1932 FORD THREE WINDOW COUPE Y BLOCK POWERED
Le coupé Ford 1932 à bloc en Y de Peter Quaife est un exercice de style traditionnel. Mais avant d’y venir je vais vous causer du monde… De l’oppidum d’Alésia à la citadelle de Belfort, des champs de bataille aux terrains de football, la France est passée maître dans l’art de changer les défaites en gloires éternelles. Cette surprenante faculté se retrouve dans nos réalisations techniques. Villas d’avant-garde vaincues par les contingences pratiques, supersoniques de rêve rattrapés par la crise pétrolière, aérotrains du futur sacrifiés pour de sombres intérêts corporatistes, automobiles d’exception incomprises ou méconnues : notre histoire regorge de flops légendaires et de succès qui ne sont que d’estime. A l’opposé du pragmatisme, le goût de l’éclat de nos plus talentueux créateurs semble guère s’accommoder des bas compromis imposés par la compétition commerciale. Se vendre ? Quelle bassesse ! L’agonie de notre pays ne se vit pas brutalement mais comme une lente descente aux enfers, un peu comme a pu la connaitre l’Espagne qui après avoir partagé le monde, est devenue une terre d’émigration parfois moins riche que ses anciennes colonies. Ça c’est la vision des gens de droite. A gauche, le catastrophisme est aussi de rigueur mais les causes invoquées sont différentes.
On accuse le capitalisme, la croissance sans borne, et la disparition de la biodiversité. Bref, la terre mais surtout les villes sont devenues un enfer. Les deux visions se rejoignent dans la croissance en un ailleurs paradisiaque qui n’attend qu’une impulsion, de la bonne volonté pour devenir réel. A droite, on songe à des communautés survivalistes dans lesquelles l’état n’aurait pas son mot à dire à moins de se heurter à une levée d’armes, tandis qu’à gauche, c’est la décroissance qui domine avec à la clé des enfants nus gambadant au milieu de jardins luxuriant. Bref, fachos et gauchos rêvent d’un monde meilleur. Mais existe-t-il ? Ces rêves, plutôt que d’être le prolongement d’un anarchisme bien compris ne seraient-ils pas plutôt la conséquence d’un coup de pied aux fesses qu’envoie l’histoire à une flopée de gens incapables de s’inscrire dans l’évolution d’un monde qui change. Rêver d’un ailleurs, d’une communauté utopique n’est-il pas l’apanage de cas sociaux ? On pourrait m’objecter que s’intégrer à une société malade n’est pas non plus un signe de bonne santé. On notera que ces rêves d’un ailleurs plus doux sont apparus concomitamment avec la société industrielle. C’est la ville avec l’arrivé du travail industriel, de la crasse et de cadences infernales qui a amené certaines personnes à imaginer un autre type de société et cela dès la première partie du XIXème siècle.
On constate qu’aucune de ces communautés n’a pu perdurer plus de quelques années à de rares exceptions près. D’abord, économiquement, c’est très compliqué en l’absence de fonds propres, puis de revenus suffisants de faire vivre une communauté. Les gens qui y adhèrent le font pour un avenir meilleur et non pour vire plus mal qu’ils ne vivaient dans les villes. Aller s’enterrer dans une forêt pour y cultiver une mauvaise terre dont personne ne voulait, généralement loin de tout axe de circulation n’est pas chose facile. Enfin, ce qui préside à la création de ces communautés n’est pas assez fort pour fédérer fortement les gens. Une communauté libertaire, quelle qu’elle soit n’est pas une communauté religieuse ou la croyance transcende tout. On peut accepter une vie dure pour gagner son paradis mais c’est plus compliqué lorsqu’on ne croit pas au Salut de l’âme. A quoi bon vivre difficilement si c’est pour souffrir sans but. Endurer mille morts pour des idées ? Le jeu n’en vaut pas la chandelle. Enfin, dans les communautés, il y a des gens et les gens où qu’ils soient sont soumis à la psychologie des groupes. C’est ainsi que la plupart de ce belles idées finissent souvent dans le récriminations, les scissions, voir les affrontements. On trouve que l’un a plus que l’autre mais ne le mérite pas et c’est un chef, souvent charismatique à l’initiative du projet, qui agit ensuite en autocrate !
