Hot-Rod 1929 Ford Dick Flint Roadster
Accompagné de son ami John Butler, Dick Flint est au volant de son Hot-Rod 1929 Ford Roadster, en arrêt devant un passage pour piétons. Ils regardent passer une voluptueuse qui feint de les ignorer. John, jouant l’ahuri sexuellement tétanisé fait mine de sauter hors de la voiture espérant que la belle marque une émotion de crainte ou d’admiration. Mais, elle se détourne avec arrogance, ignorant le roadster rouge et snobant les deux boys.
C’est la mise en scène emblématique de la couverture du numéro de mai 1952 du magazine Hot-Rod. Le fondateur de ce magazine, décédé il y a quelques années, Robert E. Petersen, disait se souvenir de toute cette histoire car, grâce à cette photo de couverture qui allait plus loin que les habituelles scènes statiques, ce fut le premier numéro qui s’est vendu à plus d’un demi-million d’exemplaires.
Le Hot-Rod-Roadster de Dick Flint en boutant le feu à leur imaginaire, est ainsi devenu une icône mythique pour les lecteurs de Hot-Rod Magazine. Comme quoi tout ne tient qu’à presque rien en un moment imprévisible. Ce détail de mise en scène a fait que pour la vente “Art of the Automobile” de RM Auctions qui se déroulait à New York le 21 novembre 2013, ce Hot-Rod, lot 125, s’est vendu 577.500 $, y compris le “fee” de l’acheteur !
La conjonction de ces deux choses n’est que le hasard, mais ce n’est que ce hasard qui de manière cyclique remet en scène ce Hot-Rod pour un tour de manège… Il n’y a pas plus, pas moins et c’est tout ce qui en reste et en restera, c’est aussi la raison déraisonnable qui donne une valeur actuellement de plus d’un million d’€uros à ce petit Roadster qui hors de ce sujet, ne se négocierait pas plus de 80.000 Dollars.
La valeur de revente d’un Hot-Rod, dans son monde peuplé de Hot-Rodders Vintage, dépend principalement du constructeur d’origine, de l’apparence/attirance, de son ingénierie, de son histoire, de son authenticité et des publications d’époque qui l’ont consacré. Et quand il s’agit d’évaluer ces voitures, là, personne ne rit, ne se gausse, ne s’esclaffe, tous les facteurs d’évaluation sont essentiels pour rameuter les meilleurs prix du marché. Il n’y a pas beaucoup de Hot-Rods qui cochent toutes les cases “Boni”, mais la voiture Dick Flint en fait partie.
Dick Flint a travaillé au “So-Cal Speed Shop” d’Alex Xydias à Burbank. Membre de la SCTA racing Glendale Sidewinders, il assiste à la première rencontre de Bonneville en 1949, avec l’équipe So-Cal Speed Shop. Pour cette voiture, Flint a récupéré les meilleures pièces de trois carrosseries de roadster modèle “A” pour en fabriquer une. Il a ensuite adapté cette carrosserie sur un châssis de modèle “A” considérablement modifié et a chargé un spécialiste de souder le châssis. L’encadrement en “Z” destiné à abaisser davantage la voiture, était mal fini, mais à cause de son budget limité, Flint c’est contenté avec ce qu’il avait…
La voiture est ensuite allée chez “Valley Custom” à Burbank, en Californie, une carrosserie dirigée par Neil Emory et Clay Jensen. Ils ont re-fabriqué la majeure partie de la carrosserie (3 en une) avec les conseils de Dean Batchelor, un “Dragsterman” sur lacs asséchés et journaliste réputé qui est devenu plus tard le rédacteur en chef du magazine Road&Track. En plus d’un plateau ventral complet, “Valley Custom” a fabriqué le nez et le capot de style voiture de course, avec des “Louvers” inversés et une bulle latérale dégageant le générateur.
