Ford Hot Roadster’34 Wolfswinkel
Je me retrouve à débiter du Hot’Rod comme un charcutier sa viande et comme je l’ai écrit sur ce web-site à d’autres occasions similaires, il me faut trouver une autre approche pour ne pas nitroser l’ambiance afin que mes pèlerins, fidèles et disciples ne se retrouvent pas dans un catalogue de pièces à choisir pour commander par correspondance… J’appréhende en effet l’instant de la nomenclature des pièces et la description de la main-d’œuvre… Ca me barbe… Je suis conscient d’être de plus en plus souvent à la limite de devenir un descripteur de faits et d’objets roulables sans intérêts aucuns pour la survie de l’inhumanité, atterré par l’hypothèse d’une fin imminente ou déjà survenue du monde, nostalgique d’une époque révolue où les hommes de lettres faisaient l’objet d’une vénération collective. Je suis donc enclin à un certain repli névrotique qui illustre ma déconnexion d’un monde superficiel et tourbillonnant…
Je ne m’en excuserais pas, au contraire, car je ne m’y reconnais pas… L’écrivain ironique que je me suis auto-recréé pour m’éviter d’être la victime de mon auto-suicide par Hot Rods interposés, se présente à vous (bande de nullards) comme un bibliomane solitaire, scribouillard imaginatif, casanier introverti, misanthrope railleur (parfois sujet à une légère technophobie)… Je suis un dandy dérouté et déroutant qui exorcise la mélancolie qui me dévore, avec le rire, les sarcasmes, les moqueries et les multiples sens. En élaborant mon appartenance parasitaire à la société bien pensante que je déteste en effet miroir, par le biais d’une écriture qui mélange de manière inextricable autodérision et finesse, je vise à légitimer de manière goguenarde mon statut d’écrivain/éditeur déjanté à une ère où, justement, le mouvement de “dévalorisation” de la littérature a atteint sa vitesse maximale grâce aux réseaux asociaux que je déteste.
Pour m’en prémunir j’ai développé au cours de la dernière volée d’escalier qu’il me reste à franchir de plus en plus difficilement, symbolisant les dernières décennies (et demi si tout empire) une gamme de postures auctoriales (La notion de posture auctoriale se réfère à la manière dont un auteur se positionne et se présente dans ses écrits et dans le champ littéraire. Cela inclut non seulement le style d’écriture et les choix narratifs, mais aussi la manière dont l’auteur se construit une image publique et interagit avec ses lecteurs ) caractérisées par le recours systématique à l’ironie… Les codes littéraires cristallisés, la figure mythique du Grand Écrivain et mon ego, devenant les cibles privilégiées de mes attaques subtiles. De cette attitude dérive un “ethos” d’auteur d’écrits vains, évanescent, jovial et farouchement isolé à Saint-Tropez (quoiqu’entouré de milliardaires), me poussant à l’insu de mon plein gré, à adopter une pose de dandy contemporain.
L’objectif de cet article n’est donc pas de m’enliser dans un descriptif apocalyptique concernant un Hot Rod, mais de l’utiliser comme toile de fond et prétexte pour m’égarer en interrogations sur un thème qui revient avec une fréquence significative dans mon corpus existentiel, l’image d’un écrivain qui s’enferme dans sa propriété avec sa muse (Valérie) et leur Cocker (Blacky). Ma conviction est que l’amplification de ce topos romantique me spermet d’approfondir ma paratopie particulière, en justifiant à la fois ma position problématique dans la société en tant qu’éditeur/producteur d’écrits-vains s’étant orienté vers la présentation d’engins fantasques… Ma littérature se caractérisée dès lors par un goût obstiné pour le second degré, la métalèpse et l’expérimentation de leur possession pratique adaptée à la vie commune (La métalepse est un trope considéré comme une variante de la métonymie, qui signifie permutation…
Cela consiste à remplacer une chose par une autre qui la précède, la suit ou s’y rattache d’une manière ou d’une autre, exprimant ce qui suit pour faire entendre ce qui précède ; ou ce qui précède pour faire entendre ce qui suit, afin que vous passiez d’une idée à une autre “ex alio in viam præstat”, l’antécédent pour le conséquent, ou le conséquent pour l’antécédent, et c’est toujours le jeu des idées accessoire dont l’une réveille l’autre. C’est la tendance des écrivains ironiques à se dépeindre comme des individus qui se cloîtrent. Une telle propension à un détachement ludique et relativement insouciant peut toutefois susciter des perplexités face à ma posture désenchantée, d’anachorète. Conscient d’être devenu un “homme dans la foule”, atterré par l’hypothèse d’une “fin de la littérature” imminente quoiqu’à mon sens déjà survenue, je suis à la fois futuriste et nostalgique d’une époque révolue qu’on fait perdurer…
