Boogie Van : Seventies’Spirit
– Le Kustom ?
– Hein ? Quoi ? Kekcekça ?
– Le Tuning ?
– Quel tuning ? Tuning ?
– Souvenez-vous ! Ca vous dit kekchose la Kustom Kulture ?
– Rien mec, pas intéressé, le démarchage internet est illégal !
– Et le rock pionnier tu aimes le Rock pionnier ?
– Rien à foutre !
– Le vintage et les chromes rutilants ?
– T’es dépassé mec !
– Et les Van’s ?
– Quoi les Van’s, les godasses perso hors de prix, c’est ça ? Rien à foutre, c’est frime et cher…
– Non, les camionnettes aménagées, tu te souviens ?
– De rien mec, tu fais chier avec tes vieux machins ! Dégage pépé !
– M’enfin, la customisation des bagnoles avec des jantes larges et des échappements latéraux ?
– Mais non, vieux con, nana rien à foutre de tout ça, tu débarques d’où ?
– Les Rolling-Stones ?
– Putain… Un orchestre de vieux-cons de 80 piges chacun, tu rigoles ? C’t’une formation atroce qui massacre les classiques des pionniers…
– Le western swing ?
– Nada rien à foutre papy…
– Les Hot-Rods ?
– C’est quoi ton problème ? Quoi tu cherches ? A me casser les couilles ?
– Voilà ou nous en sommes… Au bord du gouffre… Plus qu’un pas et c’est la fin…
– Les Kustom-Shows des seventies c’est à un demi siècle d’ici.
Un petit flashback s’impose, car la dénommée Kustom-Kulture est historiquement à l’origine de l’ensemble du mouvement revival. La légende est que de retour au pays à la fin de la Seconde Guerre mondiale, de jeunes militaires américains désœuvrés entreprirent de bricoler de vieilles guimbardes dans l’objectif de les rendre plus légères et plus rapides, afin de briller lors de nombreuses courses illégales. Certains, désireux de parader au volant, modifièrent le look de leur véhicule (la “customisation”). Le phénomène prendra vite de l’ampleur et sera largement associé, dans les années 1950, à l’émergence du rock…
Cette musique du diable honnie par les parents, est apparue en même temps que les gangs de délinquants juvéniles, dont les voitures et les motos bricolées se devaient d’être plus rapides que celles des forces de l’ordre. Les mauvais garçons motorisés des fifties resteront à jamais incarnés dans la culture populaire par Marlon Brando dans L’Équipée sauvage (1953) et par James Dean dans La Fureur de vivre (1955) où son personnage, Jim Stark, participe à l’une des courses de voitures les plus mythiques du cinéma (un mode de transport qui sera d’ailleurs fatal au comédien…).
25 ans plus tard, la Kustom Kulture des années Chromes (fin des seventies) a essaimé dans l’Europe entière, avec ses différentes disciplines, ses codes et ses stars dont les geeks, ce qui a ouvert la voie Internet, la communication digitale… Finalement le monde a changé sans vraiment changer, c’est pareil, mais “autre”… Les centaines de milliers de Van’s qui ont été créés dans les sixties et seventies, sont maintenant des fantômes en pourriture dans des casses automobiles… Les Van’s de l’amour, ces baisodrômes roulants de fêtes en exhibitions servent maintenant de refuges aux chiens errants…
Ces lupanars gratuits des années d’insouciances, sont quasi-tous “à la casse”. Assassinés par les normes gouvernementales, les contrôles techniques et autres obligations, ont tué les esprits révolutionnaires des Flowers-Powers, personne n’y a gagné… C’était, il est vrai, souvent de très mauvais goût, les gens recréaient leur univers sordide et leurs moches décorations, mais avec des paillettes, des flons-flons et de la baise généralisée, entrainant la consommation effrénée de diverses boissons alcoolisées et de drogues à profusion…
J’en fut victime avec Chromes&Flammes dans un concours associé avec Citroën pour le lancement de la Visa. Il s’agissait de stimuler les lecteurs en les invitant à exposer leurs œuvres automobiles, souvent des Van’s peinturlurés, le “plus beau” et quelques autres, gagnant un voyage aux USA… Et paf ! Un frustré que son Van Bedford “Le Léonard” peinturluré comme dans un bouge-borgne-bordélique d’une évocation d’une re-peinturluration de Léonard de Vinci : la Joconde, a attaqué Citroën et ChromesFlammes en justice de n’avoir pas gagné le concours alors que son Van était, selon lui, le plus beau d’Europe !
