Hot Rod Ford Model A’29 Roadster : Dérive Wokiste…
Un Hot Rod Ford Model A Roadster 1929 rouge motorisé d’un V8 350ci Chevy jumelé à une transmission automatique quatre vitesses 700R4, est en passe de devenir prétexte à une insurrection sanglante aux USA… Pourtant strictement rien n’indique la raison de la révolution latente… L’intérieur regarni en cuir beige et le fait que la capote soit noire, disposant d’une housse de coffre beige, non plus ! Pas plus les jantes rayons de 15 pouces que les pneus Continental 195/70 AV et 255/70 AR. Que nenni… La raison est que sa propriétaire, Helen Carter, qui à la peau noire, se sent menacée par les dérives wokistes…
Apparue au XIXe siècle aux États-Unis pour décrire l’expérience des personnes noires dans une société postesclavagiste, l’injonction “Stay Woke” signifiant “rester éveillé(e)” ou “rester vigilant(e)”, “être conscient(e) et activement importante”, notamment en termes de justice raciale et sociale, était employée dans un sens social ou politique pour inviter à être continuellement attentif(ve) aux discriminations. Ce terme s’est ensuite invité dans la sphère culturelle pour entrer dans le langage courant, synonyme d’une forme de militantisme.
On l’entendra notamment beaucoup aux USA lors des nombreuses manifestations sous la bannière “Black Lives Matter”... En Europe et dans le monde francophone, le terme est devenu rapidement un mot-valise utilisé pour disqualifier nombre de prises de parole, surtout en sciences humaines et sociales et en particulier dans les études sur le genre et le racisme. Ce qui est reproché à ces champs d’études est leur démarche idéologique, leur “radicalisme” , leur “manque de rigueur” .. Les ennemis à combattre pour eux, sont, aujourd’hui et en vrac, l’intersectionnalité, les études de genre, et donc le “wokisme”.
Le monde politique de droite et d’extrême droite utilise ce dernier mot pour exciter l’opinion publique, identifiant l’antiracisme à un grave problème social et politique. Après l’indigénisme, l’islamo-gauchisme et la “cancel culture”, est donc apparu le “wokisme”. Le milieu intellectuel s’est emparé de ce terme pour créer une panique morale visant essentiellement les mondes politiques et universitaires. Mais qu’en est-il de ces “woke’s”, qui, à en croire de nombreux(ses) polémistes et personnalités politiques, seraient si menaçant(es) qu’ils/elles pousseraient notamment à voter pour l’extrême droite fascisante !
Présenté comme un mouvement global, le “wokisme” n’en présente pourtant aucunement les caractéristiques. Divers criminologues, ont tenté de clarifier la situation en ces termes : “L’idéologie woke, ou le wokisme, est ce qualificatif péjoratif ne reposant sur aucun fondement sérieux, mais qui permet de disqualifier comme un tout l’ensemble des forces contestataires issues des minorités ou des populations minorisées. Charriant à la fois une accusation d’hypersensibilité, un renvoi à l’invasion de “théories” et l’assimilation de réactions à des discriminations à une volonté de mise en danger de notre société”…
Ce terme a notamment été intensément utilisé pour tenter de faire taire certains courants critiques au sein de la recherche en sciences humaines et sociales, portant notamment sur les questions de genre, d’identité sexuelle, de discrimination fondée sur l’appartenance religieuse, ethnique, etc. La panique morale, qui en découle a été théorisée par plusieurs sociologues, pour désigner la façon dont émergent des épisodes d’inquiétude collective détachée de la réalité de la menace en question. Loin d’encourager la réflexion et de clarifier la pensée, elle sert à déclencher un sentiment de panique, de répulsion ou de colère…
Celà se manifestant à l’égard d’individus ou de groupes qu’on veut étiqueter comme déviants et dangereux, tels les Hot Roddeurs et Hot Roddeuses qui n’ont aucun lien avec tout cela, sont arrivés des moments où, au sein du groupe social des Hot Rod’s, s’est répandu la crainte d’un phénomène qui remettrait simultanément en cause les fondements de la bienséance, de la civilité, du vivre-ensemble ou de l’esprit commun, et dont la cause est attribuée à un groupe d’individus traités comme un bloc et diabolisés…
Les paniques morales ont cinq caractéristiques : elles sont liées à un certain degré d’inquiétude quant au comportement d’un groupe, lequel est la cible d’un discours marqué d’une certaine hostilité et la réalité évoquée par cette panique morale doit susciter un degré de consensus. En outre, la panique morale est volatile, elle disparait aussi vite qu’elle est apparue et fait systématiquement l’objet d’une exagération. Il est à ce stade important de préciser que qualifier un incident de panique morale ne signifie pas qu’il n’a pas eu lieu.