Les hommes et femmes de lettres ne font plus l’objet d’une vénération collective, ce qui m’encline à un certain repli névrotique qui illustre ma déconnexion d’un monde superficiel et tourbillonnant dans lequel je ne me reconnaît pas. Devenant éditeur/écrivain ironique je suisse deviendou comme un bibliomane solitaire imaginatif, casanier introverti, misanthrope railleur, sujet à une légère technophobie, et dandy dérouté qui exorcise la mélancolie qui me dévore avec le rire et l’élaboration de mon appartenance parasitaire à la société par le biais d’une écriture qui mélange de manière inextricable autodérision et finesse, légitimant de manière goguenarde mon statut d’écrivain à une ère où, justement, la dévalorisation de la littérature a peut-être atteint sa vitesse maximale face à une société parcellisée, contraint de mener ma littérature dans la solitude d’un décalage intrinsèque par rapport à notre époque…
Alors, quoi donc écrire qui vous fasse palpiter à voir les photographies illustrées de couples décalés que vous ne rencontrerez jamais tout comme vous ne croiserez nulle-part le Hot Rod mis en vedette dans cette chronique… C’est ici que mes confrères survivants singent leurs confrères disparus en créant des textes débilitants et ennuyeux sur des détails inutiles, qui sont à mon sens la raison du désintérêt des masses envers le Hot Rodding classieux… Qu’un dénommé Cole, était intéressé à se faire construire un Hot Roadster alors que tout juste entré à l’université, et qu’il a conclu un accord avec son père selon lequel, s’il payait le Hot Rod dont il rêvait pour baiser les nananas, il le rembourserait une fois sa carrière lancée. Cela dénote le pourrissement de la société “supérieure” américaine qui duplique les parodies cinématographiques américaines des fifties et sixties, le style Elvis Presley guimauve…
Dans les cas de ce Hot Rod classieux, c’est la norme, le père de ce Cole, qui se nomme Daryl a rencontré Drew Backlund de Drew’s Marine à Spokane USA, qui oeuvrait avec la célèbre équipe de course Holman Moody (H/M), avait encore de nombreuses pièces de moteur et pièces restantes du programme Boss 429 de H/M, qui étaient utilisés dans les courses NASCAR en 1969 et 1970. Une fois que Daryl a vu le moteur, il a su qu’il était bon pour le Hot Rod de son fils Cole, et l’étincelle du projet s’est allumée. Daryl et Cole voulaient à l’origine acheter un Hot Roadster de chez Kugel Komponents Muroc, mais ils avaient tous été vendus, alors Jerger le patron de cette société (On le surnomme “Squeeg”) a suggéré qu’ils utilisent le très connu et très cher Marcel DeLey pour construire une carrosserie de Hot Rod à partir de zéro. DeLey a accepté la construction si il serait payé 1 million de dollars plus divers frais annexes…
Voyez qu’on nage dans le Hot Rod de luxe… C’est à ce moment-là que le dit ‘Squeeg” sentant qu’il y avait une masse de dollars à gagner, s’est repointé et a mis un nommé Jimmy Smith dans la machine à dollars, le chargeant de créer un projet sur papier avec certaines de ses idées. Le concept devait similaire à un Hot Roadster Muroc, mais avec un mélange d’éléments de design Ford de 1932 et 1933. Une fois que Smith a terminé les dessins lors d’un diner avec des putes, tout le monde (mêmes les putes) a convenu que la voiture devait être construite et qu’un million de dollars serait un minimum… Squeeg’s a déterminé que le châssis devait être construit chez Pinkee’s Rod Shop à Windsor, dans le Colorado et que les pièces comprendraient un Kugel Komponents IFS et un IRS, avec une section centrale Winters, des amortisseurs hélicoïdaux Aldan à chaque coin, et des disques Wilwood pour garder les choses propres AV et AR…
