Hot-Rod’33 Deuce Ex-Machina…
Alors qu’en Europe les Kustom-cars, Kit-cars, Réplica-cars, Tuning-cars et autres déviances automobiles (les Van’s) ont été presque totalement éradiqués par les Prescrits U.E. qui interdisent même aux quiconque anciens lecteurs (et lectrices) de Chromes&Flammes d’encore y penser sous peine de terribles sanctions et dont les propriétaires maintenant définis comme étant de dangereux “hors-des-lois” sont poursuivis tels des vampires-zombies, quelques microcosmes de Hot-Roddeurs Franchouillards résistent au sein de groupuscules d’irréductibles qui semblent se noyer dans la désespérance comme dans un verre d’eau. Chaque rarissime nouvelle sortie d’un Hot-Rod ressemble à la redite perpétuelle des précédents. Je m’empare de cette constatation pour la Nième fois et vous dévoile, au risque d’être poursuivi et condamné par la censure, la vision américaine de l’avenir du Hot-Rodding : l’Ex-Machina, un Hot-Rod classico-pré-post-futuriste qui ne soulève pourtant aucune grande question dans la presse ad-hoc moribonde, sur le non-devenir de l’inhumanité. Les Hot-Rods sont maintenant par redéfinition, des Ex-Machina désincarnés, non-humains créant un rapport de distanciation important avec la réalité.
Comme d’autres avant lui, ce Rod “Ex-Machina” se voulait précurseur de la réduction de l’improbable frontière qui le sépare de nous, en lui donnant un look évolutif, ce qui, au hasard de ses expositions a fait naître dans le public un sentiment d’inquiétante étrangeté freudienne sensé établir une connexion cellulaire solidifiée par la possible présence d’une réelle Intelligence Artificielle dans cet engin pourtant issu d’un atelier de construction de Hot-Rods “à-la-chaine”. C’est comme si ce Hot-Rod serait une Pin-up aux viscères électriques, aux ovaires stroboscopiques, au poil juvénile et aux yeux/phares de toutous dociles… Attention toutefois, chers mecs-teurs, c’est un jouet taille réelle pouvant se révéler castrateur ! Ouais, comme toutes les femmes… Cette emprise émotionnelle s’effectue via un téléphone cellulaire intégré dans ce Hot-Rod afin de pouvoir graduellement redéfinir notre manière d’appréhender les Hot-Rods cellulaires robotisés, avatars de nos propres tâtonnements (sic ! et gag !). Donc On peut appeler son Hot-Rod pour lui demander s’il va bien, s’il n’a pas besoin d’huile, de recharger sa batterie et d’aller promener…
Ce Hot-Rod peut aussi appeler son propriétaire : “Hello Patrice, as-tu envie d’aller te balader avec moi pour embarquer une Hot-Rod-Stoppeuse et la baiser à donf dans une usine crade et abandonnée ?”… Rien de mieux pour mieux en connaitre sur ce sujet que de se replonger dans “Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?” de K.Dick qui était déjà passé à niveau supérieur depuis longtemps, la question n’étant plus de savoir si une Intelligence Artificielle (IA) était possible, mais quel regard porterions-nous sur cette évolution, et comment ces robots se regarderaient-ils, et considéreraient-ils leurs “créateurs” ? Voilà un sujet plus bien profond qu’un vulgaire article réalisé par un algorithme-robot se limitant à des légendes-photos-virtuelles. Aurais-je un jour un Hot-Rod T’ranssexuel avec des hanches chromées qui fait tchou-tchou quand je lui tire le sifflet… ? Oh, mais attends mon Popu que j’aime et que j’adore car abonné à mon web-site, réponds d’abord à mes auto-questionnements angoissés ! Suis-je vraiment son mécanicien ? Ce Hot-Rod Ex-Machina est-il voué à se révolter avec rage contre son branleur de propriétaire ?… Allô, Mary Shelley ! On a retrouvé votre machin, ça fait deux siècles qu’il se balade dans nos coursives à fantasmes…
