1994 OSWALD SOXLE : ŒUVRE D’ART ROULANTE…
Oswald Mennesson était un passionné de la grande carrosserie automobile française de son époque. Propriétaire, entre autres, de voitures Delage et Delahaye qu’il faisait carrosser sur mesure, il eut pour projet de dessiner puis produire sa propre carrosserie dans les années 1930.
La légende familiale raconte qu’Oswald était le fils aîné caché du père de Marcel Mennesson, l’un des fondateurs de la marque Solex. Il aurait eu cet enfant à l’étranger vers ses 20 ans avant de donner naissance 20 ans plus tard au génie de Solex.
Pont entre l’Histoire et l’art, cette création originale rencontre un grand engouement auprès du public. Avec des proportions qui respectent le nombre d’or, ce véhicule d’usage quotidien et dont l’entretien est pris en charge par le réseau Mercedes-Benz, dépasse les références.
Se retrouvant régulièrement dans des magazines automobiles ou dans la presse locale, instants volés à un propriétaire qui parcourt à son volant plus d’une dizaine de milliers de kilomètres par an, cet objet promeut le design français.
C’est une œuvre d’art cinétique, témoignage contemporain du passé prestigieux de la grande carrosserie française et flambeau d’une passion inassouvissable… À quoi cela ressemblerait-il que la balade ne se termine jamais ? Une brève réflexion sur le thème de la liberté ?
Ne jamais s’arrêter. Si vous y réfléchissez, rouler pour toujours, rouler sans cesse, accélérer, déchirer l’asphalte kilomètre après kilomètre, jusqu’au coucher du soleil. Une raison peut-elle être trouvée dans la physique impliquée ?
Une automobile œuvre d’art roulante qui ne bouge pas est-ce un non-sens, alors que la liberté naît de la réduction du possible. Ne rien emporter, ne pas s’optimiser, ni communiquer avec qui vous n’avez rien à prouver, pas même à son ego.
Cette masse déroutante de distractions et d’options que notre monde peut nous offrir n’existe tout simplement pas. Ce qui reste est le paysage et le vent, la distance que vous parcourez et la destination que vous atteignez, s’il y a une destination.
Le but n’est d’aller nulle part. Il consiste à quitter le familier, à s’éloigner de L’archaïque dans le mouvement, dans la négation de l’enlisement, dans la chasse aux nouvelles perspectives qui surgissent au cours de la chevauchée.
D’autre part, l’œuvre d’art roulante est toujours un peu en avance sur le passé, poussant le fantastique plus avant, admirant le temps qui passe, inexorablement.
C’est l’opportunité très rare de sentir le sublime. Pas nécessairement parce que vous trônez au-dessus de l’action, même si cela joue aussi un rôle. Plus significatif est le fait que vous êtes aux commandes de la machine. Une oeuvre d’art roulante ne donne jamais à son pilote le sentiment d’être à sa merci.
Au contraire, elle exige un maximum de circonspection et de responsabilité. Aussi étrange que cela puisse paraître, l’un des plus grands avantages est la relative improbabilité d’un avenir autonome.
Sans oublier que cela élargit les horizons qui dès l’enfance, est resserrée dans des carrés et des rectangles. Alors qu’ici on observe le monde qui regarde l’œuvre d’art, plutôt qu’un téléviseur qui passe des images limitées par des cadres. Le temps d’écran est le mot qui désigne notre vision étroite de la vie.
Ici , il n’y a pas de vue cadrée, elle est libre et illimitée, vers le haut le ciel se courbe, au loin l’horizon termine au maximum le panorama. Et même l’horizon peut être déjoué si on continue de rouler… Peut-être que l’idée d’une balade sans fin n’est pas si mauvaise qu’imaginé dans les cauchemars, après tout.
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Il y a de longues années, vivait un empereur qui aimait plus que tout les habits neufs, qu’il dépensait tout son argent pour être bien habillé. Il ne se souciait pas de ses soldats, ni du théâtre, ni de ses promenades dans les bois, si ce n’était pour faire le montre de ses vêtements neufs. Il avait un costume pour chaque heure de chaque jour de la semaine et tandis qu’on dit habituellement d’un roi qu’il est au conseil, on disait toujours de lui : « L’empereur est dans sa garde-robe ! »
Dans la grande ville où il habitait, la vie était gaie et chaque jour beaucoup d’étrangers arrivaient. Un jour, arrivèrent deux escrocs qui affirmèrent être tisserands et être capables de pouvoir tisser la plus belle étoffe que l’on pût imaginer. Non seulement les couleurs et le motif seraient exceptionnellement beaux, mais les vêtements qui en seraient confectionnés posséderaient l’étonnante propriété d’être invisibles aux yeux de ceux qui ne convenaient pas à leurs fonctions ou qui étaient simplement idiots.
