Hot-Rod : American Way of Life…
Parmi les Hot-Rodders, la popularité de la Ford 1932 est toujours restée forte…, les “Deuce’s” de n’importe quel style de carrosserie restent abondantes et peu coûteuses, de plus, comme se sont des voitures simples, elles sont faciles à démonter et à modifier…., quant au châssis il possède une rigidité de torsion substantielle, et le “flathead” Denv’8 répond à toutes les mises à niveau de performance…
C’est devenu un phénomène culturel…, toute une industrie est née des humbles débuts, et aujourd’hui une nouvelle génération de passionnés sont fanatiques de la “Deuce”..., mais, rares sont ceux qui se contentent d’une récupération générale et d’un reconditionnement, de plus en plus on remplace et on modifie presque tout…
Le roadster Ford 1932 qui illustre cet article se positionne dans cette “nouvelle” mouvance inventée lucrativement par Boydd Coddington (décédé il y a quelques années), préférant opter pour le “paraître” extraordinaire, au mépris de l’authenticité…
Appartenant à Dave Martin depuis 1982 celui-ci a eu le bon sens de faire réaliser son nouveau projet (la troisième modification en 37 ans) par Scott et Martin Bonowski de Hot Rod and Hobbies, situé sur la zone historique appelée Signal Hill, en Californie…, mais finalement, pour trente-six raisons toutes plus discutables les unes que les autres…, le Hot-Rod a été reconstruit de A à Z par Doug Lindow de Los Alamitos en Californie, basé sur un nouveau châssis en acier tubulaire créé par Total Cost Involved Engineering, tandis que la nouvelle carrosserie également en acier a été produite/construite par Brookville inc. et magnifiquement peinte dans un riche bleu/violet très profond.
L’habitacle est doté d’une sellerie en cuir rouge, le tableau de bord dispose de jauges noires… et le volant est de style “banjo”…, sous le capot se trouve un V8 Chevrolet 350-cu…, un choix rendu populaire en cause de sa puissance et de sa fiabilité !
Très “clean”, bien construit et magnifiquement présenté en photos de studio, c’est un Hot-Rod “street” attrayant dans la meilleure tradition californienne…, parfait pour illustrer cet article sur “l’Américan Way of Life”…
En 2020 partouze dans le monde…, ce sera mieux en pire : le paradis en enfer… ou l’inverse : l’enfer au paradis…, une sorte de calamité Trumpiste encore inconnue en 2019, telle une “autre nouvelle” crise financière mondiale nommée SNAFU : “Situation Normale: All Fucked Up”…, un acronyme anglo-saxon signifiant que la situation est mauvaise, mais qu’elle l’a toujours été et qu’il n’y a pas à s’en étonner…
Fondamentalement, si nous arrivons à moitié entier à cette même époque l’année prochaine et que nous ne vivons pas alors dans une sorte de Mad-Maxesque friche post-apocalyptique… et bien c’est que tout ne sera pas encore perdu.
Pourtant, même au milieu des flagellations rituelles, la combustion des sorcières relancée… et les compétitions Thunderdome légalisées pour savoir qui obtient la tranche de pain de la semaine, l’inhumanité continuera à exiger d’avoir des roues pour se déplacer… ou pour amener une carcasse encore roulable bourrée d’explosifs devant l’épicerie tenue par un gars d’ailleurs…, ou pour écraser les bandes de cannibales immigrés qui viennent voler notre air.
Dans cet univers post-apocalyptique, rien de mieux qu’un Hot-Rod pour f… la merde en roulant perpétuellement en faisant un doigt d’honneur aux péquenots, ploucs et autres spécimens d’une société de taré(e)s….
Non, ce n’est pas (malgré les apparences) un échafaudage intellectuel sur roues, un Hot-Rod…, c’est… euhhhhhh…, ben…, oui…, il s’agit en fait d’une voiture “artistique”…, voilà, et c’est de même nature que les peinturlureurs peinturlurant des peinturlurations… et les sculpteurs sculpturant des sculpturisations…, au pire mieux c’est…, au mieux c’est pire…, l’art fait tout passer, c’est même devenu depuis Picasso une fin en soi servant aux pires escroqueries imaginables !
Un Hot-Rod…, c’est peut-être l’expérience de conduite la plus exaltante et la plus égomaniaque pour tout humanoïde (femelles comprises), mais est-ce toutefois le type même de voiture que tous les Popu’s de l’univers veulent posséder ?
Vivre l’illusion de la Route-66…, d’American Graffiti…, du Kalifornia Kid… de l’American Way of life…, ces symboles de la culture américaine, qui sont devenus universels qui semblaient en perte de vitesse et qui reviennent en tourbillon avec le Vintage et autres mouvances…, est-ce l’apothéose de la luminescence intellectuelle sur roues, ou est-ce une manière basique de rejouer le Cow-Boy actuel en marge d’une société qui n’en à rien à f… ?