Un bon vieux 286ci “têtesplates” a été refait façon “competition” : arbres à cames Winfield Super 1A, pistons “triple rings”, un équilibrage complet, ainsi que des travaux de de polissage. La finition extérieure du moteur était “passablement pas jolie”, mais le bloc fonctionnait super fort. Le tableau de bord en témoigne via une plaquette de chronométrage SCTA attestant que lors d’une course à El Mirage, le Hot-Rod a été chronométré à 143,54 mph.
Flint a couru avec son ’29 aux lacs en 1951, à la fois dans les réunions de la “Russetta Timing Association” et à la fois dans celles de la SCTA. Puis il décidé de tout démonter. La voiture achevée a été présentée dans le numéro de novembre 1951 du magazine “Hop-Up”. 2 ans plus tard, la voiture faisait la du même magazine “Hop-Up” en juin 1953. Galvanisé, il s’est représenté la NHRA pour participer à plusieurs événements et a remporté le 1er prix au fameux “Oakland Roadster Show”, puis au “Third Los Angeles Motorama” de Petersen. Le roadster a été représenté sur l’insigne/badge de la NHRA.
Dick Flint a conservé son Hot-Rod jusqu’en 1961. C’est Duane Kofoed, membre des LA Roadsters, qui l’a acquis. Le Hot-Rod a été photographié et filmé lors de spectacles et de Rod-Runs. Mais le châssis n’a pas tenu bon ! Duane se plaignait que les portes s’ouvraient lorsque la voiture slalomait en virages escarpés. Lorsque Kofoed a démonté le ’29 pour le reconstruire, il a été consterné par le très mauvais état du châssis et il a entreprit des travaux importants (nécessaires) pour rendre le ’29 Roadster totalement correct.
Trente ans plus tard, Don Orosco, pilote vintage et Hot-Rodder, était à la recherche d’un Hot-Rod ’32. Le rédacteur en chef de Rod&Custom magazine, Neal East, a suggéré qu’il pourrait sans doute acquérir pas cher le Roadster ’29 de Kofoed… Don Orosco a donc contacté Kofoed, mais ce n’est qu’après plusieurs années de pourparlers (sic !), qu’il a finalement pu acheter cette voiture ! Malheureusement, Kofoed avait échangé dans les années ’60 le Ford “tête plate” d’origine et la chaîne cinématique Ford, contre un Chevrolet small-block… ainsi qu’un arrière Olds ce qui fait que le châssis s’était affaissé. C’était donc inutilisable !
Orosco a donc fait construire une nouvelle tête plate et un nouveau châssis en utilisant des techniques de construction et des matériaux qui auraient pu être disponibles en 1950-51. “Nous avons examiné le travail d’un certain nombre de gars d’époque, y compris Frank Kurtis”, se souvient Orosco. “Nous voulions encapsuler les méthodes de construction de cette époque dans quelque chose qui aurait pu être fait, si le constructeur avait les compétences requises”.
Le nouveau châssis était solide et fonctionnel – et “légal” selon les règles de restauration du concours de Pebble Beach au moment où la voiture y a été exposée, ce qui a permis une réingénierie judicieuse qui aurait pu être fait lors de la construction de la voiture ! Orosco insiste sur le fait qu’il aurait été moins coûteux de construire la voiture à partir de zéro que de la restaurer. Dick Flint l’a confirmé : “C’était la façon dont je l’aurais fait, si j’avais pu le refaire”.
Le Dick Flint ’29 était l’un des neuf roadsters présents pour la classe historique Hot-Rod au Concours d’élégance de Pebble Beach en 1999. Avec Don Orosco et Dick Flint à bord, le Roadster a fait exploser la foule, il a donc reçu le premier prix de sa catégorie, ainsi que le trophée commémoratif Dean Batchelor parrainé par Ford Motor Company pour le plus important Hot-Rod jamais construit… C’était exagéré, mais aux USA c’est comme ça !
