Hollywood Express !
C’était il n’y a pas longtemps, pas très longtemps, pas si longtemps que je ne me souviens plus très bien…, puisque j’ai toujours presque tout en tête…
Une des copines-plan-cul d’une copine faux-cul, pour moi une inconnue de personne, que tout le monde prétendait connasse, ce qui était vrai, avait migré à San Francisco ou elle exerçait avec beaucoup de doigté comme serveuse-pute dans un restaurant franchouille de Tapas Grecs…
Elle en avait tellement marre de s’enquiller des travelos plus héroïnomanes que héros, qu’elle s’était fait une fixation lubrique de la finalité humaine et espérait grimper l’échelle sociale en m’attirant en elle sans préservatif afin de s’assurer par conséquence humanitaire, un viatique complémentaire menstruel…
Dès-lors, elle m’envoyait des messages “damoures” prétendant pouvoir me guider sexuellement dans le monde des bagnoles ricaines extraordinaires, qui n’est qu’un panier de crabes comme d’autres dans lequel je pourrais grâce à elle à la fois péchouiller des sujets “bourre-pifs” destinés à l’alimentation des pages de mon mag’Chromes&Flammes…, mais aussi être victime d’escroqueries diverses en achetant des bagnoles idéalement limites de pourritures camouflées, pouvant être revendues pour des “comme-neuves” en Franchouille.
La serveuse-pute-guide sexuelle, logeait dans un baraquement insalubre, en colocation avec des mexicains en situation plus qu’irrégulière, qui avaient créé un gang de loubards/motards au nom exotique : “Mexicanos MC”…, ils font beaucoup ça là bas, de partager des maisons ou des grands appartements…, c’est moins habituel de partager un baraquement, mais elle payait en nature et tout le monde était content.
D’habitude, à l’époque, bien avant la fin du siècle passé…, avant que les voitures soient plus chères aux USA qu’en Europe (mais depuis, c’est de nouveau l’inverse) je venais seul, débutant mon Trip psychadélique par New-York pour y passer quelques jours noirs et nuits blanches…, ensuite, les couilles vides, j’allais les remplir en Californie, puis au Texas, et je terminais invariablement par la Floride ou j’avais un Condo à Hallandale au sud de Miami-Beach.
Durant mon périple, je descendais dans des hôtels style Marriot-Inn ou Hollyday-Inn et je louais une Cadillac voire une Corvette dernier modèle aux étapes…, je ne fréquentais que les garages chics pour y acquérir des voitures rares…, mais mon ami qui voulait acheter des voitures moins chères, puisque ses clients lui disaient sans cesse que c’était moins cher aux USA…, m’avait demandé de le rejoindre à San Francisco pour faire la fête !
Arrivé a San Francisco, j’ai essayé le numéro de téléphone du pote de mon pote mais j’ai rapidement renoncé, vu que je ne captais rien au système d’opérateur…, je tombais sur des messages incompréhensibles en Espagnol…, on me demandait des trucs, il me fallait taper des codes, tout ça après 10/15 heures de voyage et dans un anglais version chewing-gum qui survolait comme une nouvelle technologie.
J’ai lâché l’affaire et me suis téléporté vers les taxis…, mais, curieusement, il n’y avait plus de taxis…, là, on m’a proposé de monter dans un genre de Van, avec une dizaine d’autres passagers, j’ai indiqué au conducteur ou je voulais me rendre… et celui-ci a improvisé le trajet en fonction…, pas trop cher, sympa…, mais…, le chauffeur ne connaissait pas la rue inscrite sur le papier que mon pote m’avait filé…, ce con avait inscrit : Sellmore street… et le chauffeur me soutenait mordicus que cette putain de rue n’existait pas…, du moins pas à San Francisco…, je n’étais pas très frais, mais j’ai bien vu que le type du Van avait l’air plus crédible que le papier de mon pote…, la vie se revèle toujours pleine de surprises.
De mon coté je savais que la fameuse rue… et quelque soit son nom, se situait à proximité du quartier mythique de Haight Ashbury, le coeur hippie de la ville…, ça mon ami me l’avait précisé et j’avais lu des trucs sur cette zone, dans un guide, avant de partir…, je demandais donc au chauffeur de m’emmener là bas…, j’étais le dernier passager à quitter le véhicule.
Au fur et à mesure de l’itinéraire la nuit tombait et les rues devenaient de plus en plus glauques, avec de plus en plus de homeless, ces types qui poussent des caddies remplis d’amas et de trucs indéfinissables…, on avait circulé par tout un tas de quartier résidentiels pavés de maisons blanches avec des balustrades et des fenêtres en oeil de mouche, les rues montaient et descendaient et c’était bien normal puisqu’on était à San Francisco.
Le Van a fini par me poser au milieu d’un endroit qui, à première vue, ne me parut pas franchement flower power…, un sentiment d’inquiétude me pressait l’estomac…, je me faisais l’impression d’un bouseux, celui qu’on voit dans ces films débarquant de la campagne et qui, à peine a-t-il posé le pied sur un trottoir de la grande ville, s’attire toute la férocité des prédateurs du coin.