Patrice Piquard de “Capital” l’a très bien expliqué : “Chewing-gums et chocolat pour tout le monde !”…
C’était le cri du cœur de l’été 1944, les soldats américains qui libéraient la France distribuaient sans compter les friandises venues d’outre-Atlantique…, l’industriel Philip Wrigley, patron du groupe du même nom fondé par son père en 1892, avait décidé dès l’entrée en guerre des Etats-Unis que sa production (chewing-gums Spearmint, Doublemint et Juicy Fruit) serait réservée aux combattants d’outre-mer…!
Les GI avaient aussi en poche du chocolat au lait Hershey’s, une curiosité pour nos compatriotes, qui ne connaissaient jusqu’alors que le chocolat noir.
Dans les mois qui suivirent, les Français découvrirent bien d’autres marques américaines, à commencer par Jeep et Coca-Cola…, Robert Woodruff, le P-DG de la firme d’Atlanta surnommé “Mr. Coke”, avait décrété en 1941 que :
–“Chaque Américain portant l’uniforme doit pouvoir, où qu’il soit dans le monde et quoi qu’il en coûte à la firme, se procurer du Coca-Cola pour 5 cents la bouteille”…
C’était afin d’approvisionner les troupes libérant l’Europe, il avait même ouvert en 1943 dix usines d’embouteillage en Algérie…
Les soldats américains sortirent aussi de leur paquetage des kits de rasoirs Gillette, des tubes de dentifrice Colgate, des briquets Zippo et des Kleenex… et, lors de leurs premières permissions, la plupart s’affichaient en Levi’s, des jeans vendus exclusivement aux militaires depuis 1942.
Dans tout le pays, qui venait de subir cinq ans de rationnement, ces nouveaux objets, débarqués en même temps que la musique de Count Basie, Louis Armstrong ou Sidney Bechet via la radio de l’US Army, évoquaient une mystérieuse et délicieuse société d’abondance…
Dans l’euphorie de la victoire, les Français se prirent d’affection pour l’Amérique, son mode de vie et ses produits, cette fascination dura jusqu’à la fin des années 1960 : la guerre du Vietnam, le retrait de la France du commandement militaire de l’Otan en 1966 et la révolte de la jeunesse contre le capitalisme en 1968 mirent alors un terme à l’engouement.
Durant les vingt années de cette histoire d’amour, l’American way of life s’installa sur les bases militaires américaines de Châteauroux, Laon, Evreux, Chaumont, Etain, Toul et Phalsbourg, où vivaient 25.000 soldats (souvent avec leur famille).
C’étaient de véritables copies des banlieues d’outre-Atlantique : vastes maisons avec baies vitrées, pelouses impeccables, garages proprets, écoles et églises, hôpitaux et, surtout, magasins remplis de produits “made in USA”, surnommés les “PX”…
On y trouvait de tout, du savon Lux aux corn-flakes Kellogg’s en passant par la perceuse Black & Decker, le ketchup Heinz, les disques Verve ou RCA, les cigarettes Camel et Pall Mall, et bien sûr les lunettes Ray-Ban portées par les pilotes de l’US Air Force…
Les 31.000 Français travaillant sur ces bases achetaient en masse ces produits aux soldats américains, seuls habilités à pénétrer dans les “PX”, et les marchandises se retrouvèrent vite dans les placards des ménages habitant les villes environnantes.
L’attrait des Français pour l’Amérique se renforça avec l’ouverture de lignes aériennes entre Paris et New York dès 1946, grâce au Lockheed Constellation, le plus bel avion à hélices jamais construit…
Les Français aisés qui firent alors le voyage “Aux Etats” (comme on disait à l’époque) décrivirent à leur retour un véritable pays de cocagne… et notre classe moyenne s’imprégna des codes culturels américains, les stars d’Hollywood comme John Wayne, Charlie Chaplin ou Marilyn Monroe étaient à l’affiche de tous les cinémas, les enfants troquèrent le magazine “Cœurs vaillants” contre “Le Journal de Mickey” et la prolifération des clubs de jazz donna naissance à des émissions spécialisées à la radio.
Puis Bill Haley et Elvis Presley mirent le rock’n’roll au goût du jour…, à la fin des années 1950, ce nouveau son et la manière de danser qui l’accompagnait enthousiasmèrent les 18-30 ans, et la “surprise party” à la française occupa vite leurs samedis soir…, les premiers rockeurs de l’Hexagone se dotèrent même d’un nom américain : Johnny Hallyday, Dick Rivers, Eddy Mitchell…, ce qui allait se révéler commercialement judicieux !
