“Le bonheur individuel se doit de produire des retombées collectives, faute de quoi, la société n’est qu’un rêve de prédateur”… ça, c’est une pensée de Boss de pub dans l’univers pute branchouille… mon Popu que j’aime parce que tu lis quotidiennement mes articles, mais t’inquiète, depuis la pandémie Coronavirus ils ont tous peur de crever pire que pour vrai, ne plus exister dans l’inutile… et c’est pire pour les femelles qui pensent survivre en fellations, grattouillages de couilles et enculeries prodigieuses… la pub s’écroule, 90% de chiffre en moins, personne n’a vu venir la fin, les péripatéticiennes de l’info se battent pour les 10% qui restent, mais le coté horreur de la farce c’est que les annonceurs savent maintenant que tous les chiffres débités par les grands groupes incontestables étaient bidons, tout fonctionnait sur l’entourloupe, la crédibilité c’était de paraître, c’est comme les affaires de cul, si tu y vas trop profond c’est la merde que tu touches !
Avant c’était le délire, créer une campagne de pub c’était comme créer un graffiti géant sur le mur d’une vieille usine en cours de destruction, tout était dans le maintien royal et la promesse de jouir malgré le coût astronomique de la prestation… quand le produit à vanter était une bouse, on choisissait une vedette pour que la masse se projette dans son image…
– On a qui de stock potentiel, exactement ?
– François Barthez, Marlène Cheryl, Rohff, Florent Ruquier, Maïté, Amandine Mauresmo, David Douillet…
– OK. Tu me vires Mauresmo, trop laide… Douillet, il m’a trop fait chier avec sa pub de biscuit… Maïté, trop grosse… Armand Ruquier, trop chétif… Rohff, on ne vise pas la banlieue ni les nègres avec ce produit…, Hélène Cheryl…, trop du genre vieille blonde…, Barthez, par élimination, est parfait, il est sur le déclin, donc il coûte pas trop cher et tout le monde se souvient encore de lui, faut qu’il garde le crâne rasé, séance photo la semaine prochaine, prends RDV, et demain matin on discute de la Vidéo de SecretsInterdits, à 10h pile, OK ? Bien noté ? Parfait, je te laisse, ciao…
C’est lointain… maintenant, dans la fin de mes 70 printemps, j’ai souvent froid, il fait souvent gris, il pleut trop souvent, alors que j’ai migré à Saint-Trop’… mon portable s’en va rejoindre le fond de ma poche, j’aurais bien voulu aider d’avantage ma jeune stagiaire, une jeune pucelle sans culture toute fraîche émoulue d’une école de “je pète plus haut que mon cul“, mais là, impossible, je suis en mission, il faut que je me plonge au cœur de la jeunesse prolétaire pour mieux prédire l’avenir avec le Coronavirus… je décide d’aller rendre visite à mon ami Philou…
A coté de chez lui… une petite Steampunkette tatouée de partouze m’observe d’un œil glacé, faut dire que je détonne dans ce bled pourri avec mon costume lissé impeccable de style smoking pour partouzes enfièvrées… je lui fait un doigt d’honneur amical, elle me répond d’aller me faire enculer… ça me fait penser qu’on ne parle jamais assez de la sexualité des Steampunk’s, à une époque où il y a plus de tarés que de débiles, ça me parait primordial, je note cette pensée !
Tout de noir vêtu, je fais le vide avant la longue après-midi qui m’attend chez mon pote qui joue sa survie, je pousse sur la sonnette de sa petite maison adossée à une ancienne usine chimique… pas de résultat ! Personne ? Je frappe contre le bois pourri qui étouffe le son… une ombre semble osciller derrière la vitre de la porte, mon pote Philou, hirsute, ouvre :
– Désolé, la sonnette ne fonctionne plus…
Je réponds par un silence entendu (sic !), tandis que son molosse se jette sur moi… un gros rottweiler musclé, ou un truc du genre, une espèce sans doute interdite, aux oreilles taillées pointues, une bête de guerre à te déchiqueter un mioche en deux d’un coup de mâchoire, à te décapiter du bambin, il a un joli collier métallique avec des pointes, le même que les gonzesses portent dans les soirées gothiques de la capitale… il me reconnait à la limite de m’égorger… et finit par baver sur ma main !
