Coby Gewertz 1934 Hot Rod – Paul Smith Pastiche…
L’avez-vous constaté aussi ? Actuellement se multiplient les actions qui défendent une “cause”, une “noble cause”, et même une “très noble cause” qui s’appuient sur tout et n’importe quoi qui attire du public vers de véritables petits brûlots qui alertent, dénoncent et sont censés ouvrir les yeux de la population (souvent abêtie et hébétée) sur un sujet difficile de la “vraie vie”. Ces entreprises sont comme des productions cinématographiques et/où politiques qui ont pour points communs d’avoir des budgets importants. C’est l’enfer. Souvent c’est de l’opportunisme et de l’arnaque, le Hot Rodding n’y échappe pas !
Alors niveau des causes à défendre, ça tape large. Comme l’actu, dont ils s’inspirent. Ça peut aller des droits des gays au chômage, en passant par les migrants, la vraie place des femmes, le handicap des Vétérans qui ont massacré les Irakiens, les jeunes désœuvrés, le monde rural délaissé, ou tout autre phénomène sociétal, tant qu’il est lourd et anxiogène. Très peu de gens sont réellement touchés, mais ce n’est pas très grave. Auto-gavés de subventions en tous genres, les subventionnés n’ont pas vraiment besoin du public des Dragstrips et autres Hot-Rods Conventions pour exister… Quoique…
On découvre que certaines associations “bidons” ont réussi à se faire subventionner des dizaines de fois alors qu’on n’en a jamais entendu parler. Étonnant et parfaitement déprimant. C’est normal, c’est l’idée. Un peu comme en musique, il est bien plus facile de faire pleurer que rêver en réutilisant les mélodies. Alors les scénaristes-alternatifs s’engouffrent dans cette brèche “sociale”, puisqu’on y vit bien. Et surtout que pour l’égo, c’est bien pratique sans trop se fouler. En se spécialisant dans la “chialance reconstituée”, le bénéficiaire passe nécessairement pour un intello-engagé-sensible aux enjeux de son époque.
Quelqu’un de respectable, utile, qui a du sens, et courageux, en plus ! Qui dénonce ! Fort de ce pré-requis , les mecs qui créent ces “causes”, sont souvent d’une prétention incroyable, auto-persuadés qu’ils sont, de faire bouger les lignes en zig-zag (ou en bandes de couleurs) alors qu’on ne leur a rien demandé. Ils se prennent pour des militants parce qu’ils ont pompé un sujet dans l’actu et qu’ils l’ont transformé à leur profit. Et oui, car s’ils allaient au bout de leur démarche pseudo-citoyenne et qu’ils faisaient vraiment ça pour éveiller les consciences, ils reverseraient les profits à la cause traitée.
Ca serait logique, et assez décent. Mais évidemment, ça ne se passe pas comme ça. Donc oui, on peut bien parler d’une certaine indécence et d’une manifeste escroquerie dans leur démarche. En effet, il faut un certain culot pour instrumentaliser des enjeux sociaux ou raciaux dont certains souffrent vraiment. Mais sans musique triste et sans traveling qui vont générer des droits par millions… Et encore plus cynique, ces causes et ces combats, ils les esthétisent et les glamourisent, en faisant de petits objets pop dont les jurys les plus prétentieux raffolent.
Cela se déroule dans des cérémonies où des hirsutes, l’air pénétré, viennent vous dire pour qui voter et quelles causes sont graves, entre deux coupes de champagnes et interviews . Tiens, bonne idée, parlons un peu des acteurs dans ce sinistre manège. Eux aussi sont gagnants. En promo, ils peuvent prendre l’air super concerné en assurant que le sujet leur tient vraiment à cœur, ce qui les place dans la catégorie des engagés. Avec une conscience politique aiguëe… Arrête ton char, Ben Hur. Ça ce joue à rien. Pas emmerdés, les mecs. Tous pourris !
