440-Powered 1925 Dodge Brothers Roadster Hot Rod
Je l’aimais trop, j’en rêvais les nuits, et l’occasion s’est représentée. J’ai finalement sauté dessus pour les 26.000$ proposés au lieu des 36.000$ affichés plus frais divers, un viol consenti ! Donc nouvelles photos, nouvel article, nouvelle façon d’appréhender la bête… Dans notre univers tout se tient à perpette… Pour revoir la Bête lors du premier choc, cliquez sur ce lien : https://www.gatsbyonline.com/automobile/hot-rods/hot-rod-dirt-tracker-397060/
Si j’y suis retourné, c’est à cause de la déstabilisation de l’Ukraine via un coup d’Etat organisé par les USA qui a précipité une violente épuration ethnique des zones pro-russes Ukrainiennes par des milices nazies, ce qui a entrainé une opération d’assistance de la Russie, qui a été le prétexte pour les USA de saisir (voler) la moitié des 640 milliards de dollars de réserves d’or et de devises de la Russie. Cet acte de guerre économique a généré d’autres actes de guerre nommés “sanctions” qui a dégénéré en conflit armé qui tourne peu à peu en perspective d’un conflit atomique généralisé entre la Russie alliée à la Chine et aux pays du nouveau Bricks, contre les USA, et l’Europe OTANisée. Cela a incité des pays comme l’Arabie saoudite, la Chine, l’Inde et la Turquie à repenser leur diversification vers d’autres monnaies et à s’allier à la Russie. Le dollar n’est donc plus LA référence utilisée, il plonge dans les abysses y entrainant l’Europe, un cauchemar, avec comme conséquence un “Sauve qui peut” apocalyptique que les merdias occidentaux cachent derrière une surabondance de fake-news de style “BDSM TiVi” qui gonflent et regonflent générant la panique des populations.
En conséquence les valeurs chutent, surtout celle des inutilités, dont les Hot Rods et autres… Dès le début du mois de février 2022, donc avant même que ses troupes n’entrent en Ukraine le 24, Vladimir Poutine n’a cessé de mettre en garde l’OTAN et les États-Unis contre le risque d’une escalade qui déboucherait sur un conflit nucléaire. On s’est lassé en France de ce que l’on a pris pour une menace voilée mais si peu crédible qu’on ne l’a pas prise au sérieux. Du coup, on n’a pas prêté attention à une déclaration du chef du Kremlin faite devant la presse le 9 décembre 2022 annonçant un possible changement de doctrine nucléaire. Jusqu’alors, la doctrine officielle était que la Russie ne recourrait à cette arme que si elle était la cible d’une attaque de même nature, ou si la survie de la nation était en danger. Poutine a alors fait mine de découvrir que l’éventail stratégique américain comportait un volet nommé “préemption” et que la Russie ferait bien de s’en inspirer à son tour. La préemption, c’est le nom de l’attaque dans le domaine nucléaire. Pour apprécier sa singularité, il est bon d’en revenir à logique de la dissuasion qui comporte deux phases : la menace de recourir à des représailles incommensurables si la puissance ennemie franchit une certaine ligne rouge (que l’on ne précise pas) ; ensuite, si la dissuasion a échoué, la décision de mettre cette menace à exécution tombe sans avertissement complémentaire. La France omet de considérer cette éventualité, au motif que la dissuasion ne saurait échouer.
C’est pourtant en ce point que se trouve la pierre d’achoppement de la dissuasion nucléaire, à savoir le caractère prétendument non crédible de la menace de représailles qui la soutient. Si la dissuasion échoue, la puissance attaquée va‑t‑elle prendre le risque de déclencher comme promis une escalade menant à terme à la destruction mutuelle, donc suicidaire ? Faut‑il être fou (ou le prétendre) pour être crédible ? De la réponse à cette question dépend la solidité de l’édifice dissuasif. La préemption ne s’embarrasse pas de cet écueil. Elle fait comme si la première phase était assurée : “l’ennemi a franchi la ligne, ou bien s’il ne l’a pas fait, il s’apprêtait à le faire”. La seconde phase est donc justifiée. Ce qui est en vérité une première attaque se présente comme des représailles. Ce sont des “représailles anticipées”. Quelles que soient les doctrines nucléaires affichées, on peut soutenir que tant les chefs d’État russes qu’américains n’ont jamais exclu de leurs répertoires d’actions la décision de frapper en premier. Cependant, convaincre que l’on est prêt à le faire ne va pas plus de soi que de pratiquer le jeu de la dissuasion. Un problème de crédibilité se pose dans ce cas également. Une première frappe ne sera pas suffisante pour neutraliser l’adversaire et celui-ci conservera une capacité de riposte : il faut donc lui démontrer qu’on saura endurer le coup porté (ride out) et limiter les dommages, donc qu’on restera pleinement capable de riposter à la riposte. Cela peut s’avérer un défi majeur.
