Ford’34 Coupe Hot Rod
Cette Ford’34, avant d’être transformée en Hot-Rod en 2010, était une vieillerie en ferraille d’un coupé trois fenêtres à carrosserie en acier. Elle a été modifiée avec un Top-chop surbaissé de 4po et d’autres des modifs habituelles dans le Hot-Rodding, incluant un nouveau châssis roulant avec un essieu avant rigide Speedway surbaissé de 4 pouces, associé à des amortisseurs “PRO” chromés.
Ensuite, ont été installé : un nouveau moteur V8 350ci équipé d’un carburateur quadruple corps 750 cfm, d’un double échappement en acier inoxydable avec silencieux Flowmaster, d’une transmission automatique 700R4 à quatre rapports et d’un pont arrière récupéré d’un Ford Bronco, de 9po en 3,50 :1. Il y a aussi des freins à tambour à ailettes provenant d’une ancienne Buick et un boîtier de direction de Ford Vega.
Coté non-récup : un système de climatisation Vintage Air, des compteurs Classic Instruments, des jantes en acier de 16 pouces enveloppées de pneus Auburn Deluxe Radial de 5,50 pouces à l’avant et de 7,50 pouces à l’arrière, un volant de style banjo “Juliano”, et un pare-brise pivotant. Après essais, retouches, réparations, le Hot-Rod a été sablé puis peint en Ford Niles Blue Green.
L’habitacle et le coffre ont été regarnis de vinyle crème et vert avec des tapis verts assortis à tissage carré. Compte tenu de l’espace restreint, les commandes du système de climatisation Vintage Air sont situées dans la boîte à gants… ce qui n’est pas pratique… et une chaîne stéréo Sony a été montée dans un boîtier personnalisé situé derrière la banquette, qui fonctionne avec une télécommande.
La dernière fois que j’ai entendu parler de ce Hot-Rod il venait de terminer un voyage épique à travers les USA en compagnie d’une bande d’amis possédant une cavalcade de voitures anciennes, dont une Morgan Plus8 1973, une Bentley Turbo R 1989 (comme “ma” mienne), une Saab 900 cabriolet et une Pontiac Firebird Trans-Am 6L6…Entre autres. La bande s’était fait plaisir en recréant une sorte de Cannonball “pour rire”...
A peine terminé, la bande a décidé de le refaire en sens inverse et de manière plus excentrique. Les graines de la deuxième histoire avaient déjà germé et prenaient racine. Tout le monde s’était bien amusés lors du premier mini Cannonball, et avait appris “des choses”… et tous ont voulu rassembler encore plus de gens qui voulaient se joindre au groupe pour refaire un second “Oddball Cannonball”...
Le premier avait déjà été un casse-tête logistique compliqué, le second allait être épique. Une deuxième Morgan Plus 8 est arrivée v à Alameda venant de Portland, dans l’Oregon. En cours de route, le nouvel équipage a envoyé des photos de leur Morgan au milieu des séquoias indiquant que le second Cannonball devait passer là pour s’amuser des nombreuses courbes entre les arbres géants sur 22 miles affirmant avoir trouvé le paradis.
Ils écrivaient aussi avoir modifié leur Morgan +8 d’une longue liste : nouveaux pneus, entretien de tous les systèmes, nouveau radiateur en aluminium, ventilateur supplémentaire, afin selon eux de pouvoir poursuivre et tuer “le prince des ténèbres”. Ces gars un peu bizarres se disaient polyvalents, compétents et volontaires. C’étaient des homosexuels assez joyeux et déjantés.
Cela a amené un autre joyeux rigolo à vouloir concourir ce Cannonball amateur avec une VW Scirocco venant de Los Angeles. Du coup, une BMW Cabriolet Baur 2002 s’est également pointée. La Bentley Turbo R de 1989 et la Saab 900 cabriolet du premier “Oddball Cannonball” ont confirmé leur seconde participation… La Bentley Turbo R apporterait confort et soulagement aux infortunés couples des deux Morgan sur les longs trajets.
