Ceci est une mise en garde : si vous entendez quelqu’un vous parler d’aller à Goodwood au “Festival of Speed“…, soyez attentif à ce qui suit !
Au départ de votre vie dorée, vous allez connaître l’horreur, la faim, la soif, la chaleur, le froid, le stress, la maladie, les attaques des fauves (des gens qui en veulent à vos économies), vous allez être ignorés, bafoués, même des petits chiens (et des gros aussi) envahiront votre territoire pour faire leurs besoins (leurs crottes et leurs pipis) sur vos pieds et/ou sur les pneus de votre voiture… et vous ne serez plus considérés ! On va vous nourrir avec des trucs impossibles, typiquement britanniques, en ce compris des “hamburgers organiques“… et tout ça est hors de prix !!! Je m’explique : d’abord vous êtes bon pour un temps infini dans votre voiture (pour y aller et pour en revenir)… et même si, pour vous venger des organisateurs de ce bazar, vous vous sauvez à l’arrivée (mais pour aller ou ?), vous n’en serez pas quittes pour autant ! En finale, vous serez en piteux état (physiquement et financièrement), mais ce ne sera pas le pire, croyez moi : c’est pas du roman… Bon, je ne vous conte pas d’histoires…, donc mes amis vous êtes prévenus, l’enfer vous attend !
Voilà… Je persiste et signe pour l’avoir vécu…
– “Et pourquoi, cher Ami, n’iriez vous pas au “Festival of Speed ” de Goodwood avec votre extraordinaire Corvette Big-Block 1966 ? “..., c’est Tom qui parle, le responsable de Bonhams UK… : “Bonhams, par mon intermédiaire, est à même de présenter votre inestimable automobile au niveau de son rang, à un public de personnes hautement intéressées par ce joyau de l’art mécanique… et donc de découvrir l’acquéreur qui saura l’apprécier et y investira l’argent nécessaire sans être regardant, disons 65.000 Livres Sterling au bas mot, soit légèrement en dessous de cent mille de vos Euros… Tope-là ? “…
En un éclair je me voyais déjà au bord de la mer, sous les cocotiers style Jersey et Guernesey…, attendant, comme une simple formalité, l’investissement financier subséquent…
– “Oui, vous avez raison, je vais aller à Goodwood avec ma Corvette“…
Tom, un homme sérieux , efficace, il a toujours eu les mots, les gestes pour m’aider… à chaque fois que je le rencontre, il écoute patiemment mes histoires de voyages automobiles dans le monde, s’inquiétant toutefois, un peu, de mon apathie mécanique qui me submerge de plus en plus au fil du temps qui passe…
– “Parfait, je vous envoie l’Entry-Form, renvoyez-le moi avec une dizaine de splendides photographies, je vous réserve deux pages dans notre catalogue, à bientôt“…
Mais quelle vie ? Jusque là je n’étais qu’un client, impatient de voir la fin du bout du tunnel de la crise actuelle…, mais grâce à Tom et à cet accord quasi historique (voire hystérique), j’allais reprendre les rennes de la vie… J’étais cool, sans vrai but ni envie, me demandant confusément ce que j’allais bien faire de mes années futures ! C’était l’occasion de rebondir en me remuant. Le luxe pur ! Et pourquoi pas ce sud de l’Angleterre pour m’y reposer tout en faisant fortune… faire le point, prendre le soleil, des bains de mer… retrouver des gens avec le sourire, déguster les petits plats british et hindous, savourer les piments qui font pleurer à la première bouchée mais qui révèlent, après d’autres saveurs plus subtiles : les fruits, les mangues, les papayes, les mangoustans… et même les si typiquement british crèmes “Naval-Jelly“… comme de l’huile fraiche dans un moteur brûlant !
L’Angleterre : un pays que j’ai aimé dès que je l’ai découvert : je n’y ai que des bons souvenirs, je n’y aimais pas tout, mais tout me manquait… et plus les souvenirs revenaient, plus l’Angleterre de Goodwood s’imposait ! J’en oubliais les longues heures de conduite qu’il me faudrait affronter et dont j’étais épuisé à l’avance ! Et j’ai bondi sur l’ordinateur : vite, Internet, dis moi comment, où, vite… parmi plein de sites débordant de renseignements… Ca c’est fait en quelques clics. Pas question de partir vers l’inconnu sans savoir : l’idée même m’était insupportable : avoir autour de moi des touristes de base, des Franchouillards et/ou des Belgicains, sans leurs steaks-frites…, accablés de chaleur…, ne comprenant rien… et essayant de se servir de moi – as usual – pour l’interprétariat… : no way ! Je me sentais déjà mieux d’avance… Il ne me restait plus qu’à attendre le départ !