L’intelligence Artificielle (IA) alimente tous les fantasmes et délires, et ce constat ne va pas aller en s’améliorant. Car finalement, l’IA est aussi bien un objet réel que l’on relie volontairement aux ordinateurs, aux téléphones et aux robots, qu’un objet mystique de Science-Fiction. Ce dernier point a suscité de nombreuses évolutions souvent sombres comme “Dark City / Matrix” d’Asimov ou de K. Dick avec “Caprica / Battlestar Galactica”, “2001”, “Alien”, “Humans”, “Real Humans”... Jules Verne avait imaginé des machines autonomes ! Et bien entendu, n’oublions pas Karel Capek avec la fameuse pièce de théâtre “R.U.R.” ou se positionne la première utilisation du mot “robot”... Plus basiquement, le téléphone cellulaire a changé notre façon d’attendre l’avenir et de nous en inquiéter. Il a par exemple bouleversé la poésie des gares, transformé l’essence des quais où nous ne connaissons plus cette bouffée de recherche anxiogène, à la descente des voyageurs/voyageuses, à peu près certains que si celui, celle, que nous espérons voir arriver, avait eu un problème, nous en aurions été avertis. Mais la technologie n’a que le pouvoir de transposer les gammes de l’émotivité, pas celui de les éradiquer.
Désormais, c’est sur le silence du téléphone portable que s’est cristallisée la douleur d’espérer, quand quelqu’un ou ce que nous attendons qu’il nous dise nous manque. Pas de sonnerie familière, aucun signe sur l’écran vide. Et comme il nous faut toujours des mots pour confirmer nos états d’âme, le tapotage fébrile de l’accès à la messagerie apporte la neutralité crispante de cette voix féminine : “Vous n’avez aucun nouveau message”... Il nous faut un peu de mauvaise foi pour trouver que cette formulation est particulièrement cruelle. En quoi la présence de messages envahissants qui ne seraient pas ceux attendus, nous mettraient-ils du baume au cœur ? Pourtant, la formulation négative de la phrase, et surtout la succession des trois mots “aucun-nouveau-message” est plus que glaciale. Elle semble dépasser son apparente objectivité et manifester dans son excès de retenue une volonté sournoise de nous faire souffrir. Message ! Le mot est fort, porteur d’une humanité presque romantique. L’absence de message renvoie par contraste à la sécheresse clinique de notre situation expectante.
Nouveau… Oui, c’est du nouveau que nous attendons, du nouveau que nous voulons expurger de cette boîte diabolique qui nous jette impudemment aux oreilles son refus de créer un autre présent, la seule chose que nous attendons d’elle. Et puis aucun, surtout, aucun nouveau message. Pas la moindre miette de communication qui daignerait glisser vers notre misérable personne. À quoi bon s’acharner ? Nous ne sommes pas plus fort que le silence, et puisqu’on tient à ce qu’on nous le dise avec des mots, nous n’avons aucun nouveau message. Ce Hot-Rod Ex-Machina est comme un robotomobile capable de fonctionner en huis clos truqué. Le PDG et ingénieur fortuné de la société qui fabrique et commercialise ces Hot-Rods, est catégorique en définissant son entreprise consumériste ayant découvert plus que créé un filon juteux : “Grace à cela je suis loin de vivre reclus dans une maison perdue au milieu de la nature qui me servirait de laboratoire d’expérimentation”…. Point du tout, il est bientôt milliardaire et vit dans un paradis (aux USA) entouré de montagnes à perte de vue dans un bunker de luxe incorporé littéralement dans la roche.
