1954 OLDSMOBILE 88 KUSTOM Joanne’s Dream…
La marque Oldsmobile s’est éteinte en 2004, il y a bientôt 20 ans. Elle était, à ce moment, la plus vieille compagnie américaine toujours active, elle qui avait été fondée il y a 125 ans d’ci, en 1897, par Ransom Eli Olds. Eh oui ! Olds pour Oldsmobile ! Basique et aussi simple que cela… Lors d’un Show auquel je participais en mai 2017 à Gateway au Colorado, USA pour le lancement d’une Énième version de la Corvette, à l’endroit où j’étais logé, au milieu de nulle part, se trouvait un musée rempli de pièces incroyables. C’est là que j’ai fait connaissance avec la voiture qui est la vedette de cet article.
Une automobile dont je connaissais vaguement l’existence, mais que jamais je croyais avoir l’opportunité de voir. Déjà en 2017 le Kustomizing USA était un lointain folklore, pareil que le Tuning en Europe. Par contre, en 1954, Oldsmobile prenait d’assaut les salons automobiles avec un concept avant-gardiste qui prenait le nom de F-88 qui avait alors fasciné les visiteurs et attiré de nombreux regards. Les véhicules concepts, vous le savez, ont toujours fasciné les gens, les constructeurs s’en servaient pour orienter le public qui croyait naïvement que les show’s leur permettaient de jeter un regard immédiat sur le futur…
C’était en réalité pour jauger l’appétence du public et, comme la masse n’avait alors aucun gout, tout cela ne faisait qu’engendrer des engins peu pratiques, limite débiles, sans liens avec les productions massives “à-la-chaine”... Au fil de l’histoire de l’automobile, certains prototypes sont parfois devenus très célèbres mais ont été vite oubliés, alors que les mochetés, la plupart en fait, étaient fabriquées à des centaines de milliers d’exemplaires avant de sombrer dans l’oubli. Dans le cas qui nous intéresse aujourd’hui, la providence n’a pas été plus salutaire avec cette Kustomisation qu’avec les Oldsmobile’s de série !
En effet, après quelques années euphoriques, elle a été abandonnée dans une casse où elle a réussi à traverser les années avant de se retrouver aux mains de Kustomizeurs de la dernière génération pour un dernier tour de manège durant lequel un collectionneur fortuné va aider sa préservation. En 1954, alors que l’Olds de cet article sortait de chaine sous l’apparence d’une familiale destinée à des pépères et mémères constituant l’Amérique profonde, la GM présentait deux véhicules concept lors du GM Motorama, une exposition annuelle qui mettait en vedette les produits de la General Motors.
Une année auparavant, une la Corvette était présentée par Chevrolet, une autre branche GM. La F-88, qui au départ portait le nom de projet XP-20, était assemblée sur un châssis de Chevrolet Corvette, ce qui expliquait la ressemblance du format et de la forme. Côté design, on remarquait là aussi une similarité clonesque (pas clownesque, ne confondez pas genre et transgenre). Est-ce qu’Oldsmobile jonglait avec l’idée d’introduire, elle aussi, son roadster ? Une image vaut mille mots, comme on dit. Le véhicule a été développé secrètement et conjointement avec la Corvette, en 1952 et 1953.
Sous le capot, se cachait un V8 324ci Oldsmobile, connu sous le nom de Rocket. Une boîte de vitesse automatique à quatre rapports lui avait été jumelée. C’était bien mieux que la Corvette qui elle était rustique avec un antédiluvien 6 cylindres Blue-Flammes… Ce qui est incroyable, c’est que cette Oldsmobile ait survécu. Au fil de l’histoire, la philosophie de GM était de procéder à la destruction des concepts lorsque les apparitions de ces derniers étaient terminées dans les salons. Or, les mœurs étant différentes à l’époque, certains modèles se retrouvaient aux mains d’amis et de proches, évitant du coup une fin atroce.
C’est ce qui est arrivé à cette F-88. Le Web regorge d’histoires, plusieurs non fondées, sur le sort réservé à cette voiture au fil des décennies. La vérité est moins élogieuse qu’on pourrait le croire ou l’espérer. En fait, dès la fin de la saison des salons de 1954, cette Oldsmobile a été démantelée. Elle s’est ensuite retrouvée aux mains du célèbre E.L. Cord, prête à être réassemblée de nouveau. Ce n’est pas ce qui s’est produit. Au cours des décennies qui ont suivi, elle a changé de mains à plusieurs reprises, parfois en échange d’un vulgaire 1.000 $.