Dans les communautés religieuses, il y a, avant de prononcer ses vœux, un noviciat qui permet à la communauté de tester l’arrivant mais aussi à celui-ci de savoir s’il sera capable d’y vivre avec une règle stricte. Dans l’Église catholique par exemple, le noviciat désigne aujourd’hui le temps estimé nécessaire pour qu’un candidat arrive à une décision personnelle en ce qui concerne l’appel ressenti à suivre le Christ illusionné sur la voie des conseils évangéliques. ET c’est un religieux spécialement formé à ce magistère qui a la charge des novices. Chez les Amish, autre communauté bien connue, le “rumspringa” est une pratique correspondant à une période durant laquelle les adolescents sont temporairement déliés de leur Église et de ses règles afin de découvrir le monde. Libre à eux ensuite de continuer à vivre chez les gens du dehors ou à retourner dans la communauté y recevoir le baptême. C’est une manière d’expurger la communauté des éléments les plus récalcitrants. Rien de tout cela dans les communautés laïques fondées sur l’enthousiasme. Hélas, l’enthousiasme ne permet pas de réparer une charpente ou une voiture, pas plus qu’il ne soigne ou élève du bétail. Or, ces communautés ont toujours pâti d’un faible nombre de professionnels utiles à la vie communauté.
Et même si ce serait un peu outrancier de l’affirmer, ces expériences de vie en communauté attirent essentiellement des cas sociaux ou psychologiques (chômeurs, grands dépressifs, anxieux pathologiques, gourous en mal de contrôle, etc.). Bref “si le monde vous ennuie, tentez de le changer de l’intérieur”… comme disait ce bon vieux Sénèque : “Ailleurs l’herbe est toujours plus verte”. Mais laissons le mot de la fin à Jean-Charles Fortuné Henry, fondateur de la communauté de L’Essai à Aiglemont, qui dura trois ans : “Il est passé à Aiglemont, comme d’ailleurs il est passé et passera dans toutes les tentatives libertaires, à côté des éléments sédentaires, des philosophes trop philosophes, des camarades ayant préjugé de leurs forces et de leur volonté, des partisans d’absolu, des paresseux, des estampeurs croyant avoir trouvé le refuge rêvé, enfin des malhonnêtes moralement parlant”... Les pourvoyeurs de rêves ont exploité tous les aspects de notre existence de manière bâclée et fortement illusionnée de ce à quoi la “vraie vie” non industrialisée était censée ressembler. Elle a même réussi tout un temps à prétendre pouvoir rendre la construction de Kit-Cars aussi facile que de monter une étagère Ikea. “Procurez-vous un moteur/boite et des trains roulants adéquats au kit que vous sélectionnez comportant la carrosserie et c’est parti aussi facilement qu’Henry Ford 1 inventant la Ford T où Bill Gates Microsoft”…
Les grandes luttes du XXème siècle entre la liberté d’être et de faire tout et n’importe quoi et le totalitarisme industriel et financier se sont officiellement terminées par une victoire décisive des forces de la liberté et du seul modèle possible de succès : liberté, démocratie et libre entreprise sous la condition qu’au XXIème siècle, seules les nations qui s’engageront à protéger les droits de l’Homme et à garantir la liberté économique seront capables d’assurer leur prospérité. Re-écrite en 2002 par le conseil américain de “Stratégie de Sécurité Nationale” sous l’mpulsion du Président de l’époque George W Bush, cet auto satisfecit cachait une arnaque généralisée en attente d’une catastrophe planétaire. Cela appartient à des temps révolus qui pourtant tel un monstre tente de survivre quitte à détruire le monde. En effet, le capitalisme, survivant de justesse de crises répétitives remontant déjà à 2001 et qui l’ont laissé mortellement blessé, ce capitalisme à l’occidentale est en phase terminale car ses plaies infectées crachent l’inégalité, le mécontentement social et les endettements colossaux. Qu’il est loin aujourd’hui le triomphalisme du début des années 1990 qui avait vu le sacre du standard capitaliste américain érigé en valeur morale suprême !
Tout avait bien commencé, pourtant. La démocratie n’était-elle pas supposée être en quelque sorte une sécrétion naturelle dès lors qu’à défaut d’être pulvérisés, la Russie et la Chine embrasseraient le capitalisme ? Milton Friedman qui affirmait qu’une société qui privilégie l’égalité des revenus à la liberté finit par n’avoir ni l’égalité ni la liberté, est aujourd’hui totalement ringardisé car notre liberté n’a plus à nos yeux qu’une valeur instrumentale, tout au plus un levier permettant de parvenir à des objectifs matériels. Notre défense des libertés et de la Liberté, semble bien peu crédible alors même que nous l’abdiquons au profit d’entreprises et de banques à taille de mastodonte qui nous imposent en permanence leurs diktats. Il est vrai que nous avons été berné par les nouveaux Maîtres du monde qui sont moralement associés par groupes d’intérèts à supprimer90% des populations qui ne servent plus à rien car nous avons dépassé le concept précédent du travail qui détruit les richesses naturelles et pollue notre monde qui ne parvient plus à se regénérer. Comment pouvons-nous nous prévaloir de ces valeurs prétendument humanistes, comment simplement être crédibles pour imposer à d’autres nations le concept des droits de l’Homme, alors que -sous couvert de cette même liberté, une minorité infime concentre chez nous en ses mains richesses et pouvoirs excessifs ?
