HOT-ROD-SEX-TRIP…
Il y a des nananas qui vous écrasent le palpitant le temps d’une rencontre…, puis vous défoncent les couilles avant de disparaître dans les limbes de votre encéphale… Mama’Jo Bitchy Somar, Chilienne d’origine, Californienne de vie…, est de celles-là…, elle m’a sexuellement scotché… et son Hot-Rod (que j’avais vu devant un MacDo pas loin de Venice/Californie), m’a impressionné…, un joli petit diamant ésotérique (ce n’est pas moi qui le dit, mais elle-même), mélangeant quelques petits gimmicks d’antan à un look décalé, imaginé après un plongeon dans une piscine pleine de drogue.
Elle était tellement complètement flippante, que j’en suis venu à complètement oublier le Hot-Rod, jusqu’à me balader dedans avec elle pour tomber par hasard, trop peu après (je ne crois pas au hasard) nez à nez avec son dealer à qui elle avait un retard financier… et, malgré les lamentations de mon porte monnaie, j’ai douillé (en décalé) de quoi obtenir ses faveurs…, espérant que la recette allait être déroulée sur un temps assez long (ce qui fut en partie vrai)…, mais je ne m’attendais pas à une telle folie. Si je pliais (légèrement) du dos sous les coups de butoirs de Mama’Jo Bitchy Somar, avec des moments hystériques et un presque passage à tabac sans pitié malgré la mélancolie ambiante du bordel…, elle semblait avoir trouvé la béatitude…, quoique pour moi, c’était une paix branlante, presque nauséeuse, à l’image de l’introduction sexuelle qui avait glissé sans peine dans une mélodie de fin de vie à cause de sa candeur désaccordée qui renvoyait à la sensation que j’étais attaché nu sur une balançoire, la tête dans les comètes, mes bijoux de famille valdinguant à tout va…
Mais Mama’Jo Bitchy Somar n’était pas une adepte des rails de cocaïne sans virevolte aux apparats banals…, elle a multiplié des sautes de rythmes déstabilisantes… et même des bugs sonores impromptus (elle a pété plusieurs fois), avec des va et vient progressifs, pour créer un millefeuille diamant.
Il me faudra attendre une heure pour spermater dans sa tronche…, la belle éjaculation, violente, celle qui déplace la mâchoire sur le coté de quelques centimètres…, parce que si ça avait commencé de façon propre, avec respect et manières, en mode vaporeux…, le coté hard a vite pris son envol vers le soleil dans une nappe cosmique qui file le blues, avec le rythme du palpitant qui s’emballe dans une mélodie qui donne envie de courir à poil dans les champs de blés en écartant les fesses…
Et… BOUM…, une jouissance de folie m’a harponné le cœur, retourné le cerveau, détruit mes illusions post-pubères et pré-séniles…, broyé mes couilles…, rien que de le tapoter sur mon clavier d’ordi, c’est la danse du pénis qui revient…, la peine de vit de tant de spermatozoïdes perdus, la déraison qui s’ensuit…, un truc dément que je pense récupèrer à pleine balle en pleurant devant mon ordi, puis en sautant comme un cabri dans toute la pièce en tapant sur les murs en espérant planer toute la putain de nuit qui s’annonce…, mais merde, bordel, qu’est ce que c’est bandant… et ce n’est pas la conclusion non invitée en mode simili-branlage qui me fera écrire ici le contraire… Toujours peu avare en surprises, détails et cassures en tout genre, son Hot-Rod semblait habité par des fantômes et conversations de l’au delà captées par hasard via la radio…, beau comme la mort, il fourmillait de détails bizarres…, Mama’Jo Bitchy Somar m’a dit qu’elle l’avait créé en pensant à la naissance d’un monstre, un jeune Hot-Rodciraptor cassant doucement la coque de l’œuf dans une ambiance lunaire, folle, absolue, qui agonise dans le funèbre…
