HOT ROD STREET SHAKER “ABSURD”
Un peu perturbé par le choc de sa vision, en plein centre milieu de l’exposition, je me suis laissé tomber contre un garde-fou. Je l’étais sans doute… Tout en épongeant mon front, j’observais furtivement le Hot Rod responsable. J’aurais juré qu’il dégageait un champ magnétique alimenté par la nostalgie des lieux aux frontières mouvantes, là où les automobiles exposées sont comme des miroirs de subjectivités délirantes sous la menace d’être engloutis par une catastrophe très ordinaire… Leur disparition inévitable, annonce aussi leur transformation en autre chose dans la conscience intime du temps d’objets déifiés confrontés à l’inévitabilité de leur finalité d’objets éphémères, ce qui exploite du même coup le potentiel imaginaire, ludique et créatif des mélancoliques aux parcours dérivants qui font se poser une interrogation fondamentalement actuelle : “Comment survivre avec les rognures de la civilisation et comment entrer dans l’avenir en reconstruisant un rapport signifiant avec le monde ?”… Il faudrait en ce sens admettre de redéfinir ce qui nous rattache au réel et à la durée, qui mène derechef et inévitablement à ce troublant constat : “L’avenir est un concept flou”…
Avez-vous déjà parcouru, n’importe où en Franchouille, un show d’ancêtres avec le sentiment de vous faire chier “grâââââve” à la vue de “vétusteries” patibulaires craquelées de partouzes, certaines étant proposées en vente rapide par d’ignobles retors et margoulins affirmant, une main sur le cœur, que ce sont des œuvres d’art rarissimes et donc hyper “chèrosses” ayant glanées de multiples prix en concours de beauté, telles qu’en attestent les coupes alignées par devant entre divers pots de fleurs en décoration ? Souvent ? Trop souvent ? Quoi que vous marmonez là ? Que ça se raréfie ! Quoi donc ? Les pots de fleurs ? Les coupes en fer blanc vissées sur blocs de faux marbre ? Les bagnoles “à chier grâââââve” ? Un peu tout ça, oui, que c’est triste ? C’est ça, oui, tristesse… Quoi d’autre à me dire par télépathie ? Qu’il n’y a plus beaucoup de shows… Forcément à force de présenter des merdes hors de prix, la clientèle des pigeons change de régime… Oui, même les grands salons cessent, Genève c’est terminé, Paris aussi ? Oui, non ? Y a moins de monde, ça c’est certain, parfois même plus personne… Absolument plus personne à vrai dire (écrire) vrai…
Il y eut des shows, souvenez-vous du “Chromes&Flammes Show” Porte de Versailles, début des années ’80, c’est loin, tout comme l’exhibition de Dragsters du Mans et du Castelet… Les années ’80, toujours, les années ChromesFlammes… C’était avant la merderie générale de la guerre des magazines finalement perdue par le Maréchal Hommel dans une faillite en millions, avec le personnel abandonné comme des merdes… C’est pareil que la guerre d’Ukraine qui n’est qu’un conflit d’intérêts financiers que payent de leur vie et de leur ruine la plouquesque des imbéciles… Vous imaginez bien que dans ce foutoir Européen que tous les dirigeant(e)s des pays fabricants d’armes qui engrangent des milliards, s’en battent les couilles ou les seins selon leur sexe supposé, les deux réunis c’est possible aussi… Il en reste, un peu, jusque dans les champs Elyséens… (les transgenres du Macronisme sont partouzes pour baiser tout le monde).. Aux USA ca fonctionne aussi toujours, moins bien qu’entre la fin des années ’40 et le nouveau siècle 2000, mais ça tourne… Suffisamment pour que je vous cause de “l’Absurd”, un Hot Rod de Ouf cubant 528ci… “LE” Hot Rod ultime, avec même encore la foule profonde qui se tient autour de lui…
Ouaissss !… Il est la résultante d’un coup de chance, celui d’avoir gagné 5 millions de dollars à la loterie, et ce chanceux à direct claqué 1 million pour se faire réaliser une fabrication sur mesure comprenant un monstrueux V8 suralimenté (Blower) et une carrosserie dégoulinante de litres d’ambiance nacrée, comme du sperme fraichement éjaculé… Je suis ici pour vous écrire que nous pensions avoir tout vu en cette matière éminemment visqueuse, mais celui-ci réécrit le livre sanctifié sur les Hot Rod’s radicaux… Son géniteur, outre être devenu multi millionnaire en dollars, était un fan inconditionnel de Hot Rod’s remplis d’un mélange venimeux de puissance et de performance. Ayant grandi avec une fascination pour les guerriers du quart de mile, construits sur des rêves de dragstrip, le fait d’être un visiteur régulier des Dragway’s avec ses parents dès son plus jeune âge, l’a aidé à tracer le cap. Après avoir obtenu son permis, il a construit un coupé Ford 33 à moteur V8 pendant le lycée et n’a jamais regardé en arrière qui pouvait l’enculer bien profond…. C’était il y a des décennies et depuis lors, il à le cul bien ouvert et avec ses millions, s’est constitué une écurie pleine de chevaux sauvages…