En 2009, cinquante ans après, les mêmes étaient encore là, alors que les stars de l’époque qui avaient choisi une “marque” franco-française sont pour la plupart tombées dans l’oubli.
C’est dans cette atmosphère américanophile, donc au meilleur moment, que les grandes marques yankees lancèrent leur offensive en Europe…
Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la plupart étaient restées repliées chez elles, seuls le constructeur d’engins de chantier Caterpillar, l’ascensoriste Otis, le fabricant de moteurs de hors-bord Evinrude (présent au Canada, en Belgique, à Hong Kong et en Australie depuis les années 1930) et Singer (le roi des machines à coudre exportait déjà jusqu’en Chine) s’étaient risqués au-delà des océans.
Les autres géants américains, presque tous nés à la Belle Epoque (entre 1878 et 1914), avaient passé l’entre-deux-guerres à conquérir leur immense marché intérieur et à résister à la grande dépression des années 1930…, la guerre avait tourné la page, ils étaient prêts à s’internationaliser.
Ce second débarquement fut beaucoup plus aisé que le premier…, les Français n’opposèrent aucune résistance, bien au contraire, à la nouvelle armada US : Coca-Cola, Pepsi, Kellogg’s, les pots pour bébés Gerber, le café instantané Maxwell, le chatterton et le Scotch de 3M, les cigarettes Chesterfield, Lucky Strike et Philip Morris, les bas Nylon de Du Pont de Nemours…, Kodak (qui nous initia à la photo), le savon Palmolive, le balai Bissell pour tapis et moquettes, l’aspirateur Hoover et le Frigidaire (une marque de General Motors), transformèrent nos réflexes quotidiens.
Puis, au début des années 1960, les jeans Levi’s conquirent les jeunes générations et commencèrent à incarner une nouvelle culture…, les fans de Dylan et de Bill Haley se mirent alors à rêver de grattouiller une guitare Fender ou une Gibson…, les hommes d’affaires portaient des chemises Arrow, signaient leurs contrats avec un stylo Parker, louaient des voitures chez Avis ou Hertz et payaient, surtout à l’étranger, avec une carte Diners Club ou American Express.
Parmi toutes ces marques qui contribuèrent à faire basculer notre pays dans la société de consommation, certaines devinrent des icônes culturelles… et pas seulement celles dont les produits étaient accessibles à tous comme Coca-Cola, Lucky Strike ou Levi’s…., Chevrolet et Cadillac, les voitures des vedettes de cinéma et des gangsters qu’on ne croisait jamais sur nos routes, incarnaient aussi “l’American dream”.
En 1961, le film de Robert Dhéry, “La Belle Américaine”, qui racontait les pérégrinations d’un ouvrier prénommé Marcel ayant acquis pour une bouchée de pain une magnifique Chevrolet décapotable, obtint pour cette raison un immense succès…
Même culte à l’égard de Harley-Davidson : la marque ne vendait à l’époque presque aucune moto en France, mais la sortie en 1954 du film “L’Equipée sauvage”, où l’ombrageux Marlon Brando incarnait le chef d’un gang de “bikers”, lui avait conféré une extraordinaire aura.
Mais les meilleures choses ont une fin…, les événements de 1968 firent subitement basculer la jeunesse dans l’anticapitalisme, qui allait vite dégénérer en antiaméricanisme…, au même moment, les marques japonaises commençaient à s’imposer dans l’électronique de loisirs et l’avenir semblait s’inventer non plus à New York ou à San Francisco, mais à Tokyo ou Osaka.
Le coup de grâce fut la guerre du Vietnam, le péché d’orgueil impérialiste qui humilia l’Oncle Sam et discrédita “l’American dream”, particulièrement en France…, c’est alors que commença à pâlir la marque “Amérique”, mère de toutes les marques originaires des Etats-Unis, qui leur garantissait jusque-là un rayonnement dépassant largement leurs qualités.
Depuis, bien d’autres marques américaines se sont implantées dans l’Hexagone, mais le charme avait été rompu…, dès l’ouverture chez nous de ses premiers restaurants, en 1979, McDonald’s suscita des controverses sur “la malbouffe”..., Disneyland fut attaqué par les intellectuels, les plus virulents dénonçant un “Tchernobyl culturel”… et Nike fut sommé de s’expliquer sur la façon dont il exploitait les travailleurs asiatiques…, même les pionniers des révolutions technologiques qui se sont succédé depuis 1980, les Hewlett-Packard, Microsoft, Dell, Yahoo et autres Google, n’ont jamais suscité le même enthousiasme que Coca ou Levi’s après la guerre…, l’icône Apple, incarnée par un gourou d’un charisme inégalé, est l’exception qui confirme la règle.