Une panique morale n’est pas imaginaire, ce qui la caractérise, c’est la manière dont l’incident est présenté afin de conforter l’ambiance de diabolisation dans laquelle la panique s’insère et bien souvent relayée par les médias de masse. On peut même affirmer qu’elles font partie de leur fonctionnement ordinaire. Ils ne les ont pas inventées, mais ont constitué leur cadre de développement de longue date. La panique morale d’aujourd’hui au sujet des “wokes”, qu’on présente comme un tout nouveau fléau, tout comme les Hot Rodders, s’inscrit dans une longue tradition paranoïaque qui a pris divers groupes pour cibles.
Ces groupes sont les francs-maçons, les catholiques, les juifs, les homosexuels et les communistes, qu’ils soient réels ou fantasmés. D’autres polémistes confirment par leur propos que l’antiwokisme d’aujourd’hui correspond à l’anticommunisme d’hier. Souvent un feu de paille médiatique, une panique morale cède sa place à la suivante à un rythme effréné, d’autant plus à l’ère des réseaux asociaux. Pour y faire face, la controffensive, souvent fondée sur le fait de contredire le discours produit, peut se prendre les pieds dans ces contradictions. En pointer les erreurs logiques ou factuelles s’avère contreproductif.
Cela dans la mesure où l’attrait de l’affaire ne tient souvent pas dans ses tenants et aboutissants, mais plutôt dans la présentation caricaturale de ses éléments traités sur le ton de l’indignation dans un objectif de décrédibilisation. En fin de compte, l’une des raisons pour lesquelles le “wokisme” est une explication médiatiquement populaire, est probablement de nature tautologique : on en parle parce qu’on en parle, ce qu’on nomme “la circulation circulaire de l’information”..., ce qui expliquerait la tendance à inclure tout, et surtout n’importe quoi, sous cette étiquette.
À la suite de cette affirmation, il nous faut nous demander qui parle de “wokisme” et à qui ce terme parle-t-il ? Il semble impossible, après de nombreuses recherches, de savoir ce que pense réellement le grand public du “wokisme” de même que le public ne comprend pas pourquoi et commun le “Wokisme” est devenu un sous-courant du Hot Roddisme… Même dans les cas des enquêtes d’opinion, la seule information stable est qu’une large part des personnes sondées n’ont jamais entendu parler de “wokisme” ou des sous-catégories qu’on y associe, au sein des Hot Rodders et Hot Roddeuses…
Une part non négligeable de celles qui en ont entendu parler disent ne pas avoir la capacité intellectuelle de comprendre ce que ce terme signifie. Les enquêtes ne permettent pas plus de savoir quelle part de quels groupes ayant entendu parler du “wokisme” dans le Hot Rodding et pensant en connaitre la définition, peut en donner une qui fasse consensus, non seulement parce qu’elles ne testent pas cette question, mais encore parce qu’il n’existe pas de telle définition , affirmant qu’l serait plus intéressant de voir la panique “woke” comme une mobilisation dont la scène est le monde médiatique…
Et cela sans tirer de conclusions sur ce que pense l’opinion publique via la presse merdiatique et les journaleux en quête de scoop’s… Les personnes qui lancent les polémiques et celles qu’elles ciblent, sont objectivement distinctes de la majorité de la population (politiques, universitaires, journalistes, etc.) et disposent grâce à leur fonction d’un fort capital de légitimité, mais également d’une grande force d’influence et de persuasion. Néanmoins, les personnes qui diffusent le discours de la panique “woke” dans le Hot Rodding n’adhèrent pas forcément à une idéologie clairement définie.
C’est précisément l’intérêt d’un discours reposant sur la caricature qui a tendance à gonfler chaque sujet évoqué pour lui donner une influence susceptible de peser sur les fondements mêmes des sociétés démocratiques prônant le dialogue et la liberté d’expression. Dans le cas de nombreuses polémiques ayant suscité une panique morale, leur caractère absurde a plus ou moins rapidement pu être démontré et elles se sont évanouies aussi vite qu’elles étaient apparues. Dans le cas particulier de la panique “woke”, son traitement constitue une mise en ridicule de questions importantes…
S’y glissent diverses concentration d’idées sur des anecdotes plus ou moins exagérées ou inventées et montées en épingle. Plutôt que de voir l’éveil des consciences autour notamment des questions de genre et de l’antiracisme, comme une avancée, les polémistes l’ont transformé en épouvantail pour exciter l’opinion publique, les identifiant à un grave problème social et politique. Produire la panique a de tout temps été une pratique réactionnaire et la panique “woke” en est le dernier exemple. Cela prend actuellement une ampleur cruciale !