J’ai regardé le Van s’éloigner, m’abandonnant à la sinistre rue…, un groupe de blacks patibulaires me reluquait de loin et l’état des combinés, en face de moi, décourageait toute nouvelle tentative d’appel téléphonique…, il n’y avait qu’un seul connard frenchie à 300 mètres à la ronde, un seul connard qui ignorait sa route et n’en savais pas plus sur son point de chute…, je me trimballais les poches pleines des dollars de mon séjour… et transportais un sac de voyage…, autant dire que d’une certaine façon, je me sentais comme une aubaine, la proie idéale…
J’aurai voulu être invisible ou posséder un arsenal militaire, j’aurai voulu plein de choses, mais des choses impossibles…, alors, par défaut, j’ai choisi une solution à ma portée : le retournement total de situation par la force de la volonté…, me rappelant d’un épisode de “Freddy Krueger l’abominable tueur aux griffes d’acier”, où quand on décide que Freddy Krueger n’existe pas, eh bien il n’existe pas… et il ne dégomme plus personne…, voilà…, les choses sont ce que nous voulons quelles soient et point barre.
Du coup je m’imaginais être de retour au bercail après la guerre d’Iran qui n’a pas encore eu lieu, de retour chez mon amante éplorée ou quelque chose dans ce goût là…, tel un aigle, je balayais les lieux d’un regard parfaitement désinvesti, sans remarquer le groupe de blacks patibulaires, n’y prêtant aucune attention, les évacuant tout simplement de ma réalité immédiate… et partais posément dans une direction, au pif…, je revenais chez moi après une longue absence, exactement, chez moi, à la maison, dans mon quartier, le port altier, le pas alerte, le regard fier.. et donc je m’engageais au hasard, marchant dans le sens de la pente, de la façon la plus naturelle du monde, comme si j’avais toujours été là, comme si, tous les jours, matins et soirs, mon fantôme avait effectué ce trajet pour moi.
A la première bonne tête venue, de celle qui porte le salut, je demandais mon chemin… et donc je prononçais Sellmore street avec un accent à la con, que j’imaginais californien… en fait je le prononçais sans le prononcer, en le mâchouillant, avec une articulation désespérante pour un orthophoniste… et là miracle…, mon ange gardien, ma récompense céleste, cette bonne fortune qui ne me quitte jamais lorsque je vais de par le monde !
La fille à qui je m’étais adressé indiqua que j’étais : 1/ dans la bonne direction : 2/ tout près de ma destination (c’est à dire à deux blocs, c’est à dire à deux intersections de rues perpendiculaires car dans les villes américaines tout est géométriquement quadrillé)…, j’ai poursuivi ma route et, quelques dizaines de mètres plus avant, je suis tombé sur cette rue : Filmore street…, j’ai appuyé sur la sonnette au bon numéro… et…
Un hirsute m’ouvrit la porte…, Goran, un Juif hippie (si, si, ça existe…), faisait partie de ces types cools, unilatéralement sympa et qui ne s’énervent jamais…, il portait les cheveux longs, noués sur la nuque, des lunettes d’intello et constamment son air gentil…, il avait, cela va de soit, invité tout ses potes de France et d’Israël à venir passer leurs vacances chez lui, à San Francisco…, une fois n’est pas coutume, pas mal de monde avait concrétisé et depuis de nombreuses semaines l’habitation était envahie par ses amies et amis.
Les colocataires américains, eux (d’anciens Mormons), en avaient carrément ras-la-casquette de voir tous ces gens partouzer en permanence sur les canapés du salon et baiser partout dans la maison…, ça manquait d’espace vital…, je me retrouvais ainsi dans une ambiance surexcitée et déjantée, hyper sexuelle, au milieux de gens vaguement hippy-new-âge que je ne connaissais pas et que, visiblement, ils et elles ne demandaient qu’à approfondir nos relations…
Mon ami débarqua le lendemain, il avait hérité d’un Hot-Rod à l’ancienne, mais neuf, un machin de 250.000 dollars et plus, tout beau, tout propre qu’il devait livrer à Los Angeles dans un garage de Rodéo-Drive à Hollywood…, le Rod devait rester encore plus beau et neuf car destiné à un pourri de fric malhonnête qui voulais l’envoyer dans son chez lui de Tel-Aviv…, une idée saugrenue mais courante aux USA…, j’hésitais, car j’avais déjà pris la décision de louer une bagnole pour rechercher un air plus respirable…, ça sentait le “je-m’en-foutisme” avec un soupçon de Kol-Nidré à la clé de voute…, mais…, plutôt que de pester et râler, j’ai décidé de prendre l’histoire du bon coté en profitant de la situation pour passer quelques jours de vacances…
Toutes ces images qu’on voit à la télé, on se doute bien que ce n’est pas la réalité mais ça s’imprime quand même dans le subconscient…, alors faut faire gaffe… et finalement, quand on débarque, on découvre des aspects inattendus qu’on devra gérer avec les moyens du bord…, on voit des homeless partout, des alignements de types qui dorment dans la rue, sur des feuilles de cartons, de véritables campements de fortune…, à San Francisco, la pauvreté est très visible par exemple, à Los Angeles aussi du reste, ensuite, une grande partie des habitants de San Francisco pratiquent une tolérance des plus libérales : tout le monde nique avec tout le monde, si t’es pas homo t’es bi et si t’es ni homo ni bi t’es straight, c’est aussi simple que ça.
Les gens, dans leurs apparences et dans leurs manières, s’autorisent un peu tout et n’importe quoi…, à L.A c’est différent, c’est plus tuning et c’est plus viandasse : gros paquets de muscles aux hormones, silicone et têtes de con… et toujours ces malheureux homeless gris/brun qui ressemblent à des poux…, si t’es un homeless c’est que tu bosses pas, et si tu bosses pas tu mérites d’être un homeless, c’est aussi simple que ça.