Certaines marques ont tellement bien compris le phénomène qu’elles se gardent de clamer en France leur origine américaine : Pizza Hut, Midas, Berlitz…, l’image de l’Amérique s’était en effet progressivement teintée d’arrogance, d’ignorance, d’hypocrisie, d’égoïsme et, plus récemment, d’indifférence à l’environnement.
Plus que jamais leader du divertissement avec Hollywood et des nouvelles technologies avec une kyrielle de nouvelles marques (Facebook, YouTube, Twitter…), l’Amérique continue à fasciner le monde… et ses vieilles marques ont plus d’un tour dans leur sac pour rebondir…
À l’époque, la chute du Mur de Berlin a marqué la fin de l’époque bipolaire… et l’arrivée d’un style de vie qui favorisait le déclin des identités nationales…, une vie mise en bouteille de Coca-Cola, vendue à côté d’un Big-Mac avec des frites, tandis qu’on conduit une américaine en fumant des cigarettes Lucky Strike tout en mâchant des chewing-gum…, il n’y avait guère d’images aussi américaines, et universelles que l’American way of life.
Né dans les années 1950, le mode de vie à l’américaine a été adopté par une grande partie de la planète, une manière de vivre fondée sur l’abondance et la consommation de masse jusqu’à frôler l’overdose… et qu’on a importé quand même…, actuellement, la planète continue avec son “américanisation”, alors que les États-Unis sont en train de quitter ses grandes icônes.
Le Big Mac est devenu le plat international : plus de 900 millions de burgers sont dévorés dans 118 pays chaque jour, c’est peu dire que ce hamburger a tout pour jouer les valeurs de référence témoignant de l’incroyable pouvoir d’attraction des produits made in USA : pour parfaire cette “expérience américaine”…, l’entreprise du clown Ronald possède plus de 35.000 restaurants à travers le monde, dont moins de la moitié sont aux États-Unis…, pour sa part, Coca-cola est doté d’un effectif de 130.000 employés et on calcule une consommation de 2 milliards de canettes de soda par jour dans le monde entier !
“Nous ne pouvons pas conduire des 4 x 4, manger autant que nous le désirons, garder nos maisons à 20 °C par tous les temps et espérer tout simplement que les autres pays vont être d’accord”, déclarait Obama en 2008… et alors qu’en est-il de la réponse “Yes we can” 12 ans plus tard : “Oui, nous pouvons... mais qui peut ?”…
On n’est pas arrivé à l’équipartition de la population mondiale, l’inégalité dans la pauvreté a été remplacée par l’inégalité dans la richesse…, l’utopie de l’économie planifiée a été substituée par l’utopie de la libération des marchés…., le monde entier veut pouvoir choisir, mais les données semblent dire que la compétitivité, l’individualisme et l’inégalité des richesses ne sont pas faits pour arriver à ce but…, c’est le système qui choisit “partager un Coca-Cola” avec certains d’entre tous parce que “I’m loving it”…
Ne vous embêtez pas à chercher plus loin que décrit ci-avant…, au lieu de cela, partons ensemble dans l’utopie… faute d’un monde réellement post-apocalyptique approprié dans lequel rouler en Hot-Rod !
Vous avez la chance de lire mes chroniques pour avoir un aller vers le paradis en enfer… ou l’enfer au paradis…. et ce bien qu’il soit la plupart du temps difficile de survivre, il y assez de conneries burlesques pour rendre la vie intéressante.
Il existe deux catégories de Hot-Rodders…
-Soit le gars qui se construit lui-même un Hot-Rod en récupérant un max de pièces…, ce n’est pas un mutant sanguinaire post-apocalypse, c’est simplement qu’il pense que les voitures modernes l’isolent trop de l’expérience de conduite… et la direction étant lourde, dure et floue, il se sent comme si ses poignets avaient été boulonnés directement à l’arrière des roues avant…
-Soit le gars qui a des pépettes à revendre et se fait construire un Hot-Rod sur-mesure 100% aussi neuf que sa Rolls-Royce Phantom Cabriolet de tous les jours…
Pour les deux, les évaluations conventionnelles de manipulation n’entrent tout simplement pas en compte dans leur Hot-Rod, car tout y est entièrement la résultante des difficultés rencontrées… surtout s’ils ont la folie suicidaire de garder leur pied droit enfoncé sur l’accélérateur…, pour garder le cap !
Dans tous les cas, l’utilisation est basique : “sprinter” jusqu’à 100 km/h en seulement 3/4 secondes…, la vitesse maximale étant réputée pour être de 200km/h restant une utopie… et leur bravoure (légendaire) ne suffisant pas pour aller flirter réellement avec la mort…, mais “ça vaut le coup”…
Oh diable, que oui, chaque Hot-Rod est une des voitures parmi les plus ridiculement agréables et divertissantes qu’on peut conduire dans une putain de vie !