Van Big Bandit…
Si vous n’avez pas au moins 60 ans actuellement, les Van’s ne sont pas pour vous des camionnettes aménagées en baisodromes et peinturlurées de dessins de femmes nues affrontant des dragons, mais les célèbres et mythiques baskets “skate-Vans”, les godasses préférées de tous les skateurs californiens. Créée en Mars 1966, par les frères Paul et Jim Van Doren, leur société s’est d’abord appelée “Van Doren Rubber Company” un magasin situé dans la East Broadway Road, d’Anaheim en Californie.
Les deux frères fabriquaient et vendaient leurs modèles sur place afin de limiter les coûts de fabrication. Le premier jour a vu entrer 12 clients qui repartirent chacun avec une paire de baskets Vans, aujourd’hui connues sous le nom de Vans Authentic, la première chaussure skatedessinée… Grâce à cette dernière, la marque s’est très vite imposée sur le marché des sports de glisse, plus spécifiquement au niveau du skateboard, du BMX et du snowboard. Aujourd’hui, le modèle Vans Authentic se décline à l’infini.
C’est devenu un basique incontournable pour les modeurs et modeuses, une des chaussures indispensables pour les amateurs de sensations fortes… Cool… Vous avez appris quelque-chose… Maintenant, si cous avez actuellement plus de 60 ans, c’est que vous aviez dans les 20 ans dans les Eighties, les années Chromes & Flammes et que donc vous avez été marqué par les Van’s peinturlurés de femmes nues, surtout pour leur coté baisodrome ambulant. Dans tous les numéros de Chromes&Flammes était publié au moins un ou plusieurs articles présentant des Van’s…
Dans les années 2000, les Van’s aménagés ont commencé à disparaitre comme les dinosaures il y a quelques millions d’années. Actuellement ils ont presque tous disparus et certains Vanner’s comme le célèbre Moustache et son Bedford roulent en Lamborghini… Les Van’s perdurent toutefois en tant que camping-car pour les vacances, ils sont sobres, sérieux, fréquentent les aires réservés avec d’autres Vanner’s sérieux et ne figurent plus dans aucun magazine Custom qui ont disparus…
On en revoit, souvent en épaves abandonnées dans la rubrique “Souvenirs” de pages Fesses de boucs dédiées. Triste… Notez que je n’en ai jamais été fanatique sauf pour des “Hors-normes” à 6 roues… Il en reste un peu plus aux USA, dont de gros spécimen comme le Big-Bandit en vedette dans cet article, un camion CEO (Cabine avancée)… C’est moins “Fun” que le RV Camper ovoïde de 1927 qui vaut toujours le coup d’oeil, “RV” signifiant : “Recreational Vehicle”... Mais j’en viens ‘enfin) au Big Bandit…
Il a atteint la notoriété lors du salon SEMA 2018 ou il a remporté la première place de champion du monde International, car il ne faisait alors aucun doute que le niveau de créativité surpasse toutes les idées, sauf les plus folles. Répertoriée comme une Ford COE de 1951, cette bête a été construite à l’origine autour d’un châssis de camping-car Dodge de 1977 et possède une carrosserie unique fabriquée à partir de composants récupérés des camions Ford F5 COE, F4, F47 et F100 par le bien nommé Zombie Body Shop au Canada.
Pour la puissance se trouve un moteur V-8 440ci Mopar équipé de pistons à dessus plats et un système d’injection électronique Holley. Les collecteurs sont des Hooker et la transmission automatique A727 Chrysler TorqueFlite est équipée d’un convertisseur Boss Hog. En dessous, les améliorations comprennent une suspension arrière à 4 bras, un système RideTech Pro Series Air Ride. Une fois que les zombies du garage transformateur ont assemblé la carrosserie, les panneaux ont été recouverts de finitions orange et noires avec des peintures murales “peintes à la main”, ainsi que des inserts décoratifs.
Les marchepieds sont en chêne. L’intérieur est doté d’une sellerie en cuir naturel posée par “Moore and Giles”, de gros fauteuils style “capitaine”, d’un levier de vitesses à cliquet B&M, de décorations personnalisées sur le tableau de bord et d’espace à l’arrière pour pouvoir baiser relax. L’extérieur utilise des incrustations en laiton, des projecteurs doubles et des ailes fortement modifiées. Monté sur un ensemble de jantes en aluminium Alcoa de 22 pouces, ce COE est un cran au-delà de l’habituel, quoique depuis son année de gloire en 2018, il ne s’est plus passé grand chose.
Si Mad Max devait prendre des vacances en famille, il roulerait dans ce Van Big Bandit… Certains parviennent par leur talent, à assembler deux trombones et trois bouts de ficelle pour obtenir à l’arrivée un chef-d’œuvre et d’autres passent toute leur vie à assembler des trombones avec des bouts de ficelle et le résultat ressemble toujours à un assemblage de trombones et de bouts de ficelles. C’est à mon sens le cas du créateur de cet engin, qui à une époque (révolue) était disposé à livrer au monde d’authentiques aberrations.