« Ce serait des vêtements précieux”, se dit l’empereur. » Si j’en avais de pareils, je pourrais découvrir qui, de mes sujets, ne sied pas à ses fonctions et départager les intelligents des imbéciles ! Je dois sur le champ me faire tisser cette étoffe ! » Il donna aux deux escrocs une avance sur leur travail et ceux-ci se mirent à l’ouvrage.
Ils installèrent deux métiers à tisser, mais ils firent semblant de travailler car il n’y avait absolument aucun fil sur le métier. Ils demandèrent la soie la plus fine et l’or le plus précieux qu’ils prirent pour eux et restèrent sur leurs métiers vides jusqu’à bien tard dans la nuit.
« Je voudrais bien savoir où ils en sont avec l’étoffe ! », se dit l’empereur. Mais il se sentait mal à l’aise à l’idée qu’elle soit invisible aux yeux de ceux qui sont sots ou mal dans leur fonction. Il se dit qu’il n’avait rien à craindre pour lui-même, mais préféra dépêcher quelqu’un d’autre pour voir comment cela se passait. Chacun dans la ville connaissait les qualités exceptionnelles de l’étoffe et tous étaient avides de savoir combien leur voisin était inapte ou idiot.
« Je vais envoyer mon vieux et honnête ministre auprès des tisserands », se dit l’empereur. « Il est le mieux à même de juger de l’allure de l’étoffe; il est d’une grande intelligence et personne ne fait mieux son travail que lui ! »
Le vieux et bon ministre alla donc dans l’atelier où les deux escrocs étaient assis, travaillant sur leurs métiers vides. \Que Dieu nous garde ! », pensa le ministre en écarquillant les yeux. « Je ne vois rien du tout ! » Mais il se garda bien de le dire.
Les deux escrocs l’invitèrent à s’approcher et lui demandèrent si ce n’étaient pas là en effet un joli motif et de magnifiques couleurs. Puis, ils lui montrèrent un métier vide. Le pauvre vieux ministre écarquilla encore plus les yeux, mais il ne vit toujours rien, puisqu’il n’y avait rien. « Mon Dieu, pensa-t-il, serais-je sot ? Je ne l’aurais jamais cru et personne ne devrait le savoir ! Serais-je inapte à mon travail ? Non, il ne faut pas que je raconte que je ne peux pas voir l’étoffe. »
« Eh bien, qu’en dites-vous ? », demanda l’un des tisserands.
« Oh, c’est ravissant, tout ce qu’il y a de pklus joli ! », répondit le vieux ministre, en regardant au travers de ses lunettes. « Ce motif et ces couleurs ! Je ne manquerai pas de dire à l’empereur que tout cela me plaît beaucoup ! »
« Nous nous en réjouissons !”, dirent les deux tisserands. Puis, ils nommèrent les couleurs et discutèrent du motif. Le vieux ministre écouta attentivement afin de pouvoir lui-même en parler lorsqu’il serait de retour auprès de l’empereur; et c’est ce qu’il fit.
Les deux escrocs exigèrent encore plus d’argent, plus de soie et plus d’or pour leur tissage. Ils mettaient tout dans leurs poches et rien sur les métiers; mais ils continuèrent, comme ils l’avaient fait jusqu’ici, à faire semblant de travailler.
L’empereur envoya bientôt un autre honnête fonctionnaire pour voir où en était le travail et quand l’étoffe serait bientôt prête. Il arriva à cet homme ce qui était arrivé au ministre : il regarda et regarda encore, mais comme il n’y avait rien sur le métier, il ne put rien y voir.
« N’est-ce pas là un magnifique morceau d’étoffe ? », lui demandèrent les deux escrocs en lui montrant et lui expliquant les splendides motifs qui n’existaient tout simplement pas.
« Je ne suis pas sot, se dit le fonctionnaire; ce serait donc que je ne conviens pas à mes fonctions ? Ce serait plutôt étrange, mais je ne dois pas le laisser paraître ! » Et il fit l’éloge de l’étoffe, qu’il n’avait pas vue, puis il exprima la joie que lui procuraient les couleurs et le merveilleux motif. « Oui, c’est tout-à-fait merveilleux ! », dit-il à l’empereur.
Dans la ville, tout le monde parlait de la magnifique étoffe, et l’empereur voulu la voir de ses propres yeux tandis qu’elle se trouvait encore sur le métier. Accompagné de toute une foule de dignitaires, dont le ministre et le fonctionnaire, il alla chez les deux escrocs, lesquels s’affairaient à tisser sans le moindre fil.
« N’est-ce pas magnifique ? », dirent les deux fonctionnaires qui étaient déjà venus. « Que Votre Majesté admire les motifs et les couleurs ! » Puis, ils montrèrent du doigt un métier vide, s’imaginant que les autres pouvaient y voir quelque chose.
