Gizmos Hot-Rod Ford’33…
Les Hot-Rodders ont tenté d’être les nouveaux pirates passant du lieu autre au non-lieu… L’utopie des Hot Rodders semblables au Cow-Boy maître de lui-même fonctionne cependant comme une fuite. Chaque Hot Rodder est un Pirate qui s’installe et qui tente d’imaginer un autre système social mais se voit rattraper par la contingence du social et de l’histoire. Libertalia fut détruite par les Indigènes de Madagascar, Walter Kennedy fut pendu par la justice anglaise et Bartholomew Roberts finit tué dans un combat contre l’Amirauté britannique. Plus encore que la contingence historique, le mouvement même de fondation condamne les Hot Rodders tout comme les pirates à leurs pertes et profits.
En effet, en voulant s’installer, en voulant fonder, au sein du monde, une communauté, un lieu, même radicalement autre, l’agglomérat de Hot Rodders tout comme des pirates s’auto-contamine, un phénomène qui tient au statut même des hétérotopies d’opposition qu’illustres les pléthores de “concentrations-concentrationnaires” que furent les Grandes réunions qui se sont contaminées des oppositions internes et externes alimentées par le consumérisme de grands Groupes de presse tel celui de Michel Hommel qui voulait tout diriger sans rien y connaître d’autre que l’aspect consumériste d’un commerçant enrichi par la stupidité. Le Filousophe Foucault (aucun rapport avec le présentateur TV) discourait qu’il existe des lieux réels mais “autres” pour l’utopie …
Ce sont des lieux hors des autres lieux et pourtant bien effectifs fondés par une société donnée, ayant une fonction sociale vis à vis de l’espace-monde, une sorte d’extériorité que génère la société pour justifier, compenser ou parfaire sa propre organisation, une quintessence de l’hétérotopie, miroir déformant de nos sociétés qui fonctionne comme un exutoire, qui nous renvoie une image de nous même. C’est comme les cimetières qui conjurent notre rapport à la mort et à l’angoisse qu’elle représente dans nos sociétés, une fonction sociale justificatrice qui amène la pérennité de ces hétérotopies. Fondées par la société, elles s’adaptent aux transformations et ne disparaissent pas, à la condition de remplir la fonction qui leur est attribuée.
Le Hot Rodding ne pouvait donc pas fonctionner comme fonctionnent des rallyes automobiles de voitures souvent volées dans un milieu d’hurluberlus qui ne vivent qu’en dérapages de leurs “bagnoles” et de leurs vies, tout en affichant morgue, suffisance et mépris… Les hétérotopies d’opposition sont, quant à elles les lieux autres de la contestation, des lieux où la question même du rapport à l’autorité est remise en question. Ces hétérotopies d’opposition sont générées contre la société, non plus comme des miroirs mais comme des armes. Elles agressent, par leur existence même, les sociétés qu’elles contestent. Il y a une radicalité propre aux hétérotopies d’opposition qui inquiètent l’organisation sociale dans son ensemble.
Les pirates d’affaires brasseurs de milliards, à ce titre, agissent comme des hétérotopies d’opposition. En voulant s’inscrire dans un espace lisse, en refusant toute tentative de striation, de territorialisation, la piraterie d’affaire fonctionne comme un principe d’inquiétude qui remet en question, fondamentalement, la société contre laquelle elle s’oppose. Les vrais pirates remettent en cause l’esclavage, nient les frontières étatiques, instaurent même une citoyenneté universelle et contestent surtout, l’idée de consumérisme qui est le fondement des sociétés occidentales. Mais ces hétérotopies d’opposition ont un défaut, qui provient de leur radicalité. Le combat qu’elles mènent contre les puissances souveraines se trouve toujours perdu d’avance.
L’appareil d’Etat, pour reprendre des termes chers à Deleuze, strie l’espace en se réappropriant les machines de guerre que sont les pirates s’ils s’installent dans la masse. En se sédentarisant, les pirates Hot Rodders rentrent dans un schéma classique de territorialité qui ne peut être repris que par une forme étatique. Terrible constat : la piraterie, en tant qu’hétérotopie d’opposition n’a d’avenir qu’en refusant de s’installer dans les clichés classiques incluant la sédentarisation, ou la mise à l’abri. La réponse que l’on peut apporter à cette dichotomie est double. La première réponse vient de Hakim Bey dans son fameux livre “Les Zones Autonomes Temporaires”. Ce texte met en œuvre une idée : l’utopie pirate des Hot Rodders ne doit pas avoir de pérennité.
Cela tient au statut même des révolutions qui ne sont que d’éternels recommencement. Révolution, réaction, trahison, l’état s’érige plus fort, interdit et devient encore plus répressif, mais la roue tourne, l’histoire recommence encore et toujours… C’est donc la brièveté qui fonde la spécificité des expériences pirates d’organisations sociales. Mais cette première réponse doit se doubler d’une seconde pour comprendre comment l’expérience pirate s’incarne véritablement dans une dimension utopique. La temporalité propre de l’utopie est paradoxale. Son objet est le futur, ou le non-être, mais elle existe seulement dans le présent et s’inspire de légendes passées, l’utopie est en ce sens l’analogue de la trace qui est un scandale pour la Raison.