Qu’écrire de plus ? Que le “Festival of Speed“, est à l’image de l’abominable sculpture publicitaire érigée face à la “Goodwood-House” : inutilement complexe, pachydermique, ridicule, peu pratique… et même immensément stupide ! Qu’écrire de plus écrivais-je… Le “Festival of Speed“, c’est finalement trop grand, il n’y a quasi pas moyen de tout voir et pour ce, faut-il marcher plus de 10 à 20 kms en tous sens (sans savoir ou aller, rien n’est indiqué) dans une foule compacte, dans l’herbe et la gadoue (il pleut toujours beaucoup en Angleterre)…, sans compter (sans “oublier“, mais j’ai écrit “compter” tellement je reste obnubilé par le “pognon” que ça “coûte“)… que les immenses parkings (dans l’herbe et la gadoue eux-aussi) sont situés à des kilomètres de l’endroit ou se déroulent les manifestations du “Festival of Speed“…
On tourne et on retourne sur les petites routes étroites, on tente une “Gate” puis une autre, on revient en arrière en faisant un “grand tour” après être resté coinçé durant des heures dans des embouteillages inextriquables… et en finale on est “poussé” vers des petits chemins de terre qui mènent aux immenses parkings… On “glande” énormément pour tenter de comprendre ou se déroule le dit “Festival“…, on va sur le circuit de Goodwood ou il ne se passe rien avant de comprendre qu’il se déroule “plus loin“… mais ou ? Un comble ! Heureusement que, venant déposer la Corvette 66 dès le mardi, j’ai eu le temps de chercher le “comment” et le “pourquoi” des choses avant de me retrouver dans ce “bazar” pour une fin de semaine et un week-end de grandes affluences… repérant ainsi les routes et chemins, dont certains ne permettaient pas le passage de ma Jeep et de la remorque porte-voiture… ni même d’aucune voiture trop basse !
Les Lords, Princes et consorts avec leurs châteaux et leurs dépendances gigantesques d’un coté… le peuple (le populo-populaire) et ses petites maisons qui semblent en carton avec des portes très basses, de l’autre… le tout enrobé d’une politesse exquise et policée (en double sens)… Le “Festival of Speed” de Goodwood, une petite ville située à une centaine de kilomètres au Sud-Ouest de Londres et à une cinquantaine de kilomètres au Nord de Brighton, si il est une véritable institution en Angleterre, est à l’image de celle-ci, hautaine avec la volonté de conserver les différences entre le statut social des gens… Si cette “politesse” toute “policée” et “politicienne” est mâtinée d’un extraordinaire humour si typiquement britannique et hautain, parfois emplit d’une morgue compassée… dans le rang “de la haute“…, cette “politesse” s’extériorise par-contre de manière plus “vive” grâce à l’ingestion (et à la regurgitation) de bières en grandes quantités dans le rang “de la base” (de la basse condition inhumaine)…
Pourtant, le “Festival of Speed” devait être l’incarnation d’une vraie fête de l’automobile…, il date, dans sa forme originelle, de 1936 lorsque le 9ième Duc de Richmond (ce n’est pas un roturier) y avait alors organisé sa première course de côte dans son domaine de Goodwood. Douze ans après, il y créait un circuit automobile…, la suite reste nébuleuse, même sur Wikipédia…. Lord March s’y retrouve financièrement, n’ayez crainte… Bon sang ne saurait mentir (le sang bleu s’entend)…, c’est son petit-fils, Lord March, qui a repris le flambeau et lancé, en 1993, le premier “Festival of Speed” de Goodwood, une manifestation soi-disant entièrement dévouée au sport automobile… qui, si elle a accueilli 25.000 spectateurs à ses débuts, en est à 150.000 depuis l’année passée…, ce qui nécessite de mettre en place 1.400 tonnes de bottes de paille et 5.500 pieux, de construire 7 kilomètres de routes temporaires et de tondre 810 hectares de pelouses… Le “peuple” paye les entrées…, à 25 £ le “ticketing” pour les 3 jours, multipliés par 150.000, ça fait une belle somme… à laquelle il faut ajouter ce que payent les exposants en sus des royalties et fee sur tout ce qui se vend…, sans oublier l’hôtellerie personnelle de Lord March… et, en ne perdant pas de vue que la majorité des gens qui viennent œuvrer au “festival” sont bénévoles !
