American Psycho-Rod…
Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe, que les imbéciles sont tous ligués contre lui… Le créateur de ce Hot-Rod dans sa seconde vie normale, ressort de fait du schizophrène absolu, qui passe son temps à rêver de Hot-Rods. Son maître projet consistait à réaliser un Hot-Rod visant à contrer la dégénérescence du monde des automobiles ordinaires et prônait le Hot-Roddisme avant-gardiste en s’appuyant sur un roman : ” La consolation de la philosophie” de Boëce, un retour à des mœurs plus saines et à un idéal quasi moyenâgeux…
Il va amener Craig Ignatius (c’est le nom de ce Hot-Rodder créatif) à une sombre détestation des autocars panoramiques Greyhound et à une adoration fort suspecte de la géométrie transcendantale extrapolée à l’automobile ce pourquoi il y cherche partout le nombre d’or en prétendant libérer le monde des ingénieurs et créatifs quasi mongoliens et des designers dégénérés qui le peuplent ! Las, ce trentenaire qui croupit chez sa mère un tant soit peu alcoolique, ne daignant en sortir que pour améliorer son Hot-Rod, doit bientôt travailler afin d’aider sa mère à honorer une dette importante.
Cette nouvelle existence équivaut au sens propre à une ex-sistence, qui est pour lui le début de la fin de sa vie ordinaire. La folie Ne peut que le faire percuter de plein fouet le réel.Incapable de s’intégrer dans la société qu’il critique, il s’enferme dans le constat de la dégénérescence ambiante, par ailleurs desservi par son érudition en perpétuel contraste avec le vocabulaire des habitants qui l’entourent, un voisin vendeur de téléphones portables qui s’avère être paria absolu, un policier corrompu, un patron d’entreprise de peinture désabusé, un vendeure de Hot-Dog’s exécrable et un comptable véreux…
Il y a aussi une prof’d’université experte en animation d’un groupe de thérapie de groupe (sic !)… C’est une spirale qui ne cesse d’enfler autour de lui, imbécile parmi les imbéciles qui ne sait plus où donner de la tête tandis que tout son corps est secoué par de terribles rots dûs à un anneau pylorique récalcitrant et tourmenté. Son sens aigu de la peinture sociale d’une Amérique en proie au chaos (à la façon d’un Chuck Palahniuk), l’amène à un tel degré d’hypocondrie et de paranoïa que sa mère se suicide noyée d’alcool de de chagrin. Mais, rassurez-vous, ce génie incompris du renouveau du Hot-Roddisme va survivre…
Ne parvenant toutefois pas à faire aboutir ni ses mouvements asociaux et apolitiques qu’il projette ni ses ambitieux écrits sur le renouveau du Hot-Rodding, sait comme Boëce se jouer des revers de fortune et n’en a pas fini d’exposer à qui veut (ou non) l’entendre ses thèses absurdes et utopistes. Quoi d’étonnant pour celui qui, en pleine méditation sur le devenir des Hot-Rods en pleine nouvelle guerre de l’Amérique contre le reste du monde englobant les forces du mal, se laisse aller, dénonçant l’imposture du président Joe Biden qu’il surnomme Papy-Phallus…
Cette complète absence de contact avec la réalité est d’ailleurs, soyons juste, caractéristique de la quasi totalité de l’Amérique, car toute ressemblance entre l’art américain et la nature américaine incluant le Hot-Roddisme estpurement fortuite et relève de la coïncidence, mais c’est seulement parce que ce pays dans son ensemble n’a pas de contact avec la réalité…. Craig Ignatius a écrit à ce sujet : “Une des raisons pour lesquelles j’ai toujours été moi-même contraint d’exister à la lisière de sa société, est la conséquence d’avoir été consigné dans le limbe réservé à ceux qui savent reconnaître la réalité quand ils la rencontrent”.
Son Hot-Rod coupé Ford à trois fenêtres de 1934 est doté d’une carrosserie en fibre de verre peinte en argent et vert foncé avec un intérieur cuir cognac et est propulsé par un V9 350ci Chevrolet LT1 8ci jumelé à une transmission automatique à quatre vitesses 700R4. Les caractéristiques comprennent un essieu avant à poutre en I surbaissé et un pont arrière Winters Performance avec un essieu Dutchman. En plus d’un double système d’échappement, ont été installés des freins à disque à l’avant, des portes à ouverture inversée (à commande électrique), des jantes en alliage E/ T et d’un système stéréo Pioneer.
Il y a également une caméra de recul agencéé dans un tableau de bord regroupant divers compteurs Classic Instruments. La carrosserie en fibre de verre Trackstar provient de chez Bobby Alloway. La carrosserie peint en argent métal avec un nez festonné vert foncé comportant divers détails. La calandre a été acquise chez Brightwork de même que l’accastillage comprenant les charnières et les poignées de porte, les pare-chocs avant et arrière, les rétroviseurs et les sorties d’échappement à double sorties. Les jantes en alliage E/T à largeur décalée AV/AR mesurent 15po à l’avant et 16po à l’arrière.
