1999 Plymouth Prowler Hennessey
De temps à autre, je suis un américain francophone de Hallandale-North Miami Beach… Avant j’y avais une Excalibur SII qui brinqueballait exactement pareil que lorsqu’elle était neuve d’usine. Pas idéal en tant qu’éditeur de magazines numériques consacrés aux Hot Rod’s. Ce ne sont toutefois pas les mêmes au fil du temps qui passe… Je me suis donc payé un p’tit Hot Rod “moderne” comme “déplaçoir” en Floride…. Une affaire à 20.500$, pas de taxes, pas de contrôle fiscal, pas de délations jalouses, peu de Miles (kilométrage) soit 20.000 avec carnet… et il était d’un propriétaire unique l’ayant acheté neuf en 1999.
C’est mon douzième Prowler, dont trois achetés “à l’arrache” chez Poulain à une vente “Sur les champs” dans les mêmes valeurs bradées d’il y a une douzaine d’années. La dernière fois que j’ai enroulé mes mains autour d’un Prowler avant celui-ci, c’était en Franchouille d’il y a plus de 12 ans, un des 3 de la vente sur les champs d’Artcurial… J’avais acheté les 3 en suite les uns des autres en m’installant devant le pupitre d’Hervé Poulain pour scruter les enchérisseurs… Le bougre faisant semblant qu’il y en avait à gauche, à droite et au fond, en réalité en ayant la même vue que lui, il n’y avait personne qui enchérissait…
Et pas plus aux téléphones. J’ai ainsi acheté les trois pour le prix d’un… J’ai ensuite été interdit de salle de vente Artcurial pour “comportement politiquement incorrect” car ayant totalement déréglé la vente… Ils m’ont malgré tout livré les engins que j’ai revendu tout en gardant le jaune plus longtemps… J’ai toujours adoré ce néo-Hot-Rod, même si ZZ Top ne l’a jamais approuvé me grinçant alors qu’ils étaient en Hollande alors que j’achetais un Hot Rod B32 Bleu avec flammes avec lequel j’ai circulé dans le Var, et Saint-Tropez, et ai réalisé des super photos de mon Cocker Blacky au volant devant chez Sénéquier.
Des jalouses m’y ont dit que les appuie-tête étaient de parfaits séchoirs à serviettes de plage. Ce Plymouth Prowler de 1999 acheté 20.500$ en Floride il y a peu, a 20k miles et est fini en Prowler Purple sur cuir Agate. Les pare-chocs avant ont été retirés, et d’autres modifications incluent des flammes peintes et un aileron arrière de rechange ainsi qu’un système d’échappement “à dos de chat”. La voiture est propulsée par le V6 full aluminium de 3,5 litres de 253cv et 255 lb-pi de couple, associé à une boîte-pont automatique à quatre vitesses commandée par un AutoStick.
L’équipement comprend les roues d’origine à cinq branches en tailles/diamètres décalé AV et AR, une capote noire en toile, un régulateur de vitesse, l’air conditionné, un système audio Infinity et une chaîne stéréo AM/FM/cassette avec changeur de CD avec le manuel du propriétaire, un rapport Carfax (c’est typiquement Ricain) dit “propre” et son “Title” (titre de propriété). Les jantes chromées sont celles d’origine en alu de 17po av et 20po ar chaussées de pneus Continental Extreme Contact DWS06 225/45 av et 295/40 ar. La suspension utilise des combinés filetés montés à l’intérieur de la carrosserie avant étroite.
Le freinage se fait à partir de disques ventilés aux quatre roues. Des couvercles d’étrier violets sont installés. Chrysler avait tenu sa promesse d’un véhicule léger en full aluminium, du capot en alliage, du couvercle de coffre et des portes (du fournisseur Mayflower Vehicle Systems) aux bras de suspension et aux fusées d’essieu (d’Alumax) en passant par le châssis et les traverses (d’Alcoa). Pour gagner encore plus de poids, l’énorme renfort latéral sous le tableau de bord a été fabriqué en magnésium et les collecteurs d’échappement sont en acier inoxydable.
La capote vient de chez Dura Convertible Systems dotée d’un rétroéclairage et d’un dégivreur électrique. Pour rendre le “cabriolage aisé” le trio des constructeurs Chrysler/Plymouth/Dodge a tout fait pour que le capotage ou le décapotage dure 30 secondes. Par contre le coffre qui s’ouvre de l’avant vers l’arrière n’est utile que pour deux “baises-en-ville ou campagne”. Dans le cockpit du Prowler on trébuche toujours sur un tas de pièces d’entreprise familières, les commandes des rétroviseurs latéraux proviennent de la berline LH, les poignées des portes intérieures sont de la Viper, comme les compteurs.
