1941 Graham Hollywood Twin Turbo
Cette rare quatre portes de 1941 appartenant à Dick Raczuk est considéré par lui comme étant un Hot Rod sauvage. Il défend depuis longtemps l’idée de construire des voitures qui sortent du courant dominant. Depuis les années ’80 son slogan phare est : “Il faut oser être différent” décidant de s’investir dans les Hot Rods sauvages, farfelus et carrément étranges, quoique tout est relatif…
Sa Graham Hollywood de 1941est certainement sauvage, et elle est également différente de la plupart des voitures d’avant-guerre qui suivent quasi aveuglément le stéréotype des Ford T Buckett et B32 et 34. Concernant cette Graham Hollywood 4 portes, ce n’est qu’une interprétation qui n’a pas été la base d’un style nouveau car les Graham sont rares, extrêmement rares.
Les sources varient lorsqu’on comptabilise la production, mais les estimations estiment que moins d’une centaine survivent encore. De plus, c’est une berline version familiale 4 portes, le style de carrosserie inscrit tout en bas, et même plus bas encore, dans la liste des Hot Rods pouvant revendiquer en être un… Mais, wouahhh ! Quelle berline ! Elle en jette un max.
Les Graham Hollywood sont devenues des icônes du style automobile américain classique. À partir du capot arrière, la carrosserie a été fabriquée à partir des mêmes matrices de la Cord Beverly du milieu des années 1930, un design alors “révolutionnaire” de Gordon Buehrig, qui a également créé l’Auburn Speedster et la majestueuse Duesenberg Model J.
Les ailes avant, le capot et sa calandre étant dessinés par Johan Jan Tjaarda (1897-1962), plus tard connu sous le nom de John Tjaarda van Sterkenburg, designer et styliste néerlandais de produits divers et d’automobiles. Tjaarda est né en 1897 à Arnhem, fils d’Henriette Elisabeth Thieme et du médecin Johannes Jan Tjaarda. Il s’est formé à la conception aéronautique au Royaume-Uni et a ensuite servi comme pilote dans l’armée de l’air néerlandaise.
Après avoir émigré aux États-Unis en 1923, il a changé son nom pour John et a travaillé dans la construction de carrosseries personnalisées à Hollywood. Vers 1926, Tjaarda a été embauché pour concevoir des carrosseries par Locke and Company. La plus connue de leurs créations était un phaéton à deux portes appelée Touralette, conçue plus tôt par Tjaarda pour lui-même, que Chrysler proposait sur son châssis L-80 Imperial en 1927-1928.
Tjaarda a également travaillé pendant un certain temps avec GM Art and Colour sous la direction du célèbre designer Harley Earl. Au cours des années 1920, il a travaillé sur une série de conceptions monocoques épurées, connues sous le nom de “série Sterkenburg”, avant de rejoindre la Briggs Manufacturing Company en tant que chef de la conception des carrosseries. Là, il a développé un concept-car pour la Ford Motor Company.
Il sera présenté à l’exposition Century of Progress (1933-1934) à Chicago. Connue sous le nom de “Briggs Dream Car”, il s’agissait d’une conception à moteur arrière profilée, basée sur ses travaux précédents, qui s’inspiraient plus que de raison (un plagiat manifeste) à l’extraordinaire Tatra avec moteur V8 arrière, que Johan Jan Tjaarda a copié en y plaçant le moteur à l’avant, conception développée/copiée dans la Lincoln-Zephyr de 1936.
Le Nazi Porsche a lui aussi plagié la Tatra pour la VX Cox.. en laissant la disposition du moteur arrière. Le fils de John Tjaarda, est Tom Tjaarda, qui s’est auto proclamé designer automobile, travaillant principalement en Italie et auteur de la pire bagnole sport de tous les temps, la DeTomaso Pantera.. Pffffff !!!!. Père et fils sont donc des plagieurs d’œuvre d’art, ce, qu’a déclaré Dick Raczuk lorsqu’on lui a demandé ce qui l’avait attiré à modifier une Graham.
