Hammond Roadster ASVE 2006
L’atypicité a la saveur enchanteresse de ce qui relève de l’hors-normalité, et ce, du caillou atypique de la préhistoire à la création contemporaine… et c’est en cela qu’elle fascine…
Issu de ses idées disruptives, ce Roadster a été conçu et construit par Mister Hammond sur une période de quatre ans à l’aide de pièces récupérées d’une 2002 Chrysler 300M en perte quasi-totale.
De rebondissements d’idées en rebondissements de réalités diverses, sondant au plus profond de ses tourments métaphysiques car voyant lui échapper son rêve apothéotique américain dont la seule perspective de sublimation personnelle reposait sur la psychothérapie, Mister Hammond a suivi son petit bonhomme de chemin balisé dans son microcosme malmené par un besoin d’exhibition médiatique aussi vulgaire que ringarde,
Mais il s’est pas refusé pour autant quelques sorties de route, tel un culte de vénération des extra-terrestres, officiant sous couverture et vivant de la généreuse crédulité des Scientologues et des Raëliens (en même temps).
Mister Hammond a imaginé puis construit un châssis tubulaire autour du moteur Chrysler V6 de 3,5 litres couplé à une boîte automatique à quatre vitesses avec surmultipliée, le tout positionné derrière le conducteur intrépide et sa compagne inconsciente…
La carrosserie habillant cet ensemble a été réalisée en fibre de verre, moulée en diverses pièces…, les suspensions coilover étant celles de la Chrysler 300M de même que les jantes de 17″ chaussant d’anciens pneus Ventus R-S3.
Un arceau de sécurité fut dissimulé dans le cadre du pare-brise, un second positionné derrière les occupants…, tandis que le contrôle de traction et l’ABS étaient conservés de la voiture donneuse…
Des sièges sportifs (sic !) ont été taillés en vinyle noir avec inserts rouges, disposant d’harnais de course Corbeau…, tandis que des tapis gris recouvraient les planchers…, le volant et la console centrale de la Chrysler 300 ont été conservés, tandis que l’instrumentation a été centralisée au-dessus du tableau de bord.
Vendu pour $ 17.750 le 03/06/2019 (il est donc trop tard pour toi mon Popu qui rêve de l’acheter) cet engin permettra à son acquéreur de s’extirper de la masse anonyme de ses semblables pour connaitre une postérité éternelle… et plus fort encore, tout cela à l’insu de son créateur !
En effet, cette Hammond est un véritable accident industriel comme on n’en a rarement vu (et soyons honnêtes, on en a vu beaucoup)…, l’équivalent de la déflagration d’une explosion Seveso sous tsunami d’eaux usées provoqué par un Godzilla beurré à la liqueur de plutonium frelatée, de celle qui donnera ensuite l’envie à ce lézard mécatomique de faire tendrement l’amour aux débris fumants avant de sombrer dans le coma du juste (oui, je disgresse chelou) dans une sorte d’échec consciencieux et méticuleux de tous les aspects possibles de la création automobile, et dont l’ambition serait d’incarner l’automobile ultime, sans aucun regard ni remord pour la victime de cette exaction.
Rachel, nièce de Mister Hammond et conseillère psychothérapeute sur les tournages de divers reality show Hollywoodiens, m’a dit que tout cela doit rappeller aux lecteurs et lectrices de GatsbyOnline et Chromes&Flammes, que “l’égo n’est pas maître en sa demeure”.
Il est toujours délicat de parvenir à rendre par écrit une expérience aussi violemment sensorielle…, mais à GatsbyOnline ainsi qu’à Chromes&Flammes, nul ne saurait reculer devant l’exigence de notre mission de témoins des pires apocalypses automobiles…, alors isolez-vous dans un endroit calme, fermez les yeux, faites vous lire cette chronique par un ami encore innocent… et laissez venir à vous les images, les ressentis, les traumas en devenir.
Mon psychotérapeute m’a dit que mes articles, surtout en cause de mes commentaires, pouvaient faire souffrir mes lecteurs et lectrices de prosodies étranges, qui vont de l’apathie paralytique et désaffectée à l’histrionisme sur-cocaïné, dont l’exotisme hors de ce monde est renforcé par des accents aussi divers qu’improbables, dans une collision paroxystique neuronale, les poussant à jargonner un sabir proprement inintelligible, catégorie bouillabaisse phonatoire !