Sa copine, une chinoise, est assise sur un bout de divan, le regard vaseux, je lui fais une petite bise sur la joue, la maison a à peine changé depuis 5 ans, le nombre de DVD dans la bibliothèque a juste décuplé, l’ordinateur a été décoré, tuné, converti, en aquarium, sur la table, je vois une vieille console portable de Sony, la PSP, un peu plus loin, un volume de Harry Potter et le prince de sang mélangé, un truc du genre, seule trace de littérature dans la pièce… et sans doute dans la maison, excepté les autres volumes de Harry bien entendu, ne soyons pas trop mesquin.
On me sert une eau pétillante, une eau pétillante produit blanc, une eau pétillante anonyme, un simulacre de San Pellegrino, une station thermale située dans les Alpes Italiennes, haute teneur en sulfate (549 mg/l) et calcium (208 mg/l), faible taux de sodium (43.60 mg/l) la rendant peu salée… la pluie bat les vitres.
A côté d’une eau thermale, de l’eau de Vichy Célestin, elle est plus agréable à boire et ne donne pas un arrière goût de rouille dans la gorge… je n’ai pas encore prononcé un mot… la télé occupe tout l’espace sonore, une marionnette humaine ridicule présente une espèce de bêtisier pas drôle.
Le papier peint est très laid.
Philou m’explique qu’il est au chômage technique, que le restaurant qu’il avait ouvert, c’est foutu, qu’il survit grâce à sa chinoise qui bosse dans l’enseignement secondaire inférieur, elle enseigne la science pour une école de coiffure… cela consiste à leur expliquer le PH et l’ammoniaque, mais à cause du confinement, elle bosse à domicile !
Philou quant à lui, est toujours dans le Customizing, il s’est lancé aussi dans l’échangisme consumériste avec sa chinoise pour revitaliser son couple et gagner un peu d’euros pour survivre à la crise…
Pour faire passer le glauque et le crasseux, d’une manière furtive, il arrive à me glisser le fait que Bad Boys 12 est son film préféré… j’acquiesce, je m’en tape… c’est normal, je prononce une phrase hors contexte : “Le nouveau devient quotidien”… ainsi va la vie…
Il existe plusieurs sortes de Customizing… aux States c’est infini… en Franchouille ça se limite au visuel et au sonore performant… le style qu’au plus ça gueule, au plus c’est puissant… et Philou est dans le tuning performance, sa caisse, une Dodge, est réputée sobre, vitres teintées, peinture noire.
Les gens qui travaillent et touchent un salaire peuvent se spermettre d’aborder différentes tendances, pour les autres, adeptes du do-it-yourself, mais non fortunés, il faut se spécialiser.
Généralement en Franchouille, une restauration ce sont les sièges à l’arrière enlevés pour ne pas devoir les refaire, le pot d’échappement amélioré par simplification… et le nouveau moteur n’est qu’une peinturluration de l’ancien, tandis que les découpes aérodynamiques résument l’ablation des pare-chocs rouillés… et comme pour aller vite il faut alléger sa caisse au possible, y a pas de caisson de basse non plus, pas d’amplificateur, rien que du vide… mais Philou a réalisé une resto “à l’américaine” sur sa Dodge Charger, tout est donc super impeccable, du travail de pro… et de là, pour tester ses performances, Philou participe à des courses illégales qui consistent à faire patiner les roues arrière afin de créer un max de fumée.
C’est là que ça baigne dans le hors toutes les lois, le genre d’endroit où Nitro, Power-Glide et Kustom’mag’ trouvaient de la matière pour leur créativité avant d’être contraint de tout stopper…
Philou est resté une star du Customizing… un pilote… quand il était mioche, il roulait à 80km/h dans une épave de Peugeot 203 à travers le centre ville… ce qui a marqué les esprits… les beaufs, enthousiastes prétendaient avoir totalement confiance de parier sur lui d’autant qu’il affirmait ne ressentir aucune peur… avant la pandémie on pouvait observer à loisir les courses sur le Drag-strip local : une route désaffectée dans l’ancienne zone industrielle, même sous une pluie battante, sous les éclairs, le panard intégral étant de se sentir “Rebel without a cause” au milieu des indigènes locaux, prendre des virages à 60 km/h, et pointer à 100 en ligne droite, dans la nuit.
Tout prenait là son sens, loin du “Custom tapette” consistant à décorer sa “voiture-femme” en mauve bonbon avec des néons, pour compenser une vie sexuelle faite de particules de vide…
Le Customizing perlé de Hot-Rodding plus snob est à l’opposé, une lutte contre le politiquement-correct, les lois, toutes les limites, les peurs, à la recherche de “vraies sensations fortes”, comme l’amour à plusieurs dans une cave… et Philou trouvait un équilibre dans tout ça, il était, dans ce sens, plus sain que la plupart des autres, l’avait même réussi à ouvrir un bastringue… c’est dit à l’imparfait car ce n’est pas près de revenir, tout ça !