Autre ravissement en mémoire, sa copine n’a pas eu à rougir de la comparaison…, avec un rythme sexuel plus ralenti se rapprochant d’un battement de cœur un peu flingué… et surtout une voix candide et cristalline qui chialait sa mélancolie pendant l’amour trio…, c’était beau, céleste, mais aussi défoncé, échelle 5 sur Richter pour rehausser le tout. Mama’Jo Bitchy Somar ne s’est pas limitée au claudiquant des Hot-Rods classiques, elle y a injecté une vraie progression mécanique façon fusée Ariane…, mais j’ai vite senti que le bazar semblait vouloir prendre le large…, ce qui ne manqua pas d’arriver après quelques minutes…, la chilienne conviant ses potes pour un dernier verre à ronger l’estomac, avant un long déclin de la sensibilité de l’œsophage…, putain, la salope !…
Et ce cérémonial doucement shoegaze m’a fait tourbillonner dans tous les sens au milieu d’une bande de Hot-Rockers mélancoliques qui s’enivraient à n’en plus finir, en sniffant pour rajouter au vertige…, ça sentait grave l’orgie à re-venir, ça n’en finissait plus de se déplier… et ça m’a fait du bien de préparer ainsi ma balade avec le Hot-Rod…, Mama’Jo Bitchy Somar noyant ses amours de douceurs dans un pilonnage agressif de mon pauvre sexe qui n’en pouvait plus d’être ainsi maltraité, malaxé…, c’était hypnotique. Si Mama’Jo Bitchy Somar me plaisait, c’était évidemment partiellement à cause de ses seins mais aussi de sa voix pleine de chagrin, avec une facette “je mouille dans la tristesse” fortement présente…, un dancefloor de larmes similaire à une baise de rupture, écrasé par le stupre…, c’était crade mais pur, cristallin mais traumatisant…, je n’oublierai jamais sa forte propension à me faire voir des étoiles ailleurs que sur le drapeau américain : au Planetarium !
Mais Mama’Jo Bitchy Somar, moite et mélancolique, n’avait que l’irrépressible envie de se mêler à la masse tourbillonnantes des corps…, elle s’est alors, enfin mise en tête de me faire visiter son quartier, ses rues coupe-gorge, son Red Light District, ses coins plus posés…, on a donc déambulé dans le voisinage, avec une vision trouble car passée par le prisme de l’alcool et d’une nuit blanche. Autre précision, qui pourrait sembler cauchemardesque dans ma relation de cette histoire, mais que j’ai plutôt bien gérée : ça ambiançait le bordel…, sauf que le tout était plus sec que la mort, squelettique, ça m’assaillait la tronche comme une volée de couteaux…, une lente décrépitude rongée par l’acide qui contrastait avec mon angélisme en mode bisounours se laissant lentement pourrir, perdu au milieu d’un maelstrom de conneries ou tout s’embrouillait, se mélangeait, pour finir sur une lente agonie pleine d’échos d’appels au secours de beaufs occupés à se faire plumer…
Épique et hypnotique, pour vous en faire une idée, c’était comme si vous pouviez, en accéléré, visionner sur un vieux téléviseur Philips 50 Hertz via une antique VHS pourrave…, la balade d’un mec (moi !) dans une ville inconnue, bourré d’alcool jusqu’à l’os, dérivant lentement dans les rues, aveuglé par les néons, le cerveau embrouillé rendu agressif car ayant l’alcool mauvais, avant de finir affalé sur un banc du vomi sur les fringues après avoir ingéré 20 gouttes de Rivotril. Quand tu lis ça, lecteur…, j’imagine ta tronche : les yeux écarquillés par la drogue de mes mots, à encaisser mes phrases par centaines…, mais je n’ai pas encore annihilé toutes tes velléités à t’en faire connaître d’avantage (bien heureusement), en t’offrant quelques perles supplémentaires bien vicieuses, tout en te malaxant le mou avec un art qui ne te décevra pas plus que mes nouveaux fans…, ça va sentir la mort, triste et ubuesque…, ça frôlera même le bad trip dans un tourbillon épileptique…
