Hot-Roadster Deuce
Un de plus… Encore un… N’en jetez plus… Le site est plein… Trop c’est trop… S’il m’arrive, trop souvent, par forfanterie comme par sottise, d’exciper de l’inutilité de mes pérégrinations hectiques arguant qu’on en verrait et apprendrait toujours plus dans le réel que dans l’étroitesse de vue de nos sensibilités invalides et rationalités étriquées ! Oh je sais que j’ai l’art et la manière de forcer même les traits saillants qui pourtant tressaillent et camouflent assez mal paresses et éventuelles impossibilités…
Pour autant il me serait bien candide de prétendre que m’être déplacé doit suffire à vous rendre lucide aux faites des irréalités, des stupidités et des “raconteries”… Je plaide coupable de mes fatigues alors que bientôt ce Web-Site va accrocher 4.000 articles au rythme de 5 par semaine, soit 20 par mois et donc 220 pour une année de 11 mois, soit 18 ans d’écritures. Je ne veux pas me payer de mots, ni de phrases, ni de chapitres… Et pour les écrire, faut-il les vivre pour en vivre…
Où placer le calcul des aventures épiques ? Où décortiquer les rencontres d’autres ? Où placer les “calculations” des différences ? Où diantre nicher l’insolite quand il n’est question que de faire le vide pour faire ressortir la vacuité dont se regorge les populaces ? Qu’en extrapoler des lieux et des rencontres alors que lecteurs et lectrices ne sont obsédés que d’eux-mêmes, en procuration dite, jamais écrite… Et le confort, les menus plaisirs, les amples vanités, les baiseries, tromperies, veuleuries et abandons, meurtres des âmes…
Quiconque n’a soin des lieux que pour les souvenirs qu’il en gardera – peut-être – pour les photos qu’on ne sait très vite ne plus trop savoir qu’en faire, de préférence, en tout cas, avec lui devant, monnaie courante de l’égocentrisme peut soucieux d’une quelconque altérité. Créer des chocs ! Pourquoi donc lentement s’habituer ? Oui, certes, les efforts épuisent, les traces se perdent. Rien ne m’est plus éloigné que ces désertifications qui dérangent pour leurs encombrants défis.
Comment n’y pas souffrir l’antique entêtement qui s’acharne ? Cruelle évidence : notre présence au monde n’a strictement rien d’un axiome ! Ici, comme brûlure des sens, claque l’éternité des sueurs froides, la profondeur des épuisements pourtant vite oubliés, vite effacés. Car le temps efface, jusqu’aux souvenirs de nos pas. Supposez un printemps perpétuel sur la terre ; supposez partout tout ce qu’il faut, supposez les hommes sortant des mains de la nature une fois dispersés parmi tout cela…
Je n’imagine pas comment ils auraient jamais renoncé à leur liberté primitive et quitté la vie naturelle, pour s’imposer sans nécessité l’esclavage, les travaux, les misères inséparables de l’état social. Celui qui voulut que l’homme fût sociable toucha du doigt l’axe du globe et l’inclina sur l’axe de l’univers. A ce léger mouvement, je vois changer la face de la terre et décider la vocation du genre humain : j’entends au loin les cris de joie d’une multitude insensée ; je vois édifier les palais et les villes ; je vois naître les arts, les lois, le commerce …
Je vois les peuples se former, s’étendre, se dissoudre, se succéder comme les flots de la mer ; je vois les hommes, rassemblés sur quelques points de leur demeure pour s’y dévorer mutuellement, faire un affreux désert du reste du monde, digne monument de l’union sociale et de l’utilité des arts. Rousseau l’avait entrevu : notre socialité, nos villes, monuments et bâtisses ne sont que le résultat d’une nature trop chiche que nous ne sûmes dominer qu’en nous alliant, quitte à déplacer ailleurs, entre nous, nos heurts et différends.
Ici, en cet endroit précis, où rien n’était à voir mais où tout était délaissé déjà, éclatait la terrible sentence : l’effort était vain, l’a toujours été, le restera. Un effort doublement cerné ; toujours vaincu ; jamais tout-à-fait éteint pourtant. Me revient en mémoire ce texte de Prévert dit par Reggiani : “Cruelle litanie d’une classe ouvrière sempiternellement exploitée, écartelée entre le macabre refrain de ses défaites et une espérance qui ne veut pourtant pas s’éteindre. Sommet sans doute de nos errances comme de nos illusions”…
Les années ’30, en France notamment, coincées entre deux guerres, minées par le chômage et la misère, furent pourtant en même temps celles de l’âge d’or des automobiles de très grand luxe. Qui se souvient d’autres choses telles les joies d’un Front Populaire qui parvenaitt, même fugacement, à raviver la flamme. La joie arrachée aux misères viennent de trop profondes rêveries pour ne pas s’ériger en emblèmes ; elles sont tellement tristes de bientôt devoir se fracasser contre la haine apocalyptique.