Pire encore, cette minorité qui s’est emparée des leviers de commande jusque dans les Lois, Cours de Justice et Tribunaux, a imposé la jurisprudence comme une avancée alors qu’elle est créatrice d’obligations hors lois, jamais votées qui de plus en plus n’ont que faire des lois… Dans un tel contexte, il est bien plus simple d’imaginer la fin de ce capitalisme nauséabond en se servant du levier d’une révolution. Après tout, nul système social n’a duré éternellement, à plus forte raison s’il s’agit d’un ordre aussi intrinsèquement instable que celui qu’on nous impose. La question n’est donc pas tant si le capitalisme va péricliter et disparaître, que ce qui le remplacera dans un monde (celui de demain) où le travail humain ne sera plus une nécessité impérieuse. Pourtant, personne et certainement pas les politiciens ne s’interroge ni ne se préoccupe du modèle de société que nous devrions organiser pour notre avenir immédiat. Serait-ce une société où les individus auraient la possibilité (s’ils le souhaitent) de s’affranchir du travail ? Une société offrant à chacun accès aux soins, au logement et à la décence matérielle, même sans labeur ? Ou serait-ce un ordre hiérarchisé où une élite dominerait la masse tout en exerçant un contrôle strict sur son accès aux ressources et aux biens ? En d’autres termes, c’est aussi utopique dans un cas comme l’autre.
Les progrès fulgurants de la science et de la technologie mis au service de la liberté individuelle et de notre qualité de vie commune ne sont que des rêves ! Il est en effet plus simple et rapide de gérer une domination économique et financière accentuant leur emprise en vue d’éliminer rapidement le plus grand nombre et d’asservir les rescapés selon des critères impérieux d’esclavagisme généralisé. Une oligarchisation qui ne consent rien à quiconque. Un retour à une civilisation antérieure… Comme on pressent qu’individuellement il est impossible de contrecarrer ce schéma futur, on fait comme pour trop de chiens, on les euthanasie ou on les enferme dans des enclos ou ils s’entretuent. Dans les quelques pays ou les terres vierges sont importantes et non-peuplées, s’installent des nouveaux pionniers qui ne conquièrent rien que pour leur survivance mais fuient un civilisationnel qui ne leur convient plus… Il y a comme du Mad-Max la dessous, un retour du Western… Vous allez être stupéfait en y découvrant des Hot-Rodders-fermiers dans les déserts d’Amérique et de l’Australie ! Ahhhhhh ! Vous vous interrogiez depuis la photo de départ d’article qui ne correspond pas à celui-ci ! Du moins jusque maintenant… Ahhhhhh ! Mais bien sûr, ce n’est pas du tout comme ça… Ahhhhhh !
C’est donc rafraîchissant de tomber sur une autre vraie réalité du Hot-Rodding, comme je l’ai vécu lorsque j’ai découvert la propriété interdite et maison de Peter Quaife à Rye, Victoria, Australie. C’est un Hot-Rodder survivaliste. Le hangar de Pete est un pur paradis du Hot-Rodding. Il possède 20 voitures qu’il considère comme des pépites d’or dans sa mine d’or. De plus il a un second hangar de pièces et un troisième servant d’atelier de construction/récupération. Pete m’a dit que l’ensemble atteignant occasionnellement une masse critique, et quand c’est le cas, il commence simplement une nouvelle construction de Hot-Rod. En fait, à 73 ans comme moi, il est censé être à la retraite maintenant et se balader autour de sa propriété que lui et sa femme Denise ont achetée comme il y a 40 ans. En ce qui concerne le devenir de l’humanité, Pete et Denise s’en moquent, elle ne s’intéresse qu’à lui qui ne s’intéresse qu’aux Hot-Rods. En regardant ce que Pete a construit au fil des ans, on est estomaqué ! En errant dans sa propriété on découvre des Hot-Rods correspondant à des modes, un par an… Des modes qui entrent et sortent, certaines une fois, d’autres encore et encore. Mais il y a aussi des styles séculaires qui évoquent des époques, le genre de look qui vous fait dire: Ahhhhhhh ! Parce que c’est juste ce qu’on trouve à dire…. Comme la découverte de nourriture simple faite parfaitement.