Mais comme le massacre se veut total, le contenu de mes textes est au moins à la hauteur de ce chaos prosodique…, de plus toute tentative de traduction respectant une approche littérale voire rigoriste de tous mes commentaires souvent hallucinés, donne naissance à des barbarismes fantastiques tel que “Je suis mort à l’intérieur”…, aux allures de retranscription de romans-photos des années ’70…, la belle époque où l’interjection “mais quoi que pour !” était communément employée (authentique !).., une ambiance outre-atlantique que favorise par ailleurs la prononciation très anglo-saxonne des prénoms (d’aucun dirait “à la québécoise”) ou de certains termes, la syntaxe n’étant évidemment pas plus épargnée que le reste…, le tout pouvant être exprimé avec un bel enthousiasme qui retombe d’autant plus à plat que les termes employés ne sont pas adaptés (“OUI ! OUI ! OUI ! IL ME TARDEUUUHHHH !” ou “Tout le monde aime les feux de la rampe !”).
Le cerveau des lecteurs/lectrices-internautes/webbiens peine ainsi à tenter sans cesse de redresser mes expressions tordues pour leur redonner un tant soit peu de sens, et ce toujours avec un temps de retard impossible à jamais combler, entrainant ainsi une telle accumulation de fatigue psychique que l’expérience vire à la déréalisation psychotique : on comprend les mots, on comprend leur association, on devrait en comprendre la signification, et peu comprennent…, comme si la nature même du monde connu leur échappait soudainement et se vidait de son contenu pour devenir une frêle coquille prête à s’effondrer sur elle-même.
Le Big Crunch…, en somme.
A ma décharge, veuillez noter que l’interview que j’ai pu réaliser de Mister Hammond fut laborieux du fait qu’il baragouinait une logorrhée vanneuse s’avèrant un raz-de-marée destructeur pour tout esprit sain, sidéré…, dans une novlangue semi-compréhensible et unique au monde…, incontournable mais définitivement inoubliable (une source de reviviscences psychotraumatiques permettant à coup sur de s’exclure à jamais de l’humanité et ainsi rejoindre la confraternité damnée de ceux qui savent (“Vous sentez l’ambiance dans l’atmosphère ?”).
Et comme si tout cela ne suffisait toujours pas, son ami qui m’avait informé de l’existence de cette voiture atypique s’exprimait par des borborygmes enfantins (“Teuteu !”, “Bwabwa !”) ou sinon, il ne faisait que répéter en Anglais ce que disait Mister Hammond, mais en y ajoutant des sur-caisses (c’est un artiste)…, à ce stade de dinguerie, vous pouvez être convaincus que j’avais atteint le seuil de l’avant-dernier cercle de l’enfer.
La véritable force de cette automobile cataclysmique a été de transformer en profondeur une Chrysler 300, au point de créer un nouvel objet totalement indépendant de son matériel originel, via un processus complexe qui ne pouvait qu’attirer l’intérêt.
Comme souvent, confronté à une telle singularité automobile, la question qui harcèle le chroniqueur/journaliste rescapé est : “Pourquoi moi, mon Dieu” ?
Le bref buzz médiatique qui va accompagner cet article permettra d’éclairer une partie des coulisses…, à savoir que je n’ai pas réellement réalisé ce reportage, mais embauché à cet effet des Français en vadrouille dans la région…, mais dixit un des concernés : “le boulot a été abordé avec d’autant plus de désinvolture que notre inexpérience en la matière était totale”…
Une amorce de premier jet a ainsi été pondue en 2 après-midi de rigolade, avant qu’ils n’annoncent que je n’avais qu’à me débrouiller moi-même et tout seul.., la suite est plus floue !
1 – Le chroniqueur/journaliste doit être capable de mettre son âme à nu pour initier une relation de confiance.
2 – La prise de note est indispensable pour recueillir les éruptions émotionnelles que déverse le personnage auteur de toute création (et faire des petits mickey dans les marges quand on s’ennuie).
3 – Une fois l’abréaction obtenue, une binouze et un peu de yoga sont nécessaires pour s’aérer la rondelle et consolider la relation thérapeutique.
Si l’incompétence ou le jeanfoutisme radin ont joué leur rôle, ces explications, pour confondantes qu’elles soient, demeurent tout de même insatisfaisantes car de nombreuses questions restent en suspens…, le mystère n’est donc pas entièrement dissipé, ce qui laisse toute leur place aux conjectures et autres fantasmes. Si quelqu’un ou quelqu’une lit ce texte et veut bien apporter son témoignage, qu’il/elle se manifeste.
A la lecture de cet article aussi déjanté que l’engin traité, vous aurez sans doute compris que plaire pas à tout le monde est compliqué car il faut avoir la peau dure et le goût des choses difformes pour apprécier de bout en bout cette expérience de lecture qui parvient encore à offrir de l’inédit dans un segment pourtant riche en incunables !
Mais pour ma part, cette Hammond est un pur coup de cœur que je n’ai de cesse de partager avec tout ce qui reste d’innocents dans mes cercles amicaux, une œuvre qui n’existe que par une conjonction rarissime d’événements qu’il aurait été impossible de créer volontairement en laboratoire, ce qui est probablement la preuve qu’il existe bien, au-delà de l’agitation humaine, une force transcendante aux plans impénétrables.
Amen.