Les États-Unis et la Russie ont eu et continuent d’avoir une attitude ambivalente par rapport à un élément de doctrine nucléaire qui a reçu le nom alambiqué et trompeur “d’escalade en vue d’une désescalade”. Leurs hésitations et leur flou à cet égard illustrent le dilemme entre dissuasion et préemption auquel les deux superpuissances nucléaires sont confrontées l’une et l’autre. On trouve déjà l’idée d’une escalade en vue d’une désescalade dans la doctrine de la riposte graduée préconisée par Robert McNamara à partir des années 1960, le concept de guerre nucléaire limitée, celui de “maîtrise de l’escalade” (escalation control), sont autant de variations sur la même idée. La manière la plus simple de la présenter est de la comparer à la logique de la vente aux enchères. On fait monter les prix jusqu’au moment où les autres ne peuvent plus suivre. On augmente progressivement l’intensité des combats avec des forces non nucléaires (dites conventionnelles) jusqu’au moment où le passage à l’étape d’une frappe nucléaire apparaît comme inévitable pour mettre fin au conflit tout en le gagnant : c’est cela, la dite désescalade. Tant les stratèges américains que russes se récrient et récitent le credo de la dissuasion nucléaire : on ne dissuade pas une attaque limitée en rendant hautement crédible une menace de riposte limitée. On la dissuade en maintenant à un niveau modique la probabilité de l’anéantissement mutuel. Il reste que, dans la pratique, l’escalade en vue d’une désescalade continue de tenter les états-majors.
Cette idée est spécialement présente chez les stratèges russes dans leurs débats non officiels. Pour se limiter à une citation : “Nos armes conventionnelles de précision devraient pouvoir infliger des pertes suffisantes dans les forces et les bases de l’OTAN pour conduire celle-ci soit à mettre fin à son agression, soit à la hausser à un niveau maximal de guerre conventionnelle, incluant une offensive avec des forces terrestres. Cela justifierait en retour le recours par la Russie à une première frappe nucléaire par des armements tactiques”. À la question de savoir ce qui explique que depuis le 9 août 1945, aucune bombe atomique n’ait été lâchée sur des populations civiles, la réponse immédiate est de dire : “Cela prouve que la dissuasion a marché”. L’ancien secrétaire à la Défense des présidents Kennedy et Johnson, Robert McNamara, évacuait la question d’un : “Nous avons eu de la chance, juste de la chance, qui a fait que nous n’avons pas eu de guerre nucléaire. Des dizaines de fois durant la Guerre froide et depuis, nous sommes passés à un cheveu du déclenchement de l’horreur”... Or il y a une manière plus radicale de décharger la dissuasion de toute responsabilité dans l’absence de guerre nucléaire durant ces quelque quatre-vingts ans. C’est de montrer qu’elle n’a que très rarement été mise en application. À défaut d’une démonstration, l’épisode suivant, qui eut lieu à l’issue de la crise des missiles de Cuba, est suffisamment suggestif.
Le samedi 27 octobre 1962, un sous-marin soviétique qui croisait dans la mer des Sargasses au nord-est de Cuba, fut repéré et encerclé par le porte-avions américain USS Randolph accompagné de quelques destroyers. Le sous-marin était commandé par le lieutenant de vaisseau Savitsky flanqué de l’officier politique Maslennikov. Les navires américains avaient commencé à envoyer le signal convenu avec l’État-major soviétique pour intimer l’ordre au sous-marin ennemi de remonter à la surface. Simplement, Savitsky n’avait pas été informé de cette convention. Le signal consistant à faire exploser près de la coque des grenades sous-marines, il crut qu’il était véritablement attaqué par les Américains : une première fausse alerte ou erreur de communication dans cette histoire qui allait en comporter plusieurs, de plus en plus tragiques. À bord, les circonstances étaient proprement infernales. La température avait atteint les 50 à 60 degrés Celsius et les hommes tombaient les uns après les autres. Pour comble de malheur, les communications avec l’État-major à Moscou étaient coupées. Savitsky ne savait même pas si la guerre avait commencé ou non. Épuisé, à bout de nerfs, il était sur le point de donner l’ordre de lancer quelques torpilles sur lesquelles étaient montées des ogives nucléaires. Car oui, les sous-marins soviétiques qui croisaient au large de Cuba étaient dotés de bombes atomiques. Mais cela, les Américains ne le savaient pas. Ils l’apprirent seulement quarante ans plus tard.
Savitsky reprenant ses esprits se souvint qu’il lui fallait l’accord de son officier politique pour prendre une décision aussi fatale. Celui-ci acquiesça. Le hasard ou la Providence voulut que ce jour-là se trouvait à bord le capitaine Vasili Alexandrovitch Arkhipov. Bien que de même grade que Savitsky, il était sous les ordres de celui-ci. Mais il était aussi le chef d’État-major de toute la flottille de sous-marins. Savitsky crut de son devoir de recueillir l’avis d’Arkhipov. Celui-ci exprima son désaccord, au motif que Moscou n’avait pas donné son autorisation. L’ordre de tir ne fut pas donné et le sous-marin remonta à la surface. Comprenez donc en suite de cette histoire véridique le meilleur moyen de rendre crédible la menace de représailles incommensurables qui fonde la dissuasion, c’est d’en rendre l’exécution automatique. Entendant une telle histoire, il est difficile de ne pas se demander ce qui se serait passé si l’un de ces éléments s’était déroulé autrement. Une chaîne de propositions contrefactuelles se présente immédiatement à l’esprit. Si Arkhipov ne s’était pas trouvé dans ce sous-marin en difficulté mais dans un autre sous-marin, il est hautement probable que Savitsky eût donné l’ordre de tir. Le porte-avions USS Randolph et ses destroyers auraient sauté dans une explosion nucléaire terrifiante. Le commandement américain, persuadé qu’il n’y avait pas de charge atomique dans les sous-marins soviétiques, en aurait inféré que l’attaque venait de Cuba. Le Président Kennedy avait fait savoir dès le 22 octobre que si une telle chose se produisait, l’Amérique lancerait une attaque nucléaire totale sur l’Union soviétique.
