Ford Phaeton Lowboy ’32 by Roy Brizio
Nulle-part vous ne lisez quelconque article qui vous fait vivre la conduite d’un Hot Rod, si ce n’est dans ChromesFlammes ! Généralement les présentations d’autres anciens mag’s qui n’existent plus vous embobinaient dans le visqueux de détails de look du genre vite écrit vite lu… Pas mon genre, j’en viens d’ailleurs maintenant à ajouter de la philosophie et des commentaires qui me font rire en les tapotant, car me demandant ou se situera votre décrochage…
Je ne risque pas grand chose, il n’y a plus rien d’autre… Pour ce Hot Rod Phaeton il m’a fallu souffrir pour être rapide. Ce qui est le cas pour la totalité des Hot Rods. Les sièges d’une beauté brutale sont inconfortables. Le meilleur – oh ouaissss ! – est le look, les flammes, les chromes . Mais les sièges ! En réalité, dans les Hot Rod’s, ce sont toujours des sièges qui sont plus merdiques que ceux d’une Fiat 500 des années ’70 auxquels vous confiez votre colonne vertébrale.
C’est comme si la surface du siège n’existait même pas, juste le dossier sans aucun support latéral. Eh bien, il vaut mieux s’y habituer. Bien entendu, tout le reste doit rester tel quel pour garder l’esprit Hot-Rod… Commençons par le volant : pas de boutons ni de manettes. Un volant juste pour diriger. Les jeunes sont terrassés ! Il y a un compteur de vitesse et quelques indicateurs supplémentaires pour la charge de la batterie, l’essence, l’eau et l’huile.
C’est tout ce qu’un Hot Rod doit vous dire, cela vous permet d’être rassuré ou inquiet… Mais il y a quelque chose de non-dit entre vous et le Hot Rod… Chaque fois que vous lui donnez vie et qu’il commence à rugir et que le frisson froid de peur parcourt votre dos mouillé, vous savez ce que cela signifie : vous seul, après tout, êtes à blâmer. Et la seule chose qui peut vous aider après avoir poussé les limites trop loin est un rapide “Mon Dieu”...
Au milieu du centre, quasi sous le genou droit se situe le “Dogleg” avec le premier rapport situé en bas et à gauche, qui, si vous louchez très fort, est censé ressembler à une patte de chien tendue vers l’arrière. Le style Dogleg présente l’avantage décisif de pouvoir passer de la deuxième à la troisième vitesse sans avoir à changer de siège. En bas, là où se trouvent les pédales, c’est une pression serrée. Dans le feu de l’action, vous devrez faire attention à tout…
Il ne faut pas pomper les gaz lorsque vous souhaitez réellement appuyer sur le frein. Je termine mon examen d’entrée approfondi de l’intérieur avec les tapis qui vous donnent envie d’enlever vos chaussures et de conduire pieds nus pour ne pas salir… Allumage, le chœur du mal se réveille. Quel bâillement barbare ! Brut et vulgaire et débridé et plein de bruits élémentaires rehaussés par les accents d’un marteau-piqueur et soutenus par la qualité sonore sinistre…
Le V8 hurle à pleins poumons. La fureur surgit, pour ainsi dire, des profondeurs du temps, en mutinerie contre le bruit du moteur. Il vous met la chair de poule. Dans mon esprit, je crie : “A bas la folie du progrès ! Vivent les Hot Rods”... L’affirmation cognitive vient des propos de Heimito von Doderer, un écrivain autrichien peu connu pour ses prouesses intellectuelles, mais particulièrement réceptif au progrès technologique.
C’est probablement vrai, vous dites-vous, car en tant que futur dialecticien, vous vous en serez fourni une preuve suffisante en posant la question perpétuelle : “Voudriez-vous régler la température de votre réfrigérateur chez vous, dans le quatrième arrondissement de Paris via votre téléphone portable alors que vous êtes assis dans un bar de la plage de Copacabana ?”..? Non ! Le Hot Rod noire avec flammes et le vieux mâle blanc enflammé font bon ménage.
Nous nous entendrons à merveille et, à la fin de cette journée propice, je la vois venir aussi clairement qu’une gueule de bois après une beuverie, nous ne nous quitterons que dans la douleur. Quelqu’un a écrit un jour qu’il fallait les bras d’un bodybuilder pour diriger un Hot Rod s’autant plus qu’aucuns n’a de direction assistée. Quiconque qui dit cela est-il un idiot et une mauviette, ? J’ai bientôt 75ans et j’ai quand même réussi à sortir le Hot Rod du parking.
Certes, c’était un travail difficile, et je ne me souviens pas avoir jamais lutté avec une direction aussi récalcitrante et aussi épuisante. Le V8 Rouch fonctionne bien. Quand j’ai appuyé sur l’embrayage, j’ai pensé : “Oups, c’est le frein”. Mais c’était bien l’embrayage, même si la pédale opposait une résistance considérable à mon mollet. Première vitesse. docilement, le moteur a prit un peu de vapeur. J’ai ensuite allumé le clignotant à la vue de la première station-service.