C’est le genre de Hot-Rods que Pete construit en garder les repères classiques du genre… Il m’a dit à quel point il aimait son club de Hot-Rod, cependant, le Spades Rod and Kustom Club est une constante dans la vie de Pete depuis de nombreuses années : “Ce ne sont que des Outlaw’s comme moi qui sont membres, c’est une famille de surviveurs, tous les meilleurs amis imaginables. Nous pilotons toujours des Hot-Rod’s Midget’s de speedway ensemble, et on adore ça. C’est tout, la préparation, les voyages, les courses, la vie, le retour à nos maisons, tout cela en fait partie”, s’enthousiasme-t-il. Le récent renouveau “traditionnel” du Hot-Rodding est passé inaperçu par les gars du club, car c’est ce que nous avons toujours fait, construire des Hot-Rods à couper le souffle”… Le dernier Hot-Rod de Pete est le’32 trois fenêtres de et article. Vic O’Neill, pilier de Spades et chanteur des légendes du rockabilly de Melbourne The Straight 8s, a fourni la carrosserie et le châssis que Pete a ensuite utilisés comme point de départ. Le râteau a été réglé grâce à un essieu “tombant” de cinq pouces So-Cal et il se combine avec un Top-Chop’ de toit de quatre pouces pour donner le look idéal à la construction. Une poignée de pièces chromées, des Firestones, des freins venant d’une Ford ’40 et un différentiel Quickchange complètent le tableau.
Billy O’Neill a mélangé la couleur de la peinture “Morris Minor Green”. La praticité était plus importante que la nostalgie ici. Sous le capot se trouve un vénérable bloc V8 type Y surmonté d’une prise d’air Offenhauser avec trois carbus 97 et un compresseur. Un coup d’œil à l’intérieur de la cabine révèle des sièges de bombardier, un tableau de bord Auburn et un volant des années ’40. Pete ne se souvient pas d’où venaient les sièges de bombardier repo : “Quelqu’un aux États-Unis les a faits. Je ne souviens plus du reste”... Comme toutes les voitures du hangar de Pete, dans 25 ans, ce Hot-Rod aura toujours l’air parfait, il est intemporel. Pas de teinte de peinture day-glo toxique, pas de billettes en alu, pas de combo roue/pneu. Non, il n’y a pas de numéro de pièce ou de catalogue pour cela. Il n’y a rien dans ce hangar qui n’ait pas le même genre de magie. Rien d’exagéré, rien de sous-fait, rien pris dans une vaine tentative d’être dur ou cool, ils se tiennent tous selon leurs propres termes. En regardant certaines de ses voitures, il est clair qu’une côtelette dans l’esprit de Pete signifie quatre pouces. En plus de ce que Pete a construit lui-même, il y a les reliques, une berline ’46 et une Customline en spécifications d’origine, des machines à remonter le temps qui sont régulièrement conduites.
À l’intérieur d’un autre hangar se trouve un Hot-Rod’33 avec un “Four-bangers” qui, selon Pete, n’a pas la moindre trace de rouille. Il n’a jamais été repeint. Ensuite, il y a la Merc’51, et un ’34 tout acier peint en rouge il y a 20 ans, avec capote, pas de garde-boues. Un Hi-Boy. Quelques voitures appartenant au fils de Pete, Paul, vivent également ici, y compris une Buick Century. Il semblerait qu’il s’agisse d’un arbre généalogique “à chaud” qui a étendu ses branches. La fille de Pete, Carrie, a épousé Jamie Camilleri, dont le’32 couleur or est un must local (4 photos ci-dessous). Lorsque j’ai parlé à Jamie de l’inspiration pour machine sensationnelle, il m’a dit que bientôt l’influence de Pete Quaife pèsera lourd en Australie. Qu’il s’agisse d’une Buick à calandre Desoto ou d’un roadster’32, la famille Quaifes produit des classiques simples qui donnent l’impression d’une facilité trompeuse. Il est temps pour moi de partir. Pete et moi nous tenons dans la Corvette de location avant de partir et parlons encore et encore de Hot-Rods, alors que Mike, le chien boxer de Pete, renifle autour de la voiture. “Nous allons partout ensemble”, m’a dit Pete… ce à quoi j’ai répondu qu’en Europe c’est pareil avec mon Blacky qui me manque… “Je ne fais que des voyages de maximum une semaine” ! Le temps a tourné le coin de l’hiver qui approche et il semble qu’ici, près de la plage, ce sera un long été Hot-Rodding, il ne fait aucun doute que Pete et Mike seront bientôt en croisière et en profiteront ensemble.
PETER QUAIFE 1932 FORD Three Window’s – V8 Ford Y-block 272ci – Triple Stromberg 97s Manifold – OffenhauserExhaust –
Vintique steel Body – Vic O’Neill Châssis – ’40 Ford Axle – So-Cal 5in drop – Quickchange