Lord March n’est donc pas mécène, mais un entrepreneur avisé qui profite d’une vague qui grossit d’année en année comme un trou noir qui aspire tout ce qui passe à proximité… Croyez-moi ou non, j’ai assisté au repas du vendredi soir au chââââteau (la Goodwood-House) et ce n’étaient pas des Hamburgers “organiques” qu’on y servait via des laquais en livrées pour des gens en habits de soirées ni H&M, ni C&A… Le “Festival of Speed” de Goodwood, c’est donc quasi trop…, trop de tout (trop cher aussi), de la démesure…, plus de 150.000 visiteurs (je le répète par pur plaisir) et leurs 50.000 voitures particulières, sans compter, bien évidemment, la centaine d’automobiles inscrites à la vente Bonhams (le vendredi 14h)… et les quelque cinq cents voitures et motos de course (et de prestige) participant aux nombreuses épreuves émaillant ce festival organisé par Lord March…, depuis la célèbre course de côte…, au rallye en forêt…, en passant par le très réputé concours d’élégance Cartier “Style et Luxe“… qui, cette année, en venait à copier l’évolution de Peeble-Beach (le concours d’élégance le plus prisé au monde et qui se déroule en Californie), à savoir la consécration de certains Hot-Rods aux cotés des plus grandes stars, telles les Bugatti et Mercedes d’avant-guerre !
Gloires du passé et héros des temps modernes sont aux cotés de leurs amis et concurrents du monde entier, lors de cette célèbre course de côte de Goodwood, longue de 1,9 Km (Lord March connait-il la course de cote de Twins-Peak aux USA ?) ! Entre ces deux symboles, on a pu compter parmi eux Jim Clark, John Surtees, Barry Sheene, Jackie Stewart, Derek Bell, Colin Chapman et Adrian Newey. Cela parait surréaliste de voir médiatisée cette “petite” course de cote, quasi insignifiante en comparaison de Twin-Peak !!! Moi qui venait assister à de vraies courses sur circuit (comme sur les photos officielles de présentation), j’en étais tout atteint de dépit… C’est cette médiatisation outrancière qui leurr… j’ai d’ailleurs perdu une demie journée à chercher le dit “Festival” sur le “vrai” circuit de Goodwood… puis, me retrouvant face à l’abominable sculpture… j’ai encore perdu des heures à chercher ou pouvaient donc bien concourir des voitures de course… avant de comprendre que c’était la petite route macadamisée de 3 mètres de large ! J’ai maudit Lord March ! Je le maudit encore…
Ce “Festival”, c’est donc une sorte de show à ciel ouvert greffé sur une course de cote sur laquelle se greffe, en sus, une sorte de rallye en prothèse… histoire de ratisser large tant que ce bazar à de la notoriété… Le “Festival” met toutefois… et également…, en avant, des automobiles et motos du monde entier, dont beaucoup ont été influencés par le “génie” britannique… (si, si…), ou construites en partenariat avec des entreprises de Grande-Bretagne. Les performances automobiles du pays “de sa gracieuse majesté” ne sont dès-lors visibles en action que sur quelques mètres devant les tribunes…, de la Vanwall des années 1950…, aux réalisations de Cosworth, Williams, Lola et Prodrive…, c’est une parade, pas une course… Non loin de l’effervescence des paddocks, le ‘Festival‘ propose de nombreuses attractions, comme le Concours d’Elégance Cartier ‘Style et Luxe’…, ainsi qu’un aperçu de l’avenir du transport (britannique) au pavillon de la technologie “FoS–TECH“… et encore une exposition de ‘super-cars’.
Le “festival de vitesse” de Goodwood (appréciez ma traduction pour vous aider à comprendre), n’est donc qu’une course de côte annuelle (de moins de 2kms, je le souligne avec une certaine perfidie de bon aloi), qui rassemble de nombreux véhicules de course historiques autour de la “Goodwood House“, propriété de Lord March, située dans le Sussex de l’Ouest au Royaume-Uni. Et de le savoir, après l’avoir vécu, ça vous f…. un choc ! Je suis d’ailleurs encore sous le choc !
La première édition s’est déroulée en 1993 à l’initiative de Charles Gordon-Lennox, qui gagnerait à être reconnu comme le Maître du marketing au départ de pas grand chose… Celui-ci aurait voulu l’organiser sur le circuit de Goodwood, mais n’ayant pas l’autorisation, le festival se déroule depuis sur les propres terres de Lord March… (ne cherchez pas à trop chercher… vous ne trouverez que des absurdités) ! Les visiteurs ont l’occasion de voir la fameuse (et fumeuse) course de côte avec voitures et motos… et notamment de nombreuses voitures de F1 récentes. Le ‘Festival‘ est organisé fin-juin début-juillet pendant un week-end sans Grand Prix de Formule 1. A part ces machines, l’événement rassemble des personnalités célèbres du sport automobile… et croyez-moi (Trust-me) on ne les voit quasi jamais… Le record officiel de la montée fut établi en 1999 par Nick Heidfeld sur une McLaren MP4-13 en 41,6 secondes.
