Go west ! Hot-Rod Ford Truckster…
Hier, sur le câble, le hasard m’a amené à visionner un reportage sur le rêve américain du 19ème siècle : les longues caravanes de déshérités en quête de terres à cultiver, de liberté, d’horizons nouveaux…, la course à la vie d’abord, au bonheur peut-être…, encore et toujours…, finalement, toujours le même moteur, la même envie, la même force…
A chacun son “West” à conquérir, à chacun sa voie lactée, à chacun son espace arraché à la pesanteur, à chacun son inaccessible étoile aussi.
La course contre le temps, la fuite dans la vie…, la marche en avant…, les yeux fixes sur une ligne d’horizon fuyante…, les boulets aux pieds laissés en route…, les boulets que sont le conformisme, la culture chrétienne, le “qu’en dira t’on”…, le regard sur soi et donc le poids du regard des autres, l’obligation de performance…, la norme sociale, les interdits, les obligations…, la morale collective, l’intolérance, le politiquement correct…, le Pape qui bredouille, le Sarko qui revient en une des médias, mon voisin qui trompe ma voisine…, ma postière et sa gueule impossible en cause de son appareil dentaire… et les customizeux franchouilles, les hot-rodders pathétiques, les bouseux, les beaufs, les autres…
Toujours plus…, more and more alway’s…, mas de libertad…, particulièrement toutes les petites et grandes choses qui voudraient me pourrir le quotidien, m’embourber la liberté, me polluer l’air frais…
– Donc, je les toise du haut de mon mépris…, mais ça suffit pas, les chieries guettent, les “croc en jambes” me “sournoisent”, les cons pullulent…, les casses-couilles veillent, prêts à bondir…, les mégères ne s’apprivoisent pas…, ma postière est toujours au guichet…, et les pisses-froid sont tapis en quéquettes d’exclusion des blogs qu’ils gèrent !
– Donc je me fabrique ma morale, mon monde…., un peu de bon sens, une pincée de sel, une rasade de rires, un soupçon de mélancolie…, des complicités simples…, des sentiments disparates, du sexe mais jamais assez…, des clairs obscurs mesurés…, ni dieux, ni maîtres…
– Donc je me fabrique mon espace…, je l’aseptise, je le ventile et le dépollue…, vous ne le voyez pas mais vous ne pouvez pas imaginer à quel point il sent bon la vie…, je vous y invite, je vous y incite, je vous y retiens…, c’est un vaste foutoir fait d’amis, de rêves, de rencontres…, un espace oxygéné, un bar aux boissons gratuites, une pièce d’ambiance… et je préserve tout çà dans mon rêve éveillé, le protège des miasmes…, c’est mon “Go west” en somme…, un west immense dont les frontières reculent sans cesse, sans tambour ni trompette, sans Pape, sans rois, ni ma postière, sans clef sur la serrure, sans rancune…, du rêve à la réalité…, toute une route… et vous, votre “West”…, c‘est comment ?
Allez Go West…, en ce moment, j’ai le temps de musarder, le temps d’aller dans le vent, le temps d’aller de l’avant, le temps d’introspecter, le temps de le prendre…, douces sensations.
Les circonstances font que… et je serai bien le roi des cons de ne pas en profiter, donc, me voilà en plein oxygène, en pleine dégustation…, le sabbataïsme me sied comme un gant, il me permet de prendre de la distance, bien sur, avec un monde médiatico merdeux.
Vous me prenez tout çà, vous le mettez dans un grand sac, vous gigotez dans tous les sens et vous obtenez la plus fameuse décébralisation désirée…, un brin d’arrogance, pas mal de conneries, un zeste de clownerie, une bonne télécommande et hop !!!
La distance que je revendique dans des causes qui ne sont pas les miennes et pour lesquelles je ne me sens pas obligé d’avoir un avis…, mes causes ont gagné en investissement ce qu’elles ont perdu en dispersion, je me suis créé mes non-évènements, j’ai mis une féroce distance avec mes incapacités…, on se fabrique les merderies qu’on mérite…, ainsi vont les choses, puisqu’il est sain de ne jamais s’enfermer, d’éviter les scléroses, de ne durer qu’à l’envie…
Tout bien digéré, je revendique mes désintérêts avoués et mes micro investissements goulus puisque tus…, la distance acceptée avec tous mes “Moi”, des plus sombres aux plus joyeux, des plus intimes aux plus visibles, des plus conflictuels aux plus unis…, le “tout en un” intégré, digéré, accepté et recherché…
Je ne suis que Moi-même, fait d’eau et de carbone pour l’essentiel…, cette chimie des éléments est acceptée…
Intégrer de la mesure pour mieux voir…, mettre des années lumière entre les plaisirs du moment et les futilités de la veille…, accommoder les égoïsmes consentis, les dispersions hasardeuses aux investissements triés, aux dons joyeux…, préférer la folie au rationnel, les Hot-Rods déjantés aux berlines allemandes fonctionnelles…, non ?