Squeeg’s sentant que les dollars allaient couler à flot, a demandé à Kugel de fraiser les bras de suspension inférieurs utilisés dans la suspension avant afin que le liquide de frein puisse circuler à l’intérieur, éliminant ainsi la vue de la ligne de flexion du frein. Une fois que le châssis fut de retour à l’atelier de Squeeg, il a été déterminé (qu’en cause du moteur de 250.000 dollars capable de produire 850cv) qu’un renfort supplémentaire pourrait être une bonne idée, alors ils ont ajouté des tubes supplémentaires ce qui a augmenté la note d’encore 100.000 dollars. Sur la base des dessins de Jimmy Smith, Mike Curtis de Curtis Speed Wheels qui avait aussi flairé qu’il y avait des dollars à prendre, a sculpté des jantes en alu en 16×6 et 18×9,5 qui ont été chaussées de pneux Hoosier (avant) et Mickey Thompson (arrière). Dans la mouvance une autre histoire à dollars a été débitée en grosses tranches de lards…
La voici, elle peur resservir : Étant donné que les moteurs H/M Boss 429 devaient être utilisés normalement dans une voiture de course, certaines dispositions devaient être prises en compte pour que ce moteur puisse être utilisé dans un Hot Rod. On a expliqué à fils et au père qu’il y avait une grande sortie d’eau à l’avant de chaque grande tête Hemi, donc Squeeg a utilisé une plaque et des tubes en acier inoxydable poli pour acheminer l’eau vers un thermostat à distance. D’autres concepts à dollars comprenaient le polissage du boîtier de transmission C4 (assemblé par Gary Rogers chez Arizona Precision Transmission à Mesa, en Arizona qui a eu sa part du butin) avant que Squeeg’s n’accomode une partie de celui-ci, en ajoutant une bande platine hors de prix entre les deux finitions. Bien sur, la carrosserie a été peinte chez Squeeg’s à l’aide d’un mélange de teintes noires personnalisées PPG…
Les plus chères, ont été appelées pour la circonstance Competition Proven Black, prétenduement inspirées par la couleurnoire trouvée dans le logo CP de Holman Moody’s. Il serait difficile de calculer le nombre d’intérieurs primés que le Californien Gabe Lopez a assemblés au fil des ans, mais plusieurs centaines ne seraient probablement pas hors de propos. C’est donc ce même Lopez qui a été chargé de réaliser le job que Daryl a là aussi payé rubis sur l’ongle.Lopez a utilisé du cuir dans un pli horizontal pour les sièges baquets personnalisés et un pli diagonal dans les panneaux de porte, ce qui a ajouté selon lui un peu de sensation européenne au concept (sic !). Une combinaison de moquette allemande “à armure carrée” et de cuir a été sélectionnée au plus cher possible pour recouvrir ce qui devait l’être avec du cuir recouvrant le tunnel de transmission et la console centrale personnalisée.
Les “manomètres” et compteurs qui se connectent à un maître-cylindre Kugel à 90 degrés sous le tableau de bord) complètent le tout, couronné par un volant à trois branches personnalisé conçu par Squeeg’s et fabriqué chez Karas Kustoms à Mesa, en Arizona, qui a également créé le panneau des compteurs, qui abritent les cinq jauges Classic Instrument qui ont été câblées dans le système à sept circuits Haywire installé chez Squeeg. Une fois la voiture terminée, elle a été préparée pour le Grand National Roadster Show à Pomona, en Californie, un spectacle où le père de Cole avait remporté le prix AMBR deux ans auparavant. Le Roadster a été accepté comme concurrent (un grand honneur en soi) mais il n’a pas remporté le grand prix. Il a cependant remporté le prix Steve’s Auto Restoration, l’AMBR Outstanding Paint et l’AMBR Outstanding Engine, avec un un peu de bling-bling.
En l’an de Kooltitude 2011, Daryl Wolfswinkel a remporté le prix du plus beau Hot-Roadster des États-Unis avec cette beauté noire et bien que ce Hot Rod ait été construit comme une pièce maîtresse qui a finalement couté 1.650.000 dollars, il ne restera pas longtemps comme une bête d’exposition. Daryl et Cole croyant tous deux que les Hot Rods sont conçus pour être conduits, le duo avait hâte de mettre le Hot Roadster sur la route et de voir ce que ce Boss 429 pouvait vraiment faire… La suite est reprise d’un journal local : Ce soir deux hurluberlus accompagnés de filles nues qui roulaient à tombeau ouvert se sont fracassés dans leur Hot Rod dans les pompes à essence de la station de Bob Hoffleker bien connu dans notre localité, créant une explosion qui a retentit dans toute la ville suivie d’un incendie spectaculaire qui a détruit le garage de Bob Hoffleker et tué les 4 membres du personnel ainsi qu’incendié le super shopping attenant ce qui a engendré une trentaine de personnes gravement brûlée. La suite dans notre prochaine édition”…