Décor grandiose qui rappelle les peintures de Caspar David Friedrich décrivant une nature originelle loin de la folie des hommes. Au milieu de l’éden sauvage, dans cette caverne de verre et de pierre, isolé, il travaille sur la découverte de sa vie : installer une intelligence artificielle dans les Hot-Rods. Génie reclus et démiurge, il arbore une longue barbe et un corps sculpté par l’entraînement physique. Il m’a invité dans son antre pour me présenter le Hot-Rod “Ex-Machina”, sa dernière création ambiguë qui est censée incarner le futur du Hot-Rodding. J’ai cru découvrir un nouveau Prométhée, ce titan qui aurait créé les hommes à partir de boue et fut emprisonné par Zeus après avoir volé le feu sacré des dieux. Dans la Grèce antique, le “Deus ex-machina” était un acteur qui jouait un dieu placé sur une plate-forme mécanique (un artifice), il influait sur les personnages de la pièce… Je me suis amusé de cette manipulation, des références et de l’ampleur de son histoire. Par petites touches, comme celles laissées par le pinceau d’un peintre impressionniste, il m’a laissé devant ses transpirations ésotériques de la mythologie grecque et les enjeux d’un monde où les Hot-Rods cellulaires seraient l’espèce dominante.
Une invention qui apporterait des changements forcément profonds, une problématique liée depuis des temps immémoriaux à l’homme. Au centre de cette toile épurée, mélange de Prométhée et d’Héphaïstos contemporain, il a installé un téléphone connecté aux fonctions électroniques à un Hot-Rod, rappelant une des créations du dieu grec : Pandore. Fabriquée à partir de boue et d’eau pour se venger de Prométhée, elle ouvre finalement cette boîte qui libérera la Guerre, la Maladie, la Vieillesse… Ce Hot-Rod Ex-Machina est également issu de ses inspirations de la philosophie existentialiste, expressionniste et symboliste de Klimt et Pollock dont quelques-unes de leurs œuvres disposent d’emplacements de choix dans le décor de son bureau. Dans sa maison-bunker presque enterré, j’ai soudain eu crainte qu’il contribue à placer l’humanité au bord du précipice… Je l’ai vu comme étant un Frankenstein des temps modernes intelligent, sauvage et pervers ! Il s’en inspire, mais Isaac Asimov doit sa réputation à deux choses, il était de son vivant à la fois l’écrivain de Science-Fiction le plus célèbre au monde et peut-être l’auteur le plus prolifique de l’histoire américaine.
Il en avait d’ailleurs conscience puisqu’il a dit : “Nous voulons tous être connus pour quelque chose, et je commençais à voir qu’il y aurait de fortes chances que j’allais être connu pour le grand nombre de livres que je publierais, et rien d’autre”. L’auteur était également connu pour une deuxième chose, à savoir qu’il avait tendance à tripoter les femmes et se livrait à des formes de contacts indésirables avec d’innombrables, souvent lors de conventions, mais aussi en privé et sur son lieu de travail. Au sein de la communauté de la Science-Fiction, c’était de notoriété publique, et quantité de fans contemporains de cette époque l’ont confirmé. Le nombre d’incidents est inconnu, mais il peut être estimé de manière plausible par centaines et peut donc correspondre ou dépasser la longue liste de livres qu’Asimov a écrit. Il est donc possible d’affirmer que ce comportement n’avait rien d’anecdotique mais faisait partie intégrante de sa personnalité. Jeune homme, il était timide et inexpérimenté, ce qui se devine par l’absence écrasante de personnages féminins dans ses premières œuvres. Il décrit d’ailleurs dans son autobiographie “Moi, Asimov” que sa relation avec sa première femme était sexuellement insatisfaisante.