Car le signe d’un passé dans un présent bien ancré, est un mélange d’être et de non-être. De la même façon, l’utopie, qui combine le pas-encore du futur avec une existence textuelle au présent, n’est pas moins digne des archéologies que nous accordons bien volontiers à la trace. Les utopies pirates devraient alors s’inscrire dans cette logique temporelle, comme trace dans le futur, projet au sens premier. Leur existence tangible n’importe peu, tant qu’il est possible de projeter, dans le futur, les modèles d’organisation qu’elles nous dévoilent. Pour être durable, pour continuer à agir dans notre présent, le phénomène pirate du Hot Rodding doit effectuer ce changement, passer du lieu autre, de l’hétérotopie, au non-lieu, à l’utopie, inscrivant comme une trace dans le futur…
Je discourre des idéaux d’une société plus juste…. Et, c’est curieux, d’un coup je prêche dans le désert… OK… Kootitude… Voici l’interview exclusive de Greg Friedrich de Gizmos LLC à Cedar, Minnesota, spécialisé dans la construction de Hot-Rods de Top niveau.
– C’est quoi la genèse de ce Hot-Rod ?
– Avec certains Hot-Rods, la grandeur est une conclusion acquise avant même que la clé de contact ne soit tournée. Dès le début, nous savions que cela allait être une construction badass !Wayne, le propriétaire de la voiture, est venu à nous avec de grandes idées et un esprit ouvert. Nous sommes tombés d’accord sur le style à réaliser, la construction et la finition, alors que nous traînions au show Goodguys à Columbus, Ohio plus tôt dans l’année, il fut immédiatement clair qu’il fallait réaliser un Hot-Rod au de la des limites de finition, quelque chose de spécial.
– Les constructions de Greg Friedrich ne sont pas seulement connues aux USA pour être des diamants pour les yeux, en Europe vous comptez aussi pour les connaisseurs, c’est la raison de ma venue pour réaliser un reportage d’enfer !
– Merci ! J’ai construit des Dragsters Pro-Stock pendant longtemps. En ce qui me concerne, les Hot-Rods sont beaucoup plus faciles à fabriquer par rapport à des Dragsters !
– Cet état d’esprit a tendance à trouver son chemin dans d’autres constructions, d’une manière ou d’une autre vos confrères vous copient.
– C’est pas pour ça qu’ils nous surpassent ! Nous avons commencé à construire des Hot-Rods exclusivement High-Class !
– C’est sûr que ça doit être cool, mais il faut qu’ils fonctionnent au TOP, que tout fonctionne sans pannes, qu’ils soient confortables à conduire et simples à entretenir.
– Avec la démonstration d’avoir construit de nombreux Hot-Rods, les gens viennent nous voir pour qu’on leur réalise le Top. Toutes nos constructions sont étudiées pour être conduites et facilement entretenues question mécanique. Aucun client ne doit extraire le moteur pour changer les bougies d’allumage.
– C’était pour les Porsche 930 turbo “à air”, les Hot-Rods dans la majorité des cas ont le moteur à l’air…
– Waouwww, ca c’est de l’humour typique Frenchie de Chromes&Flammes, bravo ! Ce qui guide nos constructions c’est de créer des Hot-Rods qui n’ont pas que le style et la puissance des V8 américains, mais aussi les mêmes valeurs de performance que des supercars modernes comme la Ford GT !
– Pas des Ferraris et autres supercars ?
– Nous sommes américains, nous n’en avons rien à foutre des Ferraris, d’ailleurs Ford a battu Ferrari au 24 heures du Mans 1966, la démonstration est faite…
– Je suppose que pour le reste vous vous en moquez ?
– Le reste on s’en tape ! C’était logique de donner à ce Hot-Rod le traitement d’une sorte de GT du Hot-Rodding, le client était dans cette idée d’American First, d’American on Top !
– Cela change une partie du style parce que, par exemple, vous avez besoin de jantes de plus grandes dimensions que les sempiternelles jantes de 15 pouces, pour s’adapter aux gros freins.
– Exact, notre client a vraiment cliqué avec nous, nous n’avons pas eu à lui parler de n’importe quoi, il était d’emblée en accord avec nos idées et il a participé au processus. Les freins devaient être des Brembo, mais ce n’était pas aussi facile que de choisir des numéros de pièce du catalogue du fabricant italien.
– Leurs étriers monoblocs billet à six pistons GTR sont des œuvres d’art…
– Oui mais nous voulions utiliser des pièces de chez Kugel, donc Brembo a réalisé pour nous un fichier CAO de la configuration voulue et spécialement pour nous, usiné les supports des calipers qui imitant le profil des jantes. C’est un tout très ponctuel.
– Comme avec de nombreuses constructions de Hot-Rods, le moteur est la pièce maîtresse.
– C’est un Chevy de 541ci avec un compresseur 8-71 à 200% qui développe 802 chevaux avec de l’essence à 92 d’octane et une transmission 700R4.
