Gumpert Apollo…
Parmi la profusion de supercars qui inondaient la section nouveautés de vos ex-magazines favoris, certains sont tombés dans l’oubli dès les pages tournées, d’autres sont restés gravés dans les mémoires…, la Gumpert Apollo quant à elle s’est distinguée de l’ensemble, car elle était déjà oubliée avant même d’exister…, quoique…, tel un Objet Roulant Non Identifiable, elle a marqué quelques rares esprits qui, majoritairement, ne l’ont jamais vu en réel…, son look physique “façonné à la Créatine” ou peut être mieux, issu du pedigree de son concepteur Roland Gumpert qui officiait dans les années 70/80 derrière les fameuses Audi Quattro…, sont les seules accointances connues avec la marque aux anneaux.
Père de la transmission intégrale des Audi Quattro, Roland Gumpert, avec son “background” professionnel, pensait pouvoir se permettre ce genre de folie, ses 25 ans de collaboration avec le département sport d’Audi lui ayant permis d’acquérir les connaissances voulues et utiles pour se lancer dans la création non pas d’un modèle de rêve, mais de la machine de ses cauchemars.
Son projet Apollo a pris alors naissance comme devant être une supercar peu onéreuse à produire, exploitable sur la majorité des routes, tout en pouvant s’aligner sur une grille de départ en compétition…., ce cahier des charges établi, la construction pouvait prendre une forme simple et basique…, le résultat n’a impressionné personne.
Le châssis fut conçu de manière innovante : pas de véritable châssis, mais une coque en carbone habillant un treillis tubulaire en chrome molybdène accueillant les trains roulants et le moteur…, le résultat obtenu était simplissime, une forme quasi cubique en rectangle avec des arrondis et des ajouts façon “Tuning”…, ça débordait de partouze, ça sentait l’adrénaline primitif à plein nez et elle semblait être une “Soap-Box” (une caisse à savon) de l’ère spatiale précédente…, ayant dans ses gênes ce qui fait qu’une auto de course objectivement laide, devient iconique aux yeux du (jeune?) public adepte de jeux vidéos.
Il n’ya de pas de doute, l’impact visuel était marquant, restait à ce qu’elle fonctionne et qu’on puisse la voir sur les routes et les circuits à défaut d’être exposée dans les salons chics et chers.., la production prévue fut établie “au pif” à destination “de la presse” comme allant être d’environ 100 unités par an pour cette sorte de barquette de carbone explosive qui utilisait un moteur V8 4.2l Audi biturbo de 650, 700 ou 800 ch au choix, c’est-à-dire selon les capacités financières des rares acquéreurs.
Pour faire saliver le vulgum-pecus, il fut ajouté que le 0 à 100 était effectué en 3 secondes, le 0 à 200 en seulement 8,9 secondes et que la vitesse de pointe culminait à 360 km/h et quelques…, la messe était dite, Ite Missa Est…, la Gumpert Apollo avait en tout les cas de figures acrobatiques, le mérite de ne pas laisser aux Russes et Américains le monopole des engins lunaires à tendance caractérielle…
Faire un tour en Gumpert Apollo, c’était à l’époque de sa création…, pour moi…, d’abord réaliser que j’allais rouler dans ce qui était présenté à la plèbe comme le summum des supercars exotiques non-identifiables, les accélérations prodiguées par le V8 4,2 biturbo étant stupéfiantes et les vitesses illicites atteintes en une fraction de secondes de l’espââââce antigravitationnel galactique…
En sortant de ma voiture, j’ai zippé mon jean’s et ajusté mes bijoux de famille pour être à l’aise, je me suis faufilé entre les voitures stationnées pour enfin arriver devant la GUMPERT APPOLO…, putain, pouvoir essayer la plus extraordinaire des voitures mythiques, quel panard ! Fait chaud… Fait lourd…Tout le monde est en plein travail, moi je vais essayer une Gumpert… Putain, fait chaud, fait lourd, c’est moi, c’est le temps, c’est l’ambiance, c’est le stress, c’est l’envie, c’est le besoin…
Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp… mon pied droit actionne l’accélérateur, quelques petits coups furtifs pour laisser respirer…, un coup d’œil aux compteurs, huile en chauffe, eau en température…, je ferme les yeux… Waaaaaaaaappppppp, waapp…, le proprio de cette voiture mythique, mon pote Jean-Jacques Bailly de DPM-Motors à Monaco m’a accueilli avec un sourire qui se voulait rassurant, j’ai rien dit, juste maugréé, balbutié ; “Ouais, cool…“… et à part le bruit typique de la circulation, rien n’a perturbé mon extase…, il m’a rétorqué que ce moment était déterminant pour mon psychisme, essentiel pour la suite de ma vie…, seul avec moi-même…, l’instant est magique.
Je rouvre les yeux.
Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp…
Un autre coup d’œil aux compteurs, huile toujours en chauffe, eau à température, clack, j’enclenche le levier…
En quittant le parking, mon regard croise celui de Jean-Jacques… avant qu’il ne lève la main pour me saluer…, voilà, j’y suis…, c’est parti.
Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp…
Je mouline le changement des vitesses comme le chef-cuisto d’un resto Vegan, ce qui demande vraiment de la place, et, en empruntant le fameux tunnel du tracé du circuit de Monaco, je ne peux passer que les 4ème premiers rapports, de l’entrée à la sortie et ce dans un bruit tout simplement diaboliquement assourdissant mêlant d’étranges sensations délirantes, il faut aller chercher du côté des barquettes de compétition pour avoir autant de vibrations et d’inconfort…
Le moteur m’hurle sa joie…, comme un message d’amour, strident, fort… comme pour me provoquer…, je défile devant les passants abasourdis et m’élance.
Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp…
Quelques minutes de patience et soudain…, le moment tellement rêvé arrive. Putain, tout est encore trop froid, comme les pneus et l’huile je ne peux pas encore monter à fond dans les tours…
Waaaaaap, waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp…
Je débouche en sortie de la bretelle avant d’attaquer. L’euphorie m’envahit, soudainement, une extase… et le meilleur reste à venir…
J’attaque, relax, 100 km/h… C’est la ligne droite devant la station d’essence.Putain, c’est le Saint-Graal…, j’attaque la ligne droite, je passe dans le long tunnel, le premier virage…
Arrivé à la fin de la longue ligne droite l’huile a atteint sa bonne température, les pneus aussi sans doute, mais j’attend mon premier passage à hauteur de la première sortie pour réellement libérer l’engin…, le second tunnel est la dernière épreuve que je franchis avant la seconde sortie…
Putain, vas-y… J’aperçois le panneau m’indiquant la seconde sortie…
Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp… Waaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
J’ai juste le temps de plonger en freinage, waaap, waaaap, waaaaaaa… deuxième. Putain, déchaîne-toi, déchaîne-moi…
Là, c’est la longue courbe de la sortie… Putain, fait chaud, moite, le moment est inexplicable, le temps s’arrête plus qu’une fraction de seconde. Je n’entends qu’une seule chose dans ma tête :”Vas y, maintenant tu peux…“
Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp… Waaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
Mon cerveau se déconnecte du raisonnable, je mets “godasse au plancher”… pied dedans, à fond pour les néophytes, plus à fond encore comme si je pouvais transpercer le plancher pour y chercher les millièmes de jouissances et d’extases… Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii, fait-moi jouir…. Je tape les freins à fond…
Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp…
J’attaque la sortie en contrebraquage, les sensations sont à la limite du supportable.
Au sommet de la courbe de sortie je ne vois que le ciel, comme si je décollais dans l’infini, là ou le ciel est la route… Putain de dévers…
Et waaaaa, j’attaque une courte ligne droite… et d’un coup de volant je replace la Gumpert dans la courbe qui remonte en retour d’où je viens, là ou je vais et retourne.
Mon bonheur est tellement fort que je gueule à me décrocher la mâchoire, je jouis de métal et de bruits, l’extase mécanique, l’ultime….
Aucune femme ne m’a procuré de telles sensations. Jamais !
Soudain, Waaaaaaaaap, waap, waaaaappppppppp…
Un panneau “Attention Danger” me ramène dans la réalité, comme une éjaculation terminée ramène au vide de la vie à en crier encore et encore jusqu’à plus savoir… et j’écrase la pédale d’accélérateur pour débouler à 120 km/h sur la longue ligne droite, putain, je jouis, Gumpert je t’aime, amour….
Je transpire tellement qu’une goute de sueur se transforme en goute de pleurs jusqu’à mon œil et m’oblige à le fermer… putain, pardon, amour, toujours, je rate mon freinage, je rate ma trajectoire… Putain, fait chaud, fait lourd, c’est moi, c’est le temps, c’est l’ambiance, c’est le stress, c’est l’envie, c’est le besoin et je sens la voiture partir en couille, je vais mourir, je me tue !
Waaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
Waaap
Waaaaap iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
Waouwwwwwwwwww, je suis passé…
Dois-je m’inquiéter ?
Mais je sens comme une odeur de grand brûlé, comme si un Palestinien de Gaza venait de recevoir une bombe au phosphore dans le bide en cadeau d’amitié…, qui s’en inquiète ?
Je continue… On me fait des signes d’amitié…
Feu rouge, je pile dans un chuintement de freins assourdissant… et soudain… Je vois des flammes…
C’est ma caisse qui crame l’enfer !
Je sors comme un diable hors de sa boite, je me cache derrière une poubelle et j’observe le spectacle…
Gagné, c’est la Gumpert qui brûle…
Je vois un bar-tabac derrière moi et décide de m’y installer pour me rafraichir tout en jouissant du spectacle !
Grandiose…
Je suis en transpiration mais vivant.
Personne ne pourra rien faire pour me soulager : j’ai réussi à cramer une Gumpert Appolo
Putain, fait chaud, moite, c’est quoi ce bordel ?
Pour l’information, j’ai déniché chez mon copain Jean-Jacques de chez DPM Motors à Monaco une autre version proto-compétition de la Gumpert à 48.000 euros, prix d’ami (téléphonez-lui de ma part)…, un bolide extra qui s’il n’est pas vendu, JJ souhaite engager aux 24 h du Mans 2020.
06 14 62 62 97 et 377 93 50 22 70
contact@dpm-motors
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