En 2006 Heikki Kovalainen sur une Renault, a franchit la ligne d’arrivée en moins de 40 secondes…, ce qui en soit ne veut strictement rien dire d’utile de plus que les 41,6 secondes de Nick Heidfeld… Pour des raisons de sécurité, les voitures de Formule 1 ne sont plus chronométrées officiellement (à quoi cela servirait-il ?)… Ca ne représente rien… Pourtant, j’ai cherché ! L’une des attractions les plus populaires et la plus intéressante, reste donc : la réunion des “Supercars” organisée depuis 2000. Elle permet aux constructeurs automobile de montrer leurs dernières voitures de sport. Outre regarder ces véhicules, le spectacle que donnent leurs conducteurs à leurs volants est à lui seul digne d’un film de feu Louis DeFunès…, tout y passe et mieux vaut en rire… Dommage, car, là au moins c’est drôle et bon-enfant ! Les courses de caisses à savon (voitures sans moteur faisant des courses en descente) organisées de 2000 à 2004 furent malheureusement stoppées en 2005 pour des raisons de sécurité. La même année fut inaugurée la spéciale en forêt pour les voitures de rallye. J’ai cherché ou… Et j’ai trouvé… C’est au bout de la course de cote (une route étroite qui avant cela, ne menait nulle-part)… C’est à dire très loin de la “Goodwood-House” !
Les F1 de toutes époques font bonne figure, qu’elles viennent de chez Ferrari, Honda, Mc Laren, Red Bull, Toyota et Williams. Toutes les catégories d’automobiles sont représentées au “Festival of Speed“, dont la spécificité est de faire rouler de conserve des F1, des voitures d’endurance et des antiquités du sport automobile. Les stars du Mans leur donnent du fil à retordre (c’est de l’humour, n’en croyez rien), au rang desquelles on compte des Jaguar types C et D, Mercedes-Benz 300 SLR, Ferrari Testa Rossa et Ford GT40, ainsi que des Porsche 917, 956/962 entre des Bentley, Alfa Romeo et Delahaye. Tout ceci sans parler des voitures de course d’usine depuis les Jaguar Mk2 jusqu’aux BMW M3 en passant par des Ford Galaxie, Lotus Cortina, Mini Cooper, BMW 3.0 CSL ‘Batmobile‘, Sierra RS500 Cosworth, sans oublier des voitures issues du championnat Nascar, des engins datant des débuts de la course automobile, voire des débuts de l’automobile tout court. Le monde des rallyes est également bien présent avec des Audi Quattro, des Lancia Delta S4 et des Peugeot 205 T16, ou de plus anciennes gloires comme des Lancia Stratos et autres Alpine-Renault A110, ainsi que les Indy-cars et les voitures d’endurance sur route, “Targa Florio“, “Mille Miglia” et “Panamerica“…
La course “à travers bois” (le rallye) n’est pas non plus un des moindres intérêts du “Festival of Speed“, une trentaine de voitures s’y “confrontent” (une par une, je précise à l’adresse de “ceusses” qui croient qu’elles concourent en meute), le long d’un parcours de 2,5 km sur une piste “souple” créée pour l’occasion.
Tous ces merveilleux fous roulants dans leur drôles de machines (les caricatures en tailles réelles sont exposées et peuvent aussi rouler à la joie des enfants qui pressent leurs parents de leur acheter un jouet similaire), se mesurent dans de multiples compétitions dont la mythique course de côte de Goodwood, longue de 1,9 km (je salive en ré-écrivant 1,9 km tout en pensant à la vraie course de cote de Twins-Peak…, on a les plaisirs qu’on pneu..) ! La conception de cette piste “souple” demande 2.000 heures de travail et son démantèlement environ 1.200 heures ! Elle est constituée de matériaux composites (du triplex, du carton, du plastique) de manière à recréer une “route” de 3 mètres de large serpentant au milieu des arbres… Les deux autres points d’orgue (sic !) du festival sont la traditionnelle vente aux enchères de voitures de collection organisée par Bonham’s le vendredi à 14h… et le concours d’élégance Cartier “Style et Luxe” qui voient “s’affronter” une cinquantaine de voitures “toutes plus belles les unes que les autres” (quoique certaines sont franchement hideuses dans leur beauté), dans 10 catégories couvrant l’Histoire de l’Automobile. Ma Corvette n’a finalement pas trouvé l’investisseur tant promis par Tom…