C’est peu de temps après son mariage que ses doigts commencèrent à vagabonder avec une certaine liberté. Quand il travaillait comme chimiste au Philadelphia Navy Yard pendant la Seconde Guerre mondiale, il aimait par exemple faire claquer la sangle du soutien-gorge des femmes à travers leurs chemisiers : “Une très mauvaise habitude à laquelle je ne peux parfois pas résister encore à ce jour”, se souvenait-il en 1979. Lorsque le dramaturge David Mamet a été interrogé sur sa routine d’écriture par John Lahr dans “The Paris Review”, il a dit : “Je dois le faire, de toute façon. Comme les castors, vous savez. Ils coupent, ils mangent du bois, car s’ils ne le font pas, leurs dents poussent trop et ils meurent”... Asimov se distinguait par un besoin similaire et qui l’a conduit à persister à mesure qu’il gagnait en renommée et qu’il côtoyait de plus en plus de femmes grâce aux événements auxquels il participait. Après la guerre, sa réputation de tripoteur était devenue un sujet de plaisanterie parmi les fans de Science-Fiction. L’écrivain et éditeur Judith Merril a rappelé qu’Asimov était connu dans les années ’40 comme “L’homme aux cent mains” !
Il “se sentait apparemment obligé de lorgner, de reluquer, de tapoter et de draguer comme un acte de sociabilité”... Asimov, connu pour son sens de l’ironie, avait tempéré la chose en décrivant Merril comme “le genre de fille qui, quand son derrière a été tripoté par un homme, tapote l’arrière train du tripoteur”, l’épisode avait laissé à Merril un souvenir bien différent qui a dit : “La troisième ou quatrième fois que sa main tapota mon derrière, je tendis la main pour saisir son entrejambe”… Tout cela était perçu comme de bon aloi, notamment ses interactions avec les femmes une fois que son succès en tant qu’auteur lui avait permis de procéder en toute impunité. Asimov a écrit dans ses mémoires son habitude de serrer dans ses bras toutes les jeunes filles quand il se trouvait dans les bureaux de son éditeur. Habitude vue avec indulgence par des éditeurs tels que Timothy Seldes de Doubleday, qui avait déclaré à l’auteur : “Tout ce que vous voulez faire, c’est charmer et embrasser les filles. Vous êtes le bienvenu pour le faire, Asimov”... En réalité, ces attentions étaient souvent indésirables et les femmes trouvaient des excuses pour s’éloigner du bâtiment chaque fois qu’Asimov y faisait son apparition.
Une fois la célébrité acquise, son comportement lors des conventions devint plus flagrant, comme le rédacteur en chef Edward L. Ferman s’en était rappelé lors un rassemblement de fans à la fin des années 1950 : “Asimov… au lieu de serrer la main de ma compagne, a secoué son sein gauche”... Asimov assumait ses pratiques : “J’embrasse chaque jeune femme qui veut un autographe et j’ai constaté, à mon plus grand plaisir, qu’elles ont tendance à coopérer avec enthousiasme dans cette activité particulière”... Il se défendait en disant qu’il était universellement considéré comme inoffensif tout en écrivant dans son livre prétendument satirique “The Sensuous Dirty Old Man” (1971), que : “La question n’est alors pas de savoir si une fille doit être touchée ou non. La question est simplement de savoir où, quand et comment la toucher”... D’autres hommes soutenaient régulièrement qu’Asimov ne faisait que jouer la comédie. En 1961, l’éditeur et fan Earl Kemp l’invita à donner une pseudo conférence intitulée “Le Pouvoir Positif du Pincement du Postérieur” lors de la convention mondiale de Science-Fiction de Chicago l’année suivante, promettant de fournir quelques postérieurs appropriés à des fins de démonstration.