Ils portent respectivement des pneus 165/80 Nanking CX680 et 275/65 BFGoodrich Radial T/A. La suspension se compose d’un essieu en I abaissé à l’avant ainsi qu’un seul ressort à lames à l’arrière. Des amortisseurs chromés sont montés aux quatre coins. Le freinage est assuré par des disques cachés derrière des faux boîtiers à ailettes de type tambour à l’avant ainsi que par des tambours à l’arrière. Les sièges baquets sont garnis de cuir cognac complétés par les panneaux de porte et des tapis assortis. Un levier de vitesses est monté sur colonne et un indicateur de vitesse numérique se trouve sur le tableau de bord.
Tout le dessous de la voiture est fini dans un motif en damier argenté et vert foncé du plus bel effet. À quiconque prendrait le risque, entre deux orangeades, de changer de sujet pour s’éviter de lire la fin de cet article, il est important de rappeler que j’ai été mis au défi, en matière d’histoires de Hot-Rods, d’écrire pour choquer l’opinion. Et le moins que je puisse en écrire sur moi-même par moi-même non sur base de ce Hot-Rod argenté et vert, mais concernant la création des magazines Chromes&Flammes dont ce site-web est la continuation, l’enthousiasme fut général et la renommée internationale s’est ensuivie !
dès la fin des seventies. Faut-il en conclure pour autant que la provocation seule a contribué à cet essor ? Rien n’est moins certain, et il est des éditeurs français qui pour s’être essayés en vain à cette exploitation du filon “je-fracasse-toutes-les-valeurs-donc-on-me-lit-all-around-the-world” n’ont point tenu la promesse des aubes apocalyptiques qu’ils annonçaient via parfois de grands tonnerres publicitaires. Ce Web-site vaut dorénavant comme référence inévitable d’une certaine représentation de l’Automobile car j’ose critiquer ouvertement les sémillants golden-boy’s !
Surtout si les amateurs de mousse à cheveux et de crèmes corporelles diverses sont mis aux nues dans la presse merdiatique lénifiante, révélant leurs faces des plus obscures : tels les accros à Hugo Boss et Armani, qui se répandaient en éloges sur Genesis et Withney Houston, des tarés de première, capables de viols, tortures, tueries. Autant de scènes abominables où le sexe orgiaque intervient comme prélude à un dépeçage froid et clinique des corps, sans qu’aucune justification, aucun remord, aucun état d’âme ne soient mentionnés. L’identité individuelle ne fait plus sens dans un monde de fantômes !
Surtout voué au tout économique, entre un récepteur digital et une bouche agrandie à la perceuse pour mieux y jouir : ne sont-ce pas là que des topoi de la consommation ? Quand tout s’achète tout se vend, tout s’annule et peut aussi bien être détruit, tel semble le credo consumériste qui ne s’encombre guère de philososophie au demeurant (ce qui rend plus énigmatique encore les comportements qu’on conseille aux belles âmes bandelettées qui parviennent toujours à s’endormir sans problème le soir et qui ne remettent jamais en cause le cours du monde crapuleux dont nous croyons qu’il est nôtre…
La superficialité des merdias de l’Occident contemporain dans une société où nul n’existe aux yeux des autres (vieille morale machiavélienne) pour ce qu’il est mais pour ce qu’il apparaît. Dans une bulle superficielle (le vertige financier) où le trop-plein d’argent s’est installé comme norme, et où l’essentiel du débat citoyen porte sur des futilités et qui ne publie que le culte du corps et des passions libidinales, ne peut déboucher, entre deux lignes de coke snifées dans les chiottes à l’aide d’une carte bancaire, que sur des obsessions autrement plus fratricides et fondamentales ?
Tel le mystère, répété, de la vie qui se retire d’un corps entrant dans son ultime convulsion. Seul pendant concret et métaphysique pour ainsi dire face à la vacuité environnante. Diogène clivé des temps modernes, le serial killer cherche l’homme générique, et pour ce faire ne cesse de le tuer. Logique. Mais qu’y-a-t-il quelque part sous les lambeaux de peau et les os ? N’ayant rien d’autre à faire, des monstres issus de la fin du XXe siècle, reflets de leurs contemporains s’anéantissant mutuellement dans une vaine course au pouvoir, égorgent donc des chiens errants, et des enfants à la traîne dans les musées…
Ils arrachent aussi les yeux des clochards qui mendient, découpent les putes qu’ils racolent. Une folie qui est sans foi ni fin. L’insoutenable est au rendez-vous, et celui qui poursuit malgré tout la lecture ne peut s’empêcher d’interroger son indécrottable fond voyeuriste et instinctif. Il en est qui protesteront sans doute qu’il ne s’agit pas là de littérature au noble sens du terme, d’autres qui crieront au génie. L’objectif est dès lors atteint mais il faut laisser son âme au vestiaire. Patrick Le Lay (alors PDG de TF1) avait soulevé un tollé en 2004 lorsque, interrogé parmi d’autres patrons…
Cela concernait l’ouvrage “Les dirigeants face au changement” (Editions du Huitième jour), il affirmait : “Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (…). Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages”….