Les commandes CVC proviennent de la Dodgette Néon et les grilles d’aération ont été arrachées de la fourgonnette Dodge. La colonne de direction et la manette du clignotant proviennent du même Chrysler Grand Cherokee que je possède depuis bientôt 30 ans (le mien affiche 330.000kms). Le piratage de ces parties interdivisions n’est pas une mauvaise chose. N’est-ce pas un Hot Rod ? Eh bien, oui, en théorie. Mais à l’intérieur, il n’y a que trois indices sur le personnage de hors-la-loi présumé du Prowler : le tachymètre Autometer, le groupe d’instruments au centre du tableau de bord et un capot très haut.
Il engendre une conduite basse. Sans blague, après s’être installé confortablement dans le siège en cuir, le haut des portes est à hauteur du cou… Néanmoins, la visibilité est satisfaisante, en partie parce qu’on est assis bien droit et haut, et en partie à cause des grands rétroviseurs latéraux intelligemment tordus qui donnent un aperçu de ce qu’il y a derrière la croupe de cette voiture, car la voie arrière du Prowler est aussi large que celle d’une ancienne Ferrari F50. Étrangement, ce que vous ne pouvez même pas voir, c’est un millimètre de la capuche du Prowler. “Tout gars qui conduit ce truc cloue d’abord un trottoir”…
C’est ce qu’admettait l’ingénieur de développement Will Knudsen, qui a ensuite pointé du doigt la trompe en plastique saillante de la voiture à 7cm au-dessus du tarmac. Les canettes de bière se coincent en dessous. Quel vacarme ! Le Prowler n’a jamais été proposé avec une transmission manuelle. Pour atténuer cette omission flagrante dans un Hot Rod, Dodge/Chrysler a fait deux choses. Tout d’abord, à l’arrière du Prowler, la société a installé une version retravaillée de la boîte-pont AutoStick à quatre vitesses quasi manuelle que l’on trouve dans l’Eagle Vision TSi.
Deuxièmement, la transmission a été programmée pour changer de vitesse brusquement et brusquement en toutes circonstances. Dans le Prowler, l’AutoStick devient un appareil particulièrement utile. Par exemple, si vous sélectionnez un rapport, la transmission maintiendra ce rapport même lorsque vous faites tourner le moteur dans son régulateur de coupure de carburant à 6.350 tr/min… Si vous souhaitez faire une escapade lente, peut-être dans le gravier ou la neige, vous pouvez basculer le sélecteur en deuxième ou même en troisième, puis vous éloigner de l’arrêt.
Sur les rétrogradations, également, l’AutoStick suit chacune de vos commandes : De la quatrième à la première ? Pas de sueur, tant que cela ne fera pas déborder le moteur de 6.350 tr/min. Pour l’observateur occasionnel, le Prowler peut ne pas sembler être le Hot Rod parfait. Pourtant partout en Amérique et dans le monde, le style choc du Prowler a provoqué l’incrédulité ainsi que des remarques convoiteuses, y compris des vœux d’amour éternel. Mais personne n’a semblé aussi surpris que mes voisins d’Halandale/Floride (North Miami Beach).
Nous en sommes venus à considérer que ce n’était qu’un Prowler en liberté, utilisé pour plus que la croisière du samedi soir. Certaines choses n’ont pas changé aux USA, les gens aident toujours les Hot Rodders surtout lorsque j’ai la fameuse casquette rouge Trump sur la tête… Un garage d’Hallandale m’a proposé de Booster mon Prowler pour avoir les mêmes sensations qu’avec une Viper RT/10 de chez Hennessey… Et d’avoir un Prowler GTX boosté au protoxyde d’azote, m’a donné envie d’humer le gaz hilarant utilisé aux fins de me marrer une bonne fois de plus avant de crever…
C’est ce que j’ai ressenti lorsque le système a été purgé avant les tests. Quoi qu’il en soit, depuis lors je m’amuse beaucoup plus que de raison pour mes bientôt 76 ans, ce qui est la seule raison pour laquelle j’ai résolu d’installer un kit de John Hennessey, car “l’essence même d’un Hot Rod est d’aller vite et d’avoir l’air bien”, m’a expliqué Hennessey. Avec le kit GTX, Hennessey n’a pas amélioré l’apparence du Plymouth Prowler mais l’a rendu beaucoup plus rapide… Mon Prowler fait maintenant le spectacle suite à une réflexion d’après coup et coût de 12.000$ de frais en plus comprenant une mise à niveau.