Il m’a proposé de sodomiser sa chinoise dans le divan pour 100 euros… j’ai pas voulu marchander, j’ai préféré admirer en silence et apprécié qu’elle enfile une superbe robe rouge comme pour une soirée mondaine, c’était en harmonie avec mon costard noir, je suis resté habillé avec mon noeud’pap rouge pour profiter encore plus de ce mélange exquis d’excitation et de vulnérabilité… et je me suis contenté de relever sa robe… Philou a observé tout le long en se masturbant, en background, comme une rediffusion du maillon faible… le cul de sa chinoise n’était plus tout intact, les sensations étaient moyennes, j’ai eu un peu de mal à rentrer c’était trop sec, mais pour ne pas vexer son couple et être poli, j’ai dit que c’était super, j’ai regretté mes 100 euros !
Vers 2h du matin, je suis rentré chez moi, je me suis brossé les dents et j’ai rincé les traces de merde sur mon gland, je n’avais accompli aucune mission, j’avais comme roulé sur un trottoir à toute vitesse en écrasant un max de piétons sur fond de Snoop Doggy Dog… un héros !
J’ai versé quelques croquettes dans la gamelle de Blacky… et je me suis couché, il était 4h30… à 10h, j’avais une réunion concernant le montage de la pub pour le nouveau GatsbyOnline…
De nouveau chez Gatsby, une sorte de stagiaire petite nouvelle, m’a proposé du café en agitant ses seins dont je n’avais rien à foutre… on était à peu près trois à attendre la responsable marketing dans la salle de conférence, j’avais gardé ma veste en cuir sombre dessinée par Heidi Slimane, du temps ou il était encore directeur artistique chez Dior, négociée péniblement à Paris l’été dernier dans un colloque vintage, pour le reste, j’étais essentiellement habillé de noir, pull, pantalon, godasses à la frontière entre la basket et la pantoufle, pour assurer plus de crédibilité et de corps à mon dynamisme surnaturel.
– Sans sucre, sans lait, merci.
L’ambiance était morose, chacun contemplait ses yeux gonflés dans le reflet de son café, il était rare que l’on commence si tôt le matin, comme de vulgaires ouvriers malpropres, chaque mouvement était pesant, un individu avait allumé la radio à faible volume, on pouvait entendre un bruit de fond de Madonna, un de ceux produit par l’arabe français, genre, Mirwais Ahmadzai, voilà le nom, il avait succédé à William Orbit, un enculé d’anglais qui avait remixé Bach en transe, avec des immondes synthétiseurs homosexuels.
L’attente.
Je déteste ces gens qui se font attendre, surtout quand je les paye… mais je sais très bien que dans ce milieu, ils le font exprès, arriver 10 minutes en retard, ça leur permet d’exister avant que je les vire pour ce motif !
Les gestes des mains quand on s’adresse à une assemblée, le balayage du regard, marcher à travers toute la pièce pour briser les frontières invisibles et faire de la salle son territoire, le discours lent, la syntaxe et la sémantique simple, les mots bien mâchés par des mouvements de mâchoires répétés des heures devant la glace de la salle de bain et tutti quanti…
Après un discours aussi inutile que chiant, elle a enfilé un DVD dans le lecteur, et voilà pendant 30 secondes, une longue montée qui a défilé sur l’écran en son dolby, des gens qui dansent, de l’alcool qui coule, c’est la fête, la musique devient house et ça pète, vive GatsbyOnline…
Je me lève d’un bond…
– Je n’ai pas aimé le début, où sont passés les percussions tribales que j’avais demandé sur la 7ème seconde quand on voit la négresse ?
– L’ingé son n’a pas retenu cette idée estimant qu’elle était superflue, d’après ce que j’ai lu dans son rapport…
– J’ai déjà pourtant exposé ma théorie dans les moindres détails, la négritude n’est plus du tout à la mode, suite à l’explosion R’n’B, le noir a été banalisé et tout le monde le sait, quand les gens regardent les publicités, ils voient inconsciemment le quota de noir qu’on a calculé pour faire United Color tendance, pour être à contre-courant… et donc original, il faut qu’on se moque de ce fait, et les tam-tams africains c’était un bon moyen de stéréotyper sonologiquement l’affaire, surtout pour la section SecretsInterdits…
Tout le monde m’applaudit.
