Ford Coupé Hot Rod 1931 V8 Chevy 350ci
Rendre l’intéressant inintéressant en choisissant comme point de départ certains principes constitutifs personnels que je n’ai nulle envie de dévoiler, m’amène à en écrire le contraire : rendre l’inintéressant intéressant tout en tentant d’éclairer l’obscur qui a submergé le créateur de ce Hot Rod rouge… Le rôle particulier dont je me charge, vient d’une réflexion que je me suis faite en retournant sur les éléments en attente destinés à créer un texte suscitant l’envie d’en connaitre plus à la vue de la photo d’accroche… Rien que d’écrire cela me plonge dans une torpeur intellectuelle à la simple évidence que c’est d’avance une perte de mon temps de plus en plus précieux…Je me dois donc à moi-même d’assumer d’avoir créé cette page et retouché sommairement les quelques photos qui sont tellement quelconques, qu’elles sont un témoignage de l’inutilité de poser un acte littéraire au sein d’une archéologie du néant…
J’ai obtenu une liste des points importants à dévoiler le concernant, tapoté par son propriétaire. L’idée m’est donc venue de la publier d’entrée de jeu… Ceci écrit, ce Hot Rod n’est pas aussi pire qu’on pourrait l’imaginer, quoique, rien n’est jamais certain…
-Hot Rod modèle A 1931 avec calandre de Modèle B 1932, carrosserie Coupe, rouge.
-Le Moteur Chevy petit bloc 350ci exposé est un combo classique.
-Ce coupé Ford Model A de 1931 a été coupé (gag !) de 4 pouces et le toit rempli (sic !).
-La carrosserie a été canalisée, même avec le bas des rails du châssis (Oupsss !)…
-Le 350ci V8 Chevrolet arbore un double système d’admission quadruple (gag ?) et des collecteurs d’échappement de style “lacs” (référence aux Hot Rods utilisés sur les lacs asséchés pour “faire de la vitesse”)
-Le propriétaire l’appelle une construction “haute performance” mais n’a pas fourni de détails.
-Un collecteur d’admission double quadruple (gag !) est surmonté de deux carburateurs Edelbrock à quatre corps.
-Les composants d’allumage utilisent des pièces MSD. et les collecteurs “lacs” au-dessus des rails du châssis sont des produits Sanderson.
-Le propriétaire a écrit que “Le moteur tourne “très fort“.
-La transmission automatique à quatre vitesses GM 700-R4 dispose d’un overdrive
-L’arrière est un Ford 9 pouces. (c’est le pont-différentiel)
-Il n’y a aucun historique connu de dommages corporels, selon le vendeur (gag !)
-La calandre peinte est une unité Ford de 1929 qui date de 1931 (gag !)
-Les coins inférieurs du couvercle du coffre ont été arrondis. (il m’arrive parfois de pleurer sur l’humanité)
-L’évent du capot était rempli. (Par qui où quoi ? Mystère)…
-Le pare-feu a été encastré pour dégager le distributeur Chevrolet. (Le pauvre homme, comment en est-il arrivé là ?)
-Les feux arrière sont des unités en forme de goutte d’eau de style Ford 39 avec des points bleus.
-Les phares de rechange sont fixés aux supports d’amortisseurs avant. (encore un gag !)
-Le siège était recouvert de vinyle beige. (et maintenant ?)
-Le volant a une jante en bois. (J’attrape mal de tête)
-Une chaîne stéréo Alpine et un lecteur CD sont montés sur le pare-brise. (Encore un gag lié à une pauvre éducation)
-Le tableau de bord à fines rayures contient un ensemble de jauges AutoMeter. (Pareil, quand est ce qu’on mange ?)
-Le coffre recouvert de moquette contient la batterie.(Le reste c’est de l’air)
-La suspension avant utilise des triangles fendus, des amortisseurs à tube et un essieu à poutre en I abaissé. (Pffff !)
-La suspension arrière utilise des amortisseurs parallèles à quatre barres et à ressorts hélicoïdaux. (Re-Pffff !)
-Des freins à tambour sont utilisés aux quatre coins. (Re re re Pffff !)
-Les pneus à flancs blancs larges “Big n’little” sont montés sur des roues en acier avec des anneaux de garniture et des capuchons. (Je vais prendre quelques cachets pour maux de tête et je reviens)…
Voilà… Est ce que je me trouve présentement à l’insu de mon plein gré en position de réaligner les signes dominants et de prendre position par rapport à eux. Alors que mon entreprise de chercheur m’amène à restructurer l’histoire de la folie, tout en développant une réflexion originale sur la littérature des magazines numériques dédiés aux Hot Rod’s, qui n’est pas extérieure à diverses problématiques historiques et sociales incluant une recherche archéologique devant être assortie, d’une analyse psychodramatique nécessitant diverses interventions périphériques. Dans un premier temps, il me faudra donner chair au mystère que représente (ou du moins qu’a pour un temps représenté) cette affaire. Entre autres en insistant sur la fonction critique à la recherche des discontinuités de l’histoire à tapoter…
Dans un deuxième temps, je tenterai de mettre à l’épreuve mes positions, en portant un regard attentif sur ce qu’auraient pu en écrire Marcel Proust et Blaise Cendrars, en ce que les œuvres de ces auteurs répondent toutes deux au critère foucaldien d’expérience incommensurable du langage qui serait également une expérience vécue et reproductible à utiliser pour correspondre avec l’individu ayant créé ce Hot Rod… Il me faudra ainsi passer d’une problématisation plus lointaine et générale à une “resémantisation” plus locale en m’inspirant des œuvres de Proust et Cendrars, afin de comprendre la problématique liée à ce Hot Rod, et dont l’intérêt est précisément de vous en raconter l’histoire à travers la situation d’œuvre d’art de ce Hot Rod… Mon texte devra donc illustrer la posture critique définie et non de l’expliquer…
En son temps Foucault a du faire de même, au moyen d’un déplacement de la problématique discursive vers une problématique existentielle où l’esthétique est inséparable d’une éthique de vie, la problématique étant la vocation littéraire que j’éprouve. Je ne souhaiterai donc pas analyser exclusivement et dans le détail la mécanique de cette œuvre d’art, mais plutôt mettre l’accent sur l’histoire symbolique que le propriétaire raconte dans son mémo en tentant d’être contemporain de son propre mystère. Pareillement, je ne suis pas intéressé d’en faire un commentaire. Ce qui m’intéresse, c’est plutôt de performer le but de l’œuvre en la mettant en relation implicite avec celle de l’éthique existentielle de l’’archéologie du savoir. Je perçois en effet une sorte d’entité négative qui, tout en faisant partie de l’histoire de cette machine vient la ronger de l’intérieur comme une tumeur.
Cela m’obligera a réaliser une reconfiguration verticale en couches séparées. La littérature, en réalité, n’existe que dans la mesure où on n’a pas cessé de parler, que dans la mesure où on ne cesse pas de faire circuler des signes. C’est parce qu’il y a toujours autour d’elle des signes, c’est parce que ça parle que quelque chose comme un littérateur peut parler une sorte de métalangage qui en révélerait la face cachée, bref, un mémo qui aurait pour fonction de tirer la nappe d’ordre sur laquelle étaient sagement placés les mots et les choses. Cette reprise oblique ou inversée de l’ordre est présente dans l’image de la verticalité de la littérature, en opposition avec l’horizontalité naturelle des épistémès (les figures épistémologiques anonymes propres à chaque époque du savoir qui en rythment l’ordre et en créent le discours). La verticalité n’est pas pour autant une nouvelle structure, quitte à faire basculer l’équilibre. Bye !