Hot Rodding, l’utopie kitchissime…
Ce Hot Rod Ford Model A 1930 coupé cinq fenêtres acquis en 2017 et modifié au cours des trois années suivantes en un style dit “traditionnel” par Jay Cavallo Dean de Nostalgia Ranch à Fallbrook, en Californie, USA, a été peint en gris souris avec habitacle sang de bœuf et “la bête” est motorisée d’un V8 Super Red Ram Hemi 270ci associé à une transmission 5 vitesses manuelles Tremec T5.
Parmi les autres modifications, citons l’allumage électronique, les maîtres-cylindres de frein et d’embrayage Wilwood, la suspension arrière à ressorts hélicoïdaux, les collecteurs de style course sur lac asséché (sic !), un toit en vinyle rembourré, un réservoir de carburant externe de style Ford’32 et un volant de style banjo récupéré d’une MG A.
Ce Hot Rod a fait l’objet d’un article dans un magazine Californien dédié au Hot Rodding dénommé “Car Kulture Deluxe” et de plus a fait l’objet d’une thèse universitaire sur l’Utopie Kitchissime… La carrosserie en acier a subi un Channeling, un Top-Chop et autres pratiques du Hot Rodding puis peinte en gris souris (une des couleurs Porsche 356) après toute une liste interminable de modifications qui méritent certes d’y porter intérèt…
Si ce n’est que malheureusement celles-ci sont totalement interdites en France au motif de dispositions sécuritaires définies par diverses lois et directives qui étaient destinées au départ des années’90 à “sauver” l’industrie automobile Française ET Européenne avec diverses interdictions contraignantes rendant les modifications “non-usine-d’origine” d’abord civilement punissables, puis évoluant vers le pénalement punissable.
Cela n’a absolument pas sauvé l’industrie automobile, au contraire, VW en tête s’ingéniant dans des manœuvres criminelles de tromperies diverses concernant la pollution et les normes de sécurité, ce que toute l’industrie a copié avec surenchères, augmentations incessantes et autres filouteries avant que le prétendu miracle de la voiture électrique sonne le glas des passions automobiles…
Certes, les habituels margoulins ont ressurgis des catacombes pour proposer de l’électrification à des tarifs stratosphériques, en ce compris des voitures de plus de 30 ans de même façon qu’on modifierait des meubles Louis XIV en style Art-Déco-pompier… L’aspect novateur individuel a donc ainsi été anéanti dans le flux consumériste “à-la-petite-semaine” …
Et, plutôt que sauvegarder nos artisans et nos industries, nous sommes passés sous la coupe de multinationales orchestrant des escroqueries légalisées d’avance sous le principe des retours sur commissions et dons divers… La finale du spectacle de ce cirque s’annonce émouvant… L’utopie est-elle encore possible, voire souhaitable, dans le monde contemporain ?
D’un côté, l’utopie traditionnelle, qui fait miroiter le fantasme d’une société parfaite, apparaît obsolète, l’histoire cruelle du XXe siècle a guéri l’humanité de l’espoir et de l’attente d’une telle société qui s’avère inadéquate à la nature humaine et qui entraîne inévitablement le totalitarisme, au nom de la vérité à établir ou à défendre. De l’autre, en rester aux contre-utopies, c’est courir le risque de l’inaction devant les difficultés du monde…
Si non, ce sera la paralysie de la désespérance devant des totalitarismes dont la puissance est présentée comme invincible, à moins que ce sera la paralysie d’une invitation au retour à un état de nature, une forme de négation de l’essence humaine comme “homo faber”, qui interdit d’imaginer des solutions pour répondre aux problèmes tels qu’ils se posent…
Ils se révèlent ambigus parce que l’état de nature, pour l’essentiel, relève de l’imagination et de ses fictions, comme l’utopie, nostalgique, des origines.
Néanmoins, les hommes ont besoin de rêve, d’un idéal à défendre, pour construire et agir ; ils rêvent d’abord à des héros imaginaires, comme Dédale qu’ils font voler, avant de construire un avion ; l’exemple est sans doute schématique, mais il montre qu’une utopie aujourd’hui peut être réalité demain.
Qui aurait cru dans la société d’ancien régime qu’une société sans ordres hiérarchisés était possible ? Nos sociétés ne sont pas égalitaires, et de nombreux privilèges de castes qui ont disparu, sont maintenant de retour… L’utopie contemporaine, comme l’humanisme actuel, consiste à imaginer un monde moins cruel, moins injuste, plus respectueux de l’homme, de ses rêves et réalisations, tels les Hot Rod’s, Kustom’s et véhicules extraordinaires hors du commun.
