L’enfer du SexRatRodFord’34 Pickup
Je suis d’avance totalement en accord avec qui m’écrira qu’on n’en nana rien à foutre d’un vieux RatRod PickUp’34 déglingué… Quoique… Ce pick-up Ford’34 est une désespérance… Pour singer les présentations à l’Américaine, il est d’usage de conter par le menu tout ce qui a été entrepris par le héros du jour ayant construit “la machine” mise en vedette… Cela comporte un résumé de la vie du propriétaire, son statut social et la composition familiale, de même que ses convictions morales et religieuses, la certification qu’il salue le drapeau et vénère le Saigneur de même que les sermons et les couilles du Pasteur…
S’ajoutent quelques anecdotes familiales avec une brève narration du rôle du propriétaire dans l’Armée qui est allé défendre les vraies valeurs du monde libre en bombardant l’Irak, la Lybie et tous les pays “non-blancs”… Ensuite on passe aux détails de la construction en incluant le nom et l’adresse des fournisseurs de pièces, l’identité du tourneur, du soudeur, du peintre et le référencement des pièces fournies… C’est rare qu’on entre dans un essai routier ni dans d’autres commentaires comparatifs… Par contre l’importance des dollars est mise en avant avec la publication des factures et notes de frais…
C’est généralement assommant et puéril mais l’Amérique c’est avant tout du consumérisme qui doit générer du profit et du bonheur ponctué de phrases creuses répétitives et d’expressions intraduisibles telles que ces phrases d’une abyssale connerie : “Une carrosserie en acier haché et canalisé modèle B ainsi qu’un lit de pick-up raccourci fini en vert olive et monté sur un cadre de modèle ultérieur“… Notez qu’avec un peu de bonne volonté on parvient à comprendre qu’en réalité on nanana rien à foutre de tout ça…
Mais il y a pire avec d’autres types d’expressions qui finissent par donner des mots de tête, comme : “La puissance est fournie par un V8 à tête plate H&H construit sur mesure équipé de culasses Offenhauser, d’un collecteur Offenhauser triple-deuce, de carburateurs Stromberg 97 et de collecteurs enveloppés de style lac reliés à un système d’échappement double. Le camion roule sur une suspension abaissée avec des roues en acier et des freins à tambours hydrauliques, et à l’intérieur, des sièges d’origine B-25 ont été installés avec des compteurs Stewart Warner et un volant provenant d’une Ford 40″…
Vous saisissez ? Comme écrit dans d’autres articles (d’où ma fatigue de ces expressions qui me poussent à tapoter d’abominables conneries salaces), ma réalité est que je ne supporte plus ces stupidités de et pour dégénérés, d’où mon article “Boum” précédent qui correspond au chauvinisme Franchouille des lumières tel qu’utilisé dans notre littérature… Mais là aussi, tout est mis à mal par le sport dont le football qui est encore plus crétin à commenter… C’est alors que soudain, en mon cas, je suis heureux de ne plus devoir revivre tout ça et que je peux en écrire ce que bon et mauvais me semblent…
Par exemple une disgression salace bien franchouille agrémentée de photos en rapports (ce qui est un double sens)… Je vivais déjà les mêmes tourments existentiels dans mes années Chromes (les Eighties) avec l’édition allemande de Chromes&Flammes qui était quasi intraduisible en “schleu” tant ce peuple est précis dans chacun de ses mots… Voilà où j’en suis et ça me fatigue plus que ça ne me désole… Toutefois, pour l’humour je vais me laisser aller à la traduction littérale et non littéraire du texte de mon correspondant américain…
Prenez un Double Dolviran et une bouteille de Chivas et laissez vous porter par le néant : “Construit entre 2007 et 2010 et acquis par Steve Blutch en 2023, ce hot rod ’34 est maintenant en Floride avec des disques et un titre propre de l’Arizona. La carrosserie en acier haché provient d’un pick-up modèle B de 1934, haché et canalisé, et finie en vert olive. La caisse raccourcie est dotée de rails percés avec des barils peints en rouge et des accents de bois. Un radiateur personnalisé est dissimulé derrière la calandre de 1934 surmonté d’un ornement de style imitation, et des phares de style Guide ont été installés”… Ca va ? Vous tenez le coup sans vomir ?
“La vitre personnalisée est fissurée. Le lit a été coupé pour exposer la traverse arrière afin de dégager un réservoir d’air comprimé d’un avion a été monté pour être utilisé comme réservoir de carburant. Le camion roule sur une suspension abaissée avec des ressorts à lames transversaux, des maillons de positionnement arrière réglables, une poutre avant percée et des maillons de positionnement dont les canons sont peints en rouge pour correspondre aux rails de lit. Les roues en acier de style artillerie sont peintes d’un vert contrastant et ont des enjoliveurs avec le logo V8 et des flancs noirs en croûte de tarte”… (C’est traduit tel quel, bon courage pour la suite).
