Cow-boys & Hot-Rodders échappent aux claires évidences
Je doute que vous ayez lu Tennessee Williams et Arthur Miller et les écrivains de l’Amérique désaxée ayant vécu toute l’époque glamour de l’Amérique qui s’éloigne maintenant un peu plus de nous chaque jour, celle incarnée par James Dean et Marilyn Monroe, c’est-à-dire la grande période d’Hollywood et de ses stars, attachée à une période trouble de l’histoire des Etats-Unis, celle de la paranoïa anti-communiste de l’après-guerre qui trouva un point culminant dans la campagne menée par le sénateur Mac Carthy dans les milieux artistiques et intellectuels et surnommée “La chasse au sorcières”…
L’Etat Amérique à la poursuite des citoyen(e)s soupçonné(e)s de sympathies anti-américaines et pro-soviétiques, comme c’est maintenant en retour à l’assaut des pro-russes, amis de Poutine et donc du diable, une nouvelle dérive inquiétante de la politique. J’ai, dès les années ’80, édité TopWheels qui était la version américaine de Chromes&Flammes. Il y avait aussi une version de Chromes&Flammes éditée en Russie et les anciens pays du bloc de l’Est Soviétique, l’ensemble se voulant refléter le monde des Hot-Rod’s et Kustom-cars dans l’éternité du mythe qu’est le Western qui a évolué “mécaniquement”.
C’était l’évidence : Les Hells Angels et leurs Choppers ET les nouveaux cow-boys motorisés qu’étaient les Hot Rodders ayant pour décor l’ouest des Etats-Unis et certains éléments typiques et traditionnels : le désert, les canyons, les grandes prairies, les chevaux sauvages, les saloons, les cow-boys devenant Hot Rodders et les Outlaws devenant Hells Angels, menant une existence en dehors du rythme imposé par l’activité commerciale, gardant la mâle assurance de ceux et celles qui ont affronté la nature sauvage des régions inhospitalières et l’ont vaincue, la force de l’homme face à univers qu’il domine…
Waouwwwwww… Cigarette vissée au bec et chapeau large sur les yeux, l’archétype du cow-boy est l’incarnation d’une certaine forme de virilité, qui rayonne autour de lui. C’est cette image que singent les divers Cons-Boys Nitromanes des banlieues Parisiennes ayant dégénérés en pathétiques Jacky’Touch’men’s… On pouvait compter sur eux autant que sur des lapins de garenne… Leur cri de guerre étant l’équivalent de “Everything’s better than wages !”… Traduction : “Tout plutôt que devenir salarié”... Le représentant de commerce incarne mieux la réalité du monde occidental, par l’esprit et par le nombre.
Pour chaque cow-boy aujourd’hui il y a un million de représentants de commerce ! Pas de quoi en faire des films… C’est là dedans de ce foutoir de merderies qu’à déboulé Hunter S.Thomson… Son manuscrit relatif aux Hell’s Angels, fut écrit avec une minutie quasi anthropologique, cela à une époque où la contre-culture battait son plein… Le livre Hell’s Angels était un aperçu de ce que deviendra le journalisme Gonzo, un style nouveau, ultra subjectif, autobiographique et sarcastique. C’est la dedans que j’ai déboulé. Mais la dégradation du cow-boy était alors déjà consommée !
La civilisation, à travers la technique, était passée par l’Ouest qui l’avait mécanisée. La conquête de l’ouest, parce qu’elle s’est achevée, a transformé l’aventure en commerce (ce qui marque la victoire définitive de la civilisation), en même temps qu’elle a changé le sens de l’action individuelle. L’absurde s’est engouffré dans l’univers de la chevalerie de l’Ouest. Marque du réel et du présent, cela s’oppose au mythe brisé. Nous vivons ainsi dans un monde d’illusion, qui repose sur des apparences extérieures, mais dont on se garde bien de gratter la surface.
La vie, quand elle était consubstantielle au mythe, supposait l’innocence de chacun. Mais dès lors que le mythe s’est solidifié et retiré du présent, nous devenons coupables et l’illusion mensonge. Le Bien et le Mal échappent aux claires évidences qui les distinguaient jusque-là, et l’instinct ne suffit plus pour faire la différence. Les cow-boys ont perdu leur pureté, et les Hot Rodders aussi, sans rien changer de ce qu’ils étaient, parce qu’ils n’ont rien changé de ce qu’ils étaient… Leur vie est un massacre inutile, absurde, d’êtres innocents qu’ils ne voient même pas.
Nous sommes tous des bombardiers aveugles, assassinant des gens que nous ne connaissons même pas. Larguer une bombe, c’est comme dire un mensonge. Tout est si calme. Contre la nostalgie mortifère, c’est la fuite aveugle vers un futur hypothétique. Albert Camus avait une réponse claire à offir : “La vie est une absurdité, elle n’a absolument aucun sens et l’univers est totalement indifférent à nos questions existentielles”... En fait, si nous y réfléchissons, les humains ne sont dans l’univers que pendant une infime fraction du temps. 300.000 ans sur les 13.700 millions d’années de l’univers.
Toutes les grandes actions et toutes les grandes pensées ont un raisonnement ridicule. Les grandes œuvres naissent souvent au coin de la rue. Le monde absurde tire sa noblesse, plus que tout autre, de cette misérable naissance. Waouwwwww ! Mais.. finalement… je ne vous ai rien écrit du Hot Rod en illustration… Ahhhhhhhhhh ! Qu’en écrire ? Premièrement je m’en tape les coucougnettes quoique c’est pluche mieux de les gratouiller… Ce hot-Rod qu’en raconter ? Vous n’imaginez pas la fatigue qui m’étreint rien que d’y penser, j’en viens à m’en vouloir d’avoir embarqué des photos le concernant… Pfffffff !