Les Hot-Rods emblématiques commencent tout juste à s’apprécier sérieusement, avec un noyau d’acheteurs prêts à payer des prix ahurissants pour de bonnes voitures avec de bons historiques. Parmi ces voitures se trouvait l’ex-Tom McMullen’32 Ford roadster, qui s’est vendu chez Mecum à Anaheim pour 742.000 $ en novembre 2012. Pour ce que cela vaut, cette voiture avait également un châssis de remplacement…
La somptueuse vente de RM à New York de 62 millions de dollars en novembre avait présenté un casting de voitures “étoilées” et a été la vente de Gotham-City la plus réussie de tous les temps d’alors ! Cette ’29 était la voiture parfaite pour représenter le genre Hot-Rod-Historique aux côtés de Ferrari vintage, de Gullwing Mercedes et autres objets de collection de haut niveau. Le collectionneur Don Bernstein, basé en Pennsylvanie, fut l’acheteur : “J’ai toujours voulu un Hot-Rod”, a-t-il déclaré, “et les chiffres me . Donc j’ai levé la main. Ensuite j’ai payé ce qui me semblait raisonnablepour cette voiture”…
Kirk F. White, qui a acheté et vendu des Hot-Rods historiques pendant des décennies, m’a noté : “La Dick Flint ’29, est un Hot-Rod légendaire ‘à-la-con’ ! Cette voiture est devenue légendaire à cause de la couverture du magazine Hot-Rod ! A bien y penser, c’est grotesque ! La bétise humaine est sans limites ! Des voitures comme celle-ci lorsqu’elles se vendent à de tels prix, entrent dans des collections privées de multimilliardaires, et peu reviendront sur le marché secondaire”…
Magnifiquement restauré, avec une histoire à dormir debout et une provenance complexifiée, ce Hot-Rod Dick Flint ’29 est l’un des plus influents jamais construits ! Cette vente était une opportunité irremplaçable pour qu’l termine au frigo !
2 commentaires
Entre 1961 et 2000, la voiture propriété de Duane Kofoed pendant 30 ans, jusqu’à ce que Don Orosco la rachète, ou bien a-t-elle eu une vie un peu plus trépidante ?
Mon Hot-Tod c’Cab “Novel’T” date du tout début de Chromes&Flammes, soit début des années’80… L’imposition fiscale de 117 millions suite à une délation fiscale mensongère de Michel Hommel par le biais d’un de ses pigistes du mag’Echappement, m’a plongé dans les mêmes soucis qu’actuellement les Oligarques Russes, amenant à leur même réaction de tout planquer ce qui peut l’être avant d’en débattre en Justice. Cela m’a couté cher et m’a fait perdre énormément. J’ai également été volé de beaucoup de “choses” confiées à “des amis”… Bref, me rendant compte des réalités de la vie, la mienne de vie après cela a changé ! Je ne crois plus en rien ni en personne, si ce n’est à de solides analyses et argumentaires et preuves indubitables (et encore, car là-aussi fleurissent les faux tout comme poussent les belles plantes vénéneuses)… Je ne supporte que peu de gens, n’ai quasiment pas d’amis, n’éprouve aucune empathie pour quelle cause que ce soit et, connaissant le dessous des cartes du marché des bagnoles de luxe et de collection, ainsi que le monde des merdias (que des putes), je ne crois en rien d’autre qu’à mes réelles multiples expériences quasi-toutes désastreuses. Et même avec ce “bagage” je me fais parfois encore (un peu avoir) quoique je sais presque d’avance quels mauvais coup on va vouloir me faire… Donc, pour en venir enfin à votre interrogation, après avoir perdu la moitié de mes avoirs d’avant l’imposition d’office, la prescription atteinte, j’ai ressorti mes bagnoles dans une caverne secrète inconnue de toutes et tous et le C’Cab s’y trouve. Il est mien depuis environ 42 ans, je bats le temps du Hot-Rod dont il est question dans l’article sous lequel nous discutons… Je suppose que les deux sont comme des objets décoratifs dans un garage transformé en musée personnel dans lequel personne ne peut venir !
https://www.gatsbyonline.com/automobile/hotrod-c-cab-novel-t-337929/
Commentaires désactivés.