Elles sont trompeuses, pourtant ; ou, au moins, révélatrices de notre myopie. Et ceci deux fois. Elles ont prolongé l’idée, fausse en soi, qu’il eût suffi de bonne volonté de raison et d’une sage démocratie pour que s’estompent les injustices et se renoue le dialogue. Pourtant, pas loin, déjà, les rugissements rauques de l’horreur morbide. Mais elles nous font oublier que la première lutte, perpétuelle, jamais vraiment gagnée mais jamais tout-à-fait perdue non plus, demeure celle que nous menons contre la nature.
Celle que nous refusons, à qui nous dénions le droit de nous compter si avaricieusement les moyens de notre survie, celle que nous transformons, certes, mais que nous détruisons sans que de longtemps elle n’en gémisse avant de regimber au point de désormais nous menacer à nouveau ; celle avec qui nous ne savons entretenir de relations que destructrices, dominatrices et si souvent dégradantes oublieux que nous sommes que, nous fils indignes, si peu soucieux, si stupidement imbus de nos illusoires puissances, en sommes si aisément expulsés.
La vie, pour possible qu’elle soit, presque partout, n’en demeure pas moins improbable et fragile. Il en va ici, un peu comme avec la métaphore de la bouteille à moitié vide : je puis m’enthousiasmer devant les trésors d’ingéniosité concentrés ici pour faire vivre ici et travailler, et se réjouir et se plaindre, et s’aimer et se disputer sans doute en même temps familles, amis ou simples voisins ; mais à l’inverse ne parviens pas à ne pas m’attrister devant ces traces si rapidement effacées, enfouies comme si de résonance des siècles enfuis, il n’en était plus de loin en loin que murmure inaudible, si vite inaudible…
Ou bien que nos mains écorchées eussent en vain gratté la terre tant nos puits creusés, nos maisons échafaudées, nos œuvres peintes ou gravées vite disparussent tels nos pas hâtivement recouverts de sable ; comme si de nous rien ne devait subsister ou que nous n’eussions pas même existé, jamais… Oui, décidément, si choc il y eut, il tint non tant dans la différence que dans cette vacuité paradoxale, si vulgairement contradictoire. Moins dans le désert que dans le déserté, moins dans la vacuité que dans l’évidé.
La terrible vanité de nos existence si fragiles. Et cette horrible certitude que si quelque chose de nous devait jamais subsister, si quelque chose de nos agissement pouvait avoir quelque effet, il résiderait plutôt dans la nuisance délétère ; dans la destruction inéluctable. La planète se remet si mal de nos affairements. Sans doute avons-nous perdu en Europe ces soixante dernières années les sensations d’une vie plus tragique qu’il ne nous paraît ; d’une vie trop généreuse même si toujours exigeante de luttes et d’objectifs.
Sans doute, de ne nous être jamais heurté à rien d’autre que nous-même avons-nous pu croire que nous étions à la fois obstacle et seul promontoire, oublieux des terres qui nous soutinrent et nous interdirent de nous abîmer, des lacs qui nous empêchèrent de nous altérer et demain tonitruer en nous jetant dans les ressacs de nos invraisemblables vanités ! Je ne m’habitue pas à ce destin qui nous est fait d’invariablement enlaidir le monde. Il m’arrive de songer qu’avoir écrit mes 4.000 textes revenait encore à en rajouter au vacarme ambiant…
Mais, de n’en rien faire aurait été une faute impardonnable, il n’est pas une de nos actions qui n’anticipent le cataclysme et que se réfugier dans le cloître de quelques prières fût toujours d’une lâcheté pitoyable. Voici la première leçon qui vaut ce qu’elle peut ; qui souligne combien toute existence est intrusion souvent inutile ; aisément vulgaire ; systématiquement désastreuse. Ne pas être serait sans doute préférable ; alors, au moins, de ses ridicules ratiocinations et maladroites manœuvres, tenter de ne pas empeser le monde plus qu’il n’est supportable.
Alors… Quelle suite est-elle moins pitoyable à assumer pour vous causer l’air de rien d’un Hot-Rod d’un pays d’ailleurs que nos dirigeants embrassent mais nous refusent d’en jouir… Alors rêvons et rêvez plus qu’il n’en faut ! Ce Hot-Roadster Ford’32 a été construit neuf en utilisant une carrosserie en acier de chez Dearborn Deuce sur un châssis neuf de même style Ford’32, peint avec un soin professionnel en bleu sur une sellerie en cuir beige. La puissance est fournie par un V8 Corvette LS2 de 6L0 couplé à une transmission automatique quatre rapports 700R4 et à un essieu arrière 9 pouces.
Coilovers Ridetech arrière, direction assistée électrique, freins à disque AV et tambours AR, climatisation Vintage Air, chaîne stéréo Kenwood CD, compteurs Classic Instruments et vitres électriques. Hot-Rod oui, mais dans le confort ! Le volant gainé de cuir est de style banjo. Quoi de plus à en dire sachant que vous n’en achèterez pas de crainte de tout, de son prix d’achat, de ses couts d’entretien, des frais d’importation, taxes, assurance, essence, l’air du temps qui passe et vaines parlottes…