“Les freins hydrauliques proviennent d’un modèle ultérieur et ont des plaques de support percées. Les sièges proviennent d’un Boeing B-25 et sont dotés de coussinets personnalisés ainsi que de ceintures abdominales. Les manivelles des fenêtres ont été percées, tout comme les renforts de cloisons et le bras de la pédale d’accélérateur. Le plancher et le tunnel de transmission sont fabriqués en panneaux métalliques nus. Les instruments Stewart Warner ont été installés dans le tableau de bord de la Ford 40, bien que le compteur de vitesse ne fonctionne que par intermittence”… C’est du petit lait sûré, d’un goût rance et de vomi… Courage…
“Le kilométrage total du châssis est inconnu. H&H Flatheads a construit le moteur sur mesure en 2007. Un bloc de 59A a été trempé à l’acide, magnafluxé, percé et refait surface, et les sièges de soupape ont été coupés à trois angles, rectifiés et avaient des sièges durcis installés. L’ensemble rotatif était équilibré dynamiquement, des roulements Clevite et des engrenages de distribution Melling étaient montés avec des soupapes Manley Performance, et le moteur était surmonté de têtes Offenhauser 59A. Le déplacement est estimé à 262 pouces cubes”… Et voilà, votre calvaire touche bientôt à sa fin…. Il reste encore deux lignes après la photo…
“La construction originale comportait une configuration de collecteur d’admission Offenhauser 2×2, qui a été remplacée par un collecteur Offenhauser à trois deux avec des Stromberg 97. Les collecteurs enveloppés de style lac sont reliés à un système d’échappement double. Le camion est équipé d’un système d’allumage à double point Mallory, d’une pompe à carburant électrique et d’un alternateur de 12 volts monté dans le boîtier de la génératrice”... Voilà, le calvaire est terminé, c’est terminé…. Reste la “cruxi-fiction”… Le succès de ChromesFlammes + GatsbyOnline + SecretsInterdits montre que l’articulation des thèmes reste aujourd’hui féconde…
Elle l’a d’ailleurs été dans toute notre histoire… C’est la dialectique typique de notre culture. La philosophie est née en Grèce à partir d’un sol mythique et s’est développée sans cesser de s’en y rapporter, ne serait-ce que pour mieux s’assurer de ce qui l’en sépare. On avançait encore récemment que la philosophie était un détour entre deux mythes, signifiant par là que tout cheminement philosophique s’enracinait en même temps qu’il trouvait son appui dans des présupposés, des convictions, des croyances, des principes à jamais inanalysables.
Parler de “détour” n’a rien de péjoratif ou de dévalorisant, bien au contraire, c’est justement, encore une fois, notre culture, la tournure d’esprit qui nous anime et qui nous amène à travers un regard critique à reposer sans cesse à nouveaux frais la question de nos valeurs, du sens de nos rapports les uns avec les autres ou avec “l’Absolu” dont le nom et la notion changent à travers l’histoire de la pensée mais dont la présence demeure. Le savoir, au fur et à mesure qu’il progresse et selon la direction qu’à telle ou telle époque il emprunte, modifie nos façons de voir et nous force à reconsidérer qui nous semblait acquis.
Quoique… peut-être trop facilement acquis. La science perturbe tant et si bien, que les notions traditionnelles de la philosophie, la place de l’individu, la nature de la cité, la conduite et l’agir, la fin et le bien, doivent à nouveau être ressaisis, réaffirmés ou reformulés selon des modalités qu’on ne soupçonnait guère. Je prends l’exemple banal de la conduite qui relevait il y a peu encore de la morale et dont on ne parle pas seule, l’éthique parle aujourd’hui. Plus personne aujourd’hui, ou presque, n’enseigne la morale. L’emploi du terme éthique, est la simple réactivation d’un vocable ancien.
Il implique cependant une transformation profonde de la compréhension des rapports des individus, perçus désormais comme des agents dont il convient d’administrer l’agir dans un monde où l’identité à soi-même est débattue, voire déniée, par opposition à des consciences qu’il s’agissait il y a peu de temps encore d’éclairer, de percer et d’atteindre. De part et d’autre pourtant, la fin poursuivie demeure. La question de l’utilité des techniques et de nos puissances de production face à l’éclatement un peu partout de la violence y compris bien évidemment dans nos sociétés nanties, donne l’exemple des déterminations.
Je vous cause des déterminations économiques en me questionnant s’il ne faut pas ajuster l’économie aux besoins réels des hommes plutôt que de plier les hommes aux impératifs économiques. Le savoir qui engendre la technique qui développe des possibilités d’action ne nous enseigne en rien de ce qu’il convient de faire et au profit de qui le faire. D’autres encore ont évoqué le malaise de l’individualisme dans une société absorbée par la rationalité opérationnelle dans laquelle la totalité vivante de l’expérience personnelle semble à jamais compromise.
Mais d’autres se sont inquiétés de l’assimilation massive dans nos sociétés de la question du sens, ont dénoncé les opacités de l’immanence contemporaine et la fragmentation infinie à laquelle elle conduit. L’ubiquité, pour autant qu’elle puisse se réaliser dans le sensible, est désormais acquise : la puissance des moyens de communication nous rend partout à la fois présent. Mais cette présence démultipliée ne laisse pas d’être ressentie comme une présence indifférenciée, dépourvue d’identité. La dispersion, la dissémination, la pluralité simple.
Telle est la réalité à laquelle nous confronte l’abandon des grandes synthèses signifiantes. Mais la pluralité, comme nous l’a montré Parménide, ne peut être pensée en tant que pluralité sans être référée à ce par rapport à quoi elle est justement plurielle. Le différent n’a de sens que par rapport au même. La différence différente, en laquelle certains devinent une richesse, inaugure l’impossibilité de toute pensée, comme bien évidemment de toute éthique. Elle est vouée à “l’inapparaître”…
Arghhhhhh, j’arrive au bout du bout de cet article qui repensé et remodelé en suite de ma consternation d’une dérive qui m’insupportait se retrouve digeste…Aristote avait cette phrase s’agissant du rapport entre la philosophie et les autres disciplines du savoir et du faire : “Toutes sont plus nécessaires que la philosophie, mais aucune n’est meilleure. Bien que moins nécessaire ou utile, aucune n’est meilleure que celle qui justement donne son sens au nécessaire et à l’utile”. C’est ce meilleur, qui donne tout son sens au savoir… Je suis heureux d’avoir pu quitter et mettre en dérision le type de descriptif Yankee… Yeaaahhhh !