Hot Rod “Hikaru Dorodango”…
L’art japonais du “Dorodango” est un passe-temps séculaire pour enfants dans lequel deux éléments naturels, un semi-solide et un liquide, sont combinés pour créer de petits objets sphériques, tels des boulettes de boue, comme le décrirait leur Kodomo. Il est intéressant de noter que si l’on pousse ce processus un peu plus loin, le “Hikaru Dorodango” produit non seulement des boulettes brillantes, mais prouve que le proverbe américain pas si vieux “You can’t polish a turd” est faux… Hehhhhhhhhh les Popu’s ! Les MythBusters ont même considéré l’adage comme un mythe ! Et c’est utilisé dans le look de ce Hot Rod…
En d’autres termes (plus appropriés), tout ce qui est intrinsèquement mauvais n’a pas l’incapacité d’être réparé ou amélioré. De mon point de vue en tant qu’individu, un certain style de construction, du moins sous sa forme d’attrait pour le grand public et la grande distribution, a toujours (dans le sens de : “sans cesse”) possédé de nombreuses incapacités. Cependant, des constructeurs comme Jason Graham et plus récemment Denny Terzich Sénior ont brisé cette opinion particulière en polissant littéralement les Hot et Rat Rods telles des boules “Hikaru Dorodango” !
Et c’est exactement ce que le patriarche de ProRides a entrepris de faire avec la Ford Tudor de 1930 qui illustre cet article : “Construire un Hot où un Rat Rod avec un look décalé, du chrome , le style Hot Rod des années’50 et un intérieur moderne/contemporain, d’où le nom “The Mutt“… Son objectif étant de mettre sur le marché une version “ProRides” d’un Hot/Rat Rod.. Ouaihhhh !!! Denny s’est tourné vers Nathan Durst, une filiale sous forme de département fabrication chez NCD Specialties (situé à Greensburg, en Pennsylvanie, aux USA) qui s’est attaqué aux principaux aspects de ce projet.
Cool !!! Cela va du châssis sur mesure équipé façon Speedway, jusqu’au Top-Chop à la façon des années ’50… avant de l’assembler à l’ancienne dans les limites étroites de son garage, dépourvu de carrelage de sol, mais décoré sur tous les murs de panneaux de signalisation, d’accessoires, de pompes à essence antiques, d’un distributeur de canettes de bière et autres fantaisies “Vintage”, bien qu’il soit un cabot en ce qui concerne certains styles, comme il l’a admis publiquement dans un reportage TV sur CBS News…
Cette concoction supposée contradictoire a fonctionné, le résultat étant un exemple parfait de “Dorodango Automobile” Ford Chopped & Channeled Sedan. Après deux ans de travail, la Tudor (elle appartient maintenant à Gary Fiori qui l’a achetée 100.000$ depuis qu’elle a été photographiée), qui est dotée d’une brillante peinture Glasurit Red Velvet, de Jeff Volker (sur la carrosserie de Dave Matthews) au lieu d’un métal nu noir mat ou même rouillé, avec des jantes Vintage fils (à rayons chromés) Wheelsmith de 18 et 20 pouces équipées de Coker/Excelsior soutenant la position accroupie de la berline.
Un trio de carbus ’94 polis au sommet d’un Blower/Compresseur GMC 4-71 sous-entraîné, induit le petit bloc Chevrolet à fournir les moyens de puissance plus que suffisants, tout en n’offrant qu’une quantité minimale d’obstruction visuelle potentielle, lorsqu’on est derrière le volant ! Et bien que Denny ait en fait opté pour des sièges baquets de style bomber de SuperForress B17 de 1944,, ceux du Speedway qu’il a installés (ainsi que le reste des panneaux) sont recouverts maintenant de cuir noir fin, cousu de manière appropriée par JC Auto Trim.
D’autres éléments pseudo-non traditionnels comprennent l’instrumentation Dakota Digital HDX, les ceintures de sécurité fixées sur les deux arceaux de sécurité et les sols recouverts de moquette noire. Si des voitures comme celle-ci représentent un facteur de rédemption en ce qui concerne les Hot/Rat Rods, alors je suis tout à fait pour. C’est parti pour la reformation du “Hikaru Dorodango” à usage des Hot Rods ! Bien…, j’ai pensé que vous en raconter plus serait bienvenu et j’ai fait intervenir un spécialiste dont les deux outils préférés sont la truelle et le clavier…
Ce spécialiste manie le second degré et la vulgarisation pour transmettre aussi loin que possible ses connaissances “futurustiques” en condensant le meilleur de ce qu’il sait déjà et de ce qu’il veut encore apprendre aux Popu’s qui viennent lire mes chroniques. Les “Hikaru Dorodango” fascinent par le terrible paradoxe qu’elles portent… Ces “Dorodango” représentent autant la simplicité enfantine que la sophistication absolue. Faites à partir de boules de terre argileuse, elles sont à la portée de toutes et tous, leur grand mystère se cachant derrière l’apparente humilité de ces sphères polies ensorcelantes.