La généralisation des droits de l’homme est une farce gigantesque. J’en porte témoignage VECU contre la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui n’est qu’une mascarade dictatoriale tout comme l’Union Européenne. L’alter mondialisation ne prend pas en compte la justice pour tous, mais une illusion de justice sans aucun recours possible aux décisions unilatérales, les utopies contemporaines qui devaient faire avancer le monde nous amènent dans le chaos…
Ce qui se déroule un peu “partouze” est la démonstration que nous nous sommes fait duper…. L’usage courant donne au mot “utopie” une acception très pauvre, péjorative, c’est un synonyme de “chimère”, c’est une illusion. L’utopie est d’abord une écriture spécifique dont la portée est triple, littéraire, philosophique, politique. Elle apparaît au XVIe siècle pour se développer jusqu’au XIXe siècle inclus.
Elle est par conséquent liée à l’histoire moderne et à l’humanisme, un chapitre transversal présentant quelques utopies majeures liées à la culture occidentale moderne. Mais il faut aussi s’interroger sur les raisons de son effacement au XXe siècle au profit d’un nouveau genre : la dystopie. L’utopie devenant inenvisageable en ce début de XXIe siècle.
La société utopienne n’est parfaite qu’en apparence puisqu’on y pratique l’esclavage pour échapper aux tâches matérielles dégradantes, et la colonisation pour résoudre les problèmes de surpopulation. Cela épouvante les individualistes qui ne peuvent supporter le poids de la collectivité et de la planification qui étouffe toute initiative personnelle.
De là, l’idée d’une république philosophique en s’inspirant de Platon, de même que la thématique solaire fait écho au mythe de la Caverne : La raison au pouvoir condamne la force et l’arbitraire au prix de la liberté et de l’intégrité physique ce qui débouche sur la rationalité absolue, une dictature d’utopies où tout est prévu dans l’organisation de la vie, jusqu’aux guerres qui sont organisées pour canaliser l’agressivité et supprimer les conflits internes…
Cette utopie ressemble étrangement à une prison de la raison qui exclut tout amour ! La raison, quand elle se fait exclusive et impérative, loin d’engendrer la liberté, distille la pire barbarie. Les sociétés qui se définissent comme parfaites sont les pires des sociétés parce qu’elles excluent tout droit à la différence, et par conséquent toute liberté ; l’individu, la personne, dangers potentiels pour la communauté, sont bannis.
Tous les régimes totalitaires appliquent l’un ou l’autre de ces principes. L’Europe est totalitariste, dictatoriale, dictatucratique… Les utopies modernes ne sont plus nostalgiques, elles sont prospectives. Pour construire une société nouvelle, il faut d’abord identifier, pour éliminer les dysfonctionnements des sociétés réelles. Comme tous les rêves, le rêve utopique est forgé à partir du réel : l’idéal est imaginé en inversant le monde réel;;;
Cela a pour effet de souligner, en les dénonçant, toutes les imperfections du réel. Ce registre de l’utopie, polémique, invite à l’action. La subversion est la première vocation de l’utopie ; son créateur, artiste engagé dans son époque, conteste l’ordre établi. Il croit également au temps constructeur, en la possibilité d’engendrer un monde meilleur ; l’utopie peut se métamorphoser en uchronie…
La portée de l’utopie moderne est politique. En allemand, utopie se dit staatsroman, ce qui se traduit par “le roman de l’État”, un terme très éloquent qui en définit l’essence. Un autre monde est-il possible avec l’utopie et la dystopie ? C’est souvent lorsque la société est en pleine désillusion, en situation de crise quelle qu’elle soit que nous nous interrogeons sur notre avenir et tentons de penser un monde meilleur pour demain.
L’utopie et la dystopie prennent en compte ce qu’on appelle “un horizon d’attente”, en fonction de l’époque dans laquelle on se situe, c’est-à-dire que chaque époque pense son idéal en fonction des enjeux sociétaux qui la préoccupent. Quand le genre utopique essaie de mettre en fiction ce projet d’un monde idéal (qui n’existe pas mais vers lequel nous nous efforçons de tendre), la dystopie, elle, va, au contraire, donner à penser les limites de l’utopie…
Cela s’effectue en contredisant les trop grandes espérances qu’elle suscite et les limites qu’un monde trop parfait pourrait impliquer. Aux débuts d’Internet, on vivait un idéal d’horizontalité, de gratuité, de liberté. Trente ans après, le web s’est centralisé, “marchandisé” et a été colonisé par les géants du numérique qui ont trahi l’utopie des pionniers d’Internet qui a été parfois décrit comme un espace de liberté inédit…
Il permettait aux utilisateurs de contourner la censure et d’enjamber les frontières, de créer et d’échanger à l’infini, de se réinventer artiste, journaliste ou militant. Aujourd’hui, ce discours est désuet, on met plutôt l’accent sur l’hypercentralisation du web, sa neutralité est remise en cause, la censure et la surveillance généralisée des réseaux se développent. Il ne reste vraiment plus rien de l’utopie numérique.