Je voulais que la bête soit remplie à ras bord. Un loustic m’a dit que des flammes sortaient des pots d’échappement. Méga cool… Soudain, quelque chose s’est brisé en moi. Une secousse m’a traversé. C’était comme être électrocuté par une clôture électrique. Ensuite, cela s’est propagé jusqu’à mon œil droit. Celui de gauche est resté immobile mais a légèrement arrosé. “Des flammes, dites-vous, est-ce vrai ?”... J’ai été saisi par une vague de bonheur indescriptible…
Des flammes jaillissaient vraiment de l’arrière ! C’était causé par le chevauchement du calage des soupapes, c’est courant dans les moteurs de grande puissance, résultant de l’entrée de carburant non brûlé dans l’échappement lors du rétrogradage et s’y enflammant… Avec le rugissement, c’est l’ingrédient le plus chaud d’un Hot Rod. Le niveau d’escalade visible le plus élevé. En vérité, ce sont les flammes qui créent le mythe du méchant Hot Rodder…
J’avais vu les flammes dans le rétroviseur alors que je roulais à 120 km/h… Ensuite, j’ai foncé à tombeau ouvert…La route était une tentation alléchante, et le Hot Rod attisait les flammes de sa colère. Mais c’était plein, solide et gras sur l’asphalte, donc la confiance m’a rempli à outrance. La transmission avait un rapport de démultiplication large. Je n’étais encore qu’en troisième. J’avais l’impression de rouler à 250 km/h, car des forces inconnues tiraient sur le volant.
L’isolation phonique était inexistante. J’ai réduit ma vitesse. Délibérément, j’ai roulé de plus en plus lentement jusqu’à ce que je sois à peine en train de ramper – en quatrième vitesse, remarquez, tout en empêchant la voiture de trembler. Faites ça dans une Ferrari ! Ensuite, j’ai rétrogradé (retour à la première vitesse) et j’ai donné un coup de pied. Le Hot Rod est passé de zéro à cent en six secondes environ. Juste en dessous de la vitesse de la lumière.
Un objectif noble, mais la sueur perlait déjà sur mon front. Le moteur faisait monter la température au point de rôtir. Pas de climatisation. Ma barre chocolatée menaçait de se liquéfier, alors je l’ai avalée. Je me suis léché les pattes, pensant qu’il était maintenant temps d’augmenter l’intensité pour mon essai routier. Et cela signifiait qu’au sommet du virage suivant, j’allais appuyer sur l’accélérateur avec toute mon ambition.
L’arrière s’est déplacé vers l’extérieur de manière bien contrôlée. En contre-braquant et en appuyant sur la pédale d’accélérateur aux doses appropriées, j’ai maintenu une dérive respectable qui m’a donné une vue latérale magnifique sur la route. Il n’y a rien de tel qu’un Hot Rod qui survire avec bonhomie. Le freinage, cependant, était un tout autre jeu de balle. S’il y a eu quelque chose qui ressemble à un point de pression, c’est certainement tard.
Les humains sont une espèce adaptable. Il suffit de freiner plus tôt et c’est tout. Et pourtant, j’aimais tellement dériver que je ne voulais pas m’arrêter, la sueur coulait déjà dans mes yeux. J’étais dans mon élément. Une conduite ultra-rapide dans sa forme la plus pure et la plus honnête. Juste l’embrayage et le changement de vitesse, sans direction assistée ni système électronique d’aide à la conduite. Du vrai truc de col bleu… Je me sentais fantastique….
Il existe une poignée de récompenses qui incitent tout Hot Rodeur à s’arrêter et regarder quelle machine les a remportées. Le trophée America’s Most Beautiful Roadster (AMBR) , décerné lors du Grand National Roadster Show (GNRS), est à la fois prestigieux et le plus ancien. L’édition d’avril 2024 était une fois de plus remplie de voitures qui auraient facilement pu gagner, mais il ne peut y avoir qu’un seul gagnant…
C’est le Ford Phaeton Lowboy ’32 appartenant à Beth Myers de Pennsylvanie et construit par Roy Brizio Street Rods (RBSR) dans le sud de San Francisco qui a été décrété gagnant. Il faut également souligner que Beth Myers est la première femme à remporter l’AMBR… Waouww ! Bravo et bon courage, Beth. Ce n’est pas souvent que l’on voit un Hot Rod Phaeton Lowboy en compétition AMBR.
L’avant dernier était la Chevrolet phaeton’35 de Wes Rydell (Rad Rides by Troy) en 2014. Et il faut retourner en 1985 pour trouver un troisième Phaeton, le ’33 de Larry Murray. Ce sont les trois seuls Hot Rod’s Phaéton Ford à avoir remporté l’AMBR. La carrosserie est une “Brookville” Roadster entièrement en acier, modifiée en Phaeton Lowboy, éliminant les ailes, marchepieds, tabliers, etc.
