Green-Rod’32
“Stetson enfoncé sur la tête, Ray-Ban sur le nez et Santiag’s aux pieds, je me laisse bercer par une bonne vieille musique Country avec le glouglou du V8 en fond sonore”. J’ai déjà précédemment utilisé cette accroche d’entrée, démonstration qu’on en a “fait le tour”... La réalité en Hot-Rod est l’inverse, mais ça n’a aucune importance puisqu’en Franchouille tout ce qui nous attachait aux rêves automobiles made in USA, prend l’eau de toutes part…
D’où l’expression “partir à vau-l’eau”… C’est une locution verbale, qui, avant d’être utilisée au sens figuré, était utilisée au sens propre. Elle signifiait : “Suivre le courant et le fil de l’eau”… Peu à peu, comme cela a été le cas pour plusieurs expressions, la locution est passée dans le langage courant au sens figuré. L’expression a alors repris l’idée de fuite et de laisser-aller et a qualifié une chose qui part à la dérive (l’analogie avec l’univers aquatique n’est pas anodine),
C’est “quelque chose” qu’on laisse à l’abandon et qui périclite. Vous remarquerez par ailleurs que l’expression se limite parfois au syntagme nominal. Afin de bien saisir les origines de l’expression “aller à vau-l’eau”, il est nécessaire de voyager dans le temps et dans l’historique de la langue française pour déterrer les ancêtres de notre langage contemporain. Le terme “à vau”, qui fait partie de l’expression, existe depuis le XIIe siècle dans l’ancien français.
Le terme a la même origine que l’adverbe “aval” (vers le bas), qui lui-même s’est construit à partir des termes “val” et “vau” : c’est-à-dire la vallée. En effet, aller “à val” signifiait descendre la vallée. Ainsi, la locution adverbiale “à vau” a suivi la même évolution (en réalité, la locution adverbiale “avau” est la forme vocalisée de “ava” (côté par lequel descend un cours d’eau). Des évolutions de la langue, nous restent tout de même des termes et expressions encore utilisés.
Ainsi on dit “amont” pour désigner ce qui se trouve plus haut (à l’origine : “en remontant le cours d’eau”) et “aval” pour ce qui est plus bas. On retrouve aussi ces termes dans l’expression “par monts et par vaux”, qui signifie être en déplacement, de tous côtés et à travers tout le pays, en toutes sortes d’endroits. Pour aller plus loin : La locution adverbiale “à vau” a connu d’autres utilisations avant de disparaître du paysage de la langue française.
Vous pouvez l’observer dans l’expression “à vau-de-route”, utilisée tant au sens propre de “en descendant la route” qu’au sens figuré. Ainsi, on disait “à vau-de-route” pour dire “précipitamment et en désordre”… Dans le domaine de la chasse, on trouve les expressions “à vau-vent” ou “à vau-le-vent” pour signifier ce qui va dans le sens du vent ou ce qui est emporté par le vent. On peut encore citer “à vau-le-feu” et “à vau-l’ombre” qui signifie, au sens figuré : “à tout rompre”...
Ce qui suit devrait vous intéresser… d’autant plus que cela touche plus particulièrement la France et tous les autres pays de la Communauté Européenne… De plus, aux Etats-Unis, on n’assiste plus à ce qu’on croyait être il y a quelques années une résurrection des Muscle Cars et la continuation des Hot-Rods ! Que nenni… La recette est toutefois restée aussi simple que celle d’un hamburger sans salade. Une gueule d’enfer dopée aux stéroïdes et un gros V8…
Ce basique avec un prix plancher, a fait “long feu”… C’est devenu éculé et à contrario très très cher, donc c’est le retour aux bricolages OU à la fabrication chez et par des Maîtres en cette manière… Conséquemment, le Hot Rodding n’est plus du tout à portée financière des “d’jeunes” qui s’en battent les couilles, mais se réserve aux demi-vieux (50 ans) et aux vieux-pépés de plus de 70 ans car ils ont “la nostalgie et l’argent nécessaire” pour se faire fabriquer un Hot-Rod neuf…
Certains préfèrent en acheter un d’occazz. J’en suis un qui, de plus, pense en fonction de l’expérience que “la relève” ne viendra pas. D’ailleurs, mon Hot-Rod survivant reste tapis dans mon garage/bureau… Regard de lion affamé, muscles déclinants, je déguste l’avenir par ma nouvelle maxime : “Courage, Fuyons”... Cinglant ! Tout est écrit… Ce pt’tit Hot-Rod vert va donc me servir d’illustration… L’habitacle est “à découvert”, puisque c’est un Roadster…
Pas de doute non plus, l’instrumentation est minimaliste et l’équipement aussi riche qu’un sandwich semi surgelé vendu dans un triangle en plastique transparent avec date de péremption ! Mais le tout respire la même qualité que la montre en toc pas chère, vendue au marché de la gare… Bref, c’est passablement clinquant, sans l’être, mais ce qui est curieux, c’est la position de conduite, même si les dimensions extérieures impressionnent…