– C’est beaucoup de puissance pour un Street-Rod !
– Il a été construit pour être en mesure de gérer encore plus de puissance. Le gros moulin produit plus de 1000 chevaux…
– C’est un rapport puissance-poids que Lamborghini, Ferrari et McLaren seraient envieux de proposer.
– Avec la plupart des Ford 33, le radiateur et la coque de la calandre ne vont jamais vraiment ensemble, nous les avons donc construits à la main. Il y a aussi une pièce de transition entre le linceul du ventilateur du radiateur et la coque de la calandre qui sert de réservoir de débordement.
– Qu’en est-il du châssis ?
– L’équipe de Gizmos a construit le châssis à partir de zéro. La plupart des meilleurs Hot-Rods construits de nos jours le sont sur un châssis de chez Art Morrison ou de chez Roadster Shop. Nous n’avons rien à en dire de mal contre l’un ou l’autre d’entre eux deux, mais nous aimons construire nos propres châssis. Des éléments de suspensions Kugel ont été utilisés sur l’extrémité avant en conjonction avec le matériel interne de Gizmos.
– Et la suspension arrière ?
– Elle a été construit avec un lien Unique Watts réinventé par Gizmos. Tout a été dit et fait, pour que chaque roue supporte presque exactement 25% du poids de la voiture, une distribution de poids 50/50, la perfection.
– La peinture noire sans flammes ni déco, c’est waouwwwwwwwww !
– Une partie des critères de notre client Wayne était que le schéma de couleur devait être noir et chrome. Si ça devait être noir, il fallait que tout soit parfait, car c’est difficile. Le noir montre toutes les imperfections, il était donc logique de confier ce job a des spécialistes, en ce cas la carrosserie Unique Paint and Body à Blaine, dans le Minesota. Ces gars-là ont réalisé un travail incroyable.
– Les seules photos ne lui rendent pas justice, on dirait que la peinture est encore humide.
– Ne soyez pas aussi frenchie !
– Et l’intérieur du Hot-Rod ?
– C’était une autre partie focale de la créativité de notre équipe. Nous avons beaucoup réfléchi à l’intérieur et décidé que nous voulions le look d’un bagnole exotique des années 1960, comme quelque chose que Ferrari aurait pu faire, nous avons mis au point un design unique mêlant 80% du look vintage que nous voulions obtenir, avec la fonction et la durabilité nécessaires.
– La fonction crée la forme disait Raymond Loewy, célèbre designer Franco-américain…
– Ouaissss ! C’est un thème qui s’étend tout au long de ce ’33, comme c’est le cas pour nos constructions, il n’y a pas de plomberie ou d’affichage électrique nulle part comme vos Rods Frenchies, ce n’est pas difficile à faire aux USA, mais c’est difficile à faire en France et surtout à le rendre fonctionnel.
– On a oublié de causer des échappements…
– Comme avec beaucoup d’autres composants de la construction, le système d’échappement a été construit à la main avec des pièces de chez Porter Mufflers. Nous sommes vraiment pointilleux chez Gizmos, ce qui rend la tâche difficile pour nos fournisseurs.
– Avec les shows à grands spectacles comme le SEMA, les exposants sont vraiment sous le radar !
– Cela peut rendre difficile pour nous de mettre le pied dans la porte à des spectacles comme ça.
– Mais vous n’êtes pas des loustics à simplement apporter vos créations à la SEMA pour le garer dans les couloirs quelque part de ce qui reste comme place !
– Non…Le but de nos créations c’est d’être des Hot-Rods destinés à nos seuls clients. C’est bon que vous connaissez Wayne car sinon personne n’aurait pu en réaliser un article.
– Gizmos travaille dur, m’a dit Wayne, pour réaliser le top du meilleur… C’est presque le slogan d’accroche de Chromes&Flammes : “Mieux en pire”…
– Pas mal trouvé comme slogan pour des Frenchies…. Nous avons quelques autres constructions en cours en ce moment dont un Rod turbocompressé. Avec les turbos, il y a une grande différence entre juste boulonner sur un coup de pouce et réellement construire quelque chose qui fonctionne dans le monde réel. Nous ne nous spécialisons certainement pas dans un domaine particulier. Personnellement, je ne m’ennuie pas souvent.
– Donc, construire des Hot-Rods comme ce ’33 vous occupe afin de ne pas vous ennuyer ?
– Cela permet d’utiliser ma créativité et de développer de nouvelles solutions.
– Si je veux le même Hot-Rod, combien devrais-je payer ?
– Il faut prévoir un million de dollars, on fait le calcul quand tout est terminé, il est possible que ce soit trop, ou pas assez…
– Vos Hot-Rods se situent dans les prix des Supercars. Les Hypercars grimpent au delà de 2 ou 3 millions de dollars, plus taxes, frais, emmerdements fiscaux et autres joyeusetés…
– Rien à branler, on n’œuvre pas pour l’Europe mais exclusivement pour les Américains qui aiment Donald Trump, comme nous… America First !
Galerie photos…
Vidéo…