Il s’est lancé avec un clone du coupé Ford 1930 du film “American Graffiti” de Milner et a dépouillé la voiture jusqu’à obtenir une carrosserie nue pour ancrer son projet avec une base solide comme le roc capable de gérer de grandes quantités de puissance. C’est typiquement américain, les grands moyens avant la réflexion… L’équipe de “Pro Comp Customs” heureuse de la manne d’or qui allait être récoltée, a construit une colonne vertébrale rectangulaire en acier personnalisé avec des traverses uniques (avouez que c’est cul-cul)…. À l’arrière, forcément, une récupération d’un quick-change (changement rapide, wouaf wouaf !) très robuste récupéré du championnat Winters Performance, qui était équipé d’un rapport final de 3,90:1 et d’essieux Moser… a été suspendu en place épaulé par un système dit Panhard personnalisé à quatre bras tandis que les fameux “sacs” RideTech définissaient la meilleure position pour l’enculade… Du Grand art…. À l’avant, un essieu Super Bell traditionnel de 4 pouces rencontrait des axes Ford’40 combinés à un ressort à lames Posies et à des amortisseurs à tube chromé pour tout mettre au sol…
J’explique comment ça fonctionne : au moment de s’arrêter, le fluide passe par un maître cylindre Wilwood (même marque que les freins) vers des conduites en acier inoxydable et Go Go Go Go Go vers les disques Wilwood de 11 pouces avec des étriers à quatre pistons à chaque coin. Enfin, le clap, des jantes Coys modèle C5 de 20 pouces à l’arrière et de 18 pouces à l’avant enveloppées de caoutchouc Mickey Thompson complètent le look… Applaudissez, vous ne verrez rien de tel en Europe… La carte de visite de tout Street Shaker est dans son moulin… et pour ce coupé, il y a une montagne de puissance. Jerry Brougher patron de Brougher’s Machine Shop à Pittsburg, en Pennsylvanie (avouez que c’est gag), a utilisé un bloc Keith Black Hemi en aluminium percé et caressé à 528ci. À l’intérieur, un magasin de vitesses rempli de produits rapides comprend une manivelle rapide Crower liée à des tiges assorties spermettant aux pistons Arias de faire les va et vient amenant à une explosion hyper jouissive qui va se répépéter… C’est l’ABC… Tout cela démontre la puissance des dollars dans le sur mesure qui donne le rythme.
Les têtes en aluminium Keith Black respirent profondément à travers un Compresseur Huffer 14-71 de chez “The Blower Shop”, tout en aspirant du carburant à travers une paire de carburateurs Holley Dominator de 1 050 cfm. Le filtre à air personnalisé unique de Pro Comp n’est que la cerise sur le gâteau des dynamomètres de 1 250cv. Les gaz usés se déversent à travers un ensemble de zoomies personnalisés de chez Pro Comp tandis que les changements de vitesse passent par une transmission Chrysler 727 fortement massée vers un arbre de transmission personnalisé. Quand est venu le temps de retravailler complètement la carrosserie, l’équipe Pro Comp, comprenant Harvey, Matt Peterson et Jim Roush, a commencé par couper le couvercle de 6 pouces, puis a élargi la carrosserie de 4 pouces, sectionné 6-1/2 pouces et canalisé de 3 pouces. Ce n’était qu’un début car ils ont continué à fabriquer des ailes arrière festonnées ainsi que des ailes avant et des marchepieds, des écopes latérales personnalisées sur le panneau de custode et des sorties d’échappement à double zoomie. Une fois qu’ils ont fini de peaufiner la tôle, Harvey a chargé son pistolet pulvérisateur et a posé l’éblouissant mélange House of Kolor…
Cette teinte “Sunset Pearl + Kandy Brandywine” mélangée sur mesure donne le cachet final à cet extraordinaire Hot Rod surnommé “ABSURD Radical Rod” : un rêve d’enfance était devenu réalité, la Ford Model A Hot Rod de 1930 de Bruce Harvey, qu’est ce Radical Rod “ABSURD” est ainsi devenu un Hot Rod flamboyant et coloré qui semble sorti tout droit de l’imagination d’un enfant, car à première vue, il semble appartenir à un coffre à jouets plutôt qu’à la route. Il est flamboyant, je me répète, et a une personnalité difficile à ignorer. Mais ne laissez pas sa présence enfantine vous tromper, c’est un Hot Rod construit pour les grandes ligues pour rafler les premiers prix et un max de coupes vulgaires en fer blanc, qui a couté plus d’un million de dollars… L’idée de la création de cet “ABSURD” est venue à Bruce alors qu’il était à un salon de l’automobile à Pittsburgh et venait de gagner 5 millions de dollars à la loterie. Il a direct repéré une vieille Ford A Coupé de 1930 négligée et savait qu’avec un peu d’imagination et une partie de son gain, elle pourrait être transformée en quelque chose de spécial. Bruce a commencé son voyage en construisant une “Silver Rat Rod” appelée “Ratical Rod”…
Avec sa peinture bicolore rouge et orange, ses ailes arrière clipsées, sa carrosserie découpée de 10 cm et ses sections sectionnées et canalisées de 20 cm, c’est une création unique en son genre. Mais la vraie magie se cache sous le capot. La voiture est propulsée par un V8 Big Block Keith Black Hemi 528ci, équipé d’un Blower 1471, de deux carburateurs Dominator 1050 et d’un pont arrière quick-change. Cette Ford A Coupé Radical Rod “ABSURD” de 1930 est capable de produire plus de 1.000cv, ce qui en fait une véritable centrale énergétique sur la route. L’attention de Bruce aux détails est évidente dans chaque aspect de la voiture. De l’intérieur personnalisé au châssis fabriqué à la main, aucun détail n’a été négligé. La voiture est dotée d’un châssis fabriqué à partir de tubes en acier de 2 x 10 cm, d’un système de suspension à 4 bras et de freins à disque Wilwood aux quatre coins. Le Radical Rod “ABSURD” a remporté de nombreux prix et distinctions lors de salons d’autos à travers les Etats-Unis, et il est facile de comprendre pourquoi… C’est une création unique et époustouflante qui associe le style classique d’un Hot Rod à des performances et une technologie actuelle.