Il est facile d’imaginer la suite. Dans le monde réel, la crise fut résolue le lendemain. Chacun des chaînons de cette suite d’inférences se rapporte à un événement ou un état de fait contingent : il eût pu ne pas se produire ou être différent. Mais le plus fragile dans ce récit, le plus choquant, est que le commandement américain ne savait pas que les sous-marins soviétiques étaient équipés de torpilles nucléaires. Non pas que le renseignement américain fût défaillant. Il l’était, c’est évident. Mais l’étonnant, c’est que les Soviétiques n’en avaient pas informé les Américains. Si l’arme atomique était vraiment une arme de dissuasion, ç’eût été la moindre des choses de faire savoir à l’ennemi qu’on la possédait et qu’on était prêt à en faire usage. Nul doute que le porte-avions USS Randolph eût été alors plus prudent dans son approche du sous-marin soviétique. L’oubli de communiquer une information cruciale de cette importance fait immédiatement penser au “Dr. Strangelove”, le film de Stanley Kubrick de 1964 dans lequel apparaît le concept de “machine apocalyptique”. L’idée est simple, sur le papier du moins. Le meilleur moyen de rendre crédible la menace de représailles incommensurables qui fonde la dissuasion, c’est d’en rendre l’exécution automatique. Finis les dilemmes éthiques et stratégiques qui ont tant tourmenté des chefs d’État, de Kennedy à Giscard. D’une certaine façon, c’est celui qui tire en premier qui est responsable de l’holocauste qui s’ensuit puisque la réponse n’est pas humaine. Dans le film de Kubrick, les Soviétiques ont inventé une machine qui détruirait immédiatement toute vie humaine sur Terre en réponse à une première frappe américaine.
Le problème, c’est qu’ils n’ont pas (encore) informé les Américains de son existence quand l’histoire commence. Or un colonel illuminé a déjà sans autorisation et sans retour possible lancé un B52 armé de bombes “H” en direction de la Sibérie. “Loin d’être une parodie, ce film est un documentaire”, a pu récemment dire un membre du centre de recherches stratégiques de Stanford, le CISAC. Ce que Martin Hellman, titulaire de la médaille Alan Turing, entend à travers cette phrase, c’est que durant la Guerre froide, tout comme aujourd’hui, les parties en présence ne révèlent pas toutes leurs cartes, ce que la logique de dissuasion devrait pourtant impliquer. La puissance inouïe de la bombe atomique n’est-elle pas une raison suffisante pour dissuader quiconque de même songer à l’utiliser ? Qui pourrait avoir intérêt à déclencher une escalade dont tous sortiraient vaincus ? Ces idées, par lesquelles j’ai débuté ce texte, ont toujours été présentes depuis 1945 et elles conservent une puissance de conviction indéniable. De fait, on a cherché à réduire tant la puissance des armes que la portée des missiles qui les acheminent dans l’espoir de rapprocher les dévastations produites par un conflit nucléaire de celles dont une guerre traditionnelle est capable, avant de comprendre que ce sont au contraire ces armes et ces missiles, que l’on dit “tactiques”, qu’il faut bannir. Leur faible puissance toute relative incite en effet à les employer sur le champ de bataille, comme on le ferait avec un armement classique, ce qui revient à mettre le pied dans l’engrenage nucléaire dont on peut montrer, par un raisonnement a priori qu’il a vocation à monter aux extrêmes, c’est-à-dire l’anéantissement mutuel.
Or voici ces armements tactiques plus que jamais de retour avec la guerre en Ukraine. Le 25 mars 2023, un peu plus d’un an après le début de l’invasion et après avoir agité la menace nucléaire à de multiples reprises, Vladimir Poutine a déclaré que la Russie allait positionner des armes nucléaires “tactiques” au Bélarus, sur le territoire de son allié Loukachenko. Il s’est empressé d’ajouter : “Il n’y a rien d’inhabituel ici : les États-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés”. Les 1er et 2 février 2019, un double événement s’était produit, inaperçu de l’opinion publique, en France en tout cas, dont les événements actuels sont en bonne part issus. Les chefs d’État Trump, d’abord, Poutine le lendemain, ont annoncé qu’ils allaient se désengager d’un traité, signé en 1987 à Washington par leurs prédécesseurs Ronald Reagan et Mikhail Gorbatchev, par lequel les deux signataires éliminaient de leurs arsenaux respectifs tous les missiles de croisière et balistiques lancés depuis le sol et ayant une portée se situant entre 500 et 5.500 km. Ce traité avait pour nom trompeur “INF” (pour “Intermediate-Range Nuclear Forces”, soit “Forces Nucléaires de Portée Intermédiaire”). Gravement trompeur, car il ne contraignait pas les armes nucléaires, mais bien un certain type de missiles, qu’ils comportent une ogive nucléaire ou non.