Même si cela peut sembler nécessiter moins de travail, le fait est que l’équipe Roy Brizio Street Rods (RBSR) en a au contraire eu beaucoup, car voulant donner à ce Deuce Phaeton Lowboy, une apparence distinctive. La carrosserie a été rétrécie de 1-1/2 pouces dans la zone du capot, ce qui a nécessité le rétrécissement de l’évent du capot de 1 pouce et la calandre d’origine a ensuite été rétrécie de 2 pouces.
Andrik Albor de RBSR a joué un rôle déterminant dans la conception du capot en aluminium en trois parties (un capot et deux panneaux latéraux avec trois rangées de persiennes de 3 pouces). Montée devant la calandre se trouve la tenue toujours appropriée d’un réservoir Moon positionné entre les phares à faisceau scellé de 7 pouces SO-CAL (exclusivité Speed Shop) reposant sur des supports “maisons” RBSR.
Albor et Carry Buck, membres de l’équipe RBSR, étaient responsables du façonnage des métaux et de la carrosserie. Pour maintenir les proportions entre les portes et les panneaux de custode arrière, les portes ont été raccourcies de 2 pouces tandis que les custodes arrière ont été allongées de 2 pouces. Passons maintenant aux “mods” obligés des Hot Rod’s : Top Chop de 3 pouces et carrosserie “canalisée” sur le châssis de 6 pouces…
Les passages de roues arrière ont été retravaillés/surélevés de 3 pouces pour permettre un look visuel parfait. Le travail de tôlerie le plus difficile et le plus long a concerné le remodelage de l’arrière de carrosserie. Pour avoir le look Phaeton il convenait de réaliser une forme convexe (bulle) plutôt qu’une apparence de panneau plat sur l’arrière. Cette modification est subtile grâce au savoir-faire d’Eric Reyes Design.
A l’intérieur, un revêtement en cuir noir enveloppe les sièges avant et l’espace arrière qui comporte un compartiment abritant le Rick’s Tank en acier inoxydable et la batterie Optima RedTop. Comme c’est la norme pour tout Hot Rod construit par Brizio, c’est Sid Chavers qui a entièrement réalisé l’habitacle incorporant les pédales (accélérateur Lokar et frein plus embrayage de Moal Coachbuilders).
Un volant Bell à quatre branches qui repose sur la colonne de direction LimeWorks. Le tableau de bord comporte huit compteurs Stewart-Warner. Le câblage personnalisé a été géré par Jim Vickery. J’aurais du vous causer du châssisTotal Cost Involved avant de folâtrer sur la déco… La suspension avant est centrée sur un axe Super Bell de 5 pouces avec un boîtier de direction Borgeson Vega et une configuration de barre de torsion Moal Coachbuilders.
Les amortisseurs réglables sont des QA1. Le freinage avant est basé sur des faux tambours Alan Johnson Kinmont qui cachent des disques Wilwood. À l’arrière, un Quick Change Winters, tournant à 3,78 vitesses, est équipé d’étriers et de rotors Wilwood qui sont mis en service via un maître-cylindre Wilwood qui a eut également le feu vert pour l’ensemble d’embrayage hydraulique.
Une approche Hot Rod distinctive est la combinaison jantes ET Mags Indy 16X5 et 18X7 et pneus Excelsior by Coker 5,00 × 16 et 7,00 × 18… Le Ford V-8 est un Roush 347ci basé sur un bloc Dart en fonte avec des culasses en aluminium. 400cv sont disponibles via un Borla à huit piles de 50 mm équipé d’un EFI qui utilise un ECU FAST, des fils de connexion Roush et un distributeur et une bobine MSD. La pompe à carburant électrique est une Aeromotive 340 Stealth.
Les autres accessoires du moteur incluent l’alternateur et le démarreur Powermaster, le refroidisseur de radiateur Mattson avec ventilateurs électriques SPAL et le système de courroie serpentine de l’équipe RBSR. Les gaz usés sortent d’une paire de collecteurs Sanderson de 1-1/2 pouce qui se déversent dans des tubes d’échappement de 2-1/4 pouces qui retournent à une paire de silencieux Flowmaster Hushpower Pro.
Les feux arrière ont été fournis par Greening Auto Company. Une boite manuelle TREMEC à cinq vitesses est utilisée avec un levier de vitesses Lokar, et l’embrayage hydraulique Modern Driveline est composé du volant d’inertie, du plateau de pression et de l’embrayage. Beth et son mari, Ross, sont impliqués depuis de nombreuses années dans le Hot Rodding ils ont remporté le Ridler 2007 avec leur coupé Ford’36 construit par Rad Rides by Troy.