Alors aujourd’hui le Hot Rodding est montré du doigt comme étant un danger imminent pour notre civilisation. Il est possible que cela fasse doucement sourire dans un an… Mais , ni futilité, ni divertissement, la panique morale ressemble plutôt à une façon de parler de politique : ses entrepreneurs se concentrent généralement sur le fait d’agiter de vagues menaces, en laissant l’émotion faire le reste. Les analyses des paniques morales ont régulièrement montré, avec raison, la façon dont ce “reste” représente souvent une reprise en main de situations de crise par un capitalisme autoritaire.
L’une des premières réponses à la panique woke serait donc probablement de commencer par demander : “Que voulez-vous faire ?”, plutôt que de placer le débat sur le strict champ de la discussion philosophique. Mais il n’empêche qu’il pourrait être judicieux d’anticiper la prochaine panique. Adopter une attitude défensive ne permettra pas de déconstruire ses fondements émotionnels et non tangibles. Il s’agirait donc de proposer une politique offensive pour ramener l’ensemble des Hot Rodders et Hot Roddeuses sur le terrain concret des préoccupations et de la vie matérielle des gens.
Dans un renversement du stigmate, saluons toutes celles et ceux qui se revendiquent “Hot Rodders woke’s” aujourd’hui avant que le terme ne disparaisse dans les limbes pour laisser place à la nouvelle lubie de dominants effrayés par la perte potentielle de leurs privilèges… Les merdias ont très peu fait écho des événements phares du mouvement “wokiste”, aucun journaleux ne semble avoir mesuré de la même manière la portée de ces évènements. A côté des hétérosexuels et homosexuels, s’est d’abord affirmée cette année une troisième catégorie, celle des non-genres dans le Hot Rodding…
Ensuite, de nouvelles classifications sont apparues. Des “people” s’en sont faits les porte-paroles. La chanteuse Angèle s’est ainsi proclamée ainsi “pansexuelle”, à savoir être physiquement attirée par des personnes indépendamment de leur genre. L’actrice Sophie Marceau ou encore l’ex secrétaire d’Etat Marlène Schiappa que notre partenaire PlayBoy avait interviewé, se caractérisent quant à elles comme “sapiosexuelles”, c’est-dire uniquement sensibles à l’intellect des personnes, quelque soit leur âge ou leur genre ; d’autres, enfin, comme Lili-Rose Depp Paradis, refusent de se définir sexuellement.
Que révèle ce processus de subdivisions toujours plus fines ? Qu’on est en train de basculer de la défense des droits de communautés discriminées à la revendication du droit des personnes de ne pas être désignés par une carte d’identité communautaire, que celle-ci soit sexuelle, raciale, religieuse ou même physique. Bref, d’être traités comme des êtres singuliers, des “soi-même”. En d’autres termes, comme des individus, et non pas comme des membres anonymes et indifférenciés d’un quelconque groupe tels les Hot Rodders…
Cette dilution de la référence communautaire est réjouissante car elle permet de sortir des pièges intellectuels du wokisme et d’apaiser les tensions croissantes qu’il suscite dans la société. En effet, l’origine du cancer d’intolérance qui gagne en vigueur consiste dans ce réflexe mental d’identifier autrui à travers une grille d’appréhension communautaire. A l’intérieur de nos collectivités, la discrimination est une douloureuse réalité. Mais ce n’est jamais à un individu que l’on refuse un emploi ou à un logement, mais à un Noir, un étranger, une femme, un homosexuel, un musulman, un pauvre Hot Rodder…
On comprend ainsi que la société les idées miroirs de ségrégation et de privilèges se développe. Peu importe que les communautés concernées acceptent ou non de nouveaux membres en leur sein, et à quelles conditions. La finalité est toujours de réserver à un groupe des avantages spécifiques dont est dépourvu le reste de la population; ou, à l’inverse, de discriminer négativement un ensemble de personnes par des attributs partagés pour justifier leur exploitation. En d’autres termes, une communauté, en s’attribuant certains privilèges (de droit ou de fait), ne se crée qu’en opposition à une autre, celle qui n’en bénéficie pas.