Le retrait américain est devenu officiel le 2 août 2019. Avec la fin de la Guerre froide, en 1989, on a assisté à une inversion spectaculaire des rapports de force entre Washington et Moscou en ce qui concerne le partage entre armes nucléaires et armes conventionnelles. Avant 1989, la supériorité de l’Union Soviétique en armes conventionnelles était manifeste et les États-Unis cherchaient à compenser leur retard en développant leur arsenal nucléaire. Après l’effondrement de l’URSS, le Pentagone, fier de la victoire du “monde libre”, c’est-à-dire des démocraties libérales et des économies de marché, s’est intéressé à autre chose, par exemple à des conflits régionaux pour lesquels des armes conventionnelles se montraient plus efficaces que ne le seraient des bombes atomiques. Dans le même temps, Poutine en Russie, mieux et plus avisé, développait son arsenal nucléaire… Ce n’est pas le nucléaire en général que Washington a relativement négligé, c’est surtout le nucléaire tactique. La doctrine était : “Armes conventionnelles sur les champs de bataille régionaux” et, si “l’escalade en vue d’une désescalade” l’imposait, c’était le recours à des armes nucléaires stratégiques portées par leurs ICBM. En 2023, l’Amérique n’a plus en Europe qu’une centaine d’ogives nucléaires tactiques réparties sur cinq pays : l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, l’Italie et la Turquie. La Russie en a, elle, cinquante fois plus.
Ce contexte étant donné, comment ont réagi en 2019 les deux superpuissances nucléaires à leur rejet mutuel du traité INF ? Ce traité, rappelons-le, imposait une contrainte sur les missiles, qu’ils portent des ogives nucléaires ou non. Les États-Unis et l’OTAN ont immédiatement vu l’opportunité dont ils disposaient désormais de placer des missiles de faible et moyenne portée mais à charge non nucléaire en Europe. C’était sans compter sur la réponse russe. Celle-ci fut réitérée plusieurs fois, Poutine demandant aux États-Unis et à l’OTAN d’imposer un moratoire sur le déploiement de tels missiles à charge nucléaire en Europe. Cette demande est restée lettre morte. Un point technique a ici une importance considérable : il est impossible de déterminer avant qu’il atteigne sa cible si un missile balistique porte une ogive nucléaire ou non. Devant cette indétermination, la Russie a choisi de traiter tout missile qui s’approche de son territoire comme une attaque nucléaire. C’est, selon sa doctrine affichée, un motif suffisant pour qu’elle lance ses propres missiles nucléaires avant même que les missiles ennemis touchent son sol. Ceci ne peut que faire réfléchir l’Amérique à deux fois, elle qui pensait avoir le champ libre pour déployer de nouveau ses missiles en Europe, conventionnels et nucléaires. Tout cela se passait juste avant que Poutine décide d’envahir l’Ukraine. Si cette analyse a fait presque entièrement l’impasse sur la dimension géopolitique de la question, c’est qu’il s’est agi d’insister sur la puissance décisive de l’outil, en l’occurrence l’outil de destruction : l’arme atomique. Sur ce point, la Russie est Maître du jeu !
L’outil n’est pas neutre, il ne fait pas le bien ou le mal selon les intentions de ceux qui le manient. Car si une guerre nucléaire devait se déclencher en Europe, le responsable en dernière instance ne serait ni Poutine, ni Zemlinsky, ni Biden, ni l’OTAN, mais bien l’arme atomique elle-même et sa puissance démesurée. C’est ce que sentent confusément les protagonistes du drame qui est en train de se jouer, comme en témoigne la prudence extrême avec laquelle ils avancent leurs pions, non sans contradictions ni une bonne dose d’hypocrisie. Ces faux-semblants et ce mensonge collectif à soi-même sont sans doute nécessaires pour éviter la catastrophe. Ce jeu de dupes peut-il durer indéfiniment ? Un geste maladroit de l’un ou de l’autre peut suffire à faire basculer la fiction dans l’horreur de la réalité… Le 24 janvier 2023 dernier, les gestionnaires de la Doomsday Clock (ou horloge du jugement dernier) ont de décider de placer sa seule aiguille à 90 secondes de minuit, minuit étant par convention le moment où l’humanité s’anéantira elle-même, soit le plus près de ce moment depuis le début de l’ère nucléaire. Cette horloge virtuelle a été mise en place en 1947 par un groupe de physiciens atomiques, dont Albert Einstein, lesquels, choqués par le largage des bombes sur Hiroshima et Nagasaki, lancèrent le Bulletin of the Atomic Scientists. Depuis lors, l’aiguille a été avancée et retardée une trentaine de fois. C’est en 1953, lorsque l’Amérique et l’Union soviétique testèrent la bombe à hydrogène à neuf mois d’intervalle l’une de l’autre que l’aiguille se rapprocha le plus de minuit, à 2 minutes seulement. Cet intervalle s’est réduit. Nous sommes aujourd’hui plus que jamais au bord de l’abîme.