C’est que, à ce stade du récit, je ne suis plus vraiment en train de déambuler sur les boulevards, mais plutôt séquestré par une psychopathe qui me susurre des conneries dans l’oreille en chantant comme une tarée…, carrément dans le cloud-rap, affolante comme un mille feuilles de textures, drogues dures et sirop violet, nappé d’une couche de parôles mielleuses… et moi, je me laisse attirer par cette mélasse angélique, par ses mots qui n’en finissent plus de disjoncter mes synapses…, c’est beau comme un cul de reine. Sérieux…, dès les premières secondes ou le Hot-Rod est parti à toute allure, j’ai été ébloui par ce truc claudiquant…, mais le temps passant et l’alcool s’évaporant…, je me suis dit que ce n’était pas ça le but de ma vie…, ce n’était qu’une fin qui m’aspirait dans son siphon…, qui m’étouffait lentement…, le sexe puis la mort, le coït et la dépression…, peines de vit…, ma pensée avait soudain la vision d’une pertinence rare dans son propos comme dans le mouvement dans lequel il s’inscrivait…
Ma quête, c’était de sombrer et de me débarrasser des oripeaux sociaux qui me collaient encore à la peau, pour n’être qu’une ombre dans une chasse sans fin…, j’ai donc roulé droit devant, vers une lumière au fond, que je n’atteindrai jamais…, la destination ne comptant plus, mon seul horizon étant la route…, l’idée de tout futur disparaîssant pour laisser place à un présent perpétuel, j’étais devenu un guerrier de la route. J’aurais pu croire à une catastrophe et à un viol de mon âme…, mais c’est surtout cette dualité entre le cul et le mélancolique, ce coté quartier rouge passé sous un filtre salement drogué…, qui me fascinait dans cette balade où bas résilles et talons hauts copulaient avec amours perdus et remords rongeant le cerveau !
C’était la mise à mort parfaite de ma vie d’aventurier de l’inutile, en quète de Hot-Rods, Dragsters, Kustom-Cars et autres puérilités démentes, de mes heures de gloires dans les clubs à cyprine, paradant devant le monde avec les plus belles putes…, je me suis vu mourir seul dans une impasse, comme une veille merde, assassiné par un d’jeune customizeur franchouille n’ayant rien compris aux arnaques de la vie…, cet enculé me regardait, le sourire aux lèvres… et moi je me disais que, putain, même si j’avais bien baisé, j’aurais finalement préféré fonder une famille et vivre à la campagne ! Le Hot-Rod de Mama’Jo Bitchy Somar s’est avéré être un fer-à-repasser monté sur des roulettes de skate board…, le train arrière avait plus que tendance à envoyer de sérieux coups de raquette lors de reprises d’adhérence parfois brutales sous l’effet du couple et des gommes larges… et le survirage auquel tout V8 se prête toujours de bon cœur fut donc à manier avec précaution, car le manque de rigueur de l’amortissement était assez vite pénalisant en conduite sportive, notamment sur petite route…, bien que l’endurance de freinage montrait des signes de faiblesse…
Conduire ce biniou a donc été une expérience de conduite assez brute, ce qui m’a assuré du coté folklore et charme authentique de cet engin rustique, très éloigné des sportives modernes sur-assistées…, néanmoins, n’êtant pas du genre “burn-out à tous les virages”, j’ai pu apprécier de rouler au couple en dégustant chaque glou-glou du V8… et glou, et glou faisait le V8… mais la consommation se montrait presque raisonnable. Je suis assez content de pouvoir publier l’interview de Mama’Jo Bitchy Somar, qui a littéralement dû être arrachée avec les tripes…, plus d’une nuit de tractations sexuelles ayant été nécessaires pour l’avoir bien profond pile et face, son gang se demandant au départ pourquoi un français sorti de nulle part voulait l’interviewer, elle qui n’avait jamais (semble t’il) donné d’interview à un étranger…