– Ok, nous intégrerons ces tam-tams à la 7ème minute. D’autres commentaires sur le montage son ?
– Oui, le filtre sur le saxophone quand on voit la pétasse blonde, avec son décolleté grand canyon, boire son Martini, pas assez insisté, c’est elle la star sexuelle de la pub, d’ailleurs d’après ce que j’ai lu sur les notes de frais, c’est le plus gros cachet de la production image, le saxophone représente le sexe, et dans cette pub, le saxo c’est pour elle… et il faut le filtrer pour qu’il s’imprègne bien dans la basse funky/house d’arrière plan, je recommande au minimum une amplification de 3db sur cette séquence de cuivre, sinon, tant que j’y suis, la compression multibande au début est trop vulgaire, on sent que l’ingé a fait ça à la barbare avec l’effet Flatblaster de Reaktor, preset mastering puissant, on la fait pas à moi.
Je reprends la parole…
– D’autres choses ?
Silence total.
On se repasse la pub une deuxième fois, une troisième fois, puis la réunion se termine par un service de pains au chocolat moelleux et de jus d’orange pressé.
Je décide d’aller jeter un œil ce midi sur le tournage de la prochaine histoire dans la section Cinéma de GatsbyOnline, une vision personnelle sur la vie et la mort de Marilyn Monroe…, je vais remettre les choses en place et relancer les ardeurs créatives de la réalisatrice.
Après avoir anticipé les travaux des plus grands génies, prédit les courants, les contre-courants, la hauteur des marées, la couleur du vent, le goût de la merde qui serait servie le lendemain dans les assiettes de chacun, il n’y a qu’une seule chose significative qui prend importance à mes yeux : continuer à prédire le monde pour gonfler odieusement mon compte en banque.
Etre à l’avance sur son temps, c’est mon souci quotidien.
J’entame toujours la journée par la lecture de l’actualité, la fondation du flux migratoire des mêmes, ces briques d’idées fondamentales qui se reproduisaient à travers les cerveaux, à l’instar des gènes à travers les corps.
De manière générale, l’actualité ne fait pas varier énormément les tendances, mais il faut être là au bon moment pour filtrer l’information primordiale, celle qui est assez conséquente pour basculer nos modes de vie.
Chaque semaine, je dois également m’informer de la vie des stars, connaître l’état des couples ou l’image véhiculée par les peoples riches, je dois me brancher 20 minutes par jour sur MTV pour suivre l’évolution de la musique asservissante à but lucratif et décadent, observer le look des blacks r’n’b, noter la marque de jeans des pétasses blondes, schématiser la coupe de cheveux des pédales du rock.
Je dois me taper une heure de télé-réalité par semaine, il me faut les résumés, les tendances, les fringues, les personnages clés, mon esprit critique sur le qui-vive, en quelques minutes, sur la presque vingtaine de participant, je dois cerner les 3, 4 têtes primordiales, celles sur qui le jeune con lambda et la pucelle moyenne vont focaliser leurs fantasmes, celles qui vont porter le poids de toute la projection fantasmagorique de toute une génération merdique pourrie gâtée et élevée au silicium.
Je dois suffisamment les détester pour me plonger, avec joie et entrain, dans l’art alternatif et y puiser ensuite toute la richesse que les sous-artistes pilleront quelques mois plus tard dans mon site GatsbyOnline pour la resservir en version light aux sous-hommes d’autres sites merdiques.
En dehors de ça, je dois encore aller plus loin dans mon expérience, toujours plus loin, je dois créer pour condenser les fruits de mes observations… et mieux encore, je dois m’engouffrer au cœur de l’enfer, au cœur de la société et observer en silence le peuple en ayant l’air de rien.
Avant, on parlait de Easton Ellis, Dantec, Maryse Choisy, Kurt Vonnegut, on me conseillait Middlesex de Jeffrey Eugenides, l’auteur de Virgin Suicide, et j’obtempérais sans discussion, maintenant je n’en ai rien à foutre de ces connard, je reste sur l’héritage Gonzo de Hunter Thomson mâtiné de Céline dont j’achète les restes à la librairie du quartier des affaires, je traîne dans les rayons, je me sélectionne des romans, la vendeuse est charmante, petite étudiante de romane type 21 printemps, très mignonne et très cultivée surtout, elle connaît tous les livres, elle a un avis sur tout, ça m’impressionne, rien à faire, les femmes intelligentes, je craque… on parle rapidement philo, postmodernisme, on se dévore des yeux, je m’imagine la prenant en levrette dans le rayon livre sur une pile.