Ce Hot Rod personnalisé qui avait été vendu plus de 60.000 dollars il y a quelques années, a, du fait de l’opération spéciale des troupes Russes dans le DonBass été annoncé à 36.000$ puis me proposé pour 26.000$… Je n’avais pas sauté sur l’occasion, mais j’ai finalement accepté l’offre quelques mois plus tard. C’était toujours le même Hot-Rod vert, basé sur la carrosserie et le châssis d’une voiture de tourisme Dodge Brothers de 1925, qui a été modifiée avec un capot allongé comportant des “louvers” (persiennes), un châssis raccourci et retourné peint en jaune, avec des suspensions et un montage d’essieux inversés. La voiture est propulsée par un V8 440ci jumelé à une transmission automatique à trois vitesses. Le Hot Rod a été peint en vert clair sur une sellerie bordeaux. L’équipement comprend une capote amovible, un pare-brise à charnière, un tachymètre monté sur le capot, des ressorts à lames gainés de cuir, des roues en acier de 20po couleur de la carrosserie avec pneus à flancs blancs et des étriers de frein Wilwood. Le V8 440ci provient d’une Dodge 1967 et dispose d’un carburateur à quatre corps, de cache-soupapes Moroso. La puissance est envoyée aux roues arrière par l’intermédiaire d’une transmission automatique TorqueFlite 727 à trois vitesses. On m’avait rencardé sur un “scoop” de cinquième main, l’existence d’un Hot-Rod spécial qui allait être présenté en première universelle dans une concentration-concentrationnaire qui se déroulait dans un recoin des USA, en même temps qu’une course de Dragsters “Dirt-Track”, sur terre, un bazar-machin poussiéreux réservé aux inconditionnel(e)s… J’y suis allé voir…
Tout cela allait m’offrir une nouvelle expérience des folies inhumaines… Un Chinois à la con a écrit que l’expérience est une lanterne qu’on porte dans son dos et qui n’éclaire que le passé, pour ma part, d’expériences diverses, je pense que vivre, c’est arpenter un tapis roulant allant en sens inverse de son déplacement. Ce qu’on peut espérer de mieux, c’est de pas trop reculer, car se maintenir est une victoire… Mais avancer est une utopie, surtout si les forces déclinent… Et le moment vient, inévitablement, où on se retrouve à la case départ, la gueule déjà barbouillée de mort. Cela écrit, il n’y a pas de quoi s’affoler ! Je réfléchissais à ça dans le car Greenwood climatisé qui roulait peinardement. L’horizon s’élargissait au fur et à mesure du temps passé à rouler, sinistre et magnifique à la fois, les terres alentours étaient plus glabres que la chaglatte d’une vieillarde et puis on a ralenti et le car s’est payé un majestueux arc de cercle avant de se ranger entre deux monstres de son espèce. Les touristes pullulaient : des Japs blêmes, des Scandinaves trop blonds, des Teutons trop gras dont les femelles portaient des culottes de cheval consécutives aux excès de lard fumé… C’était un ramassis de glandus, nantis de coups de soleil et de chapeaux de toile ridicules, coltinant un matériel photo qui achevait de les enconner, la horde habituelle ! Installé sur le siège proche de la porte, je fus le premier à poser le pied sur terre, le soleil tapait durement, un vieux larbin de l’organisation de la manifestation a rameuté tout le monde et nous a entraîné en direction d’un cabanon ou l’ancêtre s’est mis à expliquer ce qui allait se dérouler.
Un rien théâtral il était fier de ses explications (dont je n’ai rien saisi), comme d’un exploit physique que lui seul réussissait… Tout juste s’il n’attendait pas des ovations… Il s’est résigné à enfouiller quelques pourliches parcimonieux, puis, d’un geste autoritaire, nous a embarqué un peu plus loin. Un sourd grondement nous est alors parvenu, de plus en plus fort… et un Hot-Rod a jailli comme vers le ciel avant de retomber à coté du groupe hétérogène que nous formions, l’assistance a crié de surprise, de peur peut-être aussi ! Une ravissante jeune fille accompagnant son père paralysé, a eu un élan de frayeur et s’est blottie contre mon épaule, mais aussitôt, elle s’est écartée, confuse.
— “Excusez-moi !” balbutia-t-elle avec un délicieux accent russe…
— “Tout le plaisir a été pour moi”, j’y ai rétorqué dans un français se la jouant entre l’inflexion dauphinoise et l’intonation parisienne… En pleine choucroute, le conducteur-pilote du Hot-Rod n’avait pas l’air tellement vieux, mais il avait dû morfler un court-jus dans le cigare qui le faisait patauger du bulbe, ce mec avait dû être quelqu’un de bien, ça se distinguait encore sur ses traits, cheveux bruns, grisonnants aux tempes, yeux de Delft, pommettes longtemps encaustiquées à l’aquavit, dommage qu’il paraissait en pleine crise de décroissance !
On clapait morne dans cette ambiance lamentable de touristes au rabais, toujours soucieux d’obtenir le maximum en échange du minimum… Je guignais sans déplaisir la demoiselle au papa déjanté, si blonde et bronzée, j’imaginais son corps gracieux, peint aux bains de soleil, mais bon, stop… J’allais pas me mettre à goder avec une tranche d’animal mort, je me morigénais, j’ébullitionnais du bulbe, trépignais de la bistougne, la trempe-trempe, ça devenait systématique, à la longue, j’aurais pu tenter de faire un usage différent de ma vie, me consacrer aux autres, aller au secours des populations sous-alimentées du tiers monde, m’occuper de jeunes (et jolies) délinquantes. L’homme de bonne volonté trouve toujours à s’employer, à force de copuler, on fini par se vider l’âme plus vite que les bourses. Je pourrais en ce sens vous interpréter le rôle intéressant du Hot-Rodder éperdu d’amour découvrant le Saint-Graal qu’était ce Hot-Rod Dirt-Track “verdache” immatriculé “UNDERSLUNG” : j’aurais du, auquel cas, pleurer de bonheur sur mon clavier d’ordinateur… J’aurais ensuite déchiqueté un mouchoir à belles dents, me tordant les mains, et autres simagrées de même style : au lieu de ça, je suis resté digne dans mes souvenirs “zémus”… J’ai tiré mon calepin à couvrante de moleskine pour prendre des notes. On n’en trouvait pratiquement plus dans le commerce, on n’en trouve d’ailleurs maintenant plus du tout, mais j’en ai tout un stock qui me vient de mon pépé, lequel adorait faire des réserves.