Puis, elle a finalement été restaurée dans les années ’90. Elle est apparue une première fois à l’encan de Barrett-Jackson à l’époque avant d’y apparaître une dernière fois en 2005. C’est à ce moment qu’elle a été acquise par John S. Hendricks. Montant de la transaction : trois millions de dollars américains. De la menue monnaie pour le fondateur de la chaîne câblée Discovery… Depuis presque aussi longtemps qu’il y a des automobiles, il y a des gens qui les personnalisent en fonction de leur propre style personnel.
Des accessoires de base pour rendre la conduite plus agréable et plus sûre, aux entreprises sophistiquées de réglage et de restylage d’aujourd’hui, l’automobile a longtemps été une toile pour l’expression de soi. La personnalisation des voitures est un langage universel, et les gens du monde entier travaillent toujours pour rendre leur machine plus rapide, plus forte afin de recréer une expression unique de leur goût. La culture automobile obsessionnelle de l’Amérique a ainsi engendré une vaste gamme de styles et de tendances; parfois extraordinaires, parfois à vomir !
Les plus distinctifs et les plus influents étant les Hot-Rods qui ont commencé sur base de Roadsters Ford bon marché dans les années 1945 à 50. Les Hot-Rods ont pris d’innombrables formes au fil des ans, allant des Roadsters des premiers jours à des dragsters de lacs salés, jusqu’aux ‘Kustoms’ sauvages des années 1960. À partir de la fin des années ’50, les constructeurs automobiles ont donc expérimenté le restylage radical des voitures existantes. À partir principalement des coupés américains 2 portes des années 1940 et 1950, la suspension était abaissée, les lignes de carrosserie lissées, le toit coupé…
Les carrosseries enveloppant le châssis et toutes variétés de feux avant et arrière différents greffés sur les carrosseries ont été testés. Au fil des années 1960, les constructeurs de voitures personnalisées étaient motivés par la créativité, la concurrence et très probablement les vapeurs de peinture laquée à la nitrocellulose. Un exemple de l’apogée du mouvement Kustom est cette “Joanne’s Dream”. Ce Kustom automobile avait commencé sa vie comme un coupé Oldsmobile Super 88 de 1954, avant de subir une transformation radicale dans le style de ce que créait Georges Barris !
Cette Olds qui était utilisée comme “Daily-Driver” au début des années 1960 alors qu’elle était la propriété de Tom et Joanne Archer, est devenue l’obsession de Joanne : construire une voiture Kustom personnalisée façon Georges Barris afin de lui faire concurrence en créant une société de recarossages… Et cette Olds a servi de point de départ parfait pour une aventure insolite ! Plutôt que de simplement appliquer un coup de peinture, Tom est devenu complètement fou et a transformé l’Olds’54 en un kustom totalement unique à peine reconnaissable comme étant une Oldsmobile Super 88 !
Après 15 ans de galère sans parvenir à égaler Georges Barris, le couple maudit a abandonné cette “merveille” dans un terrain-vague ! Triste fin. Quoique… Découverte, puis vendue pour pas grand-chose en enchères, l’Olds’54 a été entièrement restaurée exactement dans l’état de ses années de gloire. La machine restaurée dispose toujours d’une ligne de toit unique et d’un plateau Pick-Up de style El Camino fait à la main. À partir de l’avant, la calandre 55 DeSoto modifiée est la première chose que vous remarquez, avec les phares quadruples d’une Plymouth de 1957 greffés dans les ailes de l’Olds.
Le capot d’origine a été estampé avec des persiennes et lissé pour être exempt de garnitures et de badges. Les formes inspirées de la Corvette derrière les passages des roues avant et arrière ont été fabriquées sur mesure et montées sur la carrosserie. Des garnitures Plymouth Belvédère de 1959 ornent les côtés de la carrosserie. La ligne de toit a bien sûr été fortement coupée et des conduits d’air Corvair de 1961 y ont été intégrés comme des ridicules embouts de faux échappement. À l’arrière, le plateau Pick-Up sur mesure à l’allure sauvage comporte des planches de chêne rouge formant un plancher.