Il ajoutait : “Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (…). Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise“… En s’appuyant sur des phrases chocs de ce type, je fais réagir les internautes en les confrontant à une courte mise en abyme de science-fiction sociale où je pousse jusqu’à son extrémité (son extrémisme) logique ce que connote la citation de départ.
Nous voici donc propulsés à vitesse grand V, sans fioritures de détails descriptifs ou de portraits psychologiques dans le quotidien des hommes du XXIIéme siècle. Le cerveau y représente la référence absolue autour de laquelle tout l’univers gravite. Des technologies sans précédent (transmetteurs émotionnels, messages infommerciaux implantés dans le cerveau etc.) permettent désormais en permanence à la publicité de frapper ses cibles, l’humanité étant ployée sous l’emprise des marques déposées et du consumérisme high tech.
Dans ce monde glauque et aseptisé, divisé en plusieurs castes hiérarchiques, nous suivons l’errance du bonheur pour tous… qui dénonce les dégâts irréversibles causés par l’alliance techniciste d’Internet, du capitalisme sauvage, de la médecine mise aux sévices des multinationales attestant du peu de cerveau qui demeure en chacun de nous si on laissait se développer le credo de tristes sire. Avec ce final, a boucle est en quelque sorte bouclée. L’ensemble est sans conteste efficace mais la trame narrative apparaît par trop expéditive, ce qui nuit à la cohérence ainsi dépeinte.
Cela étant, il y a fort parier, que, ce court texte refermé, vous verrez les canettes de Coca-Cola avec circonspection. Peut-être esr-ce le début de l’insurrection tant attendue par tous les fans… N’en faisons pas un chou-fleur ! L’ argumentaire de presse est plutôt alléchant puisqu’on nous y vend une petite bombe d’originalité et d’humour. Le premier thriller écologique de la littérature. Rien de moins. L’originalité est au rendez-vous et agrémenté de quelques sentences savoureuses,… Hélas l’ensemble tourne vite court et l’on reste sur sa faim.
C’est d’autant plus dommage que l’idée de départ consistant à mettre en scène les investigations d’un spécialiste de la communication est au moins amusante, pour ne pas dire “parlante”, en ce qu’elle autorise des rapprochements parfois saugrenus certes mais souvent stimulants, à la limite de la critique philosophique amenant une forme de cohérence, au nom du bon vieux principe de charité herméneutique, un procédé aussi répétitif que systématique dont la lourdeur (qu’ils sont exaspérants ces “Père disait/pensait/croyait que” à tout bout de champ) entrave la progression de l’histoire…
Elle est toutefois accablée, sans espoir de rémission aucun, par des rebondissements qui apparaissent azimutés quand ils rêveraient d’être tous azimuts…
Tout se perd dans l’improbable qui constelle l’univers de tout phyto-analyste, surchargé par un humour polar qui ne prend jamais vraiment tant il se donne comme un prétexte expéditif pour ne pas avoir à creuser davantage dans un terreau plus sophistiqué que celui, fort sophistique, qui nous est céans offert.
L’on s’interroge alors à bon droit devant cette farce inaboutie et mal maîtrisée, qui sonne faux et suranné…
Faut-il y voir un ultime clin d’œil, inconscient à ceux et celles qui dépérissent ? Mais, là, l’insipidité atteint ses limites et le sens commun nous tombe des mains ce qui fait qu’il se distingue, au moins sous cet angle, du “diagnostic” dont Freud dit que plus il est aberrant, plus il peut être légué à la postérité. Ce n’est que de l’ombre portée, c’est déjà ça de gagné. Quand le style disjoncté rejoint la narration effusive, le grand-œuvre n’est jamais loin de la Vérité. Lorsque Craig Ignatius mourut, le 21 mai 2023, à dix-sept heures quarante-cinq GMT, il venait d’atteindre l’âge honorable de 69 ans.
Des milliers d’étoiles étaient clouées vives dans un ciel plus noir que toutes les ténèbres qu’il avait connues, toutes les obscurités dont sa vie avait fait collection. Les astres lointains ne scintillaient pas. Points fixes à la luminosité invariable, ils ensablaient de leur silice stellaire un désert sans fin, aux dimensions inconcevables pour l’œil et l’esprit humains, un désert peuplé de leur présence monochrome, irradié d’un soleil proche dont les reflets pouvaient consumer la rétine, animé d’une lune toujours pleine, toujours ronde, ne dévoilant sa face cachée qu’à ceux pour qui la nuit est un moment de la lumière.
Il emporta la collection complète des magazines Chromes&Flammes avec lui, cela lui semblait la moindre des choses. Ceux qui ne pouvaient oublier que les anges nocturnes de ce firmament dardé de métal brûlant avaient le phosphore en feu pour seul ami, pleurèrent la fin d’une époque à défaut d’une épopée.Quintessence de son siècle. Il mourut un magazine Chromes&Flammes à la main, dont il récita l’intégralité de l’éditorial avant d’exploser son Hot-Rod argenté. Jusqu’à ce jour, personne n’en sait plus sauf qu’il…………