Les réseaux de communication informatique sont nés bien au cœur de l’écosystème “militaro-industrialo-universitaire” issu de la Guerre froide “USA/Russie”, le projet Internet a été créé aux seuls intérêts stratégiques du gouvernement américain. Dès 1970, les laboratoires de recherche informatique ont été marqués par l’expérience de la contre-culture. On y défendait une approche créative et collaborative, contre la lourdeur, le cloisonnement et les hiérarchies.
Les chercheurs en informatique ont alors élaboré des procédures de discussion plus informelles, plus horizontales, et défendu une nouvelle manière de faire de la recherche. Internet, et surtout le web, qui s’est développé dans les années 1990, étaient vus comme l’accomplissement d’un vieux rêve scientifique. C’était le partage de la connaissance au sein d’une bibliothèque sans frontières, à laquelle chacun peut accéder et contribuer.
En 1995, Tim Berners-Lee, principal auteur des protocoles du web au sein de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (Cern), a déclaré : “J’ai fait et je continue à faire le rêve que le web devienne moins une nouvelle chaîne de télévision qu’un vaste océan interactif de savoirs partagés. Je nous imagine ainsi immergés dans un environnement chaleureux, amical, composé de toutes les choses que nous et nos amis aurions vues, entendues, crues et comprises”...
Cet imaginaire nourrissait l’expérience des premiers concepteurs et utilisateurs du web, qui formaient, jusqu’au milieu des années 1990, une République des informaticiens, une sorte de communauté scientifique idéale qui voyait dans le réseau l’aboutissement d’un projet humaniste. Les chercheurs en informatique n’ont pas été les seuls à construire l’utopie numérique.
Dans les années 1990, la diffusion de l’ordinateur personnel a permis l’émergence des premiers services de communication électronique. Des groupes de passionnés y échangeaient sur les transformations technologiques en cours, formant ainsi les premières communautés virtuelles. On y retrouvait aussi bien d’anciens hippies que des entrepreneurs de la nouvelle économie, des consultants en technologie et de jeunes hackers.
Ils partageaient des pratiques et des principes éthiques fondés sur le rejet de l’autorité, la liberté de ton ou la “netiquette”, code de conduite informel que chacun se devait de respecter lors des discussions en ligne. Ce projet utopique était néanmoins aussi hybride et protéiforme que les communautés qui le composaient, croisant l’humanisme scientifique, l’héritage contre-culturel des années 1960 ou la pensée libertarienne autour d’un enthousiasme partagé.
Il trouvait sa traduction la plus concrète dans “La déclaration d’indépendance du cyberespace”, rédigée en 1996 par John Perry Barlow, fondateur de l’une des premières associations de militants numériques : Electronic Frontier Foundation : “Le cyberespace est constitué par des échanges, des relations, et par la pensée elle-même. Notre monde est à la fois partout et nulle part, mais il n’est pas là où vivent les corps. Nous créons un monde où tous peuvent entrer, sans privilège ni préjugé dicté par la race, le pouvoir économique, la puissance militaire ou le lieu de naissance. Nous créons un monde où chacun, où qu’il se trouve, peut exprimer ses idées, aussi singulières qu’elles puissent être, sans craindre d’être réduit au silence ou à une norme”...
Ce texte était tout autant une célébration de l’utopie numérique qu’un manifeste défensif, visant à la protéger contre l’ingérence des puissances politiques et économiques. La déclaration d’indépendance du cyberespace était en effet écrite au moment même où l’ouverture d’Internet fragilisait l’autonomie des pionniers. L’utopie de l’Internet libre se lisait comme une défense des libertés sur Internet…
Liberté d’expression, libre circulation de l’information, mais aussi droit à l’anonymat et neutralité du réseau, autant de causes que vont porter les militants numériques de la “Electronic Frontier Foundation”, et bien d’autres après eux, contre la transformation du réseau. Les années 1990 constituent bien une sorte d’âge d’or de l’utopie numérique, l’expansion d’Internet va progressivement remettre en cause cette vision enchantée du cyberespace.