Dennis avait un moteur 260ci Mercury V-8 datant de 1952, couvert de la fameuse poussière des “collector’s” dans son garage, juste en attente qu’on lui redonne une vie mécanique.
Dennis Overholser est un ingénieur, mais se prétend vice-président de la performance indolore… et comme à peu près toutes les personnes totalement dingues qui se croient impliquées dans l’industrie automobile, il a les voitures dans son sang.
Le moteur, avait été démonté, ouvert, il était là, maintenant abandonné, orphelin de la voiture dont on l’avait extrait avant de la perdre chez un casseur…, il ne faisait ni de mal ni rien de bon à personne, il était juste couché au sol, là…, à coté d’une carcasse de Pick-Up Ford F100 1978, sans mécanique…
Alors, quand Dennis a lu un article de Thom Taylor publié dans un magazine américain de Hot-Rods, il est devenu comme fou…, un dessin en illustration d’un article qu’il n’a finalement jamais lu, utilisait la cabine d’un Pick-Up Ford F100 de 1970 transformé en roadster, c’était exactement ce que Dennis attendait sans le savoir ni pouvoir l’imaginer pour donner vie à son V8 et à la carcasse du Pick-Up dont il ne savait que faire…
Dennis s’est mis au travail, a désolidarisé la carrosserie du châssis et s’est mis à fabriquer son propre châssis 2×4 pouces utilisant des tubes rectangulaires sur lequel il a greffé à l’avant des ressorts à lames Posie, un essieu Speedway et des freins à disque SSBC…, tandis qu’un autre ensemble de ressorts Posie et un pont Granada de 9 pouces avec freins à disques SSBC était positionnés à l’arrière… et des roues fils Dayton 18×6 pouces à l’avant et 20×6 pouces à l’arrière, chaussées de pneus vintage Firestone ont été choisis afin de donner un look rétro.
Après avoir terminé le châssis, Dennis a cérémonieusement coupé le haut de la cabine de son Pick-up… et comme si l’aspect de ce “Truckster” n’était pas assez déroutant, une calandre Dodge ’38 (avec les phares d’une Chevrolet ’37) a été placée à l’avant… et une benne de Ford flathead montée entre le “framerails” arrière…, à une époque où les préoccupations aérodynamiques et sécuritaires semblent avoir eu définitivement raison des ornementations les plus fantaisistes, il fallait oser greffer une calandre à ce point ostentatoire, surannée et inutile.
Mike Smith, un atelier d’usinage à Fort Worth, Texas, a été chargé de préparer le vieux bloc V8, et Jeff Abbott a procédé à l’assemblage du bloc de 1952…, des adaptateurs personnalisés ont été utilisés pour monter une pompe à eau de Chevy 409, mais ce n’est pas tout…., ce qui semble à première vue être un double carburateurs Stromberg est en réalité un système EFI avec deux F&B Performance de quatre injecteurs chacun, une admission Offenhauser et diverses pièces Edelbrock.
Le moteur a finalement été relié à une transmission Ford C4 reconstruite par Phoenix et à un pont 3,55 transformé par Inland Empire Driveshaft.
L’intérieur du roadster a été réalisé simple, mais loin d’être spartiate, sans équipement audio-topless comme la plupart des systèmes stéréo tonitruants…, au lieu de cela, Dennis s’est appuyé sur l’artisanat de qualité d’Eddie & Customs à Pueblo West, Colorado, où Eddie Potestio a façonné un ensemble de sièges sur mesure en cuir marqué.
Le groupe d’instruments dans le centre de la cabine est également unique, c’est une pièce sur mesure réalisée dans un phare de ’37 Chevy.
Dennis a confié la tâche de peindre le “Truckster” à Jimmy Bourdeaux d’Auto Body Perfection à Wort Fort, en PPG Hot Wheels Orange…, au pays de l’humour caustique et des paris débiles, cet engin a ainsi tout reçu pour devenir une icône…, entre autres détails mémorables, il y a bien sûr cette face de topinambour que des enfants peu doués auraient tenté d’humaniser pour Halloween sans parvenir à esquisser autre chose qu’une expression à la profondeur bovine.
Tout aussi incontournable, le volant est l’attribut définitivement “culte”, quant au mélange des styles, la cabine du Ford F100 coupée façon Roadster et surtout la benne arrière, confèrent à l’ensemble un indéniable statut de collector !
Mon cœur balance cependant, car non content d’avoir accouché d’une citrouille, Dennis en a fait un carrosse… et quel carrosse…, on ne sait toutefois pas si la face du monde eut été changée si le nez avait été moins drolatique, mais dans tous les cas de figure, pareil engin donne à son conducteur un autre point de vue sur les voitures de luxe, ou les ploucs et beaufs sont avachis au fond de leur siège au raz du bitume, le buste recroquevillé sur leur volant et les jambes écartées !
S’il s’agit de rendre le kitsch fashionable, d’élever le “has been” au rang de must ou de faire de l’anachronisme un art de vivre, les amateurs de décalage ont sans doute trouvé là leur carrosse, mais les conseilleurs ne sont pas les payeurs !