Hot Rod Ford’34
Découvrir un Hot-Rod d’un autre âge qui se donne l’allure d’un engin d’âge indéfinissable, c’est vivre le passé d’une future aventure d’avenir passé sans lendemain…, Cela m’est arrivé alors que je profitais à l’envi des hauts et des joies de la vie… J’étais heureux, subjectivement… Même si d’aucuns auraient sans doute avancé l’idée que j’avais plutôt une vie de Pacha, plus objectivement absolument pas celle des heureux travailleurs des villes et champs…, Puis le destin se décida enfin à frapper à l’écran de mon ordinateur… Je m’en souviens plutôt bien, il était tard…
M’est alors apparu une vision dantesque qui a fait battre mon cœur d’une langueur monotone…, Je répète…, M’est apparu une vision dantesque qui a fait battre mon cœur d’une langueur monotone… Dommage en revanche que les histoires d’amour commencent mal, en général, car si le charisme onirique de la belle apparition n’avait d’égal que son ineffable beauté, elle atteignait (si je comptais correctement), la barre fatidique des 90 printemps… Son horloge biologique indiquant désormais une heure tardive et critique, je pouvais de ce fait dores et déjà oublier le projet de cavalcades enfiévrées…
Et cela, même si je désirais (palper) capter au plus profond, cette beauté plus que tout au monde, mais à l’inique condition qu’elle fleure encore la fraicheur virginale de ses débuts, sinon, autant aller me taper un vieux Hot-Rod qui lui ressemble de loin, le cas échéant… C’est pareil que si la Joconde supporte assez bien les outrages du temps au demeurant, par le passé, malheureusement, on est souvent témoin des ravages que l’apesanteur et le poids des années peuvent exercer (sur une belle paire de seins)… par exemple sur Brigitte (Macron où Bardot ?)…
L’amour, ça ne se commande pas… Et ça se décommande peut-être encore moins, diront certains, dont vraisemblablement notre Président Macron, alors que, contrairement à lui, pour aller à la rencontre de mon destin, je ne disposais pas d’une grande variété de possibilités ! Bon sang, il fallait impérativement que je me dégote une machine à remonter dans le temps. Mais j’avais malheureusement perdu le numéro de téléphone des frères Bogdanoff suite à un stupide accident de barbecue l’été précédent, tandis que le docteur Emmet Brown avait paraît-il quant à lui récemment changé d’identité.
C’était pour se reconvertir dans l’écologie relaxante… Je me retrouvais donc seul et désœuvré pour faire face à cette énigme de la science aussi dense et futile que l’antique et sacro-saint mystère du sens de la vie, me souvenant avec émotion qu’il y a de ça quelques années, j’avais vu MacGyver à la télé en train de bricoler un missile sol-air avec un simple bâton de ski, un vieux chiffon, quelques boules anti-mites ainsi qu’un tube de colle… Quelques minutes plus tard, la TV montrait un bonhomme du même style qui bidouillait une Deloréan pour en faire un engin à voyager dans le temps…
Je me suis alors dit, avec un sourire confiant, qu’avec les moyens du bord, tout quidam pouvait, dans la même veine, fabriquer un Hot-Rod à remonter dans le temps… Toutefois, les seuls objets dignes d’intérêt dans cette entreprise désespérée, étaient un pédalo d’appartement, une cocotte-minute, un vieux dix-de-chute, du fil dentaire usagé, un boulier japonais, quelques slips sales, ainsi qu’une vieille bouteille de Beaujolais périmé ! C’était d’ailleurs à peu près tout ce sur quoi je pouvais compter, le reste de mes possessions ayant récemment été saisi par le Fisc suite à une sombre affaire de délit d’initié…
Je dirais volontiers qu’elle ne s’était déroulée qu’à l’insu de mon plein gré… Histoire de m’éclaircir un brin les idées, j’ai commencé par boire la bouteille de vin d’un trait jusqu’à ce qu’un étrange flot d’idées prenne soudain forme au plus profond de ma psyché… Je passe les détails techniques pour ceux et celles qui ne goûteraient pas particulièrement à tout ce qui touche aux mystères de la mécanique quantique, mais j’ai encastré ensuite tous ces objets comme si leur essence même avait depuis toujours consisté à être enfin associés, pour créer une machine prête à jouer ce rôle si particulier.