Le quartier où nous étions à San Francisco s’appelle Lower Haight, comme son nom l’indique, il est situé en dessous de Haight Ashbury, le quartier hippie, qui, une fois passé l’impression d’arrivée, s’est révèlé plutôt folklo, avec toute une faune piercée/tatouée, une myriade de boutiques de fringues et d’accessoires alternatifs, des petits restos végétariens et pas mal de gars cédant des bijoux ou des vêtements à même le trottoir…, le tout dans une ambiance décontractée d’inspiration seventies.
Haight Ashbury s’étend autour d’une grande rue penchée, Haight street, entre le Golden Gate Park en haut où Janis Joplin venait se détendre avec ses potes et où fut photographié l’arbre célèbre qui est reproduit sur une de ses pochettes d’album… et Lower Haight, donc, en bas.
Lower Haight formait, au moment où j’y suis passé, une zone un peu impalpable, un 5 à 7 coincé entre le Haight Ashbury Hippy devenu gentiment touristique et Tenderion le ghetto black du centre ville…, Lower Haight, en fait, était un espace d’échange, une épicerie à ciel ouvert pour les crackheads.
On reconnait aisément un type accroc au crack…, il suffit de penser à n’importe quel film de mort-vivants…, je sais qu’en choisissant cette référence cinématographique je prend le risque de tomber dans de l’image facile, dans de la métaphore clichée abondement utilisée pour évoquer les toxicos ou les camés de rue…, pourtant, concernant les crackheads de Lower Haight, il n’est pas de reflet plus précis que je puisse faire remonter, il n’est pas, en vérité, de représentation plus rigoureusement exacte.
La silhouette décharnée, la peau blafarde, les yeux exorbités, les cheveux ébouriffés, le total abandon de l’apparence et surtout cette démarche saccadée, ces gestes décomposés en lamelles comme s’ils étaient passés au fil rasant d’un découpage stroboscopique…, les crackheads ont le regard des fous hallucinés, on lit dans leurs yeux la fureur et l’intensité de la démence…, ils restent éveillés des jours entiers, debout, prenant racine sur un mètre carré de trottoir, ils sont les ronces ou les orties ou le fil barbelé.
Lorsqu’on les croise, ils cherchent parfois à arrêter les gens, ils les regardent avec une expression de parfaite stupéfaction figée sur le visage, ça se passe dans la fulgurance d’un flash au milieu d’un espace-temps tournant au ralenti, ils captent par une tension, ils écartent les bras mais ils sont trop lents, beaucoup trop lents pour choper les gens, sauf si on s’avère assez innocent ou assez con pour ralentir, alors ils agrippent, ils invectivent, ils s’accrochent et ne lâchent plus…, avec cette détermination angoissante de ceux qui n’ont plus rien à perdre, oppressés par le manque, obnubilés par la nécessité de l’argent, désertés par leur âme et conscience.
On leur concèdera un peu de thune ou on les enverra valdinguer, ce qui, vu leur état de santé lamentable, ne recquierera pas beaucoup de force physique…, mais dans un cas comme dans l’autre, on repart avec une boule dans l’estomac et un souffle de vent glacé entre les deux épaules…
Si, on passe devant eux sans freiner, par contre, les crackheads ne causent pas de désagréments… et c’est bien ce qu’invariablement on fini par enregistrer : ne jamais répondre à l’appel des crackheads, tracer sa route sans les considérer ni les connaître.
J’en ai très vite pris l’habitude, très vite, ils sont devenus des ombres parmi le mobilier urbain que j’évitais machinalement, comme les flaques d’eau ou comme les merdes de chien…, les crackheads sont des zombies… et vous et moi sommes leurs semblables, ou pas très loin.
Mon pote a acheté plusieurs grammes de Chronic, la skunk locale… et, on a pris la route, inconfortablement installés dans le Hot-Rod B’32…, avec pour moi personnellement, tout un listing d’adresses de voitures “moins chères” que Goran avait du recopier des pages d’un journal local…, on a traversé le Golden Gate en direction de Yosemite Park, une réserve naturelle, puis on a enchaîné 1 semaine de road trip classique : Death Valley, Las Vegas, le désert de Mojave, une partie de la Road 66, Los Angeles et la côte pacifique.
Dans un voyage il y a plusieurs phases…, en premier lieu cette phase d’adaptation où on atterri, timide, impressionné, sur ses gardes…, quand on se pointe de France dans une grande ville américaine on reste assez prudent, parce que d’abord on ne connait pas…, tout simplement… et puis aussi, on sait que les américains sont armés avec des flingues et qu’ils ne sont pas du genre à hésiter dès qu’il s’agit de tirer dans tous les coins…, on les imagine un peu fachos et un peu barges, un peu psychopathes surtout.
Les routes américaines tracent larges et droites…, on pourrait faire une sieste au volant qu’on serait encore en train de rouler dessus, d’autant que leurs bagnoles sont à peu prêt aussi nerveuses qu’une employée martiniquaise…, pour la majorité des “ricaines“, V-8 ou pas…, on enclenche la vitesse automatique, on appuie sur l’accélérateur et on attend que ca se passe au milieu d’un décor somptueux qui change toutes les 40 minutes quand il y a un virage.