Mais je voulais absolument obtenir une interview de cette figure incontournable du Hot-Rodding local, ultra respectée dans l’underground californien…, d’autant plus que, contrairement à beaucoup de ses pairs, elle n’a jamais dévié de sa route, prônant depuis le début de sa carrière un style sombre, dur, old-school, violent, à mille lieux de la guimauve des lourds Kustoms Mexicanos. Mama’Jo Bitchy Somar, enfin, a une personnalité assez rare dans le Hot-Rodding actuel : si beaucoup de customizeux franchouilles qui veulent se la jouer américain, exhibent des grosses bagnoles ou dansent du Western dans des boites de nuits clinquantes…, elle fait partie des Hot-Rodders qui viennent (vraiment) de la rue… et qui en parlent sans détour…, car la donnée intéressante pour nos yeux de français, c’est justement cette définition de la rue, du crime dont on parle sans savoir…, avec elle, on est dans le bordel, le vrai : on m’a d’ailleurs bien fait comprendre qu’il me fallait éviter quelques questions trop directes, que j’ai du rayer mentalement, à contre cœur.
Sur la table de la chambre, un sac d’herbe presque aussi gros qu’un ballon de foot trônait sur la table…, ça peut faire rire, mais il faut savoir qu’au USA, la possession de cannabis est très durement réprimée et il n’est pas rare de voir des gens (même des expatriés) faire un petit mois de prison pour une barrette de shit… Donc, voir une telle dose de cannabis m’a destabilisé, vu qu’on n’allait clairement pas tout fumer dans la soirée…, au final, je comprendrais plus tard que Mama’Jo Bitchy Somar devait tourner les derniers plans d’un clip avec son Hot-Rod et qu’elle devait apporter de quoi payer la réalisation…, ce qui conduira à quelques situations assez surréalistes durant l’interview, Mama’Jo Bitchy Somar enchainant les joints sans aucune pause.
– Ton Hot-Rod n’est pas vraiment au top, il n’est pas dans la ligne des créations de Boyd Coddington, ni ne s’avère être un Rat-Rod d’avant-garde, c’est très dur pour moi d’avoir fait tant de route pour ça, par contre le coté hardcore de l’ambiance m’a beaucoup fait jouir…, au final, quelle est la place de ce Hot-Rod dans l’histoire ?
– Pas mal de choses ont changé depuis longtemps, entre les nouveaux Rods et les anciens et toutes ces conneries poussant parfois les suiveurs à changer pour continuer à parader, mais de mon coté, je m’en fous complètement, il y a toujours pas mal de gens qui pensent que le Hot-Rodding se résume à des clichés, mais les mentalités changent petit à petit. Les gamins qui se construisaient un Hot-Rod il y a 65 ans sont des pépés s’ils ne sont pas morts… ceux qui ont connus les folies de Boydd Coddington il y a presque 40 ans n’ont plus la même vision… et ceux et celles qui ont 30 ans comme moi n’en ont rien à foutre, on n’est plus un nouveau mouvement, on est nous-même. Même des mecs et des nananas qui travaillent actuellement pour le gouvernement, genre des fonctionnaires ou des flics, sont parfois des Hot-Rodders. J’imagine que cette évolution dans les mœurs ne peut qu’aider le Hot-Rodding à être plus populaire, même s’il reste extrêmement underground.
– Ton Hot-Rod est vraiment old school !
