Hot Rod’Riguez / Junichi Shimodaira
Quoique la presque totalité des humains s’en moque (et je subodore que c’est pire en France), différentes tendances hétéroclites crapahutent dans la Kustom-Kulture-Japonaise ! Je vise et cause ici de la popularité écrasante des kits Liberty Walk de Wataru Kato et l’influence du préparateur Porsche RAUH-Welt BEGRIFF. Le Japon a donné naissance au Drift et au style de plus en plus populaire du Kansai qu’est la conduite super agressive et sauvage.
GatsbyOnline/ChromesFlammes/SecretsInterdits? Trois en un seul web-site qui est allé bien plus loin et plus profond dans les étrangetés Japonaises en allant examiner ce qu’est là-bas le “Luxe VIP” des voitures Custom-Hyper-Tunées comprenant le Shakotan (surbaissement avec sur-carrossage), le Takeyari (échappements surdimensionnés)… et l’une des tendances les moins connues, mais œuvre d’un groupe unique de fanatiques : les voitures Bosozoku…
Ce n’est pas souvent que vous lirez des articles en français sur ces aspects tendancieux de la Kustom-Kulture Automobile japonaise dont Junichi Shimodaira est considéré comme l’un des pères fondateurs. Un personnage énigmatique qui s’est également illustré comme étant le précurseur/créateur des Lowriders japonais. Il a eu le flash en lisant des magazines automobiles américains dont la version TopWheels de Chromes&Flammes (Youpeee !)et en regardant des films comme “Cheech and Chong” et “American Graffiti” (traduit en japonais ça change toute l’histoire en film comique grotesque).
Après un voyage à Los Angeles, Junichi Shimodaira a été plus qu’inspiré par ce qu’il a vu et de retour au Japon il a ouvert son garage-boutique à Nagoya, qu’il a nommé “Paradise-Road-Shimodaira” qui est devenu “tendance” en 2002 après le “Yokohama-Hot-Rod-Custom-Show”, où il a présenté sa vision d’un “Hot-Rod-Low-Ridder-Kustom-Shakotan-Takeyari-Bosozoku” surnommé (par facilité) “Rod-Riguez” en hommage au style Mexicanos… Tout cela date donc de 20 ans !
Mélangeant les styles Hot-Rod, Kustom et Lowrider le “Rod-Riguez” est devenu viral au Japon et dans toute la zone Pacifique (Chine, Corée du sud, Vietnam, Philippines, Nouvelle-Zélande, Australie, Mexique et Californie)… Et, en cette suite Junichi Shimodaira est devenu comme fou ! Mais pas de son succès merdiatique. NON ! Mais parce que personne n’est venu lui commander la moindre réalisation… Par contre “On” s’est mis à copier son style…
Mais comme c’est un “On” sans définition juridique, impossible de revendiquer un droit d’auteur. Résultat : Junichi Shimodaira n’a reçu que des trophées en fer-blanc, des médailles, des bols de riz, des fleurs (fanées) et surtout des pouces levés sur les réseaux asociaux… Mais pas d’argent car pas de commandes… La voiture a toutefois remporté plusieurs prix : Best Street Rod, Best Body Word, Best Custom Rod etc, ce qui lui faisait comme “On” dit : une belle jambe !
Peu de temps après Junichi Shimodaira a décidé d’une sorte de Harakiri automobile, il a démoli sa voiture pour mieux encore la reconstruire et modifier, abaissant encore la carrosserie, ajoutant des sur-ailes et d’autres changements (esthétiques ou inesthétiques selon les appréciations), y compris une nouvelle peinture. La deuxième version (seconde mouture) du “Rod-Riguez” est alors revenue l’année suivante au “Yokohama Hot Rod Custom Show 2003”.
Il a valu à Shimodaira le “Top Hot Rod Custom Show”, le “Best of Show 2003”, le “George Barris’ Pick Award”, le “Street Rodder’s Pick Award” et le “Line Dr.s’Pick Award”, que des trophées destinés à finir leur existence de coupes en fer-blanc sur des étagères poussiéreuses de garage, voire exposées dans une armoire vitrée dans les toilettes… Mais toujours pas d’argent… Pas la moindre commande ni même d’offre pour lui acheter son Hot-Rod ! Désespoir !
En 2005, à la limite de la ruine, Junichi Shimodaira a expédié la voiture aux États-Unis afin de pouvoir l’inscrire au “Grand National Roadster Show 2005” et au “Cruisin’ Nationals 2005” à Paso Robles, en Californie. Il a de nouveau remporté des coupes en fer-blanc, des médailles, des trophées, mais toujours pas d’argent… Re-déprime et envie de se suicider… Par conséquent, le véhicule est resté aux États-Unis et Junichi Shimodaira est entré en grave dépression !
C’est à ce moment que les prières de l’épouse de Junichi Shimodaira ont été entendues par les dieux du Kustom qui ont fait sortir Chuck Schauwecke (un résident californien), du Home-Ranch dans lequel il vit avec son fils aîné, pour assister à un mini salon automobile chez “Ricky and Ronnie” à Torrance (Californie). Plus tard fin de journée, sortant des toilettes, Chuck Schauwecker est tombé en arrêt devant l’étrange Ford modèle A 1930 qu’il connaissait.