Le V6 SOHC de 3,5 litres / 253 chevaux de mon Prowler d’origine a été métamorphosé. Le défi de Hennessey était de rendre mon Prowler beaucoup plus rapide pour un prix raisonnable. Plutôt que de suralimenter le moteur existant ou de transplanter un V-8, Hennessey a choisi d’ajouter un système d’injection de protoxyde d’azote. D’autres travaux du moteur se limitaient à un système d’échappement plus fluide et à un filtre à air K&N à faible restriction. Ces dernières modifications portent la puissance à 290 chevaux. Mais il suffit d’appuyer sur un bouton pour disposer de 365cv…
Le résultat est de 0 à 60 mph en 4,5 secondes avec un quart de mile rapide de 13,1 secondes / 105,3 mph. Comparez cela à mon Prowler 1999 d’avant la modification (0-60 mph en 5,7 secondes, avec un quart de 14,3 secondes / 95,4 mph), il est devenu capable de réaliser des “go fast” hilarants. Il est resté 100% identique mais s’avère plus musclé. Même armé, le système est transparent. Le chauffe-bouteille s’éteint automatiquement lorsque l’azote atteint la bonne pression, et rien n’est déversé dans le moteur tant que l’accélérateur n’est pas “à donf” pied au plancher.
Conduire tranquillement reste possible et je peux même laisser le système armé toute la journée. Même un soulèvement partiel de la pédale d’accélérateur coupe immédiatement le système Hennessey qui utilise un contrôleur Express qui permet un ajustement pratiquement infini de la quantité et du moment de la livraison d’azote qui délivre 100 % de sa capacité dès que l’accélérateur est bien enfoncé. Cela m’a obligé à sortir de la ligne à mi-régime pour éviter le patinage des roues qui nuit à la vitesse. Mais pour éviter de faire patiner les pneus il suffit de choisir d’augmenter progressivement la livraison d’azote.
Si vous avez pensé “chirurgie dentaire” à la première mention du protoxyde d’azote, voici une introduction rapide : l’azote aide un moteur à produire plus de puissance principalement en transportant plus d’oxygène vers la chambre de combustion, ce qui permet au moteur de brûler plus de carburant. De plus, lorsque le protoxyde d’azote comprimé se dilate, il refroidit la charge d’admission, ce qui augmente la puissance de sortie. Les deux bouteilles d’azote ont été installées dans le coffre, reliées au collecteur par des tuyaux tressés en acier. C’est cool pour une soirée de sprints d’un feu rouge à l’autre avant de s’épuiser.
Dans le département de l’apparence, Hennessey a retiré le pare-chocs AV, une décision qu’il dit être légale, du moins en Floride. À l’avant, les clignotants ont été déplacés du pare-chocs à la calandre et de petits panneaux ont été fabriqués pour couvrir les points de montage du pare-chocs. Aucun travail de suspension n’a été effectué. Les pneus sur jantes d’origine ont également été conservés. Des pneus arrière plus collants et plus larges pourraient réduire d’un dixième ou deux le temps de 0 à 60 mph. Le coût total de l’ensemble est d’environ 12.000 $ installé… Mon verdict est positif, je souris toujours….
2 commentaires
Maître, Le très sérieux et très sponsorisé par l’industrie pharmaceutique Quotidien du Médecin publie ce jour une entrevue du Docteur Riou, addictologue, sur le protoxyde d’azote. On y apprend qu’une proposition de loi au parlement souhaite en interdire (est-ce surprenant ?) la vente. vous noterez comme moi qu’il s’agit d’amateurisme puisque nulle part il n’est fait mention de l’usage du protoxyde d’azote pour votre Prowler. Une proposition de loi est examinée au Parlement pour interdire la vente de protoxyde d’azote aux particuliers. Longtemps considéré comme un produit récréatif peu dangereux, ce « gaz hilarant » inquiète de plus en plus les spécialistes qui voient se multiplier hospitalisations et séquelles parfois graves, comme l’explique le Dr Christophe Riou (service universitaire d’addictologie de Lyon), qui anime depuis novembre la première téléconsultation dédiée aux consommateurs.
LE QUOTIDIEN : Quel constat vous a conduit à mettre en place une téléconsultation dédiée au protoxyde d’azote ?
