Ford Hi-Boy Roadster 1932
L’écriture de certaines chroniques automobiles me permet de ne pas perdre ce pouvoir qui me pousse à revisiter le monde qui semble atteint d’un cancer qui gruge les cerveaux et que je veux conjurer par mes écrits. Je tapote mon clavier de même manière qu’avant l’image était que les écrivains prenaient la plume pour raconter, pour que leurs souvenirs revivent, que les traces restent. Pour que, finalement, ce qui est à lire soit plus fort que la vie qui déraille.
Mais peu à peu, les mots se déchaussent de leur sens, alors que le monde, lui, se désintègre. Le réconfort qu’on allait chercher dans les mots, dans les livres, s’enfuit. Les récits et chroniques deviennent ainsi, malgré moi, des pensées encagées, raturées, dans un vide qui gonfle et avale les mots et phrases. C’est comme un ennemi mystérieux qui ouvre un abysse, plutôt que de construire du sens et mettre un baume sur les plaies.
Le drame devient une tragédie qui appelle son propre drame, d’une même causalité, permettant des narrations différentes. Entre rage et apitoiement, je creuse en quête d’autofictions des évènements qui se répondent, mais finissent par se perdre dans leur écho. Je me retrouve alors comme au fond d’une crevasse. Ni mort ni à renaître. Présent et détaché. Je me dédouble accompagné d’une ombre. Coupable et victime. Je suis deux.
Ce qui en résulte n’en est pas moins percutant. Chaque phrase est comme un coup de poing, un concentré de vérité, où la fioriture n’a pas sa place. Une écriture de la perte, où les mots de phrases amputées, ne peuvent que mettre de l’ordre dans le réel, en proposant au détour d’un paragraphe, une réflexion sur la fonction même de l’écriture de sujets finalement anodins alors que le réel est si puissant et impénétrable que tout devient caduc !
Cela me pousse parfois à imaginer que mon goût d’écrire pourrait se perdre ! Est-ce un échec ou une révolte ? En posant cette question je me vautre dans le paradoxe jusqu’au bout. Pour les Hot-Rdder’s, il existe souvent des philosophies différentes. Certains veulent des idées puristes tirées directement du passé, tandis que d’autres veulent des technologies modernes. Ouaihhhh ! Pffffffffff !!!
Le Hot-Rod Ford Hi-boy”32 de cet article a été créé d’une carrosserie en acier Brookville sur un châssis “maison”, il appartient à une Pin-Up connue pour ses escarpins vertigineux… Elle n’est en réalité qu’ une Starlette aux représentations irréelles, souvent tordues que les Hot-Rodder’s en érection derrière elle acclament sans cligner des yeux. Je plaide coupable, ici, malgré ses démesures et son attitude porno-phage rythmée par de la musique pop ensoleillée.
Tout cela est jumelé à des défilés de marques de luxe où officient des créatures semblables, dévêtues en Balenciaga, Fendi ou Chanel, ce qui se conjugue parfaitement avec le coté bling-bling Hollywoodien de divers Hot-Rod’s Top-Class qui valent chacun le prix d’une nouvelle Rolls-Royce, le tout s’accordant aux propriétés de dizaines de millions de dollars toutes avec en entrée des statues d’angelots en marbre, et à l’arrière une piscine à débordement.
On prend un malin plaisir à deviner le prix de ces résidences cossues perchées à flanc de colline. Combien de salles de bain ? 6 ! Combien de mêtres carrés ? 800 habitables et 5.000 tout autour ! C’est à Malibu ? Hum…. Ça vaut au moins 25 millions de dollars. Bien sûr, l’aspect cimente la dépendance et la recette (gagnante) ne change pas. Il y a toujours des thèmes bizarres, les nananas y débarquent dans des microrobes très chères et des mégatalons hauts griffés.
Le champagne (jamais de la piquette) remplit les coupelles. Puis, au ralenti, sur une musique hyper intense les langues se délient, les insultes fusent, les larmes coulent et les protagonistes, toujours impeccablement coiffées, se décortiquent avec des couteaux dans les yeux et des ongles parfaits !puis se baisent les uns les unes et autres… Pffffffffffffff ! “C’est un endroit ensoleillé peuplé d’êtres obscurs” a écrit Somerset Maugham.
Ces plantes vénéneuses sexuellement comestibles évoluent dans des décors de cauchemars, n’hésitant pas à exploiter leur capacité de séduction pour entourlouper les parvenus ! L’ultime but sont les dollars à profusion suite au divorce d’un mariage ou le chéri se fait photographier en baise sauvage avec l’une d’elle qui s’auto-échangent avec parfois une petite soeur particulièrement mineure ce qui spermet des chantages en dizaines de millions et plus !
Toujours est-il que ce Hot-Rod associe les idéaux de sa conceptrice qui sont en fait ceux de son concepteur qui se l’a fait embarquer avec sa propriété de Malibu pour une partouze d’écolières en rut… L’engin (le Hot-Rod, pas son pénis érigé) a été donné en contrepartie d’un silence convenu et cédé avec une pléthore de pièces souvent neuves mais qui en côtoient d’authentiques d’époque avec quelques adaptations mineures (gag !) pour une utilisation agréable.
Ce Hot-Rod à un look “à l’ancienne” car son ex-propriétaire avait pris soin d’obtenir un look dit “patrimonial”, incluant jusqu’à la célèbre déclaration du vieux Henry Ford : “N’importe quelle couleur qu’ils veulent, tant qu’elle est noire !”... Nul ne sait s’il s’agissait d’une feinte concernant les servantes noires sexuelles… La puissance provient d’un moteur d’époque “Vintage” un V8 221ci Flathead disposant d’ une belle gamme d’accessoires d’époque.