La Saab quant à elle, ajouterait une dose de fiabilité bien nécessaire pour transporter des pièces de rechange. Une Fiat Topolino de 1951 avec un moteur turbocompressé chez GenauAutoWerks est ensuite arrivée en même temps qu’une Chevy Camaro décapotable 1968 , prête pour 300km/h sur route à fond de ses 800cv… Ca faisait déjà trop de bagnoles pour une balade relax…
La Fiat est morte le lendemain dans un panache de fumée suite à l’explosion du turbocompresseur, ce qui était clairement un présage de ce qui allait suivre… Elle a été remorquée à contrecœur jusqu’à un atelier. Plus on est de fous, plus on rit. Le propriétaire du Hot-Rod vedette de cet article (que vous lisez les yeux écarquillés par l’incrédulité et le dérisoire) a recruté un de ses amis sur un coup de tête, parce qu’il avait un Kustom Mercury…
Une Honda coupé S800 s’est ajoutée au convoi des éclopées… Direction Medford, dans l’Oregon. Réunion à San Francisco pour commencer le trajet de trois jours le long de la côte, profitant de la partie nord de PCH et des séquoias de l’Avenue des Géants. Ensuite continuation de l’aventure plus au nord jusqu’à Crater Lake, à l’est à travers quelques parcs nationaux, puis au sud-est après le mont Rushmore puis descente jusqu’en Floride.
Le tout devait durer 10 jours pour un trek de 4.000 milles. Le concept était de faire correspondre un véhicule à un conducteur pour chaque trajet de la journée. La Fiat est alors réapparue réparée, c’était le maillon le plus faible du groupe. Le baptême du feu a conduit le groupe dans les rues de San Francisco et sur le Golden Gate Bridge. Tout le monde avait le sourire aux lèvres et l’affaire a continué à rebondir à travers Muir Woods.
Tout allait bien jusqu’à ce que ce ne soit plus le cas… La Fiat ne chargeait pas sa batterie et le système électrique était erratique. Il a fallu faire l’acquisition d’un assortiment de fil de fer, de sertisseuses, d’un fer à souder, etc… pour quelques réparations sur le bord de la route et le convoi a continué jusqu’à un hébergement pour la nuit, c’était à l’aveuglette sur le chemin le plus court.
Tout le monde s’est retrouvé sur un chemin forestier délavé, un défi intéressant… Le lendemain, après que la VW Scirocco a pris feu et qu’elle s’est échappée dans un ravin (bon débarras), une des deux Morgan a refusé de redémarrer. La pompe à carburant mécanique était la coupable et le magasin de pièces automobiles le plus proche se trouvait à plus de 40 miles.
La plupart des membres du groupe se sont procuré des pièces de rechange, tandis que la Fiat, et la Morgan survivante des homosexuels ainsi que la Bentley Turbo R (qui était le transporteur mobile de pièces et d’outils en raison de sa taille), sont restées en retrait pour effectuer des réparations. Le Hot-Rod, la Firebird et la Camaro étaient les seuls véhicules qui n’avaient aucun problème…
Après l’installation d’une pompe à carburant électrique sur la Morgan en panne, tout est de nouveau parti en couilles… Un fil faisant fonctionner le ventilateur du radiateur de la Morgan, bêtement attaché au même fil pour la pompe à carburant, a surchargé le fil du distributeur, le faisant fondre… Le fil fondu a été changé, mais un écrou est tombé dans le distributeur sous la plaque d’avance.
On l’a récupéré, mais la plaque d’avance était à la terre, le court-circuit a dégénéré et fait fondre plein de fils et câbles, rendant la voiture inutilisable. On a demandé une dépanneuse pour récupérer la Morgan. Le garagiste (un local habitué aux tracteurs) a reconstruit le distributeur, réacheminé les fils de la pompe à carburant et, par miracle, la Morgan a redémarré assez rapidement.