Encore un leurre de mon esprit, toutes les femmes belles, élégantes, intelligentes, pleines de confiance en soi, n’aiment pas le sexe, c’est bien connu, les top-modèles sont des brêles au lit, toute forme de narcissisme est néfaste pour le sexe, si on n’a plus besoin de l’amour des autres, on n’en a pas spécialement à donner, une surcharge d’amour-propre permet de se protéger du don de soi.
Y a que les moches qui n’ont pas confiance en leurs capacités et qui aiment se faire prendre en sodomie par une connaissance de leur compagnon après une course de bolide sous une pluie torrentielle.
J’arrive à l’improviste dans la salle de rédaction, une fois de plus, on n’a pas respecté mes consignes au casting.
Je prends le réalisateur en aparté : “Tu me vires les maftaboules du plateau s’il te plait, ça ne colle plus du tout avec le côté exotique Tahiti, tu comprends ?
Une indienne, une iranienne, une asiatique, c’est exotique, une maftaboule, c’est juste urbain tu comprends ?”…
Il remercie la maftaboule, c’est qu’elle avait raté sa fellation l’autre soir…, bien fait !
On commence les premières prises de vue.
Je tourne dans le studio en mangeant un donut, direct un détail me frappe, je tourne autour de la jeune mannequin, puis je la compare avec le cul de la rousse qui se fait habiller plus loin… je vais revoir le réalisateur : “Tu vois la niakwé ? Tu filmes sa tronche, et tu filmes le cul de la rousse, tu les habilles pareil, genre le top Strelli, et le froc coloré Raff Simons, tu fais tout pour que ça colle au mieux, faut que le cul de la rousse soit celui de la niak, ok ?”…
J’ai chamboulé la prod’, tout va bien aller maintenant, j’insiste encore un peu sur la position du palmier carton pâte, je parle un peu aux maquilleuses, je demande à la jaune de faire quelques mouvements zen yoga cool, très la mode chez la classe moyenne, la culture asiatique fait un malheur… et je me trace vite fait, j’ai rendez-vous chez mon amante à 12h, journée serrée…, quand je suis rentré, c’était le calme total, j’ai allumé la télé, j’ai senti un début de migraine, mon cortex moteur et mon cortex somatosensoriel semblaient saturés, j’avais envie de me coucher.
Mon œuvre humanitaire pour essayer de changer les choses, c’est de réinventer la rébellion chez les jeunes pour renverser le système basé sur la dictature de la jeunesse, j’appelle ça la rébellion par le bas, la seule philosophie valable pour l’avenir avec le post humanisme, autre chose que le catholicisme et l’islam, je parle même pas de la religion des libéraux là…, la juiverie, quoique bon, la majorité des post humanistes sont juifs, normal ça intéresse les riches… et les riches sont juifs.
J’ai joué à GTA, j’ai fait une mission où je devais conduire une pute au boulot et tuer un pasteur pervers qui tentait d’enlever les filles du mac local. Après, j’ai roulé de longues minutes sur les trottoirs en tirant à l’Uzi sur les passants qui avaient échappé, par chance, à mes roues… puis, vers une heure du mat’, après avoir regardé ce qui s’était passé sur GatsbyOnline, je suis allé dormir… j’ai toutefois pensé d’avance que je n’avais plus trop le choix, que c’était très mal vu par la plouquesque, il nous fallait une star vraiment porteuse : Mariah Carey n’était pas trop chère, mais pas baisable et trop nunuche, elle posait ces derniers temps dans les magazines avec son chien pour vanter les mérites du célibat, ça ne collait pas avec l’image sexuelle du site… et puis, sa musique était encore plus merdique que celle de Béyoncé, elles se concurrençaient dans un bain de merde mouvant. Beyoncé avait un trop gros cachet, alors que sa popularité stagnait, injuste fluctuation du marché.
Le lendemain, j’ai rompu le contrat photo avec Stéphanie, cette conne s’était mise la presse mondiale à dos avec son goût trop marqué pour la fourrure, cette petite pute embourgeoisée, ignoble enfant…, sordide destin… en fait plus rien n’allait…
Depuis 2002, j’avais misé presque exclusivement sur SecretsInterdits, sur le sexe BDSM, mais force est de constater qu’une chose imprévue était en train d’émerger, ces derniers temps, je rencontrais de plus en plus de gens qui se lançaient dans une nouvelle pratique, l’asexualité.