Cela commence par son collecteur d’admission Sharp, des carburateurs Stromberg’97, alimentés par une rampe de carburant Moon et finissant dans les culasses avec têtes en aluminium poli à ailettes Offenhauser. Un tube chromé se connecte au radiateur, il y aussi un filtre à huile en aluminium Hildebrandt et des collecteurs Fenton qui alimentent le double échappement. Les améliorations notées ici comprennent une conversion de 6 à 12 volts avec alternateur…
Je n’oublie pas de mentionner la transmission automatique. La suspension avant à ressort à lames transversal présente un chromage important, y compris l’essieu I-beam, maintenant équipé de freins à disque avant, alors qu’ une suspension arrière hélicoïdale soutient un carter différentiel. Les poignées de porte sont rasées, il y a un seul feu antibrouillard ambré B-L-C, des phares Ford Twolite et divers détails comme le capuchon de radiateur et l’emblème Ford ovale.
L’intérieur est rouge, y compris la zone du coffre avec un couvercle de batterie assorti. Il y a un aussi un volant bicolore à deux branches, des compteurs Stewart-Warner d’époque, un grand levier de vitesses noir et une sellerie richement tonique… Le look thématique de ce Hot-Rod est complété par des jantes en acier noir avec des petits enjoliveurs et des pneus Firestone. J’en ai terminé.
Tout cela s’est passé en même temps que le couronnement du Roi Charles, en décalé de l’autre coté du monde donc en soirée de l’évènement Hot-Rod mondain… Pfffffff ! J’ai toujours un malaise à voir les gens s’extasier devant le faste, les beaux habits, les contes de fées et les potins associés à la monarchie, une institution qui a une lourde histoire et qui porte des valeurs qui ne sont pas ni les miennes ni les nôtres en Franchouille.
Nous ne devrions pas regarder leurs retransmissions TV. Nous pourrions analyser les dépenses inutiles qu’elle engendre, on pourrait s’y vautrer allègrement, mais concentrons-nous sur l’iceberg plutôt que sur sa pointe. La monarchie britannique a été à la tête de la plus vaste opération coloniale de toute l’histoire de l’humanité. En Inde, en Afrique, en Chine, en Amérique, les victimes de l’impérialisme monarchique sont légion.
En Inde, des millions de personnes sont mortes de faim parce que le Royaume-Uni s’appropriait le blé local. La Couronne a fait deux guerres à la Chine pour forcer les Chinois à consommer son opium à elle. En Afrique, les armées de “Sa Majesté” ont abattu des royaumes entiers. En Amérique, les monarques anglais ont endossé l’extermination des peuples autochtones, et ce, par tous les moyens.
La guerre de la Conquête, d’une violence exceptionnelle pour l’époque, fut l’une des premières guerres totales contemporaines : bombardement de civils, politique de la terre brûlée, des abus qui laisseront la Nouvelle-France exsangue. Une opération de nettoyage ethnique de l’histoire moderne pire que Hitler. Grâce à la brutalité de ses royales armées, la famille Windsor s’est inscrite très haut dans le palmarès des familles massacreuses de peuples.
Autre angle d’analyse : d’où vient cette fortune indécente qui permet à ces rois et reines d’éblouir le monde ? Entre 1765 et 1938, les Britanniques ont soutiré au moins 45 mille milliards de dollars au sous-continent indien. Ce calcul du pillage colonial ne concerne pas que que les Indes, ce qui explique assez facilement les 3 milliards de dollars que possède maintenant Charles III (notamment sa collection personnelle de timbres d’une valeur de 168 millions).
Alors qu’elle partait à la conquête du monde, la famille royale procédait également à des investissements dans le commerce des esclaves, commerce auquel elle doit une partie de sa richesse actuelle. Autre bel héritage. Évidemment, tous les revenus royaux sont libres d’impôts, y compris ceux qui proviennent des 239 millions investis à la Bourse par le nouveau roi. L’histoire de la famille royale est riche en exactions et crapuleries qu’il faut dénoncer.
Cette royauté symbolise aussi des valeurs qui ne méritent pas non plus nos hommages. En voici quelques exemples. Pour choisir le monarque, pas de méritocratie, pas de démocratie, on devient chef d’État parce qu’on est né dans la bonne famille. L’institution monarchique perpétue ainsi l’idée que toutes les personnes ne sont pas égales, que certaines sont intrinsèquement supérieures à d’autres par leur naissance ou, autrement dit, grâce à leur sang bleu.
Idée toxique s’il en est une, il faut donc naître dans la bonne famille, mais il faut également choisir la bonne religion. Si l’héritier de la reine Élisabeth avait été catholique, bouddhiste ou encore athée, le trône lui aurait été interdit. En effet, en plus d’être roi de 14 royaumes, ce guignol est aussi chef de l’Église anglicane, le roi doit donc être anglican pour pouvoir régner. De nos jours, le pouvoir du roi est essentiellement protocolaire.
Le monarque peut user de sa personnalité pour véhiculer des valeurs débiles. Il y a, là aussi, matière à inquiétude. De plus il ne roule pas en Hot-Rod, c’est comme un crime de lèse-majesté ! Bref, on ne discute pas recettes de cuisine avec des anthropophages… Vous pouvez constater que le Roi et et moi ne partageons pas le même sens de l’humour ni du reste les mêmes valeurs, ce qui est un double sens… Ce qui me fait rire ne le fait pas rire…