Les pontifes de Citroën et moi en avons été dégouttés… Résultat plus de concours à gagner… Un demi siècle plus tard, ce zouave continue de croire que son Van sera invité par le Gouvernement Français pour être exposé au Louvre en face de la Joconde… En ce sens il a restauré le vieux Bedford en l’affublant d’un intérieur “boudoir” identique “à son sien” d’un pavillon de banlieue… Ca m’attriste de constater les ravages que mes magazines ont créé dans diverses sous-couches de la franchouille… Notez que ce fut identique dans tous les pays… La fin du Kustom est, en ce sens, un suicide généralisé par les bas-ventres…
Le temps des concentres-concentrationnaires de tentes de camping, barbecues et Van’s-baiseries est loin derrière nous, et seuls divers irréductibles pleurent ces temps révolus… La totalité des magazines “papiers” de Kustom’s ont stoppé leurs activités y compris l’Américain “Hot-Rod” créé en 1948… Le Groupe Michel Hommel a fait une faillite retentissante avec la totalité de ses esclaves scribouillards mis à la rue… Tout ça pour en arriver là. Pffffff ! Je suis le seul à persévérer les Rod’s et Kustom’s en numérique… Grace à ça, j’ai découvert un Van intact aux USA, tel qu’il était dans les années Chromes. Une rareté.
Il est magnifiquement moche, tout peinturluré avec un intérieur magnifiquement atroce à l’inverse de toute tendance design… L’opposé de la Tesla… Il parait que ce Van-fourgonnette Chevrolet de 1975 capture l’essence du boogie des années ’70.. Je ne comprend pas ce que cela veut dire et Jeff et Susan Overman qui célèbrent l’ère de l’engouement pour les fourgonnettes colorées avec leur “Boogie Van”, ne le savent pas, non plus…Ils se contentent d’aimer leur atroce Chevrolet G10 personnalisé de 1975 pour le meilleur ou pour le pire…
L’histoire a tendance à se répéter, alimentée par la nostalgie et les voitures que nous avions ou que nous aurions aimé avoir il y a des années. Jeff Overman est résident du sud de la Californie, propriétaire de cette fourgonnette Chevrolet G-10 de 1975. En tant qu’artiste et pinstriper, Jeff a toujours été attiré par une large gamme d’automobiles colorées. Sa flotte actuelle comprend, parmi beaucoup d’autres, un trio d’étourdissements flammés : un pick-up roadster Ford’29, un break Chevrolet’56 et un break Ford Ranchero’57.
Il conduit également une fourgonnette Chevrolet blanche de 1985, une version à empattement court similaire à son Boogie Van vert. Grâce à leur belle apparence (sic !), ces tombereaux Chevrolet des années 1970 sont devenus les favoris de la scène des fourgonnettes vintage survivantes d’aujourd’hui aux USA. cette communauté comprend des véhicules modifiés dans les années’70 et’80. Trouver des pièces d’époque correctes pour leurs projets de fourgonnettes vintage, des tuyaux d’échappement latéraux aux hublots, est devenu un défi pour eux, ce pourquoi ils ont créé un club…
En effet, quasi plus rien n’est encore fabriqué et rien n’a été conservé… D’après ce que j’ai pu comprendre, ce Van G-10 a commencé son voyage avec une peinture rouge et un intérieur doré, ce qui reste de mauvais goût de nos jours, mais les nombreuses affreuses combinaisons de couleurs étaient loin d’être atténuées dans les années 1970, au contraire. La camionnette a changé de propriétaire à deux reprises, au cours desquelles la carrosserie a adopté d’autres peintures psychadéliques pailletées de plus en plus affreuses. Le pire étant le choix des couleurs typique des bordels et logements précaires…
Le peintre et pinstriper Mike Contreras en est devenu le quatrième gardien. Lui et l’équipe de Those Guys Custom Paint, un atelier basé dans le Michigan, ont le mérite d’avoir transformé l’ancien transporteur en “Boogie Van”. Le G-10 coloré s’est vendu plusieurs fois avant que Jeff et sa femme Susan, elle-même passionnée de voitures, ne le découvrent en 2022 à Carlsbad, une communauté côtière située près de San Diego/Californie. Il était resté en sommeil pendant près de trois ans avec peu de choses pour protéger l’extérieur des éléments, et il avait l’air pire qu’une voiture abandonnée.