Dr CHRISTOPHE RIOU : Le protoxyde d’azote est un sujet émergent et préoccupant en neurologie. En 2007, lors du premier rapport conjoint des centres antipoison et d’addictologie, les cas cliniques étaient encore rares avec peu de complications graves. Aujourd’hui, l’usage du protoxyde d’azote (N2O) s’est largement diffusé dans la population générale et le nombre de cas cliniques a été multiplié par 10. Nous recevons de plus en plus en hospitalisation des patients pour des neuropathies et des scléroses combinées de la moelle dues à l’inhalation de protoxyde d’azote et il ne s’agit là que de la partie émergée de l’iceberg.
Nous avons créé une téléconsultation car nous voulons avant tout repérer les consommateurs plus tôt, avant qu’ils ne souffrent de troubles neurologiques fonctionnels importants. Nous avons en effet constaté que ces patients consultent très tardivement. Or il existe des premiers signes qui doivent faire (télé) consulter. Nous avons déjà reçu quelques appels, soit de patients, soit de leurs familles. Nous essayons de procéder à une première évaluation et de les pousser à consulter.
Le protoxyde d’azote n’était, à l’origine, pas considéré comme un produit addictif. Qu’en est-il aujourd’hui ?
D’un point de vue pharmacologique, il n’y a pas de craving très net, mais l’addiction ne se résume pas à cela ! Il y a 11 critères addictifs dans le DSM V, et des majeurs sont retrouvés pour le protoxyde d’azote : consommation compulsive, tolérance, poursuite malgré les risques, utilisation en situation à risque et continue, conséquences sociales/légales.
Malgré l’interdiction de vente aux mineurs, le public est resté jeune, 22 ans en moyenne, avec une population mineure davantage féminine. L’offre s’est adaptée : on est passé des petites capsules des siphons à Chantilly à des bouteilles de 650 g puis 2 kg, avec un marketing décomplexé orienté vers l’usage détourné qui a pignon sur rue. Cette augmentation de volume est un signe indéniable de tolérance. Des sites proposent même du protoxyde d’azote aromatisé.
La progression des symptômes se résume par l’acronyme PIF : picotements, instabilité, faiblesse
Quelles sont les conséquences neurologiques de l’inhalation de protoxyde d’azote ?
Le protoxyde fait en deux ans les mêmes dégâts neurologiques que l’alcool en dix ans, voire plus. Le protoxyde a deux actions : l’une psychoactive recherchée par les amateurs et une autre toxique par destruction de la vitamine B12.
La conséquence est une démyélinisation qui touche en premier les neurones les plus longs, c’est-à-dire ceux des membres inférieurs. Cela touche au départ les neurones sensitifs, proprioceptifs puis moteurs. La progression des symptômes se résume par l’acronyme PIF : picotements, instabilité, faiblesse. L’atteinte neurale est en fait globale et nous constatons un déclin cognitif associé. Les tableaux classiques sont une polyneuropathie ou une sclérose combinée de la moelle. Mais il existe aussi des atteintes hématologiques et un risque thromboembolique.
L’atteinte médullaire semble arriver secondairement, lorsque la consommation de N2O est chronique depuis plus de six mois. Nous identifions deux tendances : la consommation dépressive cachée à raison d’une bouteille par soir ou la maxi- festive faite de quatre à cinq bombonnes les vendredis et samedis.
Les consommateurs d’héroïne et de protoxyde ont des profils différents. Chez les héroïnomanes, la démarche cognitive de survie, de planification vers le produit est persistante : le cerveau bouillonne. À l’inverse, ceux consommant du protoxyde sont progressivement apathiques et indifférents. Les causes de ce déclin cognitif font l’objet d’un débat entre ceux qui l’attribuent à un trouble psychiatrique et ceux qui, comme moi, y voient un neurotrouble.
Quant aux mécanismes d’action, plusieurs équipes ont mené des études sur le sujet (1 et 2) mais ce n’est pas encore très clair. Certains considèrent le protoxyde d’azote comme un agoniste opioïde partiel, d’autres rapportent un effet antagoniste des récepteurs NMDA, induisant une désinhibition de la dopamine.
Existe-t-il des marqueurs biologiques du risque neurologique ?
Il n’existe pas de test diagnostique certain d’intoxication au protoxyde d’azote. Il ne faut pas se fier au dosage de la B12 car l’hypovitaminose n’est pas systématique. En revanche l’accumulation dans le sang d’homocystéine et d’acide méthylmalonique (normalement consommé dans la voie enzymatique dépendante de la B12) pourrait être intéressante. Dans une série de 326 patients (3), des neurologues avaient observé que des taux d’homocystéine très élevés étaient associés à un risque accru d’évènements veineux et artériels.