– Ah ! Au départ, j’avais pensé construire un Rat-Rod, mais j’ai tout changé au dernier moment, mon gang et moi on s’est pas mal pris la tête sur ce sujet… Mais au final, tout le monde est tombé d’accord que le sexe avait plus d’importance ! Le plus drôle dans l’histoire, c’est que je ne suis vraiment pas une fan de Hot-Rodding, ça ne me touche pas tant que ça… Tu sais, il faut penser au futur, il y a deux paliers à ne pas manquer dans la vie, à 22 ans et à 30 ans. A 22 piges, la majorité des jeunes ont leur diplôme, et rentrent dans la vie active, abandonnant leurs rêves. Pour les autres, pour tout ceux qui étaient dans un gang, qui avaient un parcours un peu marginal, c’est à 30 ans que la limite arrive. Si à 30 ans tu n’as pas réussi à concrétiser tes rêves, il faut absolument chopper le dernier train pour rentrer dans la vie active, sinon tu ne seras pas intégré dans la société. Je bosse dans une société de logiciels, je gagne cool, j’en n’ai rien à foutre, je voulais rester dans mon gang et avoir mon Hot-Rod…
– C’est difficile pour les Hot-Rodders Franchouilles de comprendre…
– C’est assez différent ici. Pour moi, un Hot-Rod c’est du plaisir, pas de la contrainte. Évidemment, j’ai vu plus de choses horribles dans mon quartier que n’importe qui d’autre. Pour moi, ici, c’est un peu la ville invisible, celle que personne ne peut déchiffrer, personne ne peut réellement percer toutes les ombres imprégnant les rues de ce quartier. Surtout ces derniers temps. Je comprends que la majorité des gens aient peur des gangs qui peuplent les rues du coin. Mais je connais aussi pas mal de gens qui s’en battent les couilles, qui n’ont pas de préjugé et qui apprécient de traîner avec nous. D’autant plus qu’il y a beaucoup de rappeurs, ou de mecs qui apprécient le hip-hop qui ont un Hot-Rod. Un de mes potes est devenu un flic de la brigade des stups, mais il était DJ dans sa jeunesse ! D’ailleurs pour l’anecdote, un jour sa brigade est tombée devant mon crew… mon pote m’avait évidemment reconnu, mais la procédure l’obligeait à me contrôler quand même (rires). Il y a aussi des criminels, des meurtriers du quartier qui veulent changer de vie après leur peine de prison, et qui se mettent à construire un Hot-Rod.
– Ça, j’imagine que c’est un peu comme dans les autres pays…
– Sauf qu’ici, personne n’en parle, c’est un sujet inexistant dans les médias. D’ailleurs, il y a quelques années, avec mon gang, on a participé à des réunions officielles, des meetings pour Hot-Rods. Dedans, tu pouvais y trouver des flics, des députés, des politiques… et toutes les organisations criminelles du coin. C’était excellent, ça permettait de faire un maximum de connections avec les politiciens (rires). D’ailleurs, on a même baisé devant eux en soirée… et les mecs nous applaudissaient, même que ça balançait bien hardcore. Ah, d’ailleurs, je connais un politicien assez connu qui se construit un Hot-Rod style Kalifornia-Kid avec des flammes, dans son garage ! (S’ensuit un discours un peu éclaté sur les liens entre certains politiques et elle, difficile à comprendre). Tu sais, j’ai monté pas mal de dossiers sur des mecs qui trempaient dans des affaires louches et qui sont devenus soudainement connus en politique, ce genre de trucs.. et… euh… c’était quoi la question à la base ? Désolé, je suis complètement défoncée là ! (rires)…
– C’était sur…, je sais plus trop quoi, là… et…
– Ah oui oui, c’est vrai… Ce quartier est quand même un peu différent de quand j’étais jeune. Adolescente, j’arrêtais pas de traîner dehors tu sais, dans les parcs, dans les rues…, je cherchais les endroits où il y avait possibilité de foutre le bordel (rires). A cette époque, il y avait pas mal de gangs mexicains dans les rues, des fondus de Kustoms peinturlurés. Parce que ce quartier, c’était pour les “affaires entre adultes” tu vois ? Les jeunes ne pouvaient pas rester, on devait attendre de prendre du galon pour traîner là-bas. C’était un endroit fascinant…
– Et pour les étrangers qui se baladent dans le quartier ?