Avec le Hot-Rod, c’était tout autre chose, là au moins, dès qu’on enfonçait la pédale, on était catapulté en avant…, fallait toutefois mouliner le changement de vitesse, car le bestiau était équipé d’une boîte manuelle Tremec…, c’est rigolo jusqu’au moment ou il faut bien suivre les autres voitures…
Mon pote ne cessait pas de prendre des photos…, il utilisait un appareil analogique, il fallait absolument choper des pellicules avec un nombre d’asa considérable, à cause de la lumière et de je ne sais quoi…, sson appareil captait tellement bien les couleurs qu’il en inventait même des qui n’existaient pas (de retour en Europe, j’ai scotché des clichés de désert sur mon réfrigérateur…, le sable était fluo, bienheureux que j’avais mon Nikon numérique D5100…
On roulait, on louait une chambre dans un motel, on buvait des cocktails le soir dans des bars et on repartait le lendemain.., y a pas grand chose à dire sur les road trips…, les paysages paraissent toujours gigantesques et magnifiques, ce sont de grands espaces, avec au loin la liberté, ce genre de truc crétin qui s’estompe avec les voitures de flics qui rigolent pas.
Une fois on a pris une piste en terre battue, juste pour voir le nuage de poussière que faisait le Rod, comme dans les films, sauf que ça devait être encore mieux avec des chevaux ou des bisons… et on a traversé la vallée de la mort pour rejoindre Las Vegas.
Je me souviens de la caissière d’un bazar où se vendait tout le nécessaire de survie…, on lui a réglé une glacière pour conserver nos boissons au frais et elle nous a fait la morale parce qu’on n’avait pas de nourriture en suffisance…, elle agitait la main au dessus de sa tête et affectait des airs soucieux en nous voyant partir, car la vallée de la mort est censée figurer l’endroit le plus chaud au monde : le soleil te colle une grosse claque et t’a direct plus que vaguement l’impression qu’il ne vaudrait mieux pas tomber en panne…, pour le reste, avec quelques boissons fraîches on devait plutôt facilement venir a bout des forces de l’enfer.
Notre plan était de s’offrir un tour en hélico au dessus du Grand Canyon, ça coûtait bonbon, mais quand on gagne au casino on s’en f… de ce genre de considération…, fallait-il gagner au Casino…, cette histoire d’hélicoptère c’était la première affiche qu’on avait aperçu en arrivant sur Las Vegas…, tous les péquins (comme nous) se précipitent dans les casinos en espérant monter au ciel…, mais il y a d’autres trucs chouettes à Las Vegas…, par exemple une montagne russe installée sur le toit d’un building ou on peut executer des boucles en l’air, à 150 mètres de hauteur.
Si jamais on “gerbe“, avec l’amplitude, le contenu de l’estomac s’envole sur un rayon de 50 mètres au moins…, sinon, sur un autre building un King-Kong mécanique escaladait carrément la façade, un habitacle fixé sur son dos…, bien loin de Céline Dion et des magiciens à la con…, les gens sont simples et les choses sont simples aux Etats Unis.., mais à Las Vegas ça m’a paru encore plus simple que simple : tu viens et tu claques ta thune au casino…, c’est tout…, c’est comme ça… et tout est fait pour que ça soit comme ça…, y compris la montagne russe en haut du building et le King Kong.
D’abord il règne une chaleur étouffante, à toute heure du jour et de la nuit, on est plombé par une grosse poisse graisseuse et sans merci…, on n’envie plus, de fait, qu’une chose élémentaire : trouver de la fraicheur… et donc on rentre dans un casino…, parce qu’à Las Vegas même les chiottes publiques et les cabines téléphoniques ont été transformées en casino…, on ne peux aller nulle part, dans aucun batiment d’aucune sorte, sans rencontrer des machines à sous.
On a dormi dans un palace, on a bouffé à volonté, pour des sommes dérisoires parce les chambres et les restaurants sont aux étages des casinos…, à Vegas, on n’est plus dans le monde réel…, on est dans le monde des casinos, dans les lumières clignotantes et constamment allumées, dans la vidéo-projection, en orbite…, on sort prendre l’air pour respirer, l’air du coin étrangle et on revient immédiatement au casino.
Il y a la roulette bien sûr, des jeux de cartes, des jeux de dés, mais la grande incontournable c’est la machine à sous, le bandit mancho…, en rangées, par grappes, partout des machines à sous, des centaines, des milliers, des centaines de milliers de machines à sous…, lorsqu’on gagne à la machine à sous, on récupère les pièces dans un réservoir en fer…, les pièces ne tombent pas, elles sont projettées par la machine contre les parois du récipient métallique…., dans un raffut de tous les diables…, le bruit de l’argent…, le bruit des espèces sonnantes et trébuchantes…, un type gagne à l’autre bout du casino et tu entends ses pièces tinter…, ces salopes de machines sont toutes raccordées entre elles pour cracher à tour de rôle dans tous les coins du casino : Giling giling giling giling…, bling, bling, bling…
Nous sommes les deux connards qui déclencheront les alarmes et feront s’égosiller les sirènes dans la ville, les tueurs de machines à sous, les nouveaux futurs millionnaires du Nevada…, nous arrivons dans la salle de jeu avec une allure chaloupée, on s’est préparé mentalement, on est remonté à bloc, on sait qu’on est porté par le feu sacré et qu’on possède un bon karma, que nous sommes les incarnations du rêve américain, les types partis de rien et qui finissent par collectionner des décapotables rose-bonbon pour y poser les culs de toutes nos conquêtes blondes décolorées…, nous sommes deux trainées de poudre provoquant l’explosion.