Afin de financer le développement de l’infrastructure, l’administration scientifique en charge d’Internet décide, en 1993, d’ouvrir le réseau aux entreprises privées. Jusqu’alors soutenu par la puissance publique, il était considéré comme un outil de coordination scientifique dont les usages se devaient d’être strictement non lucratifs. Mais le développement de services commerciaux d’accès va favoriser la découverte du web par un plus large public.
Et si la plupart des contenus en ligne restaient gratuits, Internet se cherchait un modèle économique, suscitant l’enthousiasme, parfois excessif, des marchés. On a alors assisté à l’émergence de nouveaux acteurs économiques : d’abord, ceux de la vente en ligne puis ceux de la vente d’espaces publicitaires ciblés et de l’exploitation des données recueillies sur les internautes.
Apparaissent alors les futures grandes entreprises numériques : Amazon en 1994, eBay en 1995, Netflix en 1997, Google en 1998. www.GatsbyOnline.com a été créé à cette époque, mêlant www.SecretsInterdits.com, www.LesAutomobilesExtraordinaires.com, et surtout www.ChromesFlammes.com… La décennie suivante sonnera la naissance des réseaux asociaux autour de ce qu’on a appelé le “web 2.0″…
L’expression a été popularisée par l’essayiste Tim O’Reilly, fondé sur la participation et l’interaction des internautes : Facebook en 2004, YouTube en 2005, Twitter en 2006, etc. La montée en puissance de ces grandes plateformes a modifié considérablement le visage d’Internet. Dès lors que l’essentiel du trafic transite désormais par quelques sites, appareils ou applications.
Cette évolution, attribuée pour l’essentiel à l’hégémonie des géants du numérique, les “Gafam” (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft), est vue par les militants comme une première trahison de l’esprit horizontal et décentré qui caractérisait les échanges au début du réseau. La deuxième trahison tient à l’accroissement du contrôle des communications dans un espace numérique jusqu’ici marqué par le principe d’auto-régulation et de responsabilisation.
Dans les années 1990, les premières “affaires du net” vont révéler la face sombre du web : incitations à la haine, pédopornographie, piratage informatique, propagande, consumérisme à outrance etc. Ces menaces vont favoriser un retour progressif des États, jusqu’alors remarquablement absents, pour réguler les échanges et surveiller tout le monde sous prétexte de protéger les droits sur Internet.
Depuis les années 2000, des initiatives législatives se sont multipliées pour lutter contre le piratage, la prolifération de contenus haineux ou, plus récemment, la manipulation de l’information… En réalité, c’est devenu un moyen pour les Etats de diffuser des fausses informations, des intoxications diverses et surveiller toutes les populations, surtout fiscalement. Les militants numériques craignaient un retour de la censure…
Et, c’est exactement ce qui se déroule soi-disant au nom de la défense des libertés. Le verrouillage technique est maintenant possible par les Etats… Le réseau qui a pourtant pu servir d’espace de résistance en contexte autoritaire assiste à un retour de la censure et de la surveillance autour d’une alliance entre États et grandes entreprises numériques en concordance avec les révélations en 2013 d’Edward Snowden.
Il est le premier a avoir informé et prouvé de l’existence de programmes de surveillances généralisées mis en place par les États-Unis… Edward Snowden, informaticien américain, ancien employé du Gouvernement USA à démontré que la mainmise du Web par les Etats ne concernait plus seulement une poignée d’États policiers (comme la Chine, la Russie ou l’Iran) mais s’est étendu à l’ensemble des sociétés occidentales qui sont ainsi manœuvrées.
Les Etats sont maintenant en mesure de contrôler et détruire absolument tout ce qui ne leur convient pas… Retour du contrôle des communications, règne de la marchandisation et centralisation du web autour des grandes plateformes : ces transformations d’Internet sont dénoncées comme autant de coups portés au projet initial de “l’Internet libre”, principalement de la part des Gafam, fossoyeurs de l’utopie numérique.
Par définition, une utopie désigne un “non-lieu”, un territoire hors du monde. Mais Internet n’est que trop ancré dans la réalité sociale : il n’échappe pas à ses règles, ses rapports de force inégaux, ses contradictions. Pour autant, “l’utopie numérique” n’est pas vraiment morte : elle a plutôt été traduite autour de causes et de projets sociaux nombreux qui, de la lutte contre la censure à la défense de la neutralité du net, continuent de nourrir le militantisme numérique.
À cet égard, les fronts sur lesquels défendre les principes de l’Internet libre, loin de se réduire, n’ont cessé de se multiplier.. En finale, les illustrations qui vous paraissent “à contre-courant” du texte, sont en faits, des images de ce qui reste encore de-ci, de-là, en matière de liberté de rouler… Voilà, j’ai défendu le Hot Rodding avec le Web… Bye bye…