L’examen clinique est également important : les paresthésies, l’ataxie, la perte de force motrice et les troubles vésicosphinctériens sont des signes évocateurs. Un électromyogramme peut par ailleurs révéler une polyneuropathie sensitivomotrice. Retenez cependant que, dans les publications, 30 % des IRM et des électromyogrammes sont normaux malgré les symptômes cliniques.
Quelle prise en charge proposer ? Existe-t-il des traitements de substitution ?
La prise en charge implique addictologues, neurologues et rééducateurs. Elle n’est pas facile car certains usagers sont compliants aux soins et d’autres beaucoup moins, notamment ceux ayant une pathologie psychiatrique émergente.
Sur le plan pratique, les patients pourraient être classés en trois zones de risque. En zone verte, se trouvent ceux qui consomment de temps en temps, une fois par mois en soirée ; ils sont asymptomatiques et dans la contemplation. En zone orange, il y a ceux qui consomment régulièrement pour se détendre et qui rapportent des symptômes transitoires comme des picotements dans les mains ; ce sont ceux-là les plus importants à détecter car une prise en charge précoce permet d’éviter la zone rouge. Cette dernière correspond à ceux qui ont une consommation majeure avec des signes cliniques installés.
Dans le service de liaison en addictologie, plusieurs jeunes adultes « rouges » présentent des complications graves telles que des scléroses combinées de la moelle, des polynévrites voire un accident vasculaire cérébral comme chez un jeune de 20 ans qui cumulait les facteurs de risque (obésité, tabac et protoxyde d’azote).
Pour les patients les plus sévèrement atteints, il faut un arrêt immédiat, total et prolongé de la consommation. Contrairement aux croyances qui circulent sur Internet, l’automédication par supplémentation de B12 ne prévient pas les complications si elle ne s’accompagne pas d’un arrêt de la consommation. La littérature rapporte quatre cas de sclérose de la moelle chez des patients supplémentés qui poursuivaient leur consommation.
Il n’existe pas de traitement de substitution spécifique, mais une prise en charge médicale reste possible. Je propose des neuroleptiques, de l’hydroxyzine pour les petits consommateurs, mais aussi des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine pour traiter la dépression sous-jacente. L’exploration des antécédents est aussi importante. J’ai mis six mois à savoir qu’un patient prenait du méthylphénidate quand il était plus jeune. Sa consommation est le fait d’un TDAH négligé.
Des messages de prévention peuvent aussi réduire les risques d’accident : ne pas inhaler directement à partir de la capsule, ne pas consommer debout, respirer entre les inhalations, ne pas inhaler avant de conduire, ne pas consommer d’autres substances psychoactives, être prêt à appeler les secours en cas d’urgence et connaître les spécialistes à consulter en cas de signes neurologiques.
Pour l’instant, on ne sait pas trop si les symptômes cognitifs sont réversibles, cela reste un domaine émergent. L’existence de lésions réversibles du splénium (Resles), possiblement toxico-induites nous inquiète fortement et il pourrait y avoir aussi des lésions infracliniques persistantes, analogues à celles des victimes de traumatismes crâniens, avec des effets à long terme encore inconnus. Les troubles cognitifs séquellaires sont mal décrits, du fait de la difficulté de suivre les consommateurs sur un temps long.
Quels conseils de repérage donner aux généralistes ?
Quand vous croisez un jeune défavorisé en inquiétude professionnelle, ou tout autre terrain un peu anxieux avec des co-addictions, il faut poser la question de la consommation de protoxyde. De même, un trouble neurologique chez un jeune doit vous faire poser des questions. Un déclin neurocognitif ou affectif, une espèce d’indifférence et de passivité doit alerter.
De manière plus générale, picotements, instabilité, faiblesse des membres chez un consommateur de protoxyde d’azote doit faire classer le patient en zone orange, son stock intraneuronal de B12 est forcément bas !
Après avoir attentivement pris connaissance de tout ce que vous venez de publier, il s’impose de réaliser un examen clinique de mon Prowler qui risque d’avoir de très graves séquelles en suite de l’abus d’Azote. Je vais donc organiser un examen clinique de ma machine pour mieux en connaitre, espérant que l’irrémédiable ne se produise pas durant mon retour à Saint-Tropez. Soyez remercié, Docteur, de votre auto-consultation?