Il l’avait repérée dans une publicité Hemmings à la fin des années 1990 : “La Cord était bien en avance sur son temps. C’était de l’art, compte tenu de ce que la concurrence offrait à l’époque. Je n’ai pratiquement rien changé. Je n’avais pas besoin de faire un grand travail, ou quoi que ce soit de ce genre. J’ai juste subtilement changé quelques éléments”... Cette approche peut décrire ce qu’il a fait à la carrosserie de la Graham…
Une modeste découpe dans le capot, une calandre modifiée, des cadres de fenêtre “adaptés” fabriqués à la main, et un léger élargissement des ailes arrière pour dégager des pneus plus gros… OK, ok, mais on ne peut pas en dire autant de la chaîne cinématique de la voiture. En son temps, la Graham Hollywood était propulsée par un six L-head 218ci. Un compresseur centrifuge en option faisait passer sa puissance de 116 à 124cv.
La voiture de Dick abrite maintenant un V8 Cadillac Northstar alimenté par deux turbos à palettes variables provenant de la Dodge Shelby Charger de 1987… “Je possédais une Cadillac’98 à l’époque. Le moteur fonctionnait bien, et il était disponible pour le même prix qu’une Chevrolet, alors pourquoi mettre une Chevrolet dans la voiture si vous pouvez avoir une Cadillac?”, a-t-il raisonné…
Il a ajouté :“J’aurais probablement dû mettre un Chevrolet Corvette Callaway quadri turbo, cela aurait été beaucoup plus facile car dans une Cadillac 1998, le V8 Northstar était monté transversalement pour entraîner les roues avant”. Dans sa Graham, Dick l’a orienté nord-sud pour conserver la disposition à propulsion arrière de la voiture associé à une transmission TH700-R4 et à une suspension arrière (très) indépendante d’une Corvette 1982.
Dick a nuancé sa dernière déclaration en ajoutant : “Tout ce que je pouvais utiliser était le boîtier différentiel. Les bras tirants ont été faits à la main et les demi-arbres ont été faits à la main. Tout ce que vous voyez sur les photos devait être fait à la main. Rien n’était disponible sur étagère pour faire cette installation”… C’est peut-être le bon moment pour vous en dire un peu plus sur Dick, pour aider à mettre cette transformation complexe dans un certain contexte.
Dick a été ingénieur pendant la majeure partie de sa vie. Il a commencé à construire des Hot Rods à l’adolescence et est devenu suffisamment amoureux des karts à pédales pour ouvrir son propre atelier de construction de karts dans les années 1960. Il deviendra propriétaire de Kerker, l’emblématique entreprise d’échappement de motos, dans les années 1970 et 1980.
Au milieu de la quarantaine, il a pris sa retraite pour consacrer son temps à sa collection éclectique de Hot Rods et de voitures américaines classiques. Son magasin est son domicile en Arizona et il s’y trouve tous les outils pour fabriquer tout ce qu’il veut : Je peux construire une voiture à partir de zéro ici dans mon atelier”… Travailler sur ses voitures a fait tourner ses rouages mentaux à plus d’un titre.
Alors qu’il plombait les lignes en acier de la Graham, il s’est coupé si souvent en essayant de faire entrer le tuyau dans les raccords AN qu’il a eu l’idée d’un outil qui canalisait essentiellement le tuyau dans le raccord et gardait ses doigts intacts. Il a breveté le concept, qui est devenu la base de sa dernière entreprise “Koul Tools” : “J’en ai vendu plus de 50.000″…
Ironiquement, Dick est actuellement en train de remplacer tout les tuyaux tressé en acier par des conduites en PTFE : “L’alcool dans le nouveau carburant ne fait que manger ce genre de choses” m’a-t-il dit en riant. L’ajout des turbos et leurs refroidisseurs intermédiaires, a été une entreprise compliquée. Il n’y avait pas de place sous le capot pour les mettre sur le dessus du moteur, alors il les a montés en bas…
Si bas qu’ils ne sont visibles que lorsque la voiture est sur un pont élévateur : “J’ai fabriqué tout moi-même”... Il a également dû concevoir un système qui pomperait l’huile des turbos et le retournerait au moteur. Les deux refroidisseurs intermédiaires montés derrière les grilles inférieures dE LA Graham sont la raison pour laquelle Dick a fabriqué un pare-chocs avant avec des lattes pour améliorer la circulation de l’air.
