Ford-Pick-up’34 “RODSTALGIAMERICA”
D’être volontairement en marge, même de toutes, complique mon bien-être, particulièrement pour tapoter un texticule concernant un Hot Rod, car les adeptes des formes utopiques amenant à une science-fiction sont rares. La majorité sont des Cow-Boys mécanisés “à-cheval” sur les stéréotypes habituels qui de plus s’habillent en conséquence, Jean’s pour jambes arquées, Santiag’s usés, chemises à carreaux, gilet, foulard rouge et Stenson… C’est le “Texas-Style”, pro-Trump et America-First… Ca roule Cadillac’59 cabrio, au plus rose au mieux et les Hot Rodder’s privilégient les Pick-Up’s… C’est dans les mœurs tout comme les nana’s en jupettes plissées qui sucent des bâtons de réglisse en mimant une fellation…
La bouffe est également traditionnelle : Barbecue ou nothing… Musique Country, danses country en groupes avec ovations lorsqu’est diffusé un tube de Dolly Parton… Ce n’est pas là qu’un Frenchie va découvrir le Hot Rodding New-âge. Si on accepte ce tout ou rien avec joie, liesse et bonheur et qu’on glisse un billet dans l’urne des dons aux vétérans, alors vous êtes OK… Les Rat-Rods sont pour les New-Yorkais dépravés, les Kustom’s pour les Mexicano’s dégénérés et les Hot Rods lunaires sont pour les Californiens dont tout bon Texan se méfie car ils sont tous pédés… Dans ce souk, les Frenchies sont des traitres en puissance qui ont soutenu les Nordistes lors de la guerre de sécession…
Voilà… Ces clichés ont été repris des débuts du French-Kustom des années ’80 et depuis, rien n’a changé si ce n’est que, dès le départ, les autorités Franchouilles puis Européennes, ont fait tout leur possible pour interdire ce qui à leurs yeux n’étaient que des mascarades. Maintenant (2024) c’est la foire aux bestiaux mais les participants y vont endimanchés. Il faut donc un certain temps avant de pouvoir se fondre dans ces ambiances Western, mais tout à son charme si on sait s’y adapter et opiner de la tête pour montrer qu’on approuve cette vision de l’Amérique en soulignant dans toutes les conversations que seul le Texas représente l’Amérique et renferme les plus belles collections automobiles dont les Hot Rods conventionnels…
Ne surtout pas évoquer un Hot Rod Destroy façon Rat Rod ni un Hot Rod futuriste, la balade automobile de vos rêves risquant de s’arrêter là…. C’est sous cet angle que j’ai dialogué avec Johnny Rowland un fermier passionné d’automobiles américaines ayant grandi dans l’amour de l’Amérique et de ses héros qui avaient les couilles de trucider les peaux-rouges… Question bagnoles, c’est un “bon” Texan qui aime l’Amérique et a été baigné dans les traditions américaines dès son plus jeune âge. Il plastronnait devant “son” Pick-Up Hot-Rod hyper classieux, “son” premier véhicule entièrement restauré, “sa” construction de trois ans réalisée au milieu des années ’70 et conservée aussi belle qu’alors…
Il m’a commenté/expliqué/documenté, photos à l’appui, que son voyage de rêve avait démarré avec beaucoup d’hésitation, car la Ford 1934 que lui avait offert son père aux fins d’en réaliser un Hot Rod digne de la vraie Amérique, n’était pas son choix initial. Il aurait préféré un coupé Ford de 1936, mais un Conseil de Famille a décidé qu’il était un passionné de Pick-Up’s dans l’âme et a ajusté son approche pour qu’il en soit lui-même convaincu…. La SUPER gratification d’avance de 100.000 dollars pour fêter la construction de ce Pick-Up à moteur Ford Flathead de 1934, valait bien sur et certain, que les adaptations aux normes soient parfaites… Pour l’ambiance, mettez le son au max… America First…
Le bloc V8 Flathead de 239ci était parfait et Johnny Rowland a commencé le processus de rajeunissement en faisant usiner et aléser le bloc à 0,125 par Dunkums Machine Shop. Faisant l’assemblage lui-même, il a équipé ce V8 d’une nouveau vilebrequin, de bielles et de roulements SCAT ainsi que de pistons Ross. Un arbre à cames Isky pleine course active, oeuvre avec des valves, soupapes et autres pièces en acier inoxydable équipées de doubles ressorts Isky. Les têtes Offenhauser, avec une soupape de décharge de 400 cm3, garantissaient d’avance une respiration libre tandis que le nouveau système d’allumage Mallory Unilite de 12 volts avec système de déclenchement photo-optiques-à-LED assurait de vaillantes et chaudes étincelles.
