Brian Bass Hot Rod’T 1925
Un coin perdu n’est pas seulement une entité géographique, c’est une métaphore d’un refuge idyllique. Un endroit où nous pouvons laisser derrière nous le rythme effréné et l’agitation du monde trépidant. Et comme un tel endroit se prête bien aux histoires de découverte et d’aventure, il m’était évident que je devrais moi aussi échouer sur un de ces rivages.
Mon objectif : me détendre et changer d’air tout en réalisant une balade en Hot Rod. Lors de mes balades je me retrouve parfois dans des endroits surprenants et particuliers. Un paradoxe… Ce Hot Rod a tout de suite attiré l’attention en bord de mer. “Est-ce qu’on a le droit de conduire ici ? Vous n’êtes pas en Floride à Daytona Beach”.… Ouais…. Quelques natifs du cru m’ont fait part de leur agacement. “Ne restez pas trop longtemps”...
J’ai rétorqué d’un ton Frenchie-amical : “Restez calmes les gars” appuyé d’un sourire étincelant comme James Coburn lorqsqu’il a eu ses nouvelles dents, assis au volant, toujours aussi détendu, laissant les nerveux excités et surexcités loin, très loin derrière… L’endroit est hors mode, quoiqu’apprécié des célébrités sûres d’elles-mêmes, aux airs feutrés, considérant les kilomètres de plages de sable comme leur appartenant..
Il n’est pas toujours nécessaire de remplacer ce qui est bon par ce qui est nouveau, on a même un mot pour ce genre d’addiction : la néomanie. Les chercheurs disent que nous, les humains, avons tendance à surestimer par réflexe la valeur des nouveautés, ce qui explique que ce phénomène ait été immédiatement classé dans la catégorie des biais cognitifs en tant qu’aberration de la pensée.
J’ai donc ignoré tout en réalisant quelques photos d’ambiance… Ca attirera peut-être 10.000 internautes de plus dans mon site-web, quoique, qui peut savoir les finalités dans l’avenir ? Peut-être 20.000 de plus ? Je me suis adossé “à donf” et me suis concentré sur la substance intemporelle de cet endroit qui changeait toutes les quelques heures au point de devenir méconnaissable, mais restait toujours fidèle à lui-même.
J’avais entendu dire que la mer arrivait fort près si on lui tournait le dos. J’ai donc fait semblant de ne pas regarder la mer et j’ai essayé de me retourner spontanément. En vain, la mer restait où elle était et ne venait pas. Le flux et le reflux des marées sont magiques en France plein nord comme au Mont Saint-Michel, mais aux USA c’est différent. Il n’existe pas d’explication scientifique fiable à ce phénomène.
Certains disent que c’est la force gravitationnelle de la Lune qui est en cause, mais la Lune apparaît partout sur la planète de la même manière. Pourquoi devrait-elle attirer la mer au Mont St-Michel et pas ici sur les cotes américaines ? Serait-ce une vieille ruse capitaliste pour attirer les touristes ? La mer danse, elle se balance d’avant en arrière, va et vient à sa guise…
J’ai courageusement abordé le sujet avec quelques femmes du cru : “Qu’est-ce qui ne va pas avec votre mer ?” leur ai-je demandé. “Danse-t-elle d’avant en arrière ou est-elle déjà là ? Va-t-elle disparaitre ?”... “Nous ne savons pas pourquoi elle danserait à vos yeux”, ont répondu deux femmes. “Nous nous sommes demandées au début qu’est ce qu’était votre curieuse voiture, mais on s’habitue à tout”.
Ce n’est pas cela qui importe et qui est différent ici, car les natifs et natives semblent d’une race particulière et ne se soucient pas vraiment du temps qu’il fait. Le temps ne joue pas non plus un grand rôle pour les touristes. Les gens qui viennent ont mon âge, passé les plus des 3/4 du temps impartis, ils viennent pour se promener et mener une retraite heureuse. Quel endroit unique ! Faut-il prévoir d’emporter un cercueil ? Voire une urne moins encombrante ?
La lutte prolongée et tenace entre la nature et la civilisation a donné naissance à une race de personnes jusqu’alors inconnues ici, des gens qui ignorent joyeusement toutes les tendances et n’ont pas besoin de Hot Rods et Dragsters pour vivre une vie sans stress. La nature voulait que tout reste pareil ici, avec été et hiver, flux et reflux. Bien sûr, l’homme Hot Rodder a toujours autre chose en tête…
Un rêve de ce que les choses pourraient être encore meilleures avec un gros V8 surcompressé de 500ci et 1.500cv et pour ce, il construit des circuits, et s’installe… La nature a surement créé la rouille pour s’en protéger… D’ailleurs les animaux ont l’air plus heureux que les habitants, comme s’ils venaient de gagner à la loterie. Je suis allé dîner dans un authentique restaurant local. J’ai donc participé à la fête…
Quelques hirsutes s’essayaient aux échecs, mais certaines pièces manquaient. Ou y en avait-il trop ? Quelque chose n’allait pas : “Quelqu’un a volé la tour l’année dernière ou peut-être l’a-t-il simplement ramenée chez lui en souvenir”, se lamentait un vieil homme qui arrivait aux 100% de sa vie…. “Je ne comprends pas , la tour est énorme, elle ne rentre dans aucune valise”.
Il était désemparé et m’a ajouté : “Je comprends bien que quelqu’un veuille emporter un peignoir ou une serviette de bain de l’hôtel du coin chez lui pour l’offrir à sa femme, à son amant ou à qui que ce soit. Mais la tour d’un jeu d’échecs en plein air ? “... Plus tard, la reine a disparu de la même manière et le conseil local a ordonné que toutes les pièces soient remplacées à l’automne.
On m’a dit quelques mois plus tard que la reine a réapparu soudainement, cachée dans la neige, à vingt mètres de l’échiquier, probablement emportée comme proie par un gros chien. Le jeu d’échecs compte désormais trois reines et trois tours. Seul Bobby Fischer aurait pu jouer avec ça, mais Bobby Fischer est mort… Il me semble temps maintenant de vous écrire quelques lignes sur ce Rod…
Ce Hot Rod’T 1925 a été construit par Brian Bass dans un seul but : aller vite. La voiture a commencé sa vie comme une coquille d’une carrosserie Ford Model T de 1925, et vit maintenant sa vie comme une voiture de course entièrement construite à la main. Chaque centimètre carré de la voiture a été méticuleusement conçu au cours d’une poignée d’années jusqu’à la dernière Race of Gentlemen 2019 qui s’est tenue dans le New Jersey.
Le nez, la calandre et le capot en aluminium moulés à la main entourent un V8 Flathead suralimenté, tandis que le tout repose sur un châssis tubulaire personnalisé. L’attention portée aux détails et l’expertise de Brian sont inégalées dans le monde du Hot Rodding d’époque. Voilà, il n’y a rien à en raconter de plus d’autant que l’habillage textuel des photos est OK… Donc, c’est fini… Bye…