Bref, grâce à notre fluide perso, on va récurrer les entrailles du bandit mancho, le vider et n’y laisser que de l’air, un vrai braquage, un hold up sans victime, une chance insolente, devant le patron de l’établissement scié devant ses caméra de surveillance… qui se ronge les ongles et qui finit par s’arracher les cheveux.
Je n’étais pas venu à Las Vegas pour faire de la figuration…, non…, j’allais entrer dans la légende…, alors je me suis retrouvé là, au milieu d’une salle de jeu, l’arriere train vissé sur un haut fauteuil de bar, dans le brouhaha incandescent du casino, à fixer les combinaisons qui s’affichaient sur le cadran de la machine à sous…, je ne sais pas…, je ne sais plus… je ne sais pas plus…
Cette saloperie de machine devait être trop conne et n’avait pas compris que c’était moi…, elle n’a pas réagit comme prévu, elle m’a juste bouffé mon argent…., voilà, elle a reporté le rendez-vous avec la fortune à une date ultérieure…, on ne doit pas faire confiance à la technologie…, jamais…, ce fut un coup vite tiré, une simple histoire de dire.
Las Vegas, cette grosse pute cousue de fils d’or, m’a bien déniaisé…, on s’était, mon pote et moi, fixé une somme à pas dépasser, quelque chose comme 1.000 dollars, un montant ridicule, une velléïté de noobs, pas plus conséquente qu’un touriste attaquant le traversée du Niger en tongues et short à fleurs…, on a joué, on a perdu…, en un peu moins d’une heure…, ça s’est passé sans suspense, sans rebondissement, sans rien du tout…, on s’est fait refroidir alors qu’on était chaud…, on a même pas eu le temps de monter le film…, rien, que dalle…, j’ai enfoncé mes pièces les unes après les autres et elles m’ont toutes abandonnées les unes après les autres.
Dans les salles de jeu de Las Vegas…, se baladent toujours des hôtesses en bas résille…, quand on est installé devant une machine, avec un seau de pièces, elle viennent voir et demandent si on désire consommer une boisson…, la tournée est offerte par la maison et on peut commander et recommander tant qu’on veux…, à ce moment là, notre truc à mon pote et à moi c’était les margarita’s : un mélange de téquilla, de glace pilée et de citron vert…, on ne buvait que ça…, évidemment, les mecs du casino offrent des coups à boire pour que la machine puisse dépouiller plus facilement !
De mon coté, après 4 ou 5 margarita’s, qui, sans doute s’avèraient bien carabinées, je ne parvenais plus à introduire mes pièces dans la fente de la machine à sous…, ils devraient prévoir des ouvertures plus larges, ou inventer un systeme d’entonnoir…, je voyais trouble et mon argent se cassait la gueule par terre, sur la moquette épaisse à la couleur de sang coagulé du casino…, tant bien que mal, j’ai quand même terminé mon seau, sans jamais rien gagner et mon pote à terminé le sien tout aussi piteusement.
On s’est mutuellement photographiés (flou) et on s’est fait virer…, parce qu’il est strictement interdit de photographier quoi que se soit à l’intérieur d’un casino, c’est comme ça.
Un des gorilles de l’établissement nous a raccompagné dans la rue… et heureusement qu’il était là, car dans notre état, je ne crois pas qu’on aurait pu trouver la sortie tout seuls…, on est finalement parvenus jusqu’à notre palace en toc, on y a cuvé nos margarita’s et, le lendemain, on a décidé de quitter cette ville de merde…, on a pris la direction de Los Angeles…, retour vers la côte pacifique.
Je fantasmais sur Tijuana, beaucoup plus au sud, au Mexique, immédiatement derrière la frontière, attiré par le vice, l’alcool et les filles faciles…, Tijuana semble être une ville frontalière où les américains partent s’encanailler, une ville de fête et de bordel, de stupre et de fornication, une ville pourrie par le cours du dollar et les différences de niveau de vie moyen par habitant…, ce genre d’endroit attise facilement les mauvaises flammes circoncrites et cachées dans un recoin brûlant du cerveau…, mais Tijuana était trop loin, nous manquions de temps et, à cause de ces contraintes, ne pouvions nous y rendre.
A vrai dire, entre Las Vegas et Los Angeles ma mémoire ne me concède que des flash, telle une superette jouxtant une station service qui paraissait désaffectée…, nous empruntions donc la mythique Road 66 et traversions le désert de Mojave…, je ne saurai me souvenir dans quel ordre et je ne sais plus non plus pendant combien de temps…, c’était une des adresses figurant sur la liste du pote à mon pote…, soi-disant qu’il avait une Camaro SS cabriolet à vendre !
J’ai demandé si on pouvait pousser la voiture dans le jardin pour que je puisse réaliser quelques photos souvenirs pour mon site automobile www.GatsbyOnline.com, ce qui nous a permis d’entendre les rugissements du V-8 de 400cv…, magnifique…, dans le garage a demi en ruine, tronait une véritable Camaro SS 350 vert métal, capote beige, boîte manuelle…, dans un état quasi neuf…, une rareté…, mais mon ami s’est senti mal (et pas mâle, faites la différence…), lorsque son propriétaire lui a dit qu’il ne la lacherait pas en dessous de 125.000 dollars…, émotion…, ensuite, nous avons repris notre route…, 70 miles plus loin, la courte liste indiquait de s’arrèter dans un motel ou se trouvait une Mustang Shelby GT350 de 1965 version Break de chasse…, je croyais à un gag !