– Mmmm, on n’accepte généralement pas les étrangers… Mais c’est surtout que les clubs et bars à putes et compagnie ne veulent pas avoir de problème. Ici aux USA le sexe est officiellement tabou et les putes interdites, faut faire gaffe. Si les flics découvrent qu’un bar est en réalité un bar à putes, c’est la descente en force, il faut savoir que les Hells-Angel’s possèdent et gèrent beaucoup de clubs, mais ce n’est pas trop le cas pour les Hot-Rodders. Il y a beaucoup de clubs qui subissent des fermetures par la police en ce moment, pour des motifs parfois étonnants. Mais ils ré-ouvrent très rapidement en général, et ça, c’est évidemment grâce au fait que les Hells et la police sont en constante et étroite relation. Tout est une histoire d’argent et de business. D’ailleurs, c’est très difficile d’ouvrir un club sans avoir de connexion dans la police, ou sans connaître de flic bien placé. La vérité, c’est que si les Hells possèdent l’industrie de la nuit, il faut savoir que la police est tout autant impliquée dans le business des nightclubs.
– C’est dingue ! Alors que la sexualité semble gommée chez les flics malgré une franche camaraderie sanglée dans des cuirs moulants…, les Hells-Angel’s affichent frontalement une sexualité débridée…
– Les Hells-Angel’s continuent d’exhaler une aura particulière, quasi mythique, certaines réunions sont comme des opéras nihilistes qui offrent le spectacle d’une déshumanisation mise en scène dans le décor stylisé et fonctionnel d’un futur proche de notre société, un monde revenu à une ambiance sans foi ni loi, l’expression visuelle d’un monde qui tombe en ruine avec des policiers semblant dépassés par les événements, infantilisés par un ordre hiérarchique qui commence à devenir caduc. Les Hells arrivent en bande, se rangent en ligne et font leur cirque en faisant ronfler leurs V-Twin, agissant comme s’ils étaient en toujours en représentation…, couverts de cuir et de peaux de bêtes, poussant des cris d’animaux à chaque occasion, des hurlements lorsqu’ils partent, des miaulements lorsqu’ils s’approchent et des hurlements encore…, cette sauvagerie primitive renvoie à l’état d’esprit de l’époque, balisé entre la liberté très seventies des grands espaces propre à Easy Rider et la sauvagerie naturelle de Deliverance.
– Si la sexualité des Hells est continuellement apparente, c’est surtout sur la route qu’elle s’épanouit.
– Ouaisss, cool, c’est vrai ! Tu verras quelques signes qui ne trompent pas, genre dans les backstages, des bouteilles disposées sur une table de telle façon qu’elles forment une croix gammée, pour montrer que certaines personnes sont impliqués dans l’event. Ce genre de trucs arrive vachement souvent (rires) ! D’ailleurs, régulièrement, on me demande “Hey Mama’Jo, tu es toujours dans les affaires ou pas ?” et je suis du genre : “Non, maintenant, je fais mon biff grâce aux ordinateurs”… (rires). Malheureusement, il n’y a strictement rien de prévu pour le moment. Je veux dire… c’est comme si j’étais en hibernation pour le moment. Certains des membres du gang font des trucs de leur coté… sinon on est une famille. Pour trouver l’émulation, on a vraiment besoin de vivre à coté les uns des autres, à traîner dans notre quartier. Bon, il y a aussi un truc en plus, que je peux dire vu que c’est une interview pour la France…
– Cool…