Il lui avait “tapé dans l’œil” mais il n’en connaissait rien. George Barris et ses créations inhabituelles lui sont alors revenues en tête, et Schauwecker a pensé : “Pourquoi n’ai-je pas pensé à faire une offre d’achat à ce moment pour cette voiture alors que mon fils avait fait une photo de Georges Barris et moi devant elle ? “… Le fils de Schauwecker, Curtis, a alors commencé à parler au propriétaire de “Ricky and Ronnie” concernant la voiture peinte en Tequila Gold, et cette histoire avec Georges Barris pour en apprendre davantage sur la construction et l’origine de ce Hot-Rod…
Après 15 ou 20 minutes, Curtis a entraîné son père dans la conversation et lui a dit que le propriétaire, était un gars vivant au Japon : Junichi Shimodaira, originaire de Nagoya, qui cherchait à vendre la voiture au lieu de payer des milliers de dollars pour la renvoyer dans sa ville natale. Schauwecker a sorti un morceau de papier et un stylo pour indiquer un prix d’achat maximum en précisant que c’était ce prix ou rien.
Trois jours plus tard, Schauwecker a reçu un appel pour accepter son offre : 40 000 $, mais en espèces. Ce que Schauwecker ne savait pas à l’époque, c’est que Junichi Shimodaira, le créateur de cette construction inspirée des créations de Georges Barris, était la star de la scène lowrider japonaise, que ce même Shimodaira avait ouvert un magasin-garage à Nagoya appelé Paradise-Road, sa renommée ayant explosé après le “Yokohama Hot Rod Custom Show2002″…
C’est ainsi que Chuck Schauwecker a acheté ce Hot -Rod et l’a remorqué dans son garage. Il a cru pouvoir en tirer profit en l’exposant dans tous les Etats-Unis pour “donner aux gens une chance de le voir, de se délecter de son look unique et de l’acheter 100.000$”... Près de deux décennies plus tard, il est toujours à vendre et Schauwecker entre lentement en dépression tout en espérant en un miracle, sous forme de vente à presque n’importe quel prix !
En l’occurrence que quelqu’un qui aimerait le sortir chaque soir comme un bon chien ou pour le coller sur un plancher d’exposition de musée, lui achète cash. Chuck Schauwecker prétend être fier de posséder ‘cette chose maudite” depuis presque 20 ans de désespoirs. Et maintenant, il a 82 ans et il pense qu’il est temps qu’un miracle se manifeste pour le vendre afin que l’acquéreur continue à porter le flambeau et apporter aux autres la joie qu’il lui a apportée (sic !).
Jusqu’à la pandémie, Schauwecker remorquait ce Hot-Rod deux ou trois fois par mois pour l’exposer afin de le vendre. A chaque fois un peu moins cher. Puis il a fini par contracter le Covid, et il a dû lutter pour guérir pendant près de trois mois durant lesquels il n’a plus sorti son chien-automobile… “J’ai failli mourir”, m’a dit Schauwecker d’un ton sombre : “Ça a zappé toute mon énergie. A cause du Covid, oui, mais surtout à cause de cette bagnole !…
“L’année dernière, mon fils et moi avons décidé d’aller à El Segundo, et j’ai dû leur demander de m’aider à faire figurer cette merde de Rod Nippon dans la bande-annonce vidéo du show. Je ne pouvais tout simplement pas le faire par moi-même. Je savais qu’il était temps de m’en débarrasser. Je ne veux plus qu’il reste dans mon garage, il hante mes jours et mes nuits. Je cauchemarde, et maintenant dans les shows plus personne ne le regarde. Je prie pour que quelqu’un l’achète et qu’il le gardera exposé”...
En vain… La machine à miracles est en panne d’énergie, à cause de l’Ukraine et de Poutine… Pourtant au fil des ans, la voiture a été présentée dans divers magazines dont le fameux Hot Rod magazine américain et d’autres publications. Également dans l’émission de télévision “My Ride Rules” et dans le film “Licorice Pizza”… Mais ce qui a eu le plus d’impact sur la vie de Schauwecker, c’est d’abord et avant tout, que lui et Junichi Shimodaira sont restés en contact !
Ils s’envoient des SMS chaque semaine et dialoguant fréquemment sur Messenger et Internet. De plus ils se voient chaque année que Shimodaira vient en pélerinage aux États-Unis….”Junichi et sa femme viennent chaque année voir leur enfant”, m’a dit Schauwecker. “C’était déchirant, quand il me l’a vendu, il m’assure que sa femme a pleuré. Mais maintenant je sais que c’est de bonheur de me l’avoir vendu. Je désespère. J’ai essayé plusieurs maisons de ventes aux enchères, mais ça ne donne rien. Et vous ? N’avez-vous pas envie de m’en débarrasser ? Je suis prêt à tout ! Faites-moi une offre ! Vous n’avez que 73 ans, vous avez un super web-site et des moyens financiers, de plus à 73 ans, vous êtes encore jeune alors que moi à 82 ans, je suis presque mort. Faites un geste, Dieu vous le rendra. Savez-vous que la voiture a remporté plusieurs trophées George Barris, et je suis reconnaissant à Dieu d’avoir eu la chance de connaître Barris personnellement avant son décès en 2015. Pour les funérailles de Barris, sa famille m’avait demandé d’amener le “Rod-Riguez”, pour le convoi funèbre et j’ai été honoré de cette obligation. J’ai également des photos de moi avec des célébrités comme Jay Leno et Dick Van Dyke et Georges Barris. Cette voiture a changé ma vie à travers les gens que j’ai rencontrés et les endroits où j’ai été invité… C’était incroyable, cela m’a ouvert des portes que je n’aurais jamais cru ouvertes et m’en a fermé d’autres qui auparavant m’avaient toujours été ouvertes, je suis maudit”… Le “Rod-Riguez” a traversé le bloc de la vente aux enchères de Barrett-Jackson à Las Vegas. Schauwecker et son vieil ami Junichi Shimodaira regardaient via internet, chacun chez lui, espérant un miracle : que le Hot-Rod finisse dans un musée… Il n’a pas été vendu…