Ce motel sordide était situé dans une ville dont je suis incapable de retrouver le nom…, une ville de taille moyenne, traversée par une rivière, une ville puant l’humidité et la pomme de terre rance…, le gérant du motel figurait un bon compromis entre l’homo sapiens et le gorille de jungle…, une épaisse fourrure couvrait ses deux épaules alors qu’il lui manquait des cheveux sur le haut du crâne.
Ce type ne possédait pas de cou, il paraissait massif, forgé de cet alliage de muscles et de lipides caractérisant habituellement les brutes antipathiques…, un tee shirt sans manche “Metallica” souillé d’une graisse dont on se refuse à imaginer l’origine, tombait sur un bermuda également sale…, le type ne s’exprimait que par onomatopées…, nous comprîmes, toutefois, qu’il ne fallait surtout pas rire…, pour dérider la brute, nous décidames de louer une chambre pour la nuit…, de toute façon nous étions fatigués… et autant loger ici, surtout qu’il y avait cette fameuse Shelby break de chasse !!!
Les bâtiments du motel formaient un U sur deux étages autour d’une piscine vide…, notre chambre ressemblait vaguement au tee-shirt du gérant…, à moins d’être médium on n’aurait pas réussi à deviner la couleur initiale de la moquette, ni à affirmer avec certitude si le système de climatisation, imposant comme un demi frigidaire renversé, n’allait pas imploser et nous asphyxier dans un nuage de fumée rouillée.
Un sachet froissé de fast food tronait sur une table de chevet et divers résidus d’emballages pour frites et hamburgers jonchaient le sol de la pièce…, les deux lit aux matelats fatigués regardaient une énorme télévision posée sur une table de camping poussiéreuse…, les stores en fer et la faible puissance de l’éclairage achevaient de donner au lieu son aspect souffreteux…, mon pote était largement plus dégoûté que moi…, il préconisait d’aller voir le type et quand même examiner la Mustang Shelby…, quelque chose d’acceptable et pas cher, bien moins cher qu’en Europe…, il disait.
Les outils usés et les monticules de gravats alentours suggéraient une tentative de construction lointaine et oubliée…, nous sommes retournés à la réception, un genre de cabanon, une baraque de chantier posée à l’entrée du motel…, l’homme gorille feuilletait un magazine de cul où il était question de playmates plantureuses braquant des armes à feu…, elles rechargeaient, elles armaient, elles épaulaient, et elles tiraient, mais il était difficile de savoir sur quoi vu que les photos ne montraient pas les cibles.
Le type planta sur nous un regard vitreux et mon pote prit l’initiative de lui demander quel était son dernier prix pour le break kité…, le tenancier ne bougeait pas, aucune expression significative ne traversait sa façade de bourrique…, la scène avait quelque chose de comique, mon pote gesticulant pour obtenir une remise, de plus en plus volubile, devant cette grosse masse apathique à laquelle il s’adressait en un langage des signes vindicatif et sous-titré de mauvais franglais.
A un moment donné le type grogna un truc, se leva de son siège et colla une énorme baffe à mon pote qui, sous la puissance de l’impact, trébucha contre une chaise placée sur le coté…, il se cassa la gueule par terre et ne devait pas être loin d’entendre siffler les trains…, dans la confusion j’ai pas trop fait gaffe mais j’imagine que le type a aussi déclenché une sorte d’alarme, car une porte du motel s’est ouverte sur une des ailes du bâtiment en U et une grosse femme vêtue d’une robe de chambre est apparue en braillant armée d’un Riot-Gun…, elle retenait aussi un berger allemand par le collier…
Il avait l’air plutôt furieux ce chien, bien motivé pour nous bouffer, je dirais…, il aboyait comme un fou et il tirait tant et si bien sur le collier que la grosse femme finit par le lâcher, et le voilà donc qui se précipitait sur nous comme un boulet de canon, à la vitesse de la lumière…, je me suis enfuit à toute berzingue vers notre voiture…, sans réfléchir, instinctivement…, j’ai rarement couru aussi vite…
Lorsque j’ai atteint le Hot-Rod, je me suis retourné pour voir que le chien était en train de “gnaquer” la jambe de mon pote…, le pauvre n’avait pas eu le temps de se relever, à tous les coups… et il se débattait avec l’énergie du désespoir… et je voyais aussi l’homme-gorille qui sortait du cabanon par la porte de derrière…, il faisait le tour pour rejoindre mon pote et le chien, armé d’une batte de base ball…, c’est à ce moment que j’ai vu le panneau… : For sale, Real Shelby GT350 Country Wagon, bargain at $ 150.000 !!!!