Il accumulait les trucs les plus insensés, des crayons, des trombones de toutes les tailles, des cornes à chaussures, des crochets “X”, des savonnettes Gibbs, des brosses à dents, que sais-je encore ? Il avait un côté écureuil, mon pépé, des marottes lui venaient brusquement, un besoin de se prémunir contre les vacheries futures de l’existence. II m’avait dit un jour que le temps des calepins allait disparaître et cette perspective lui paraissait intolérable… Alors il a foncé dans une grande papeterie et a acheté tout son stock de calepins ! Dommage qu’il ait disparu si tôt, on aurait sûrement eu des choses à se dire, des connivences somptueuses à établir entre nous, bref, j’ai noté dans le calepin mes ressentis concernant le Saint-Graal que je venais de découvrir… Moi, j’ai fait romancier spécialisé en autos mobiles et particulièrement les Hot-Rods au lieu de cosmonaute, je ne m’en sentais pas capable et quand j’ai vu le retour sur Terre des vaillants pionniers de l’espace, j’ai de suite compris que ces héros étaient pleins de merde dans leur combinaison… Car, rester coincé des jours et des jours et nuits et jours plein de merde dans ces énormes toupies bourrées de fils, de condensateurs, de bidules et de trucmuches avec, à peine discernables dans cet enchevêtrement, deux places pour des cosmonautes, fallait-il avoir des couilles géantes pour oser prendre place là-dedans et se laisser valdinguer dans l’intersidéral, ces héros devaient avoir le cul super irrité, tout rouge/violet sans pouvoir se gratouiller avec leurs gros gants !
Ces gonziers qu’on a déjà oublié les blazes, je les salue bas, devoir supporter tant de merde dans l’espace, c’est un exploit sidéral, ils auront fait du genre humain autre chose qu’un paillasson. Sur leurs calepins ils avaient surement noté des rencards pour la semaine de leur retour, la foi en Dieu peut-être ? Moi, ces places réduites qui les obligeaient à se tenir tête-bêche, recroquevillés à l’extrême, je comprenais pas où ils pouvaient loger leurs gigantesques burnes, les focards de l’espace… Et puis ils en sont revenus, ils ont, depuis, fait des gosses, pris du ventre, regardé des débilités à la TV, ils sont rentrés dans l’atmosphère glandue qui est la notre, là que le con prolifère, que se développe le vice et qu’on meurt pour de bon, pas plus avancés qu’avant le déluge ! Notez que l’intérieur d’un Hot-Rod c’est presque pareil qu’une capsule spatiale, y a pas de place pour les jambes, les couilles sont compressées, l’air est irrespirable, faut espérer ne pas avoir de crampes et prier pour qu’on puisse en sortir vivant… De plus, lorsqu’on arrive en Hot-Rod dans une fumiste concentration concentrationnaire, on a quasi les mêmes sensations qu’Amstrong posant ses pieds sur la lune (Amstrong le cosmonaute, pas le coureur cycliste), on se demande ce qu’on est venu f… là… car dans les concentrations concentrationnaires, qui sait y faire avec les femmes ? Embroqué à fond de couilles dans les cagoinsses, ça manque de poésie, mais dans les cas d’urgence, le décor n’a plus la moindre importance, j’ai d’ailleurs connu une Hot-Roddeuse nymphomane qui à ma vue s’est direct déslipée, puis s’est accrochée à mon cou, et a placé ses admirables jambes autour de ma taille.