Let’s go, baby, gloriole maximum, illusion d’être utile, succès d’estime… Tout le monde est gagnant… Tout le monde sauf la plouquesque, qui après s’être fait embarquer, s’ennuie ferme et gamberge sévère. De fait, ni les gens vraiment touchés par ces problèmes (qui ont quantités d’ autres choses à s’occuper, que d’aller voir ça. Me concernant, si bizarrement, j’ai envie de me taper la misère du monde, je vais me fabriquer un document. C’est du réel, pas des bons sentiments surjoués. Et ça se déroule aux USA dans le monde du Hot Rodding, qui plus est sous le label de Goodguys… Qui l’aurait imaginé ?
Quand on va dans une course de Dragsters, c’est quand même pour voir des Dragsters et des Hot-Rods, pas de la réalité mal transformée par un scénariste paresseux. “La fortune favorise les audacieux“... Ce vieux proverbe n’est pas un absolu. Être audacieux ne garantit pas le succès. Nous pouvons tous citer des exemples de mesures audacieuses entraînant des échecs spectaculaires. La phrase est toutefois un bon rappel, cependant, que les réalisations substantielles nécessitent souvent de prendre de grands risques en pompant les idées des autres…
C’est comme ce que suggère un autre truisme : “Soyez grand ou rentrez chez vous”, connu également sous une autre variante : “Soyez Extraordinaire où passez votre chemin”... ce que certaines femmes hautaines utilisent pour une précision sexuelle : “Pas assez… Pas encore…”. Coby Gewertz voulait être grand et audacieux avec son Coupé Ford ’34. En tant qu’artiste et Hot Rodder de longue date qui a passé ses années de formation (cela fait toutefois trop universitaire) sur les pistes de dragster dans les années ’70 et ’80. Il cherchait quelque-chose pour sortir de la masse…
Son père était un agitateur de drapeaux, pilote/coureur/amateur en Top Fuel et aussi un employé de la NHRA, les visions Hot Rod de Coby ont ainsi toujours gravité vers les extrêmes : couleurs vibrantes, gros moteurs bruyants, look agressif, graphismes forts… Il était également très visuel, comme tous ceux qui suivent sa page Instagram “Church Equipped” peuvent en témoigner. Et l’approche viscérale et visuelle de ce méchant coupé ’34 a porté ses fruits le week-end dernier, lorsque Coby a été déclaré vainqueur et obtenu le 1er Prix du HotRod de l’année 2023 au 17e BASF Nashville Nationals-Goodguys…
“J’ai entrepris de construire une voiture qui remonte à l’époque où les courses de dragsters étaient encore cool” m’a expliqué Coby à propos de son superbe coupé’34, ajoutant qu’il avait voulu non pas tester les limites du Hot Rodding mais les dépasser et pousser le passe-temps vers l’avant : “Je m’y entraine et m’y évertue depuis quelques années”... Le co-constructeur de ce Hot Rod, Bill Ganahl de South City Rod & Custom m’a résumé la situation plus cool et succinctement : “Nous avons construit un dessin animé sur roues”… J’étais songeur quant aux réalités en glissant subrepticementle nom de Paul Smith dans la conversation…
Faut vous dire que les bandes de couleurs, tout comme les révolutions de couleurs (spécialité américaine) créent toujours des buzz’s de niveau Tsunami dans le monde. Ce fut pareil dans celui du Hot Rodding lorsque Coby, Bill et l’équipe de South City ont dévoilé pour la première fois ce coupé, surnommé “Saint Christopher” d’après le saint-patron des voyageurs, au Grand National Roadster Show en début 2023. La combinaison de rayures verticales, d’accents de feuilles d’or, de tuyaux zoomie et de piles d’injecteurs étant toutefois trop (too much) pour certaines personnes, la plupart du temps, à créé la stupeur !
