Hot-Rod Cadillac VSR… Une folie poétique décérébrée !
L’automobile américaine possède la qualité de ne pas se caractériser par son sens de la nuance et s’est ingénié dans les années cinquante à fabriquer de nombreux trésors de folie kitch tendance exotique…Avec l’entrée dans les années 2000, mis à part quelques extravagances comme le Plymouth Prowler et le Chevrolet SSR, le grand Barnum automobile Yankee “de production usine” a changé de cap.
Cadillac s’est ainsi obligé de son coté, à moins d’exubérance et à plus de qualité, sans pour autant atteindre le suprême, alors qu’à l’inverse le populo basique, les bouseux et ultimes patriotes irréductibles, imperméables aux réalités et inconscients de l’avenir précaire, ont versé dans l’apologie du néant et de la récupération à bon compte…
Adieu les Hot-Rods façon Boydd Coddington, hyper léchés…, vivent les Rat-Rods déglingués et rouillés érigés en œuvre d’art…, en totale opposition avec les véhicules de production réalisés à l’exact opposé…
Alors, quand l’efficace tâcheron du luxe “à l’américaine” qu’est Cadillac (l’irresponsable responsable de l’Allanté) a mis en scène un Hot-Rod à sa façon, on était en droit de s’attendre à une œuvre d’une grande finesse.
Le Hot-Rod Cadillac VSR, c’est de lui dont je cause, s’il est loin de constituer la crème du pot, n’en est pas moins un des engins les plus violemment nazes du genre, méritant une étude socio-psychologique subtile et raffinée…
Cette bêtise réjouissante est en effet une des créations parmi les plus décérébrés de tous les temps…, qui plus est, dans un style qui tombe aussi à plat qu’une crêpe-beurre-confiture sur une robe de soirée Chanel sur mesure…
L’histoire de cette folie poétique décérébrée, qui n’est qu’un prétexte à une tuerie continuelle…, en est réduite à un strict minimum scénaristique : Le VSR devait montrer au peuple américain que Cadillac pouvait mieux faire que le Plymouth Prowler de Tom Gale au look doux et mou en comparaison de l’aspect “tankiste” massif du VSR…
Cet engin a été conçu par erreur par des designer “maison” basés au Michigan, n’ayant aucune culture en matière de Hot-Rodding, comme une réplique de voiture de course des années cinquante, le “responsable” ayant été choisi pour ses récréations exquises de répliques Porsche 917s, Ford GT40s, et Ferrari P4s…, entre autres !Le châssis a été conçu comme un cadre-monocoque-monobloc de voiture de course, style Indy, soudé TIG en tubes et panneaux en aluminium et disposant de trains roulant semblables à des tringleries relativement indépendantes de suspension avant et arrière (gag !) avec des ressorts pneumatiques réglables en hauteur.
Le moteur sélectionné pour mouvoir cet ensemble assez chaotique, est un V8 400 chevaux de la première génération Cadillac CTS-V, équipé d’une transmission automatique quatre vitesses 4L65E GM…, les freins à disques de 13 pouces disposent d’étriers à six pistons… et la direction est à crémaillère. L’intérieur comprend des sièges en fibre de carbone recouverts de cuir… et les instruments de bord sont numériques…, on peut même “agrafer” un iPod dans la console centrale, contrôler l’éclairage intérieur via un écran tactile (sic !)… et des caméras numériques font office de rétroviseur…
Je vous laisse la découvrir en images.
Dans le bref paragraphe précédent, je viens, non pas de résumer le cahier des charges dans ses grandes lignes, mais de raconter le pourquoi du comment dans son intégralité… et dans sa flagrante gratuité…
Cette affaire ne possède pas le moindre rebondissement, aucune sous-intrigue, ce n’est qu’un bourrinage de mou jusque dans ses derniers retranchements d’absurdité.
Comme me l’a dit Chris, le co-irresponsable de cette non-création : “Ce qui compte c’est le score final”… et en effet, rarement un concept-car aura autant démérité, son image atteignant au final un score nullissime proprement estomaquant…, car à peine la Cadillac VSR a-t-elle été exposée, que divers déluges d’imprécations ont été lancées contre ses concepteurs !Dans les shows ou elle fut exposée, des enragés déboulaient de nulle part et à chaque fois un nouveau massacre démarrait…, ils savaient toujours où elle allait être exposée quand bien même ils n’avaient aucun moyen de connaitre ses déplacements (un cas flagrant de fuite d’infos confidentielles).
Quelques exemples :
Chris téléphone depuis une cabine : hop ! baston….
Chris entre par hasard dans un hôtel de passe : hop ! baston…
Chris apparait aux cotés de la VSR dans une expo secrète au milieu de nulle-part : hop ! baston…
Tout cela n’arrêtait jamais et ça pètait dans tous les coins, sans aucun temps mort (sans aucun mort, c’est déjà moins sûr…, je n’ai pas eu accès à toutes les archives), ponctuées de temps en temps d’un article dans les journaux régionaux…
N’affichant pas la moindre réaction devant les réactions négatives, Chris est devenu la bête de guerre ultime de Cadillac, déchaînant toute sa fureur vengeresse contre les pauvres bouseux qui venaient déplorer jusqu’à l’existence de la VSR…
Il faisait cela comme il mettait autrefois les Viêt-congs en déroute les doigts dans le nez, tel un ange exterminateur blasé accomplissant sa revanche d’un air si peu concerné et si démoralisé qu’on dirait un découpeur de volaille qui aurait trente ans d’abattoir derrière lui en plein ouvrage à chaque fois qu’il dézingue un voyou.
La direction de Cadillac, reconnaissant tout de même qu’il faisait des efforts furtifs mais louables pour sauver le peu qui pouvait l’être, à toutefois décidé d’arrêter les frais et de mettre la VSR dans un lieu inconnu, inaccessible au public et de l’y laisser après avoir fait détruire absolument toutes les documentations et photos qui avaient été réalisées pour la promotion de l’enginL’équipe qui avait construit la VSR a eu vraiment mal pour Chris quand il s’est fait torturer par un Hot-Rodder de l’ancienne génération… et son expression de détresse qui est devenue, depuis lors, quasi permanente, n’a pourtant suscité qu’une une bien maigre pitié auprès de la clientèle “classique” Cadillac.
La grande époque de la folie poétique décérébrée des Cadillac (souvenez vous de la ’59 et ses ailerons de requin) étant passée au profit de l’usinage faiblard de bouses sans âme, la VSR fait partie des nouveaux vestiges d’un âge révolu que certains (et certaines) pourront regarder l’œil humide en pensant au bon vieux temps.
Après cette non-création, Cadillac va se désolidariser du mouvement Hot-Rodding et va continuer sur sa précédente lancée en livrant (encore) quelques sympathiques créations dans le seul segment “premium” des berlines de luxe.
Chris m’a assuré que Cadillac réalisera bien d’autres merveilles dans un autre futur…, sans nul doute caractérisées par une générosité dans la kitcherie débridée et dans la bêtise la plus insondable.