Les survivants se sont aventurés le long de la côte et ont roulé dans la nuit, dans l’espoir de revenir à l’heure au point de rendez-vous à Fort Bragg, un peu en dessous de l’Avenue of the Giants, et là il y avait de bons fruits de mer pour le dîner. ,Toute l’équipe a quitté Fort Bragg le lendemain, et c’était une journée magique : toutes les voitures fonctionnaient bien et les équipages se sont bien amusés à remonter la côte…
Tout le monde a également apprécié les séquoias géants tout en prévoyant de conduire relax dans cette journée modérément longue pour rejoindre Medford avant de se diriger un peu vers l’est, dans l’espoir d’être à Crater Lake le lendemain. Tout allait bien, à l’exception du siège conducteur cassé de la Scirocco… Finalement 24h plus tard le convoi est arrivé à Shady Grove, dans l’Oregon, pour la nuit.
Là a été opéré le siège de la VW Scirocco. La réparation de ce siège s’est avéré temporaire, alors l’équipe a fouillé sur Facebook Marketplace et Craigslist jusqu’à ce qu’on trouve des sièges Scirocco situés près de Bend, dans l’Oregon, à quelques heures de route. La Saab étant la voiture la plus fiable du groupe, c’est elle seule qui est partie pour récupérer le nouveau siège.
Pendant ce temps, le reste des fous enragés de l’équipe CannonBall se dirigerait tranquillement vers l’est, avec l’intention de se reconnecter quelque part près de Burns, dans l’Oregon, et de continuer dans l’Idaho pour la nuit. Cependant, par inadvertance le réservoir d’une des 2 Morgan a été trop rempli et a évacué l’excès laissant craindre le pire d’un incendie… ce qui n’est pas arrivé….
Le convoi s’est traîné jusqu’à Crater Lake avec peu de drame supplémentaire. Tout le monde était fasciné et excités à l’idée de se rendre au parc et de voir le lac. Malheureusement, la route était fermée, d’où re-redescente vers Burns pour récupérer la Saab et le siège de la VW Scirocco… Mais celle-ci a alors rendu l’âme dans un bruit de salade de bielles, elle était morte. C’est devenu très préoccupant…
C’était la démonstration évidente que les membres de ce Cannonball “pour rire” n’avaient pas d’aptitudes mécaniques. Les survivants ont donc filé vers le nord-est pour Burns et quatre heures de routes isolées avec peut-être deux stations-service à Lakeview, suivies de 140 miles de rien d’autre que des paysages austères accentués par la légère odeur alcaline des lits des lacs.
À peu près à mi-chemin de la partie désolée, les survivants se sont arrêtés pour se regrouper, et la Bentley a laissé échapper un cri. On a découvert les restes d’une courroie et d’un alternateur avec l’affûtage incomparable des roulements de grenaille. Quelques téméraires ont trouvé une colline voisine où on pouvait obtenir un service cellulaire et appeler une société de transport pour charger les voitures survivantes avec retour au point de départ…
Les voitures encore roulables ont alors formé un groupe dont les membres ont voté que s’en était trop et qu’ils continuaient sans les “en panne” qui devaient se démerder seuls… Le Hot-Rod qui fonctionnait “au poil” est resté…Deux heures plus tard un camion avec remorque pour 8 voitures est arrivé pour rapatrier les membres héroïques du Cannonball amical, totalement raté…
Sans place pour humains à bord du transporteur, les survivants ont commandé des taxis pour se rendre dans un hôtel afin de dé-stresser… Un hôtel avec enfin des lits propres et de la nourriture décente, mais c’était un cinq étoiles, tarif à l’avenant… Le Hot-Rod étant le seul à revenir sur ses pneus a été déclaré champion… Mais toutes les photos ont disparu car on ne sait qui a volé les appareils photos et les Smartphones pendant le petit déjeuner à l’Hôtel…
Par contre, l’hôtel étant relaxant, le groupe en a profité pour réaliser une discussion “sérieuse” concernant les automobiles de loisir… C’est la propriétaire de la Firebird qui a débuté la réunion : “Je ne me soucie pas de ce que les gens font de leur voiture. J’avais l’habitude de le faire, mais plus maintenant. Si vous souhaitez mettre des roues de 30 pouces sur votre Hot-Rod, allez-y. Si vous voulez claquer votre voiture au sol et traîner le châssis sur la route, faites-vous plaisir. Envie d’un extérieur jaune avec un intérieur turquoise et des tapis de sol zébrés ? Tout ce qui vous rend heureux faites-le… Une voiture, en particulier dans ma ville, Los Angeles, c’est un moyen de transport, mais c’est aussi une expression, donc c’est tout bon de m’’exprimer.”...