Les rayures non conventionnelles, inspirées par les coureurs de dragsters des années ’60 et ’70, étaient controversées déjà à cette époque, mais cela s’était oublié. Mais ainsi revenues des clans pour et contre se sont formés. Coby et Bill savaient d’avance que ce serait une voiture polarisante, ils ont même distribué en riant des sacs pour vomir au salon. Mais leur Hot Rod a fait exactement ce qu’un Hot Rod devait faire : Créer un impact. Cet impact a pris des années dont cinq à South City, qui ont suivi quelques années initiales dans un autre magasin. Mais le fond de l’affaire était l’idée de Paul Smith…
Les efforts à South City ont commencé avec un châssis personnalisé, qui a été mis en place avec un essieu tubulaire abaissé et un ressort à lames transversal à l’avant, avec des triangles Ford ’46 modifiés et un boîtier de direction Vega. Les roues en magnésium Halibrand aidant à offrir un look de course de dragster vintage. Les avant de 15 pouces montés sur la broche sont soutenus par des freins à disque, tandis que les arrières de 16 pouces sont chaussés de slicks de 16×10 pouces de Towel City. Jusque là, c’est la routine créative des Hot Rodders. C’est au niveau peinturluration que la dérive se trouve !
Une chose à la fois. D’abord causons de la bête en elle-même, un vrai coupé de style drag-style qui a besoin d’un Hemi, et celui-ci est un vintage 331ci Chrysler reconstruit par Rob McKray à l’aide d’une came grumeleuse, de culbuteurs réglables, de couvercles de soupapes M / T et d’une magnéto. Les piles d’injecteurs Enderle traversent le dessus du capot et ont été converties en EFI par Autotrend, ce qui rend le système très réglable et convivial pour la route. Le moteur est placé loin en arrière dans le châssis, tout comme un Funny Car, avec des tuyaux zoomie visant les fumées au-delà des marchepieds.
Et oui, il y a même un radiateur, une unité en aluminium personnalisée de Ron Davis qui est juste cachée à l’arrière, sous le carter de queue. La transmission à cinq vitesses T5 provient de Modern Driveline et est connectée à l’aide d’un adaptateur Wilcap le tout contrôlé par un levier de vitesses Hurst. La carrosserie (la peinure va suivre) a commencé comme une originale en acier “Henry” acheté à Mike Wolfe à American Pickers. Il a reçu une sérieuse côtelette supérieure et un insert de toit en acier de Bobby Walden perforé plein de persiennes. Rien à redire, la routine en bla-bla-bla…
L’équipe de South City a également étendu les ailes avant, les a entaillées pour les tuyaux d’échappement et a construit un pare-feu, un capot et un capot personnalisés. À l’arrière, le couvercle du pont a été mis en persienne avec ses angles arrondis, tandis que des feux arrière de Corvette étaient encastrés dans les ailes. Et pour ceux qui sont curieux, il existe de multiples dispositions pour les phares, qui peuvent être montés et connectés en quelques minutes derrière la calandre. Vous devenez impatient d’en connaître plus sur les bandes de couleur ? Ca vient…
Maintenant, à propos de cette peinture en bandes de teintes différentes, il vous faut savoir que si c’est inspiré par les dragster vintage façon “L.A. Dart”, ainsi que de nombreuses voitures et dragsters des années ’60 et ’70,.. c’était un design de Paul Smith… Un “pompage” ? Une “réadaptation ?”… Coby était convaincu que le coupé doive porter des bandes verticales. La grande différence étant que la plupart de ces vieilles bagnoles destinées au quart de mile, avaient de nouvelles carrosseries, pas les courbes et les contours d’une Ford des années ’30. L’idée était audacieuse ou “nouvelle et complètement folle”…
Mais Coby, Bill et Joe Compani de Compani Color ont réfléchi à des idées jusqu’à ce que le bon design émerge, se composant de bandes verticales inclinées dans les teintes automnales de la Maison de Kolor-orange, bronze, or, brun de la bière racine, toutes séparées par des rayures de feuilles d’or d’Eric Reyes. L’intérieur étant aussi inspiré des courses (ce que personne ne s’y attendiez pas), avec beaucoup de vinyle noir plissé de style Tony Nancy cousu par Chris Plante Interiors. Les sièges provenant de vieilles chaises de bureau de lycée, tandis que le tableau de bord était équipé de compteurs Stewart Warner.