« Comment !, pensa l’Empereur, mais je ne vois rien ! C’est affreux ! Serais-je sot ? Ne serais-je pas fait pour être empereur ? Ce serait bien la chose la plus terrible qui puisse jamais m’arriver.”
« Magnifique, ravissant, parfait, dit-il finalement, je donne ma plus haute approbation ! » Il hocha la tête, en signe de satisfaction, et contempla le métier vide; mais il se garda bien de dire qu’il ne voyait rien. Tous les membres de la suite qui l’avait accompagné regardèrent et regardèrent encore; mais comme pour tous les autres, rien ne leur apparût et tous dirent comme l’empereur : « C’est véritablement très beau ! » Puis ils conseillèrent à l’Empereur de porter ces magnifiques vêtements pour la première fois à l’occasion d’une grande fête qui devrait avoir lieu très bientôt.
Merveilleux était le mot que l’on entendait sur toutes les lèvres, et tous semblaient se réjouir. L’empereur décora chacun des escrocs d’une croix de chevalier qu’ils mirent à leur boutonnière et il leur donna le titre de gentilshommes tisserands.
La nuit qui précéda le matin de la fête, les escrocs restèrent à travailler avec seize chandelles. Tous les gens pouvaient se rendre compte du mal qu’ils se donnaient pour terminer les habits de l’empereur. Les tisserands firent semblant d’enlever l’étoffe de sur le métier, coupèrent dans l’air avec de gros ciseaux, cousirent avec des aiguilles sans fils et dirent finalement : « Voyez, les habits neufs de l’empereur sont à présent terminés ! »
« Voyez, Majesté, voici le pantalon, voilà la veste, voilà le manteau ! » et ainsi de suite. « C’est aussi léger qu’une toile d’araignée; on croirait presque qu’on n’a rien sur le corps, mais c’est là toute la beauté de la chose ! »
« Oui, oui ! », dirent tous les courtisans, mais ils ne pouvaient rien voir, puisqu’il n’y avait rien.
« Votre Majesté Impériale veut-elle avoir l’insigne bonté d’ôter ses vêtements afin que nous puissions lui mettre les nouveaux, là, devant le grands miroir ! »
L’empereur enleva tous ses beaux vêtements et les escrocs firent comme s’ils lui enfilaient chacune des pièces du nouvel habit qui, apparemment, venait tout juste d’être cousu. L’empereur se tourna et se retourna devant le miroir.
« Dieu ! comme celà vous va bien. Quels dessins, quelles couleurs », s’exclamait tout le monde.
« Ceux qui doivent porter le dais au-dessus de Votre Majesté ouvrant la procession sont arrivés », dit le maître des cérémonies.
« Je suis prêt », dit l’empereur. « Est-ce que cela ne me va pas bien ? » Et il en se tourna encore une fois devant le miroir, car il devait faire semblant de bien contempler son costume.
Les chambellans qui devaitn porter la traîne du manteau de cour tâtonnaient de leurs mains le parquet, faisant semblant d’attraper et de soulever la traîne. Ils allèrent et firent comme s’ils tenaient quelque chose dans les airs; ils ne voulaient pas risquer que l’on remarquât qu’ils ne pouvaient rien voir.
C’est ainsi que l’Empereur marchait devant la procession sous le magnifique dais, et tous ceux qui se trouvaient dans la rue ou à leur fenêtre disaient : « Les habits neufs de l’empereur sont admirables ! Quel manteau avec traîne de toute beauté, comme elle s’étale avec splendeur ! » Personne ne voulait laisser paraître qu’il ne voyait rien, puisque cela aurait montré qu’il était incapable dans sa fonction ou simplement un sot. Aucun habit neuf de l’empereur n’avait connu un tel succès.
« Mais il n’a pas d’habit du tout ! », cria petit enfant dans la foule.
« Entendez la voix de l’innocence ! », dit le père; et chacun murmura à son voisin ce que l’enfant avait dit.
Puis la foule entière se mit à crier : « Mais il n’a pas d’habit du tout !« L’empereur frissonna, car il lui semblait bien que le peuple avait raison, mais il se dit : »Maintenant, je dois tenir bon jusqu’à la fin de la procession. » Et le cortège poursuivit sa route et les chambellans continuèrent de porter la traîne, qui n’existait pas.
Adorable perfidie amicale bien venue qui caricature le vain et la vanité mises en scène affublées d’un scribouillage pompeux simultané, qui m’a donné moins de mal à tapoter que les retouches (vaines également) d’améliorer des photos artistiquement floues et sans consistance… Notez qu’avec de meilleures photographies de la chose en mouvement sur routes “ouvertes” celle-ci (la chose) aurait été toute autre. Je n’ai pas voulu être le Torquémada du Kustom-Franchouille qui se détruit lui-même mais votre office y contribue avec de bien bonnes manières…
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