Non point un Hot-Rod interstellaire, mais un pédalo d’appartement à remonter le temps… Et croyez-le si vous le voulez, mais ça a marché… Enfin presque, parce que malheureusement pour moi et pour ceux qui ne seraient pas encore au courant, les voyages spatio-temporels nécessitent en amont des calculs hautement délicats, même pour un cerveau aussi rare et brillant que le mien… Dans mes savantes estimations, j’avais en effet totalement négligé ce putain de passage à l’euro, et mon équation à 216 inconnues en fut donc ainsi quelque peu faussée…
C’est du moins ce que je n’allais pas tarder à apprendre à mes dépens, mais fatalement un brin trop tard pour espérer pouvoir actionner la marche arrière de cette sombre galère… Car un grand flash de lumière d’un rouge vif et flamboyant illumina soudain la pièce dans laquelle je me trouvais lorsque j’actionnais cette machine hors du commun. Cela a fait sauter sans exception toutes les ampoules à basse consommation du salon, m’expédiant l’instant suivant dans un décor sauvage qui me rappela aussitôt un passage intempestif à Strasbourg à la CEDH… Pfffff !
Je n’arrivais pas encore tout à fait à y croire, mais je venais en effet d’atterrir en plein cœur d’une autre dimension… Aucun doute là-dessus, surtout à en croire l’homme primitif certes peu poilu, mais très barbu qui me fixait méchamment… L’accueil fut toutefois des plus chaleureux, et j’eus ainsi droit à une soirée de fête et d’excès en musique spécialement en mon honneur ; danses folkloriques, cours de tricot, démonstration de krav-maga, partie de twiter, on peut même dire que j’en eus pour mon argent, si j’ose dire…
J’ai d’ailleurs profité de l’occasion pour distribuer quelques billets de banque et autres pièces de menue monnaie aux femelles les plus méritantes… Ce concept de l’argent sembla d’ailleurs connaître un franc succès auprès de mes charmantes amphitryones… et je dois dire être à ce jour assez satisfait d’avoir au moins pu apporter cette modeste contribution à leur prometteuse émancipation… Histoire de faire montre de ma reconnaissance, je décidais ensuite de passer la nuit dans leur camp au milieu de superbes plantes vénéneuses, léchant à loisir quelques beautés hallucinogènes au coin du feu.
Tout cela, en leur interprétant un medley de mes meilleures chansons paillardes et cochonnes… Un peu plus tard, l’effet fut comme je vous le laisse deviner des plus cosmopolites… Peu de souvenirs de la fin de soirée pour être honnête, mais je me rappelle ensuite avoir été réveillé par des palpations maladroites…, parvenant finalement à ouvrir un œil encore engourdi par cette longue nuit –véritable tourbillon d’un vent de folie–, j’eus la surprise d’apercevoir un Hot-Rod au look “d’vieux vestige” de l’époque où je clopais encore raide et sec comme Charles Bukowski et Michel Houellebecq réunis…
C’est ainsi que je me suis retrouvé face à un Hot-Rod étrange dans un passé lointain via l’écran de mon ordinateur… Certes avec une ligne Internet, mais à très faible débit…, le genre de connexion qui vous fait penser au suicide chaque fois que vous appuyez sur une touche et qu’il ne se passe rien pendant une minute… Voilà, c’est fini… Ou presque, car j’ai perdu mes notes techniques avec les renseignements détaillés du Hot Rod, ainsi que les coordonnées du propriétaire et divers autres renseignements qui auraient été ici très utile… Quoiqu’avec les indications ci-dessous, il doit y avoir moyen d’y remédier.