À l’extrémité supérieure, un collecteur Offenhauser contient des Stromberg 97 triples équipés d’une tringlerie progressive. L’extrémité inférieure a bénéficié d’un ensemble de collecteurs chromés à décharge centrale Speedway, d’un échappement en acier inoxydable et de silencieux Magnaflow. Puisqu’une C4 automatique était un objectif recherché, Johnny a associé le Flathead à un adaptateur de Flat-O-Products, ajoutant un arbre de transmission personnalisé pour faire tourner la Ford à des vitesses de 9 pouces et 3,0. Il a choisi une reproduction de radiateur en aluminium Griffin avec un sur-refroidisseur intégré et un ventilateur électrique SPAL, programmé pour rester allumé jusqu’à ce que les températures reviennent top.
Les détails d’habillage incluent du chrome et de l’aluminium poli presque partout, depuis les poulies de moteur personnalisées jusqu’aux filtres à air chromés classiques. Une fois le Flathead rajeuni et terminé, il a intensifié ses efforts sur la carrosserie du Pick-Up 1934… Avec un sentiment d’excitation, il a complètement démonté la carrosserie refait le châssis et a installé le nouveau moteur V8 Flathead. La suspension utilise deux ressorts à lames à l’arrière et un essieu droit chromé Pete & Jakes avec des freins à disque à l’avant, des triangles chromés et des axes de descente Super Bell de quatre pouces ainsi que de nombreux ajouts chromés. Les amortisseurs ont été convertis de l’action “droite” du levier d’origine en versions tubulaires.
En finale une boîte de vitesses provenant d’une Mustang gagnée dans une soirée Poker fonctionne avec le bras d’origine. Il voulait que son Hot Rod Pick-up incorpore une approche des Texas’Fiftie’s. Les jantes chromées True Spoke de 15 pouces utilisent des flancs blancs 205/70 Diamond Back Classics à l’avant et des versions 235/75 à l’arrière… Seule une carrosserie minimale était requise sur la Ford car la cabine, les ailes avant et les marchepieds étaient en assez bon état. Johnny a ajusté le pare-feu pour s’adapter au nouveau V8 et a passé un certain temps à créer le capot rabattable distinctif. Des ailes arrière en fibre de verre de rechange complétaient la carrosserie avec Johnny fabriquant son propre plancher de lit et ses rails latéraux en chêne.
Une fois tous les éléments en place, il a emporté le camion chez Outlaws Rod’s, qui a terminé la carrosserie et pulvérisé la teinte accrocheuse de chez Dupont Chromabase Red Pearl Metallic. Le camion de rêve prenait enfin forme ! Les améliorations intérieures ont suivi et Precision Auto Upholstery, a reçu de bons rapports d’amis bien informés sur le coté “Texas” de l’affaire… En utilisant le design et les choix de couleurs de Johnny, les spécialistes du rembourrage ont créé un élégant intérieur en cuir beige bicolore pour le camion rouge, typiquement Texas-Werstern. Des inserts en forme de diamants matelassés et des emblèmes Ford V-8 en relief ajoutent une touche de luxe Texan.
Le même thème a été repris sur les panneaux de porte, les panneaux de protection et la garniture de toit qui arbore désormais une console au pavillon, dotée d’une radio AM/FM et d’un authentique lecteur huit pistes. Ce qui semble être des bouches d’aération de climatisation sur les côtés gauche et droit du tableau de bord sont en fait des haut-parleurs Custom Autosound Undercover. Ils sont complétés par un sub monté au centre, placé derrière le siège et alimenté par leur ampli de 250 watts. Le tableau de bord peint pour correspondre est équipé d’instruments Stewart Warner modernes de 12 volts, trois en stock, un compte-tours sur la colonne et deux autres dans un panneau assorti en dessous.
Afin de conserver au Pick-Up un aspect aussi original que possible, la batterie, le stockage à huit chenilles et les fusibles sont cachés sous le siège. Il a fallu à Johnny environ un an pour construire le moteur, un autre an pour terminer la carrosserie, et les peintres et les tapissiers ont mis près d’un an pour leurs job’s. Maintenant qu’il est en état de rouler, il le conduit et le montre partout. Il a été photographié lors des F-100 Supernationals, où il a gagné le 1er prix. Qu’a-t-il pensé alors ? : “La fierté qui accompagne la restauration est un sentiment merveilleux. Reconstruire mon Pick-Up à partir de zéro m’a permis de redonner vie à quelque chose qui autrement aurait été laissé invisible et oublié. Et il roule vraiment bien”… ! OK…