Il était grand temps d’en revenir à mes bonnes vieilles habitudes…, voyager seul pour affaires…, du moins sans ami qui n’y “connasse” rien…, mon ami, plus tard, après son opération (on a du amputer son pied droit) m’a dit qu’il avait offert 3.000 dollars pour le break : “Pour faire une affaire, Patrice…, tu comprends ? On m’avait dit que c’était moins cher ici aux USA…, je pensais la revendre 15.000 euros de retour en Europe…, maintenant c’est rappé, foutu… et les flics, Shériff en tête m’on dit que j’étais seul responsable, que j’avais provoqué et insulté ce brave homme qui vendait sa véritable Mustang Shelby GT350 break de chasse 50% moins cher que sa cote qui est de 300.000 dollars…, tu te rends compte ?“
J’ai repris la route, la 66, direction ailleurs…, nul détail où l’œil ne peut se poser, aucune montagne, aucun nuage, seulement cette masse marron énorme et sauvage, vide d’homme et d’histoire recensée…, bye bye Nevada… qui s’éloigne…, retour vers la Californie… et puis plus rien que du repos.
J’avais la désagréable impression persistante de m’embarquer pour une nouvelle aventure dont on dit poliment qu’elle est ‘’tellement authentique’’, forgée par la nature, si ce n’est, et dont le seul lien avec la civilisation réside dans le mince prospectus usé qu’on trouve parfois dans les agences de voyages…, je repense à mon arrivée dans cette ville morte écrasée par le vent brûlant, entourée de cailloux menaçants…, le sourire vide et désabusé de la réceptionniste à l’office de tourisme, quelques puants apathiques, le litre de pisse à 3 dollars à la main…, enfoirés…
Et puis viennent plusieurs centaines de kilomètres de torture en ligne droite, où la seule distraction est l’unique virage placé tous les 50 kilomètres, afin d’éviter que le conducteur ne s’endorme…, terrassé, je finis par voir quelques édifices en tôles d’une laideur effroyable, poussiéreuse, des barraques aux toits très larges, et une station service avec une minable façade en bois affublée d’une vitrine crasseuse.
La chaleur était à crever, l’air chargé de poussières irrespirables…, cette saloperie de terre rouge agrippait les sièges, les chaussures, les mains…, elle s’infiltrait partout, saturait les poumons, se collait sous la paupière, s’accrochait aux cheveux…, tout ce que mes doigts touchaient devenait irrémédiablement sale, poisseux… et ma peau avait pris en quelques heures ce teint de pierre dont on ne se débarrasse jamais.
Mon arrivée n’était pas passée inaperçue…, le type de la station service m’observait…, un gros barbu me lançait un grand sourire édenté…, une jeune femme est passée devant moi, totalement nue, me regardant fixement, puis s’est mise à courir vers une Porschette 356 Speedster et s’est allongée sur une autre jeune femme…, toutes deux indifférentes aux gens qui les regardaient…, piting… et soudain, une voix énorme a résonné…, j’étais en plein milieu du tournage d’un film super X…, la belle affaire…,manquait plus que ça…, ma libido a augmenté d’un seul coup…, fallait que je jouisse, là…, mais, j’étais tiraillé entre cette pulsion primaire et la fatigue du voyage…
Je n’ai pas eu le courage d’aller montrer, ni mes attributs virils, ni ma gueule, à ces mignonnes qui me faisaient pourtant des oeillades suggestives…, je voulais juste disparaître, me reposer, devenir invisible, oublier…, j’ai regagné le Hot-Rod précipitamment une fois le plein d’essence effectué…, j’ai passé ma manche sur mon front humide, la poussière a créé une grosse trace noirâtre dégueulasse…, avant d’entrer je me suis arrêté, me suis retourné…, la poussière s’étendait à l’infini… et l’horizon s’est paralysé pour quelques secondes.
Les teintes ocre et si ternes du jour se sont subitement mues en une atroce combinaison de couleurs sanglantes…, les détails se sont fixés de façon irréelle, chaque grain de sable rougeoyant, chaque morceau de rocher mutilé, chaque buisson épineux décharné hurlaient sur ma face enfiévrée…, les contours étaient absurdes, bien trop tranchant, nauséeux, la monstrueuse étendue a pris vie, respirait, se mouvait dans un silence assourdissant.
Le désert, l’immense désert vertigineux, avalait la lumière et soufflait sur ma peau les derniers relents de sa gueule en feu.., mes jambes faiblissaient, ma main se cramponnait au volant… et tandis que des ombres décharnées et noires s’étiraient derrière-moi, je regardais à m’en crever les yeux la lente agonie du soleil, fasciné par ce spectacle féroce et grandiose… six heures de bagnole, bienvenue à Hollywood, Los-Angeles… waouwwww !
J’ai amené le Hot-Rod dans le garage de Rodéo Drive à Hollywood…, reçu par une Super-Woman en personne…, paperasse jaunie soigneusement classée, paperasses impeccablement remplies de toutes les banalités inhérentes à son boulot…
Me voilà enfin à l’aéroport, lambda en transit en train de pousser ma mallette bien propre tout en veillant à ne pas froisser ma veste…, j’étais en train de déambuler comme un connard rentrant à son port d’attache… et je me demandais ce que f… cette foule qui me suivait comme une meute de chiens alors que je pressais le pas…, après…, j’ai seulement reconnu l’endroit.
Il y avait vingt-cinq ans environ…, au retour d’un voyage j’avais glandé un nombre incalculable d’heures dans cet d’aéroport…, j’ai repensé à ça mais pas trop parce que je me serais aperçu que ma vie n’était peut-être pas allée comme je le voulais…, je me suis juste souvenu de moi, jeune con pseudo-rebelle, quand je prenais l’avion pour aller réaliser des reportages sur des voitures custom-à-la-con… pour mes magazines Chromes&Flammes, tant de frissons et de nostalgie d’un coup…, ça donnerait presque envie de chialer de repenser à tout ça.
