flat-four entre 40.000 et 60.000 euros selon leur degré de finition ainsi que du “renom” (illusionné) de leurs fabricants (éphémères).
Généralement les répliques étaient équipées de blocs V8, mais les œuvres “VWesques” des diverses sangsues typiquement franchouillardes qui s’ingéniaient également à également commercialiser des Cobra réplica bidouillées avec ces mêmes Flat-Four pour profiter de la bêtise humaine (qui est un des réservoirs économique du monde)… ont finalement été les responsables des normes de plus en plus sévères édictées par les instances européennes.
Dire que le design de la Ford GT est réussi relève du pléonasme, car elle se situe au niveau de l’icône automobilistique qu’est la GT40, de part son style… dès-lors, approcher la Ford GT aujourd’hui, fait immanquablement monter pouls et niveau d’adrénaline… (elle est 10 centimètres, soit 4 pouces, plus haute que son ainée GT40 et aurait donc pu s’appeler GT44) !
Les portes s’ouvrent comme sur les GT40 originales avec les échancrures typiques, qui permettent de se laisser glisser facilement dans les sièges (mais attention aux cheveux qui parfois restent dehors, occasionnant simultanément des dégats au cuir chevelu… mais, une fois assis, on découvre un tableau de bord facilement lisible, inspiré des modèles de course originaux… les sièges sont d’une très bonne ergonomie et très confortables, notamment grâce à une ventilation intégrée, elle aussi inspirée des GT40 de course.
La fermeture de la portière nécessite un peu d’effort, mais se verrouille franchement (avec le risque évoqué un peu plus avant)… une clé permet de mettre les circuits sous tension et le démarreur s’actionne en poussant sur un bouton fiché au hasard dans le tableau de bord… le V8 démarre alors au quart de tour (c’est du très moderne) et remplit l’habitacle d’une sonorité très agréable mais discrète… quelques coups d’accélérateur font siffler le compresseur volumétrique qui se trouve au centre du V8 et qu’on voit très bien dans le rétroviseur central (on n’y voit d’ailleurs pas grand-chose d’autre).
La Ford GT impressionne et déstabilise au premier contact avant de se montrer d’une docilité rarement associée à une exotique de sa trempe… avec des rapports plus rapprochés, nul doute que la Ford GT eut été plus vive que la 2009 Corvette ZR1 contemporaine à la Ford GT, mais, dans ces circonstances, le couple est moins brutalement efficace… d’autant que le moteur central fait merveille pour l’équilibre des masses dans les longues courbes, quoiqu’un virage de moyenne amplitude abordé trop vite peut précipiter la Ford GT dans un survirage très délicat à maîtriser compte tenu de la tendance qu’a la voiture à pivoter sur son axe… ce n’en est pas moins une merveilleuse machine qui passe facilement de la piste à la route, malgré des contraintes de visibilité tant vers l’arrière que du côté droit
En 2002, lorsque le concept a été dévoilé, tout le monde en est tombé amoureux… et quand Ford, 45 jours plus tard, en a annoncé la commercialisation prochaine, on a frôlé l’hystérie… et il y avait de quoi… elle cachait des dessous ultramodernes recourant largement à l’aluminium… la suspension avant était basée sur une une double triangulation, les freins étaient des disques de 355mm à l’avant et 335mm à l’arrière (ABS de série) et les jantes monobloc étaient des BBS montés de pneus Eagle F1 en 235/45 ZR 18 à l’avant et 315/40 ZR 19 à l’arrière.
Elle laissait et laisse toujours à son propriétaire/pilote la possibilité de s’exprimer/s’amuser pleinement : elle n’a ni ESP ni antipatinage ni suspension pilotée ni boite séquentielle à mode automatique… elle laissait dédaigneusement ça aux Ferrari…