Suite à ce Cannonball raté, une tendance récente la dérangeait : “Ce n’est pas à cause de ce que les gens choisissent de faire avec leur propre voiture, mais parce qu’un grand nombre de nouvelles entreprises vendent une modification très coûteuse au mauvais type de voiture. Bien sûr, je parle des conversions électriques de voitures de sport classiques et de Hot-Rods. Tout d’abord, reconnaissons que l’utilisation occasionnelle d’une voiture classique ne contribue pas de manière significative à notre crise climatique actuelle et en outre, que la conversion de nos vieilles voitures à l’électrique ou à un autre type de carburant alternatif, est purement de l’environnementalisme performatif par rapport au simple fait de la faire entretenir et de la régler correctement”...
Elle a continué sans désemparer alors que tout le monde était bouche bée : “De plus, une grande partie du plaisir d’une voiture de sport et d’un Hot-Rod provient de l’engagement actif avec la machine, de son utilisation d’une manière que nous ne faisons tout simplement plus dans les voitures de tous les jours. Bien que je ne puisse pas parler pour tous les amateurs de voitures anciennes, classiques, Kustom’s et Hot-Rod’s, mon cercle social recherche l’expérience des voitures non seulement pour le style, mais aussi pour les sons, les vibrations et le travail requis pour en tirer le meilleur parti. Ce type de conduite est actif. J’ai conduit des Porsche, des Cobra des muscle cars et même des Hot-Rod’s convertis à l’électricité, et dans chaque cas, chacune a accéléré plus vite que l’originale, mais c’était beaucoup moins amusant”. ..
Elle a ensuite haussé le ton, énervée : “Franchement, toutes celles que j’ai essayées étaient des voitures moins engageantes que l’originale, tout en étant un véhicule électrique moins bon que ce que les équipementiers vendent actuellement. Si l’on considère le prix tout compris de ces restomods électriques, on obtient moins pour plus, parfois beaucoup plus. Pourquoi ne pas prendre ce qu’un véhicule électrique fait bien, c’est-à-dire une puissance douce et silencieuse, et appliquer ce trait à une voiture qui en serait améliorée ? Une voiture dont le groupe motopropulseur est un passif plutôt qu’un atout. Pensez à la douceur que les constructeurs de voitures de luxe essayaient d’atteindre dans les années cinquante, mais n’y parvenaient pas, en raison des limites de la technologie de l’époque ou du budget de fabrication”….
Les “Canonballers” étaient attentifs et silencieux la proprio de la Firebird a continué : “Pourquoi ne pas mettre à jour des pièces élégantes mais peu performantes ? Est-ce qu’une Eldorado à aileron arrière, une Bentley ou un VW Scirocco, voire même un Hot-Rod ne seraient pas améliorés avec une propulsion électrique de toutes les façons dont un Hot-Rod ou une Shelby Cobra est pire ? Ou, disons, mettre une grosse batterie dans un des premiers Grand Wagoneer. Les conversions électriques des voitures classiques ne sauveront pas la planète. Et ils n’amélioreront pas l’expérience des anciennes voitures. Mais en utilisant cette technologie pour s’appuyer sur ce qui manque à d’autres types de voitures, nous pourrions être motivés à garder quelques magnifiques cruisers sur la route, des voitures qui pourraient autrement finir sur le tas de ferraille. Mais laissez déjà les vieilles voitures de sport tranquilles”…
Cette aventure épique se terminait par un discours philosophique approprié… Il y a en effet un segment de personnes qui apprécient les particularités et le manque de fiabilité d’une voiture classique. C’est un travail en constante évolution. Ensuite, il y a ceux qui veulent juste une voiture classique qui démarrera de manière fiable tous les matins avec une bonne climatisation et de la chaleur. Il est vrai que la conversion d’un cruiser classique à l’énergie électrique transforme un insecte infernal brandissant un poignard en un pollinisateur vital.