Comme chacun sait 泥だんご ne veut absolument rien dire en français. Une petite leçon de japonais s’impose donc à votre ignorance. 泥 (doro どろ) signifie terre… だんご (dango) représente une boule de riz japonais… ひかる, ヒカル (hikaru) est le verbe briller, 光 (hikari) signifiant lumière… La définition littérale des “hikaru dorodango” est donc “balle de terre brillante”... Je sais… et me doute… mes Popu’s… que vous n’en avez non plus rien à faire… La question que vous vous posez certainement est “Comment la terre fait-elle pour briller ?”.… Quoique, en effet, si la terre pouvait briller seule, nous n’aurions pas besoin du soleil…
C’est une très bonne question que je me pose à votre intention, car elle ouvre la porte des premières diableries à découvrir avec cet art. Car ce “Hikaru Dorodango” est un art à part entière. La fabrication des “Dorodango” étant une occupation traditionnelle pour les écoliers japonais et également une forme d’art… Comme certains éco-constructeurs le savent déjà, le Japon est un des grands pays de la terre crue. Celle-ci y est utilisée sous toutes ses formes. Les briques de terre crue (BTC), les murs en pisé et surtout les enduits en terre font partie d’un patrimoine culturel et architectural encore très vivant.
Pas étonnant alors que ces petites boules d’argile y aient depuis longtemps suscitées des vocations. Combinées à la patience et à la minutie nippone, elles sont vite devenues des objets de ravissement et d’étonnement. Le “Dorodango” est donc une balle de terre et d’eau. Façonnées méthodiquement, ces sphères parfaites développent une pellicule d’argile solide et pure en surface qui une fois lustrée correctement révèle les “Hikaru Dorodango”... Ce travail d’orfèvre prend généralement plusieurs jours avant d’être abouti… Faire du “Dorodango” était un passe-temps oublié jusqu’à récemment, mais qui revient “à la mode”…
C’est en 1999 que le professeur Fumio Kayo, un psychologue spécialisé dans le jeu pour enfants, le rendit à nouveau populaire au Japon. Le phénomène est devenu alors un objet d’attention médiatique remarquable dans tout le pays. L’engouement s’est étendu jusqu’aux États-Unis où Bruce Gardner en est devenu la figure de proue, faisant évoluer les techniques existantes en expérimentant tous types de sols de son Nouveau-Mexique natal. Il a d’abord découvert les “Dorodango” dans un numéro du magazine TATE intitulé “Shiny Balls of Mud” où William Gibson se penchait sur la poursuite de la perfection…
Depuis, il en est accro. Il travaille toujours sur deux ou trois pièces à différentes étapes qui peuvent prendre des semaines à être terminées. C’est plus qu’un passe-temps, c’est un amalgame étrange d’art, de contraintes et de méditations. Plus récemment, c’est Nito Steen, fils de la très célèbre famille d’éco-constructeurs américains, qui s’est prêté au jeu avec une vidéo Youtube fantastique, il a créé un petit buzz autour des mystérieuses balles de terre brillantes. C’est à voir en un clic sur ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=BDSee1-4bUI&t=6s
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec la famille Steen (Athena et Bill en particulier), ils sont (ont été) le fer de lance de la culture des maisons en botte de paille et des enduits en terre aux États-Unis. Ils ont écrit quelques livres emblématiques et continuent de former et d’inspirer des milliers de constructeurs à travers le monde. Si à ce stade, vous vous demandez : “A quoi servent les “Dorodango ?”… La réponse est ; “A rien, mais ce n’est pas si simple”... Je n’ai d’ailleurs aucune expérience avec les “Dorodango”. La seule chose que je peux dire, c’est qu’ayant essayé d’en faire, je me suis absolument fait posséder.
Ce sont des balles de terre incroyablement esthétiques qui semblent marbrées et ont un très bel effet décoratif. Au Japon, les enfants s’en servent pour pratiquer leur dextérité et réaliser des petits cadeaux personnalisés. Cela peut donc servir à occuper les enfants à autre chose que la course aux activités “digitales”. Suite à mon expérience, faire un “Dorodango” et réussir un “Hikaru Dorodango” demandent pour toute deux une technique et une attention toute particulière pour ressentir le matériau terre et de comprendre jusqu’à où on peut l’amener. C’est presqu’écologique…
Comprendre les temps de séchage… Appréhender les différents états de la terre crue… Sentir la concentration d’argile dans une terre… Prévenir les fissurations… Gestionner l’humidité dans la terre crue… Évaluer les variations de teintes d’une terre… Il va sans dire que réaliser des “Dorodango” est une opération qui demande du temps et de la concentration. De fait, c’est un processus relaxant. La répétition de certains gestes confère aussi une dimension rituelle et méditative. On est tranquille, on sent que l’on se fait du bien. Autant à la tête qui se rempli de l’activité en cours, qu’aux mains.
Faire des “Hikaru Dorodango” fait rapidement pénétrer chacun/chacune en état de “Flow” dans lequel on ne voit plus le temps passer. On voudrait seulement qu’il s’arrête. Encore une fois, ce sentiment de paix intérieur est très personnel et je serais heureux d’avoir un avis à ce sujet dans les commentaires. Pour terminer je m’étonnerais encore une fois de l’incroyable simplicité apparente des “Dorodango” comparée à la sophistication extrême à laquelle ces balles de terre brillantes peuvent aboutir. Imaginez une masse sphérique, brillante comme une boule de billard et aux couleurs plus profondes que l’œil est habitué…