Pour certains, cette sensation que les bandes de couleur manifestement copiées était un point de friction dans l’attribution du 1er prix du Hot Rod de l’année. Audacieux, impétueux et badass, le coupé Saint Christopher avait fait tout ce que Coby et Bill voulaient qu’il fasse : provoquer une agitation, remuer la marmite et faire parler et réfléchir les Hot-Rodders en remportant le Tanks, Inc. 2023. Titre de Hot Rod de l’année. Après tout, le Hot Rodding avait besoin d’un bon coup de pied au cul, le temps était attendu depuis longtemps et ce Hot Rod arrivait au bon moment pour faire bouger les choses… Oui mais…
Quoi ? Et bien, ces bandes colorées n’étaient pas une invention/illumination de Coby, mais une inspiration/adaptation/copie/pastiche des créations de Paul Smith, le designer le plus titré de Grande-Bretagne, qui fête ses 77 ans cette année, et avait créé ce design en bandes (rayures) colorées il y a 25 ans pour MINI et Porsche… Est-ce que ce Hot Rod était un hommage au Britannique coloré ? Non ! Ce n’était qu’une appropriation… En effet depuis les années 1970, Paul Smith dessine une mode qu’il qualifie de “classique avec un twist” et ses créations sont connues pour l’utilisation de bandes de couleurs vives…
Sa marque de fabrique est mondialement connue : un motif de fines rayures multicolores en 14 couleurs. Sa percée internationale a eu lieu au début des années 1980 avec son idée d’imprimer des chemises et des chemises en utilisant la technique de la photoimpression. Aujourd’hui, il existe douze lignes différentes, toutes gérées par Paul Smith lui-même, comprenant des accessoires, des chaussures, des meubles des vélos, motos et voitures dans le look avec ses rayures d’artiste immédiatement reconnaissables qui ont rendu Paul Smith célèbre dans plus de 70 pays et avec plus de 17 000 détaillants.
Paul Smith est un visionnaire de la mode aux côtés de Giorgio Armani, il a collaboré avec Rover et l’édition spéciale Paul Smith Mini, décrite à l’époque comme “classiquement britannique avec une touche espiègle”… puis avec la Porshe 911 qui a fait sensation au Mans Classic. La voiture était un projet personnel de James Turner, fondateur du spécialiste Porsche Sports Purpose, couverte à l’intérieur et à l’extérieur de rayures amusantes et joliment peintes. Cette 911 a participé au Porsche Classic et au Mans Classic sur le Circuit de la Sarthe. Voilà… Le soufflé retombe…
4 commentaires
J’ajoute à mon précédent commentaire que nous parlons de Sir Paul Smith, anobli par la reine Élisabeth II en 2000 et fait compagnon d’honneur en 2020. Comme j’ai lu attentivement Gatsbyonline, je sais désormais qu’en Afrique, en Asie et dans les Amériques, aucune nation n’a pratiqué une oppression raciale aussi forte. La Grande-Bretagne fut de loin le principal trafiquant d’esclaves d’Afrique et le principal transporteur de travailleurs asservis d’Asie. Elle a tué par la famine, par l’épée et par le feu plus de gens que Genghis Khan, Attila le Hun, Hitler ou Staline. En défense de ses intérêts impériaux, elle a précipité deux guerres mondiales et préside actuellement à un empire du crime qui dépouille les pays les plus pauvres de la richesse qu’ils ont durement gagnée. Que doit-on en penser en 2023 où être Russe est un crime ? Vos lecteurs réclament des jeux et du sang !