“Le turbocompresseur du V8 Northstar de 275 chevaux n’est pas ce que vous pouvez penser. Tout ce que j’essayais de faire, c’était de revenir au niveau de la mer. Maintenant que je suis au niveau de la mer et que j’ai 83 ans, je n’ai pas vraiment besoin des turbos. Mais ils font tourner le moteur vraiment bien, donc je ne touche plus à rien… Ma Graham Hollywood est puissante et roule comme une nouvelle voiture, grâce à un système de suspension que j’ai créé”...
Nous avons parlé de la Corvette IRS car Dick a refabriqué d’autres pièces en aluminium traitées thermiquement pour permettre aux demi-arbres de passer à travers eux. À l’avant se trouve un système basé sur la Fatman Fab Mustang II qui a été modifié pour s’intégrer à sa Graham. Les freins à disque Chevrolet accompagnaient le changement. Dick a conservé les disques Corvette qui se trouvaient sur le rearend.
Les jantes billettes personnalisées ont été conçues pour avoir l’air correctes, et Dick a renforcé l’illusion en fabriquant un ensemble d’enjoliveurs d’apparence stock en aluminium chromé… Parce que la voiture a passé une grande partie de sa vie en Californie, il n’y avait pas beaucoup de rouille à gérer pour Dick. Quand je lui ai posé des questions sur la peinture, il m’a répondu : “J’avais une couleur verte dans des pots”…
Il m’a toutefois précisé : “Quand j’ai commencé à peindre, arrivé à la moitié de la voiture, un emmerdeur est venu me rendre visite, alors j’ai tout arrêté pendant que nous parlions. Puis j’ai repris le pistolet à peinture et j’ai continué à peindre sans secouer le pistolet, et il est sorti cette couleur vertâche par accident. Alors, je me suis dit que je devais peindre toute la voiture de cette couleur. C’est une couleur unique par erreur. Vous ne pouvez pas croire combien de personnes ont demandé cette formule”…
La couleur s’est retrouvée à l’intérieur, où Dick l’a mélangée à un kit de boiseries bois pour les cadres des vitrages et à la jante du volant. L’ami de Dick, Tim Case de Tim’s Auto Upholstery, a couvert les sièges en mohair. Le siège avant Glide bascule pour révéler l’espace de rangement pour les ordinateurs de bord et les appareils électroniques de la voiture…
“Le conseil que j’aime transmettre à d’autres personnes qui construisent des voitures est de mettre l’électronique sous le siège basculant, c’est tellement plus facile de vérifier les choses que d’avoir à passer sous le tableau de bord”… D’une certaine manière, la Graham Hollywood de Dick est une exception parmi ses autres objets de collection. Elle est plus ancienne que ses American Classics (deux Stutz’s de 1931, une Packard V12 de 1934 et trois Ford 1932.
Pourtant, lui et sa Graham partagent un lien spécial. Dick a en effet grandi dans la vallée de San Fernando, dans le sud de la Californie : “Je suis allé à Birmingham High, près de Reseda, au milieu des années ’50. Cette voiture était à 3 miles de moi sur Darby Avenue, bien que je ne le sache pas à l’époque. Je l’ai découvert alors que je démontais la Graham. Je la vidais, et voici que je découvre un vieux journal local, le “Valley Green Sheet”, daté du début des années ’50.”…
“Il y avait toujours l’adresse du gars dessus, et il était de Reseda. C’est vraiment un petit monde. Je n’arrivais pas à croire que c’était arrivé”.... Dick conduit ses Hot Rods même en plein hiver de Nashville à Los Angeles, rencontrant glace, pluie, froid, gel… Il s’amuse à parcourir 2 000 miles en empruntant l’Interstate 40 à travers huit États et 30 degrés de changement de température, prenant des pauses pour les burnouts, les pannes, le mauvais temps et les Girls à baiser !