Je l’ai promenée d’un mur à l’autre des toilettes jusqu’au moment ou je ne sais plus qui est entré because sa prostate… Oui, ça le taraudait… et quand il m’a vu en train de bien faire, il a ouvert la bouche pour un cri de surprise qui n’est pas sorti, par contre, il s’est licebroqué une grande giclette dans le falzoche, puis, discret, il est ressorti… La Hot-Roddeuse pendant ce temps d’éternité tentait de ne pas crier, mais lorsque je lui ai eu déposé le bord des fesses sur le lavabo pour pouvoir y aller plein gaz, ç’a été trop intense et elle s’est mise à appeler sa maman sur l’air impérissable de la Marseillaise. Je tente, en écrivant tout ceci de dresser un catalogue raisonné de ces jolies greluches adeptes du Hot-Rodding, mais y en a trop, toutes bien ronflantes du Pétrus et salopiote de bon ton, par contre, en comparaison, les pétasses des réunions de voitures classieuses, c’est autre chose… C’est pas que les culbuter qui importe, c’est le style, même si elles sont trop bien sapées pour les étreintes forestières, y a toujours la manière, la frénésie aidant, on peut arriver à les embrocher et embourber, mais c’est exceptionnel… A la rigueur extrême, on y arrive pendant que leur mari (qui à la calvitie étincelante), se trouve avec d’autres semblables occupés à se congratuler à tour de rôle, se pâmant de vanité de recevoir quelques derniers lauriers façon sacre de Napo avec remise en fanfare d’une coupe en fer blanc en hommage d’avoir gagné la catégorie de la bagnole la plus chère du concours d’élégance, son auditoire gémissant trop fort d’obséquiosités indicibles pour qu’il puisse percevoir le chant du fade de sa merveilleuse occupée à jouir…
Les pétasses “de la haute”, donc, elles préfèrent s’encanailler dans un hôtel chic et cher, histoire d’ajouter des sensations : voire à l’arrière d’une Rolls ou d’une Bentley, mais elles restent très mode, elles pratiquent la baise haute couture, une habitude priseuse des manies de leur vieux pépère qui ne baise plus qu’avec la langue depuis longtemps…, Excepté dans des occases rarissimes, les soirs de gala, ou les coïts relèvent de la légitime défense après une longue préparation d’artillerie, si bien que le cocufiage n’est en réalité que de l’assistance à personne en danger. Avec les Hot-Roddeuses, par contre, on peut leur flanquer la grande seringuée cosaque dans un buisson ardent, derrière un arbre ou dans un cabanon en ruine… Le genre de seringuée telle qu’on n’en a plus revu depuis la chute des Romanoff… Les cris deviennent alors stridents, mais, après, une fois le désir assouvi, que ce soit avec elles ou avec des “de la haute”, ne reste plus que le ressenti d’un vide cacateux ! Bref… J’en reviens au sujet de cette chronique : ma découverte du Saint-Graal des Hot-Rods Dirt-Track ! Je respirais donc les vapeurs d’essence avec volupté, lorsqu’une dame m’a interpellé, elle était entrée dans la catégorie des encombrants (des “encombrantes” aussi), de ceux et celles dont la famille attend le décanillage définitif pour palper l’héritage, elle était donc parcheminée époque moyen-âge ancien (très) et une sorte de dais en toile lui assurait un poil d’ombre afin qu’elle n’entre pas en auto-combustion…
— “Vous vous intéressez aux Hot-Rods ?”…, m’a t’elle dit avec un délicieux accent méridional.
— “Un peu !” ai-je roucoulé, charmeur…,“Chère compatriote, puis-je vous demander pourquoi vous êtes là, si loin de votre Provence, dans ce bled étouffant des Etats-Unis d’Amérique, dans cette atmosphère chaude et puante ?”…
— “C’est rapport à mon mari, j’ai une entorse et du mal à me déplacer, alors je suis restée ici pendant qu’il fait le tour des lieux”…
Soupir profond et long de cette dame aux jambes sédentaires… Il ne faut jamais s’attarder en ce bas monde, quand on devient gênant pour l’entourage… Il faut en effet savoir se retirer dans un mouroir ou enjamber le parapet d’un pont sous lequel coulent les amours anciennes, tout le monde vous en sera gré, en ce sens, j’ai fait un sourire tendre à la Mémé, j’aurais voulu lui offrir un bouquet de violettes, ou un petit cadeau à trois balles, histoire de lui faire savoir qu’elle n’était pas seule en plein cagnard, mais à quoi bon ? A ce stade de mon récit, ô lecteur frappé de constipation chronique et de gonflement gazeux dans le tissu cellulaire, il est louable que je te révèle l’objet de cette chronique, oui, je te tutoie exceptionnellement… Ce n’est pas pour pratiquer un tourisme de masse que je suis venu dans ce bled, mais pour tenter de combattre l’un des fléaux de la planète et que ce “thon” théâtral ne te paraisse point excessif…
Tu vas croire, mon Popu, que je romance, que je fantômasse… et pourtant, ce que je déclare ici est la sous-expression de la vérité, la certitude qu’un esprit démoniaque étend sa toile d’araignée sur le monde… A voir les Hot-Rods tourner en rond, je me suis dit que les objets les plus neufs sont des épaves en puissance, je me philosophais cette pensée en matant les bedonnants et variqueux, imaginant leur oignon douteux, leur sexe suintant, toutes leurs saloperies mal gérées, me sentant cruellement moi-même organique et propagateur de sanies, en fait, j’observais la foule au forfait tirant partie de cet Eden… et songeais qu’après une longue immersion dans la médiocrité, je prendrai un pied éléphantesque dans un restaurant “chic” où j’irai attaquer mon éternité. Ces Hot-Rods sont trop exigus pour qu’on y puisse tirer un coup convenable sans excès de souplesse et d’ingéniosité, je l’ai écrit ci-avant, mais je me répète à dessein, même une nanana voulant jouer à la femme-serpent, après le coup de rapière, y aurait plus mèche de la rectifier, de lui supprimer ses crampes, qui lui forcent à conserver une position d’acrobate ayant raté son numéro, il faudrait des heures pour arriver à la dénouer, avec les sévices d’un mécanicien pervers, pour démonter les sièges et la masser tout en lui glissant le médius dans la grotte des mille merveilles, il serait ravi de l’aubaine, le reste de la journée, il (le mécanicien) ferait sentir ses doigts à ses potes en affirmant que sans les aubaines que le ciel nous accorde, le monde ne serait pas existable.