Au moment d’embarquer dans l’avion destination Saint-Tropez, via Paris et Marseille, j’ai vu une pauvre jeunette un peu moche… et nos regards se sont croisés, moi le regard si fier mais l’enfoirée elle a compris mon jeu…, j’ai perdu la main et j’ai baissé les yeux un peu honteux… en repensant à sa misère parce que je savais aussi où elle allait.
J’aime pas trop l’avion…, parfois dedans on a une impression de flotter dans le vide…, ça me rappelle sans doute mon propre vide…, alors je m’accroche aux sièges, je serre les dents et je me retourne vers les autres pour voir si ils m’ont vu…, il y aura toujours le nouveau con à coté de moi qui me parlera de ses ventes de camions en Amérique…, je lui demanderai poliment si en Chine il va ouvrir une succursale parce qu’a ce qu’il parait c’est le nouvel Eldorado et j’espère qu’une lueur d’intelligence va percer dans son regard et qu’il comprendra peut-être…, il répondra par un taux de croissance tout en rigolant bien fort…, alors je fermerai les yeux et j’attendrai que ça passe…
Troy Ladd big boss d’Hollywood-Hot-Rods les construit “à l’ancienne” comme des œuvres d’art…, l’esprit original, certes, mais il passe 12 à 18 mois sur les détails, de sorte que le résultat atteint la finition d’une Rolls-Royce et la puissance d’un V8 Yankee de 600 chevaux, en contre partie de 250.000 dollars soit le prix d’une Lamborghini Huracan LP 580-2 avec quelques options, mais les deux ne sont pas comparables…
Hollywood-Hot-Rods offre ce qu’aucune Lamborghini ne peut donner: les années cinquante elles-mêmes : Hitchcock et Brando et Eisenhower, Peanuts dessins animés et Playboy, la course à l’espace et le tout premier McDonald’s…, c’est fantastique.
Les Rods “Deuces-homebrew” nés dans les années 1940 et 1950 n’avaient rien à voir avec les Rods “work-ups” de télé-réalité actuels…, dans le “bon vieux temps d’avant” les Rods étaient des vieux B’32 équipés d’un Ford Flathead V8 dont les personnalisations ne coutaient pas la peau des fesses…
Pour 15 $ on achetait un 1948 Flathead stock de 100 chevaux qu’on équipait d’un kit Ardun conçu par les frères Yura et Zora Arkus-Duntov, mais ces chambres de combustion hémisphériques n’ajoutaient que 50 chevaux de plus…, un bond de 50 pour cent quand même…, pour un peu plus de dollars le Fireball eight-inline de la Buick Roadmaster donnait presque la même puissance (144 chevaux)…, mais la magie du V8 devait opérer avant tout, personne n’a conservé de Hot-Rod équipé d’un 8 en ligne !
Il faudra six ans pour Vic Edelbrock Sr. pour faire la couverture de Hot-Rod-magazine pour flagorner des 375 chevaux du V8 Chevy 265ci…., hors de portée du rodder lambda qui n’avait pas les ressources financières pour se payer des pièces Edelbrock… et devait aussi se contenter de pneus maigrichons “biais-ply”…, il y a des limites physiques à la vitesse à laquelle vous pouvez aller, même en ligne droite lorsque vous comptez vivre sur des pneus de six pouces.
Certains en sont encore là actuellement, d’autres se démerdent, quelques-uns commandent un Hot-Rod de luxe chez Troy Ladd qui “tape” au sommet en n’utilisant que les meilleures pièces possibles et affiche ne pas regarder au temps “qu’il faut”, c’est à dire des centaines d’heures qui se révèlent subtilement dans les soudures impeccables, les usinages parfaits, les finitions démentes, le niveau requis pour oser aller exposer la voiture devant les juges de Pebble Beach… au minimum pour y accéder le travail coûte six chiffres, y compris les chromes, l’acier inoxydable et l’aluminium poli.
L’intérieur est accessible par des portes suicide similaires à la ’32 Coupé (le Roadster ’32 avait des portes traditionnelles)…, la transmission Tremec à cinq vitesses a été choisie parce que, m’a déclaré Ladd : “Il faut que ce soit amusant à conduire”… et pour que tout soit “amusant”, un sac à bagages personnalisé trois pièces a été réalisé sur mesure pour reposer dans le coffre doublé de cuir… et le pare-brise droit a été remplacée par un modèle “DuVall” en forme de V…, les jantes à rayons en acier inoxydable de 16 pouces sont anglaises, des Dunlop destinées aux Jaguar, en 5,5 pouces à l’avant et sept pouces à l’arrière… et question freins, c’est de retour à l’Amérique de la vieille école, avec des tambours en aluminium.
C’est une baignoire en métal avec un moteur, perché sur deux longerons et quatre roues…, mettez le coude sur le rebord de la porte et “Rock Around the Clock” sur la radio, et c’est l’expérience la plus épurée sur quatre roues, submergée par l’air et l’espace et la sensation – en raison de la réalité – qu’il y a un Flathead V8 qui sonne bien sous le capot, une vertu qui vous sera utile lorsqu’on drague des filles avec des noms comme Peggy ou Barbara…