L’individualisme exacerbé ne conduisait pas, comme je l’avais pensé, à une libéralisation totale du sexe et à l’orgie permanente comme dans le meilleur des mondes, au contraire, on se dirigeait vers un individualisme tellement fort qu’il pouvait se passer même du sexe, il suffisait d’observer les stars qui n’avaient pas de goût pour le sexe.
Les premiers mouvements asexuels se créaient, pour s’en rendre compte il suffisait de faire des recherches sur la toile à ce sujet…, alors qu’il y a un siècle, le riche faisait des orgies et était échangiste pendant que le pauvre était monogame, aujourd’hui, le pauvre fait des orgies, est échangiste… et est dans le clip R’n’B permanent, alors que le riche devient asexuel, dans le sens où il aspire maintenant à un niveau post humain, supérieur à la soumission sexuelle qui ne fait penser qu’à un vulgaire état de sous-développement animal.
Le sexe à terme n’intéressera plus personne… le pauvre sera asexuel et le riche ne sera plus humain… si on veut être à contre-courant et avant-gardiste, il faudrait miser sur la transsexualité… on n’hésitera plus dans le monde de la pub et du web à me coller l’étiquette de génie.
La vraie féministe de nos jours devrait être la femme qui veut garder son privilège d’être femme, celle de vivre en menant une vie simple et dépouillée de toutes les contraintes carriéristes… les autres femmes ont échouées en voulant le même droit que les hommes, elles combinent le défaut d’être femme, et le défaut d’être homme, ce sont des femmes non accomplies.
C’est ainsi qu’on a choisi une transsexuelle opérée pour illustrer diverses photos d’une Porsche Turbo bleue que j’avais décidé de poster sur GatsbyOnline…, pas mon style, je sais pas pourquoi j’allais mettre une Porscherie en valeur…
Je devais me racheter une Corvette, ça au moins c’est macho !
Je sautillais sur place comme Nikos en me caressant une couille car la réunion prenait fin.
Cruelle déception, et ça pleurait et ça couinait, on se congratulait amicalement, mais néanmoins hypocritement…, horrible, ça me donnait mal au crâne, je suais, l’androstadiénone, l’hormone de la sueur, à fond les manettes, j’ai foutu tout le monde dehors…, j’avais rencard avec Marie, la fille de la librairie, on allait parler Hegel, Kant autour d’un café.
Elle était élégante, on a parlé de la quête impossible de la liberté… on a parlé des degrés de liberté… puis, plus rien n’allait, son enthousiasme me rendait que moyennement joyeux, je me suis levé avant la fin du rendez-vous, sans un mot, j’ai pris une de mes voitures au hasard.
J’ai roulé en suivant mon instinct.
J’ai foutu le morceau Baise les Gens du Klub des Loosers, à fond la caisse.
Mon téléphone à sonné…, c’était mon comptable…, contrôle fiscal, et bla et bla, c’était le happy-end qui recommençait.
J’ai raccroché, lancé mon téléphone par la fenêtre, j’ai même recommencé une deuxième fois pour être sûr.
C’était trop.
Je marmonnais.
Comment avai-je fait pour devenir si inhumain ?
J’avais juste fréquenté trop de gens, des cons en déclin.
Je me suis arrêté, il fallait sauver la jeunesse de demain du retour prochain du nazisme libéral.
C’est là que j’ai commencé à rouler sur le trottoir.
J’avais signé quelques semaines plus tôt sur le net un formulaire pour me faire cryogéniser, j’avais payé par Visa.
Je me suis suicidé, au milieu de leurs locaux quelques jours plus tard, pour que mon corps reste bien frais à leur disposition, je reviendrai pour assister à mes prédictions et à mes erreurs, promis.
J’espère être décongelé pour l’année prochaine pour capter les nouvelles tendances.
J’écrirai une nouvelle, on me plaindra, puis ça lancera un mouvement trop à la mode, plein de gens écriront sur leur vie quotidienne avec cynisme, ils simuleront leur suicide au dernier chapitre, on leur dira que ce n’est pas original comme fin, que c’est expédié, que c’est du plagiat, que c’est irrespectueux du lecteur, on dira qu’ils ont eu tort, on les plaindra d’être si vide…. Pffffffffffffffffff !