Puisqu’il est question de grotte des mille merveilles, sachez que tout souterrain recèle un mystère car il représente une anomalie géologique, notre planète est faite pour rester dure et compacte, qu’elle abrite en ses profondeurs (lieu présumé des enfers) des galeries au cheminements bizarres, assez semblables à celui des vers dans les fruits, nous déconcerte… et aussi nous effraie, nous les hommes, aussi, besognons-nous silencieusement dans l’interminable terrier, tantôt aisément, parfois non, car rechercher le poing sensible pour elle et le point sensible pour nous, reste parfois aléatoire… Faut ensuite se restaurer, la machine réclame, c’est ce qui nous perd, mais aussi nous sauve, nous les bipèdes pensants. C’est cette nécessité d’ingurgiter périodiquement des calories, après les plus extraordinaires jouissances et orgasmes, dans les pires désespoirs aussi, refusant la vie, mais finissant par accepter un casse-dalle, sandwiche-rillettes ou jambon-beurre, en cas de grands désespoirs : tu te suicides, ou bien tu bouffes. Combien en ai-je connu, des peines de cœur, qui capotaient dans le foie gras et la caille aux raisins, la tortore a réconforté davantage d’amants trahis que la ciguë n’en a tués, meurs ou mange, là est l’unique question ! Le Hot-Rod Trackster’T’23 avec sa curieuse allure de baignoire à roulettes, m’attendait donc sagement sous le soleil, splendide. J’en suis tombé immédiatement amoureux, tellement la forme générale était belle, curieuse et très bien proportionnée, la bête était en train de rôtir au soleil lorsque je m’en suis approché. (à propos de Dirt-Track, mon fidèle dico m’a révélé que Dirt voulait dire poussière et que Track voulait dire piste).
Quelle superbe bête, la ligne de caisse m’arrivait à la ceinture, J’ai enjambé la portière en un ciseau olympique plutôt que de l’ouvrir comme une simple portière de voiture, je ne sais pas, mais ça m’a semblé naturel… C’est le genre de voiture qui n’avait pas besoin de portières ! Installé derrière le volant, j’ai détaillé le tableau en me disant qu’à part le compte-tours, je ne devais pas regarder grand-chose d’autre que la route devant moi ! Les jambes repliées en grenouille, presque accroupi, j’avais le volant en travers du ventre, les pédales étaient positionnées de telle façon qu’il me fallait chausser du 28 pour les actionner… Et pire que tout, j’avais le levier de changement de boite, soit en dessous de ma jambe droite, soit contre mes coucougnettes ! “Comment ça se met-y-en marche, ce truc-là ?”… Je n’ai pas trouvé directement la clé de contact, mais un coupe-circuit positionné sur une caissette sur le plancher devant le siège-banquette., un quart de tout à droite vers le bas… et hop ! La pompe à essence électrique s’est mise en marche. J’ai attendu encore quelques secondes pour que se remplissent les cuves du carbu, puis j’ai enfoncé le bouton du démarreur situé juste à côté du coupe-circuit et… Brâaâoum, le bazar a démarré… J’ai vérifié la jauge de pression d’huile pour m’assurer que la culasse était lubrifiée… et effectivement l’aiguille était en plein milieu du cadran, mais elle s’agitait au même rythme que celle du compte-tours.
Après une bonne minute de vroum-vroum pour empêcher le moulin d’étouffer, le ralenti était toujours aussi chaotique ! Je me suis rendu compte qu’il était inutile d’attendre que ça se stabilise, autant chauffer en roulant, je contrôlais le ralenti à la pédale avec le pied droit, le gauche étant sur le frein, il n’y avait pas l’air d’avoir de choke automatique et ce moulin ne tournait pas très rond, j’ai enclenché la vitesse et le bidule a démarré doucement. A 1500 tours, ça tournait rond, très rond même, et j’ai laissé la voiture prendre de la vitesse, étant seul à évoluer, je n’avais pas besoin de me soucier du trafic et ma trajectoire ne gênait personne…, Ah…! C’est qu’il tournait bien, par la suite, ce petit moulin, il lui manquait quelques chevaux pour être vraiment amusant, mais il y avait 300 bourrins quand même, qui attendaient en troupeau bien serrés que je leur laisse la bride sur le cou… J’ai enfoncé la pédale, les pneus arrières se sont mis à cirer et hurler à l’agonie, j’ai entendu un “Bang!”, il y avait plein de fumée partout et le moteur s’est éteint, l’essai était terminé.., j’ai essayé de redémarrer, mais rien à faire, le moteur était noyé, ou explosé, ou pire encore et Nancy est accourue et a hurlé (je traduis) : “C’était bien ? Cool ?”… J’ai répondu que oui, que c’était un essai fabuleux, colossal, envoutant, elle était contente, elle s’est mise à rire en me proposant de l’acheter 26.000 US$ au lieu des 36.000 affichés, j’ai décliné l’offre, ayant déjà mon Hot-Rod Wanderer qui a plus ou moins un look semblable, j’ai dit qu’on se donnerait un coup de fil plus tard, que tout était OK, qu’elle était OK, que j’étais OK… Bref, c’était le bonheur… Et finalement deux mois plus tard j’ai accepté l’offre ! C’est ça l’Amérique !