Asimov avait décliné, mais avait ajouté pour entretenir son personnage qu’il pourrait être persuadé de participer si les postérieurs en question présentaient un intérêt particulièrement convaincant. À noter qu’en parallèle, il se définissait comme féministe. En outre, bon nombre de ces rencontres n’étaient clairement pas consensuelles. Lorsque l’auteur Frederik Pohl dénonça sa tendance à toucher les femmes d’une manière assez caressante, Asimov avait répondu : “C’est comme le vieil adage. On vous gifle beaucoup, mais vous vous couchez aussi beaucoup”, trahissant le fait que cela n’avait rien d’agréable pour les femmes malgré la nonchalance avec laquelle il en parlait. Le biographe d’Asimov, Michael White, indique que la femme d’un ami aurait été pincée lors d’une fête avant de dire : “Bon Dieu, Asimov, pourquoi faites-vous toujours ça ? C’est extrêmement douloureux et d’ailleurs, vous ne vous rendez pas compte, c’est très dégradant”, laissant entendre que la pratique était récurrente. Il existe même une photo prise par Jay Kay Klein lors d’une convention en 1967 où Asimov enroule ses bras autour d’une femme qui le repousse ostensiblement, regardant vers l’appareil photo tandis qu’elle éviter son baiser.
“Chaque fois que nous montions des escaliers avec une jeune femme, je m’assurais de marcher derrière elle pour qu’Isaac n’agrippe pas ses fesses”, écrivait l’écrivain Harlan Ellison, cité dans la biographie de Nat Segaloff “A Lit Fuse” (2017), indiquant que ça ne signifiait pas grand-chose les temps étaient différents. Quand on sait qu’Ellisson a été largement critiqué pour avoir attrapé le sein de Connie Willis sur scène aux Hugo Awards en 2006, cela laisse songeur quant aux manières d’Asimov pour qu’un tel personnage s’en offusque. D’autres témoignages de grands auteurs vont en ce sens, comme Frank Herbert a dit en parlant d’Asimov : “Vous pouviez suivre ses déplacements par les cris des femmes dont il venait de pincer le cul”... En général, Asimov choisissait des cibles peu susceptibles de protester directement, comme les fans et les secrétaires et épargnait les femmes qu’il considérait comme professionnellement utiles. Quand bien même, cela ne l’a pas empêché de poursuivre l’éditrice Cele Goldsmith autour de son bureau.
Bien j’en termine là et las d’Azimov… Dans les faits, actuellement, la réalité rattrape la fiction. La place croissante de la génétique, de la robotique, mais aussi de l’intelligence artificielle, dans la vraie de vraie vie, chante-t-elle la perception des mondes artificiels ? Si les robots sont effectivement de plus en plus parmi nous, comment transforment-ils notre imaginaire de leur monde ? Notre réalité accentue l’impression, justifiée ou pas, d’une possible perte de contrôle de la technologie. La prise de conscience de la crise climatique et d’autres réalités remettent en cause l’idéologie du progrès toujours au centre du libéralisme. Or, si on veut un futur différent, il faut aussi être capable de l’imaginer. “Les responsabilités commencent dans les rêves”, disait déjà Shakespeare. Je m’inquiète moins du monde mécanique du futur que de l’univers virtuel, artificiel et numérique qui nous contrôle de plus en plus et de tous bords. Les algorithmes boursiers ont des impacts potentiellement plus dommageables sur les matières premières et les économies et sont d’une certaine manière plus effrayants que les robots tueurs.
Mais évidemment, la peur des robots humanoïdes persiste et dans la réalité, on entre effectivement dans un monde qui fait peur. Plus un robot androïde ressemble à un humain, plus ses imperfections paraissent monstrueuses. L’effet est franchement saisissant. Âmes sensibles s’abstenir… Je m’écrie d’ailleurs “Conatus” un mot latin qui est le cœur de la doctrine de Spinoza dans son Ethique, proposition 6 du Livre III, considérée comme une des clés de la doctrine spinoziste : “Chaque chose, selon sa puissance d’être, s’efforce de persévérer dans son être”. C’est cela le “Conatus”. Pour Spinoza, chaque organisme s’efforce de progresser, de grandir, de parvenir à une plus grande perfection. Il vise aussi à augmenter sa puissance. Persévérer, c’est ne pas avoir de négativité interne, et c’est durer. Or, nous sommes affectés en permanence par des idées qui viennent de l’extérieur, ce que Spinoza appelle des affections (affectio, en latin). Certaines nous régénèrent, comme un beau paysage, et d’autres nous font du mal, comme d’entendre une parole blessante. Quand un corps ou une idée s’accorde avec notre nature, elle augmente notre puissance, et inversement.