Par effet pervers, des individus qui ne s’étaient jamais perçus comme socialement unis, tels les Hot Rodders, acquièrent à leur tour un sentiment communautaire du fait de la discrimination dont ils sont victimes. Combien d’individus ne s’étaient jamais sentis Juifs, Musulmans, Noirs avant qu’on les identifie de l’extérieur en tant que tels ? Et parmi ces individus, combien ont dû s’allier avec les gens estampillés de la même façon pour constituer un groupe de défense ayant finalement créé dans leurs têtes un sentiment d’appartenance communautaire dont on les avait initialement désigné ?
L’idée de communautariser le Hot Rodding tel que proné par les survivants de Nitro, nourrit le communautarisme, par un principe de réaction qui contamine l’ensemble du corps social. Ce mécanisme explique la montée de la revendication identitaire et des affrontements inter-communautaires qui en sont la suite logique. Une collectivité qui inclut sans exclure ne porte pas le nom de communauté, mais de société. Cette dernière est alors incompatible avec la reconnaissance en son sein de groupes identifiables par leurs privilèges (formels ou informels).
Elle est simplement composée d’individus dont l’unique mode de relation est l’échange. Seul celui-ci crée des rapports mutuellement bénéfiques. Les personnes dont le sort nous importe dans la pratique sont celles avec lesquelles on échange. Et plus les relations avec elles sont développées et nombreuses, plus leur situation nous affecte car notre propre bien-être dépend de leur existence ou de leur conservation en tant que partenaires à l’échange. Or, lorsque les gens s’entendent pratiquement entre eux, s’apprécient, c’est toujours en raison de leurs caractéristiques personnelles, jamais d’identités collectives.
Celles-ci ne sont rien d’autre que des constructions “récupératives” et non pas une réalité épistémologique. Dans les faits, on n’échange pas avec un ou une Pro ChromesFlammes ou un(e) Nitromaniaque, mais avec une personne qui intéresse de par ses particularismes individuels. Pour ce faire, il est obligé d’enlever sa casquette pour devenir tout simplement un individu échangeant avec un autre individu. Lorsque les gens se perçoivent communautairement, leur intérêt s’oppose à celui des membres d’autres groupes qui ne jouissent pas de leurs privilèges.
Leurs droits ou opportunités excluent qu’ils soient attribués à des individus d’une autre communauté. Le privilège de l’une implique l’injustice et l’exploitation d’une autre. Le conflit survient obligatoirement… C’est ce qui s’est passé jusqu’à l’écœurement dans la guerre des magazines de la Custom-Kulture et du Hot Rodding, entre Nitro et Chromes&Flammes… Il n’était donc pas utile de promouvoir de nouveaux droits pour des communautés, minoritaires ou majoritaires, bien au contraire, il s’agissait de dissoudre dans l’esprit des gens ces perverses constructions sociales de distinctions.
Car penser en termes de catégories de groupes revient paradoxalement à les créer, par des mécanismes de croyances auto-réalisatrices. Il n’y a pas plus (ou pas moins) de points communs entre deux personnes aux yeux verts. Pourquoi alors parler d’un côté de communautés, et de l’autre côté d’individus ? On voit bien ici le poids des conventions sociales. L’objectif n’est donc pas de favoriser un inter-communautarisme Kustomaniaque mais de faire respecter des identités individuelles. Pas la peine d’interdire, il suffit de condamner toute désignation d’individus par des catégories communautaires.
Pas besoin de s’émouvoir spécifiquement du sort d’un Hot Rodder, Il s’agit simplement de reconnaitre à tout individu la même liberté de choix en matière de Kustomization que pour n’importe quelle consommation. On ne doit jamais protéger une personne au nom d’un principe d’identité communautaire car cela reviendrait à le légitimer et à reconnaître alors implicitement l’argument de ses adversaires. On doit bien au contraire refuser de voir bafouer ses droits en tant qu’individu et se révolter contre toute désignation collective de ses préférences personnelles.
Pour cela, il est nécessaire de réinculquer dans les esprits ce qui se trouve être la source même de la tolérance : l’idée de subjectivité. A savoir que chacun de nous est un être singulier et qu’en conséquence, il doit être laissé libre de ses propres choix de vie, correspondants à sa propre équation personnelle. Nul ne peut en juger légitimement à sa place alors qu’il suffirait d’enseigner la tolérance entre les gens tout simplement, nous sommes tous différents… Ras-le bol du consensus des dérives démocratiques qui détruisent les civilisations par leur décadence !