Des feux arrière Corvette 1958 dans le haut des ailes et des feux Impala 1963 en dessous génèrent une bizarre impression de grand n’importe quoi… Six vrais échappements (comptez-les!) sortent par l’arrière, par des tuyaux latéraux chromés. Les détails sont tout simplement étonnants et partout où vous regardez, vous trouvez des morceaux d’autres voitures qui ont été disposés comme au hasard et au-petit-bonheur-lchance venant d’autres voitures et intégrés de manière clownesque dans cette pièce montée incroyablement indigeste…
Sous le capot à persiennes se trouve le moteur original 371ci Rocket 88 Olds, qui était habillé d’un certain nombre de pièces d’époque dites “de vitesse”. Une prise d’air Weiland à double quad, des couvercles de soupapes en alliage à ailettes Offenhauser ornent le moteur, et des accessoires tels que le réservoir de direction assistée, le générateur, les poulies et le moteur de chauffage ont été chromés. “Joanne’s Dream” avait été découverte en 2008 abandonnée, c’était une carcasse qui attendait d’être envoyée à la ferraille derrière un garage dédié aux Hot-Rods de Fort Worth, TX. Le résultat final laisse perplexe !
Alan Lewenthal, le découvreur que vous voyez gesticuler dans la vidéo, n’avait jamais rien vu de tel, et a rapidement commencé à découvrir qu’il s’agissait d’un rare Kustom survivant de l’âge d’or de la scène automobile d’une époque révolue. Après des recherches approfondies, une restauration minutieuse a été effectuée par Marquis Auto Restorations de Philadelphie, en Pennsylvanie. La restauration d’une voiture personnalisée de ce type nécessitait en effet des compétences et des connaissances spécialisées, et les innombrables garnitures et détails provenant d’autres voitures devaient être identifiées.
Des méthodes traditionnelles telles que le remplissage de plomb ont été utilisées pour restaurer la carrosserie à son ancienne gloire et l’Oldsmobile se présente maintenant dans un état vraiment époustouflant telle un guimauve sucrée, finie dans son schéma de peinture pourpre sur blanc d’origine avec des jantes chromées inversées correctes d’époque. Les sièges baquets Impala 1962 sont garnis d’une sellerie blanche, tout comme la console centrale de l’Impala (avec levier de vitesses unique) et le tableau de bord “roulé” personnalisé.
Un documentaire “à l’ancienne des années d’avant internet” (petit format en netteté aléatoire) a le mérite d’avoir suivi le processus de restauration (ci-dessus)… Même les côtés du plateau Pick-Up sont garnis de vinyle blanc assorti. L’ensemble de la restauration a soigneusement ramené cette voiture au niveau de qualité du spectacle dont elle jouissait lorsqu’elle était une star sur le circuit des salons automobiles au milieu des années 1960. Et en janvier 2009 au salon Chicago World of Wheels, la voiture a reçu de prestigieux trophées !
Un“George Barris Elegance Award”. Un“Best In Class”. Et un “Most Outstanding Radical Custom Hardtop”. Que des coupes façon football en fer blanc, qui pour certains ont toujours une importance planétaire… Je ne peux pas imaginer quelle a été la réaction de Joanne lorsqu’elle a revu son Olds Super 88 complètement reconstruite… Mais de ce qu’on m’en a dit elle n’en avait plus rien à faire, apparemment ruinée et abandonnée à son triste sort dans un mouroir après le suicide de son homme qui avait claqué toutes ses économies dans cette Oldsmobile bonbon…
La Customization regorge d’histoires similaires dont personne n’ose causer de crainte des mauvais esprits ! Vous aimeriez croire que c’était un rêve devenu réalité ? Pas du tout, ce n’était qu’une illusion… Ceux qui se souviennent de l’introduction sur le marché de la Chevrolet CorvetteC1 de première génération en 1953 se souviendront probablement aussi d’une voiture similaire qui a fait ses débuts en tant que concept d’une division de General Motors. Le véhicule en question était l’Oldsmobile F-88 Convertible Concept, parfois appelée Rocket 88, qui a fait ses débuts en tant que voiture de rêve à l’Autorama de 1954.
Cette F-88 a été créée par nul autre que Harley Earl et tout comme la Vette, c’était un roadster à deux places avec une carrosserie en fibre de verre. Mais contrairement à la vette C1, qui était propulsée par un 6 cylindres en ligne Blue Flame plutôt maigre de 150cv (110 kW) couplé à une boîte de vitesses Powerglide à 2 vitesses pendant les deux premières années de son existence, la F-88 était équipée d’un V8 Oldsmobile Rocket de 324ci de 250cv et cette petite merveille n’a jamais été mise en production.