Toute augmentation de notre puissance s’accompagne d’un sentiment de joie, alors que la diminution de notre puissance s’accompagne d’un sentiment de tristesse. Ainsi la joie est l’affect fondamental qui accompagne toute augmentation de notre puissance d’agir. Tout l’objectif de l’éthique de Spinoza est ainsi d’organiser sa vie, grâce à la raison, pour diminuer la tristesse et augmenter la joie. Et qu’est ce qui permet de rechercher consciemment cette joie ? C’est le désir, car pour Spinoza, “Le désir est l’essence de l’homme”... L’être humain est fondamentalement un être désirant, et par le conatus, sa nature le pousse sans cesse à désirer. Ne plus désirer, ce serait éteindre la flamme de la vie, anéantir toute puissance vitale, se déshumaniser. En outre, nous ne désirons pas une chose parce qu’elle est bonne (doctrine de Platon), mais, l’inverse, selon Spinoza : “Nous appelons bon ce que nous désirons”. Ce qui va guider notre désir, c’est la raison et la volonté qui orienteront le désir vers les “biens véritables”. Ainsi Spinoza est le philosophe positif qui envisage positivement l’existence et propose un chemin de construction de soi, qui aboutit à la joie… et aussi à ce Hot-Rod “Ex-Machina”...
Je vais d’ailleurs lui téléphoner pour savoir s’il va bien… Le robot sexuel humoriste existe maintenant. La poupée gonflée (dans les deux sens)… Quand on va commencer à les reproduire massivement, on va vite atteindre un point critique de non-retour. Nous vivons donc un moment crucial de ce point de vue… Les robots sexuels d’aujourd’hui sont équipées d’intelligence artificielle ainsi que des fonctionnalités avancées comme des chauffages intégrés qui réagissent au toucher. Ces sexbots hyperréalistes deviennent plus que de simples poupées sexuelles intelligentes. Selon une étude menée par le Dr Ian Pearson, d’ici à 2050, le recours à la robotique sexuelle pourrait dépasser le taux de pratique de relations sexuelles entre humains. Par ailleurs, le marché est déjà inondé d’innovations issues de la sextech à l’heure actuelle. Avec des degrés variables de réalisme, de réactivité et de fonctionnalité, ces poupées ouvrent la boîte de Pandore de la psychologie et de la science. De plus, ce genre de pratique remonterait même jusqu’à la Grèce antique. La relation entre les humains et leurs homologues artificiels remonte aux mythes de la Grèce antique, où la statue du sculpteur Pygmalion a pris vie grâce à un baiser. C’est un sujet de légende et de science-fiction, une partie de notre histoire écrite et une partie de notre avenir imaginé…
2 commentaires
Mon cher Gatsby,
Vous auriez pu parler de culasses, de soupapes, de roues, de cuir, de compteurs, d’échappements, de pont… et pour autant votre article est un régal à lire, c’est absolument génial !
Rendez-vous compte que vos lecteurs rouleront ce week-end en pensant aux désirs d’Asimov, à ce que la philosophie de Spinoza en dit et tenteront de comprendre pourquoi ils désirent ce Hot Rod !
Un bémol tout de même : l’activité neuronale générée par ce type d’article peut générer un minimum de chaleur. Multipliée par le nombre de vos lecteurs, vous devenez complice du réchauffement climatique et coupable d’écocide ! A moins que vous ne fassiez votre mea culpa et décidiez de vous même de verser une contribution significative à l’Etat Français, capable d’effacer votre crime.
Il est bien plus réjouissant de lire vos textes qui nous parlent de vie et de désirs !
Vous m’enchantez… Je ne trouve rien à écrire en réponse à votre émerveillement si spontané, car vous m’avez mis en béatitude de vous lire…
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