Il faut dire que son truc, c’est plutôt de faire de l’effet. Notre homme est en effet le créateur d’une bonne trentaine d’autres engins, mais, avant de se spécialiser dans les conneries roulables, avec, semble t-il, un certain succès, il s’était également essayé à la “Customization sauvage”, signant durant les années’80 quelques perles de mauvais gout. On se souvient surtout de lui comme le créatif du plus grotesque et pitoyable de toute la création de Kustom’s et Hot-Rod’s… Waouwwww !
Mais il donna également dans le style supra-ringard à l’occasion duquel il avait mis la main sur divers olibrius pigistes du Groupe Hommel qui n’étaient alors plus à ça près. Mais ses deux grands thèmes, c’étaient les Kustomeux et les bikers nazis. C’est ainsi que dans ce qui nous occupe, certains ont pu suivre diverses exactions d’une élite née pour être sauvage. “Born to be white !”.. Ben quoi, non ? On a peut-être eu un peu tendance à négliger les années’80, pourtant il s’agit sans doute, avec les Kustom’s Turc’s et Pakistanais, du créneau le plus prolifique en matière de stupidités shootées au LSD…
En même temps, c’était alors très à la mode. Il faut dire aussi que les engins apocalyptiques étaient alors souvent très difficiles à se procurer en dehors du territoire américain (au sein duquel des éditeurs leur assuraient une seconde vie), car c’était du temps où certains d’entre-eux fouillaient les fonds de tiroirs à la recherche de sujets plus ou moins libres de droits qui exploraient tout plein de genres, sans qu’on puisse pour autant les rattacher à aucun, mais sans explorer vraiment davantage les codes de ce genre…
Parfois nommé aux USA la “nazisploitation” ce style ne ressemblait à rien de connu en Frnchouille. Les bizarreries parvenaient à hypnotiser les lecteurs des années ’80 au lieu de les endormir car on hallucinait plus qu’on ne se bidonnait. C’était “autre” et “inclassable”, “étrange”, une expérience limite de la bizarrerie. J’ignore si ce ratage était dû à une volonté expérimentale du Rédac’Chef de faire des sujets sur le néant en mettant en avant une Aronde jaune surnommée “l”Omlet Baveuzzz à Fufu” pour voir si le public adhérerait à cette nouvelle approche du Kustomizing Franchouillard (auquel cas, il aurait eu raison, car il s’agit de l’œuvre la plus mocharde de l’Underground).
Mon avis est que tout cela n’était que le résultat d’une incompétence quasi-surnaturelle. Il y a bien quelques symboliques dont on ne saisira jamais vraiment le sens, mais pas non plus d’intrusions intempestives d’éléments non-sensiques comme dans les mag’s expérimentaux. Je ne sais vraiment toujours pas par quel bout prendre ce qui magnifiait à merveille le non-jeu inexpressif, au charisme de bigorneau aussi vifs qu’une huître hors de sa coquille du rédacteur en chef, au vague look d’un mélange d’un maigrichon bedonnant apathique…
Il était d’une mollesse statique extrêmement confuse, déployant une absence d’énergie qui dépassait l’imagination. D’ailleurs, quel que soit leur degré de résistance, les lecteurs ont fini par se lasser peu à peu à mesure que ce magazine avançait péniblement dans le vide intersidéral. Tout cela méritait cependant largement le coup d’œil car il constituait une curiosité délirante et débile. La frime est à la fois une gratification personnelle et un outil de travail puisque celle-ci permet de prolonger sa réputation et de faciliter la création de nouveaux réseaux afin d’intégrer la voyoucratie.
Il y a des lieux pour frimer, dont les plus importants sont les boîtes de nuit où l’on va, entre autres raisons, pour voir (et se faire voir) des autres voyous. Les boîtes de nuit pour étayer sa réputation et la prison comme école du crime. Les bars n’étant que des lieux de rendez-vous mais aussi d’affaires… Certains mondes sociaux, et en particulier ceux qui participent à la configuration du crime organisé, se fondent davantage sur l’oralité que sur l’écrit. En particulier, la réputation y joue un rôle particulièrement important, portant à une génération fréquente de récits épiques.
Si ces récits épiques ne retracent pas la carrière telle qu’elle a été, ils retracent la carrière telle qu’on la raconte et cela ne semble pas sans effets sur l’espace social lui-même. Le crime organisé produit un imaginaire social, fondé sur un récit épique, dont il partage d’ailleurs les conventions littéraires, y compris dans le domaine de la transmission orale. Il s’agit néanmoins d’une épique particulière puisque le héros a toujours un parcours caractérisé par une ascension flamboyante et une chute plus ou moins honteuse, racontée mais sous-développée dans le récit…