Le consensus, dans les années ’50 est que la F-88 ne pouvait pas être construite et commercialisée car elle aurait menacé la Corvette. Selon la légende, Chevrolet, la division la plus importante et la plus rentable de GM à l’époque (et même aujourd’hui), a fait campagne au sein de GM contre la mise sur le marché de la F-88 en raison de craintes que les Old’s nuisent aux ventes de la Corvette, qui n’était de fait pas aussi attrayante que la Olds avec son gros V8 sous le capot. Le général Motors (sic !) a donc décidé de ne pas mettre la F-88 sur le marché.
Comme l’histoire l’a dit, seulement deux exemplaires du concept F-88 ont été assemblés. L’un a été détruit, tandis que l’autre a été démonté et ses pièces stockées dans des caisses en bois. Le reste appartenait à l’histoire… jusqu’à récemment. Le 1er février 2005, le seul exemplaire restant du concept F-88, un cabriolet doré, a été vendu pour la somme astronomique de 3,24 millions de dollars à John et Maureen Hendricks lors de la vente aux enchères Barrett-jackson Auto à Scottsdale, en Arizona.
M. Hendricks est le fondateur et président de la société de radiodiffusion et de production cinématographique Discovery Communications, qui possède les réseaux de télévision par câble Discovery Channel, TLC et Animal Planet, entre autres : “Alors que la plupart de leurs frères ont été détruits après leurs débuts aux salons Motorama de GM, les Olds aux tons or ont survécu à ce destin pour devenir les véhicules les plus importants de leur époque sur le plan historique” a déclaré Craig Jackson, président et chef de la direction de la société de vente aux enchères de voitures classiques Barrett-Jackson.
Il a ajouté : “De nombreux historiens de l’automobile considèrent le Roadster Old’s comme l’une des plus grandes expressions du design automobile jamais venu d’Amérique du Nord”.… Ca vous en bouche un coin, j’en suis certain, les américains vivent sur une autre planète ! Cette F-88 survivante est maintenant la pierre angulaire du “Gateway Colorado Automobile Museum”, où la voiture est positionnée sur un plateau tournant dans un ensemble surréaliste comportant des affichages rotatifs projetés sur murs et plafond, le tout dans une pièce à part…
Je vous en cause parce que l’Olds “Joannes Dream” a ensuite été exposée dans ce même musée dans un décor encore plus kitchissime pour célébrer encore pire la gloire d’Oldsmobile au panthéon automobile américain… En dehors des valeurs historiques et sentimentales de la F88 et de l’Olds “Joannes Dream”, je me demande ce qui aurait pu arriver à la marque Oldsmobile si le Roadster sportif avait été produit en parallèle à la “Joannes Dream”… Ces deux voitures “oh-si-cool’s-et-sexy’s” auraient-elles pu changer la marque, la sauvant de sa disparition et de son image réservée aux grands-pères et grands-mères ?
Quoi qu’il en soit, régalez vos yeux de cette biottifulle biauty…
2 commentaires
Mon cher Gatsby,
Photos à fort impact rétinien, automobile rare, retour en arrière, mystère et votre talent rédactionnel… tout y est !
Oui, mais, je pense et écris que c’est très laid… J’aurais aimé en connaître plus des proprios-modificateurs pour amener cette histoire abracadabrante à un niveau de recherche psychologique du comportement… Pourquoi avoir tant dépensé dans ce machin ridicule pour en finale l’abandonner dans un vague terrain vague ? La sut été pluche meilleur mais les énergumènes sont déjà dans une autre dimension… La dessus j’aurais aussi été heurenx d’en plus connaître sur les transferts de dollars et de propriété ainsi que la vraie motivation ! Manifestement le gars qui d’est lancé la-dedans était lui aussi un rêveur. Le bestiau s’est retrouvé dans une foire de neuneux quasi déserte avec un impact quasi nul en presse. L’époque des Georges Barris & consorts est lointaine. Mais bon, comme je n’ai aucun compte à rendre, le risque de publier cette chose n’est pas important quoique ça ne se marie pas avec la Porsche Renntrucmachin… Je suis conscient d’être une espèce en voie d’extinction à qui on donne des piécettes pour une forme de survie… Je ne sais plus.. J’en suis à errer au fur et à mesure des opportunités que “je prends” si les shots-photos sont bons… Je préfère et de loin, tapoter un sujet comme la Cobra à carrosserie Fiat dont j’avais réalisé un essai et des photos aux USA et que j’ai retrouvé en Europe… C’est plus fun…
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