J’apprécie que vous me lisiez et vérifiez mes écrits. Effectivement le Royaume Uni d’Angleterre est une nation abominable, ne dit-on pas la perfide Albion. J’ai aussi narré les ravages qu’au nom de la couronne d’Angleterre il furent massacrés et anéantis les Australopithèques tout comme simultanément les Amérindiens. Les voir donneur de leçons de morale et s’ingénier à de nouveaux massacres en hurlant à la mort des Russes en nous entrainant me dégoute profondément… Ils retiennent Assange, en plus, et après avoir massacré et pillé l’Inde, leur premier ministre en est natif… Tout ce dérèglement humain me parait plus grave que le prétendu dérèglement climatique…
Maître, avec tout mon respect, la partie concernant Paul Smith est bien trop laudative ! Un type qui peint indéfiniment sur des mini ou des porscheries et vend par milliers des trucs hors de prix à des gogos en les faisant rêver parce qu’ils assimilent couleurs criardes à art contemporain est sans doute très malin, mais capable de belles saloperies, comme de continuer à commercer avec la Russie ! J’ai trouvé cet article sympathique : “Robert»: c’est le nom de l’objet du scandale. Le 10 mars, une sandale masculine fait son apparition dans la nouvelle collection Printemps/Eté de Paul Smith, répliques —à l’exception d’un filet rose fluorescent— d’un modèle de chaussures pakistanaises traditionnellement portées pendant les fêtes de l’Aïd, les chappals peshawaries.
Une inspiration évidente, mais que le site marchand de la marque anglaise omet alors de souligner. L’oubli ne tarde pas à éveiller au Pakistan comme au sein de la diaspora pakistanaise une indignation croissante. Une pétition est ouverte, à l’initiative d’un anglais d’origine pakistanaise et adressée au Premier ministre britannique David Cameron. Elle demande «le respect de la culture et des traditions locales, de première importance pour la population pachtoune dans le monde, et plus particulièrement au Royaume-Uni.»
Les responsables de la marque Paul Smith réagissent rapidement en ajoutant à la description des chaussures une lapidaire précision quant à la source d’inspiration. Le prénom de «Robert» disparaît de la page, mais demeure dans l’URL.
Comment l’inspiration leur est-elle venue? L’histoire ne le précise pas, mais on peut hasarder une théorie. En 2013, la chappal de Peshawar avait déjà fait parler d’elle. Hometown, une marque de chaussures lancée en 2010 au Pakistan, mettait la sandale en exergue sur le site, faisant un lien direct avec l’actualité politique du pays.
Créée par Waqas Ali, soucieux d’améliorer l’image de son pays natal aux yeux du monde, Hometown vante (sur un site web qui n’a pas grand chose à envier aux marques occidentales branchées) les mérites du million d’artisans du cuir que dénombre le pays, la valeur de siècles d’expérience et de tradition. A l’occasion des élections législatives pakistanaises, Hometown propose la «Kaptaan chappal», entièrement cousue main et vendue la coquette somme de 130 dollars.
Une partie du fruit de la vente permettait de soutenir le parti d’Imran Kahn, le Mouvement du Pakistan pour la Justice (PTI). Diplômé d’Oxford, joueur de cricket surdoué puis capitaine de l’équipe pakistanaise (vainqueur de la coupe du monde en 1992, d’où le nom de «Kaptaan»), Imran Kahn était aussi connu et largement médiatisé en Grande-Bretagne pour avoir épousé en 1995 (chappals aux pieds) Jemima Goldsmith, fille du magnat de la presse et homme politique James (Jimmy) Goldsmith, ancien directeur de L’Express. Le couple faisait figure de porte-drapeau d’une Grande-Bretagne multiculturelle épanouie et tournée vers le futur.
Si Imran Kahn a perdu les élections de 2013 au profit de Nawaz Sharif, la chappal a peut-être, elle, bénéficié d’un coup de projecteur qui l’a amenée à attirer l’attention des stylistes de Paul Smith.
Et l’histoire aurait pu s’arrêter là, faire figure d’anecdote cocasse, versant un brin dans le British bashing. Le Dawn, plus important journal de langue anglaise du pays (qui avait signé un accord avec WikiLeaks pour la publication des «Pakistan papers»), se moque:
«Les Britanniques se vantent souvent, avec certaine raison, d’avoir apporté la démocratie, l’irrigation, le chemin de fer et la truite au sous-continent [indien]. Récemment, il semblerait qu’ils aient à leur tour décidé de ramener quelque chose, en terme d’inspiration.»