Les Overman se devaient de l’avoir, même s’il a fallu des semaines à Jeff pour que le bon vieux métal américain brille comme il l’a fait après être sorti de la cabine de peinture il y a quelques mois. À partir d’une base PPG DBC pulvérisée dans une nuance de vert, une teinte de peinture inspirée des couleurs d’une plume de paon, mélangeant des flocons de métal verts avec des flammes violettes, bleues et aqua-blue du plus mauvais goût possible…. La partie supérieure de la carrosserie comporte deux rangées d’emblèmes de nœuds-papillon Chevrolet.
Ils sont discrètement peints, situés au-dessus et au-dessous de chaque logo “Boogie Van” à l’aérographe. Vous croyez voir des hublots ? Eh bien, ne vous y trompez pas, ils ont été peints à l’aérographe en trompe-l’œil, un effet 3-D réaliste. Une grande quantité de vernis Ditzler VC5700 permet à la peinture de briller, tandis que des fines bandes habillent non seulement l’extérieur, mais aussi le dessous, y compris le châssis, le carter d’huile, le réservoir d’essence, etc.
L’apparence désuète de la fourgonnette des années 1970 ne serait pas complète sans une poignée d’accessoires d’époque et pour ce ils ont fait fort…
Le plus emblématique étant le sempiternel toit ouvrant… Le choix de vieilles jantes Cragar démodées est également très approprié compte tenu de leur prévalence il y a 50 ans… Mesurant 15×8po et 15×10po, ils ont reçu du caoutchouc BF Goodrich en relief (sic !) mesurant 225/60-15 et 275/60-15… Le véhicule roule cool grâce à une transmission automatique TH350 et à des amortisseurs Bilstein, bien que Jeff ait ajouté des broches à l’avant pour améliorer l’inclinaison, le fameux “Rake”, ici totalement inutile…
La puissance provient d’un V-8 Chevy 350ci assemblé par Avenger Race Engines à Muskegon, Michigan, et surmonté d’un carburateur Holley à quatre corps 600cfm. Développant environ 325 chevaux, il produit un grondement agréable grâce à des tuyaux latéraux de style trèfle Doug Thorley, un autre incontournable de l’époque. Si vous pensez que l’extérieur est un peu ostentatoire et style bordel, attendez de jeter un coup d’œil à l’intérieur. Buckskinz de Grand Rapids, dans le Michigan, a cousu le rembourrage, en utilisant un tissu en microfibre d’aspect velours et quelques mètres de vinyle.
Malheureusement ce fut fait dans des couleurs mochement assorties à la peinture ! La moquette à poils longs d’origine des années 1970 (affreux !) recouvre non seulement le sol, mais aussi le tableau de bord et le plafond. Les occupants peuvent profiter d’une paire de fauteuils “Kapitaine-Kirk” à l’avant, complétés par un strapontin et un lit de baises à l’arrière. Remarquez également le volant Grant violet bonbon (Slurppp !). Jeff, Susan et le Boogie Van ont été accueillis à bras ouverts par la communauté soudée des Vanneurs-rescapés.
Les gens simples et simplistes aiment toujours ces véhicules extravagants, et l’exemple des Overman est l’un des meilleurs du genre à ne surtout pas refaire, ni aux États-Unis, ni ailleurs… Voilà, le mini-trip se termine au mieux, vous en connaissez surement plus qu’au début de l’article. Quelques autres ont été développés sur ce sujet “VAN’S“ que vous vous devez d’aller lire (ou relire si vous êtes des inconditionnels frustrés)… Mon trip sur ce sujet s’arrête ici, je ne sais quoi en écrire plus… https://www.gatsbyonline.com/?s=van%27s