En effet, au volant, d’un Hot-Rod B’32, un vieux pépé de bientôt 75 ans se sent confiné si la capote est en place, ce qui impose aux grands gabarits de tomber le Stetson ou de rouler cabriolet ! Nostalgie ! Pffffff ! A dire vrai de vrai, vivant à perpétuité (relative) à Saint-Tropez, ma vieille Smart Brabus suffit à tout, quoique ma vieille Jeep-Chrysler-Grand-Cherokee-Big-Bloc-V8, bientôt “Old-Timer” aura 350.000kms sans aucun problème mécanique… La chance ?…
Pour ce qui est de ce Hot-Rod vert, c’est la suite d’une balade en Amérique lors de mes pérégrinations hectiques consistant en shows, auctions et falbalas diverses… Fébrilement, je dois bien l’avouer, j’ai tourné la clé de contact et sans aucun miracle en cause, uniquement parce que c’est du neuf, le V8 s’est réveillé dans un grondement contenu, un peu saccadé. Ce V8 semblait avoir été développé à la Nasa ! Rien de sophistiqué dans ce gros cube…
Il provient en droite ligne du paléolithique automobile Yankee… Un seul arbre à cames, deux soupapes par cylindre et des valeurs spécifiques dignes d’une Simca Versailles des fifties ! Heureusement, la cylindrée copieuse rattrape tout : 432 chevaux à 5.900 tr/min et 569 Nm à 4.600 tr/min… Je n’ai rien compris ! Mais, comme d’habitude, je m’en f… totalement, j’ai juste essayé de trouver une position de conduite adéquate avec un dossier fortement relevé…
Assis au plus bas, avec un volant de biais à 45° c’est mission impossible pour me caler dans le siège, je comprends qu’il faut se laisser aller et choir… Pas de grand soutien latéral, un cuir bien lisse, les jambes tordues, bref, la mise en bouche n’est pas terrible… Dieu, que c’est dur ! Dieu, pourquoi moi ? Mes mollets doivent certainement manquer de protéines… Les premiers mètres sont plutôt laborieux, avec un inconfort de selle de vieux bourrin Mustang.
De plus, il faut composer avec un levier aussi dur qu’un steak T-Bone archi cuit ! Combinez à cela, une visibilité étriquée et vous comprendrez rapidement pourquoi un Hot-Rod n’est pas l’engin idéal pour une séance d’emplettes en centre urbain… Et sur petite route sinueuse, visibilité dégagée ? Que nenni ! C’est l’Amérique, tout est trop grand… Mais c’est parti ! Et à vouloir exploiter ce Hot-Rod comme une sportive européenne, je me rend vite compte que là,…
Suspense de la suite… Là, ce n’est pas sa vocation première ! La direction pourrait être plus directe. Les renvois par barres qui gondolent et se renvoient la conduite, apportent une inertie assez handicapante qui ne confère pas au Hot-Rod une prodigieuse agilité. Mais le comportement reste homogène ! A ce niveau, ce Hot-Rod est… Euhhhhhh… Il est.. Pffffff ! Les amateurs de drift apprécieront. Quant au moteur, là, je suis fort déçu…
Les rapports de boite auto sont aussi longs qu’une traversée pédestre du Grand Canyon, ce qui asphyxie le V8. Pourtant, avec les 432 chevaux revendiqués par son propriétaire, je m’attendais à une poussée de missile, mais non, rien d’explosif à signaler… De la réserve, il en a, mais ce Hot-Rod est aussi rétif qu’un taureau castré à vif… Pourtant, on le sent prêt à taquiner la zone rouge, si seulement le rapport de pont était plus court !
Quant à la bande son, elle est forcément typée, mais je l’aurais préférée plus présente ! Conduite américaine… Pfffffff ! Je me suis dit à moi-même que c’était peut-être dans l’utilisation que quelque clochait Je me repassé en tête une bonne vieille Série B américaine et ce fut le déclic ! Sans attendre, j’ai sélectionné quelques morceaux de Blues et de Country, j’ai laissé barboter le V8 et là, ce fut bonheur ! Le Hot-Rod s’est mis à onduler gentiment.
Alors que je savourais le glouglou reposant du gros moteur, les petites aiguilles qui s’agitaient m’ont fait douter qu’une longue balade était possible… C’était comme un pressentiment. Bienvenue aux States ! Côté pratique, sachez maq Popu’s que ce n’est pas la familiale idéale, loin de là… Scandaleusement bon marché tout en étant cher payé aux States, l’amener en Europe pour l’y utiliser devrait virer au chemin ce croix…
Après discussions j’ai acheté ce Rod pour 38.500$ en cqsh ! La bonne nouvelle, c’est qu’elle n’est pas trop soiffarde ! C’est toutefois un gouffre, mais pas aussi spectaculaire qu’imaginé. Yeeeepeeeee ! Conclusion, le politiquement correct agace… Ce Hot-Rod est “politiquement correct” en valeur “acceptable”, ce qui passe forcément par un gros V8 à conduire coude à la portière en écoutant du Rock n Roll en fond sonore… Yeahhhhhhhhh ! Foncez de même, c’est Fun… !