La presse s’est fait l’écho de réactions mi-outrées mi-amusées, à renfort de tweets émanant de la communauté pakistanaise. Ils épinglent la crédulité de ceux qui s’apprêtent à débourser 500 dollars (plus de 360 euros ou 50.000 roupies, ce qui représente, comme le précise Le Monde, l’équivalent de cinq mois de travail au salaire minimal dans le pays) pour une paire de sandales à peu près identiques à celles qu’on peut acheter entre 5 et 20 dollars à Peshawar ou à Charsadda, dans le nord du Pakistan.
Qui plus est, déplorent ou se gaussent les commerçants de Peshawar, le modèle qui a inspiré Sir Paul Smith et son équipe de stylistes s’avère démodé depuis belle lurette, et n’est plus guère arboré que par quelques grands-pères. Dans la famille de Farhad Ullah, on fabrique des chaussures à Peshawar depuis 70 ans. Il confie à l’AFP: «Mon père en faisait, mais il n’y a plus de demande. Seuls quelques militaires ou policiers à la retraite nous sollicitent encore pour leur en fournir.»
Pourtant, la pétition continue de glaner des signatures : elle en compte plus de 1530 à ce jour. Beaucoup de bruit pour rien? Ian Marlow, correspondant en Asie-Pacifique du journal canadien The Globe and Mail, explique la légitimité du sentiment d’usurpation en transposant l’expérience.
«Imaginez l’indignation que ressentirait le Canadien moyen en se baladant chez Harrod’s, s’il tombait, en admirant une vitrine, sur une tuque [un bonnet, NDLR] de l’équipe de hockey des Canadiens de Montréal, déguisée en chapeau de luxe et étiquetée à vingt fois son prix d’origine. Imaginez encore que cette coiffe montée en grade soit baptisée d’un nom ridicule, impeccablement, prétentieusement anglais – peut-être Sir Giles ou Duc d’York – omettant de mentionner toute référence à la culture ou au pays d’origine, même de façon expéditive.»
Les raisons du tollé ne sont pas uniquement dans l’affront fait à la culture pakistanaise. Le couturier Nomi Ansari, interrogé par Dawn, déplore lui aussi l’absence de crédit, ajoutant: «s’il s’était agit de sandales indiennes, cela aurait été signalé en lettres capitales», pointant du doigt un certain favoritisme reproché au Royaume-Uni par la communauté des «Pakistani Britons» (plus d’un million selon le UK Census de 2011) envers les britanniques d’origine indienne. Une tension qui trouve sa source dans l’histoire des deux pays, devenus indépendants en août 1947.
L’épisode de la sandale doit cependant provoquer les grincements de dents des Premiers ministres britannique et pakistanais, David Cameron et Nawaz Sharif. Lancé en 2012 (par le prédécesseur de Sharif), le sommet annuel «UK-Pakistan Enhanced Strategic Dialogue» met en effet l’accent sur le commerce et la culture, dans le but d’améliorer les relations entre les deux états. En 2011, David Cameron avait annoncé une aide de 650 millions de livres sterling pour l’éducation pakistanaise (6e pays le plus peuplé dans le monde, le Pakistan recense alors 17 millions d’enfants non scolarisés). L’annonce avait provoqué de fortes réactions en Grande-Bretagne, un ministre résumant la situation d’un courroucé «S’ils ont les moyens de se payer des sous-marins, ils peuvent envoyer leurs enfants à l’école!».
Votre correctif est beaucoup plus intéressant et utile que mes quelques paragraphes entre les photos de Mini’s et Porsche’s en rayures multicolores. Vous avez mis l’accent sur les pantoufles en prenant assurément votre pied à écrire votre excellent article qui mérite sa propre publication pour que chacun prenne également son pied à vous lire. J’imagine par la suite un comparatif entre la sandale Tropézienne et la sandale Pakistanaise…
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