– Je vais te raconter une histoire que j’avais dit à un ami qui est mort broyé sous un semi-remorque il y a quelques années : Quand j’étais au collège, j’avais un pote qui était à fond dans la musique. Pour moi, c’était un peu extraterrestre tu vois, c’était vachement sombre, assez rude. C’était assez nouveau comme musique, je n’étais pas habituée, donc j’avais du dire un truc du genre “Ouais c’est assez cool” mais pas plus. Ce n’est pas que j’avais détesté hein, mais ça n’avait pas été un choc énorme quoi, je n’étais pas devenue une fanatique complètement ouf de ce genre de zique sur le coup (rires). Mais quelques années après, je l’ai vu à la télé, et il avait dit un truc comme “Mon but est de faire connaître le hip-hop à travers le monde, je veux que les pays étrangers écoutent mes disques, et c’est une des raisons pour laquelle je fais des tournées mondiales”… Moi j’entends ça, et je me suis dis : “Putain ce mec est grave cool !”… Évidemment, j’étais au courant que ce mec avait fait des trucs pas nets… Mais après avoir vu cette interview, j’étais vraiment en mode “gaga”. Donc j’ai pas mal freestylé sur ses morceaux, et petit à petit, il m’a demandé de travailler avec lui. J’étais vraiment heureuse d’entendre ça, un putain d’accomplissement. La première version du morceau que l’on a fait a finalement été mise de coté par SONY, je n’ai jamais trop compris pourquoi. D’ailleurs, je suis vraiment heureuse d’avoir pu bosser avec lui et j’espère bien un jour avoir l’opportunité de refaire quelque chose avec lui…
Mama’Jo Bitchy Somar se lève, donne un coup d’aérosol autour d’elle, puis prend une serviette et la plonge sous l’eau, pour la poser contre la porte, pour colmater l’espace du dessous, afin de limiter les odeurs et la fumée de cannabis qui s’échappent de la chambre, déjà transformée en aquarium depuis longtemps…, je reste calme, tout est normal.
– Est-ce difficile d’être une fille dans le milieu des Hot-Rods de L.A. ?
– De mon point de vue, je pense que c’est vraiment cool de voir des filles qui se construisent un Hot-Rod. Ce n’est pas si difficile pour elles d’ailleurs, les filles peuvent parfois être meilleures, plus motivées pour montrer leurs talents. Et évidemment, ça peut les aider si elles sont mignonnes, dans le sens qu’il y aura toujours des mecs qui vont finalement construire leur Hot-Rod totalement en contrepartie de quelques baises bien crades. Pour le succès d’être présentées avec leur Rod dans des Mag’s spécialisés, ça dépendra si elles sont assez bitchy…et si elles sont vraiment bonnes. Ca peut être simple à cause d’un joli minois, mais si elles ont vraiment du talent alors là c’est le pied intégral… (rires)…
– La scène du Hot-Rodding pour nananas est vraiment intéressante en ce moment, il y a beaucoup à découvrir… J’aimerais vraiment en voir plus, c’est vraiment compliqué d’avoir de la qualité en ces temps-ci…
– Ouais, c’est clair…, mais ce n’est plus vraiment la même chose désormais… Il y a quelques années, c’était complètement fou : c’était blindé de monde, avec des bagarres et tout le bordel, on pouvait sentir une vraie rage qui émanait des Hot-Rodders, c’était vraiment mortel (rires). Mais des trucs pareils aujourd’hui ? Il n’en reste que très peu… Et c’est assez triste à dire, mais c’est un peu le même problème pour les Kustoms. Il y avait des tonnes de magasins de pièces à une époque, qui partageaient un vrai amour du Hot-Rodding et du Kustomizing, mais ils ont presque tous mis la clef sous la porte. Tu savais que les plus gros fabricants ont fermé ? Pfffffff… Tout est difficile à trouver désormais… Il faut vraiment que l’on se serre toutes et tous les coudes pour changer ça… Le monde est en ruine, il n’y a pratiquement plus de loi, la question morale de la vie c’est l’odyssée des gens qui tentent d’échapper à leur destin, qui essayent d’éviter d’être ce qu’ils sont, qui doivent tout perdre pour le devenir.
– Tout cela a l’apparence d’une tragédie…, un opéra fait de cuir et de tôles, avec beaucoup de plastiques !
– Oui, effectivement, j’en sais quelque chose !