La vision de Bruce pour cette voiture était de créer quelque chose de sensationnel et qui ferait sourire les gens, et il a certainement atteint cet objectif. Mais tout n’est pas question de spectacle avec “ABSURD”. Cette voiture est conduite quotidiennement et a même été emmenée sur la piste d’accélération, où elle a atteint un impressionnant quarter miles de 6,15 à 177 km/h. Avec une cote de 200 Km/h de 9 secondes, il est clair que cette voiture n’est pas seulement pour le look… “L’ABSURD” est un Hot Rod qui a été construit avec de l’imagination, du sang, de la sueur et des larmes ainsi qu’avec une grosse part des gains à la loterie…. Ce Hot Rod rappelle les rêves que nous avions quand nous étions enfants, rêvant d’avoir une vraie version de notre voiture Hot Wheels préférée. La création de Bruce est cette voiture faite de rêves, et il est difficile d’ignorer sa personnalité flamboyante et colorée. En bref, “ABSURD” est un chef-d’œuvre de l’ingénierie des Hot Rods qui combine un style classique avec des performances et une technologie modernes, et c’est un véritable témoignage de la compétence et de la créativité de Bruce. Cette voiture n’est pas seulement pour le spectacle, elle a été également construite pour être conduite….
Mais alors qu’il continuait à proposer de nouvelles idées, la voiture a commencé à prendre une vie propre. Plus tard, la voiture étant la “Radical Rod” que nous voyons aujourd’hui, partage sa vie mortifère avec une Willys Gasser de ’41, une Ford 33 à moteur Hemi avec double Blower et même une Vespa Pro-Street. Il faut être un fou avec une vision débridée pour dépenser tant de dollars pour obtenir une combinaison tonitruante capable d’éblouir le public… qui s’en bat les couilles, ce qui ramène a mes lignes de plus haut, permettant une lecture en boucle… Bien, je me calme, pas bon à mon âge de déconner à ce point sur une caisse, quoiqu’il m’est difficile de ne pas sourire et de me remémorer mes rêves d’enfance. C’est une voiture qui apporte de la joie, de l’excitation et un sentiment d’émerveillement… Tout sujet lucide se trouve désormais confronté à un réel dysphorique qu’est l’anxiété planétaire, mais dans une perspective non catastrophiste, évitant les effets spectaculaires usuellement associés aux scénarios apocalyptiques en vogue (notamment dans la culture populaire cinématographique made in USA), pour privilégier une sobriété énonciative, une simplicité figurative et de subtils déplacements sémantiques.
A l’avenir je vais tenter d’aller vers plus de simplicité dans mes textes. En effet, mes phrases doivent tendre à un dépouillement, avec des dialogues plus nombreux, des intrigues moins complexes, un récit, plus linéaire et les blocs entre photos plus courts … En quelque sorte la posture du chroniqueur œuvrant à une destruction tranquille du système… Devenant ainsi le maître de mes perspectives volontairement fausses où se croisent des points de vue totalement incompossibles de combinaisons de perspectives accélérées et de perspectives ralenties, installant finalement une scénographie qui n’est plus celle d’un espace connaturel au nôtre, habitable et familier, mais celle d’une sorte de théâtre d’ombres semé de chausse-trappes et de fausses fenêtres, j’illustrerai ainsi une conscience prise de vertige face à cette incohérence d’un monde dont personne n’arrive plus à comprendre la mesure, dont les signes semblent désordonnés et aléatoires. Il n’est pas fortuit, au demeurant, que j’en sois venu à la littérature pour expliquer ce rapport mélancolique à un monde de plus en plus désenchanté et désœuvré marqué par une ère dépressive où ne croyant plus aux utopies sociales ou politiques, ayant épuisé toutes les ressources de la subversion, ne peut plus que se tourner vers une mélancolie dégradée, voire une mélancolie trivialisée, sous le masque du grotesque, du monstrueux et de la dérision … Voilà… Tisane, camomille, cachets divers et dodo…