Hot Roadster Flathead Ford DBR1 by Garwood Gilmore
Forcément avec pareil titre, il faut en causer de ce Garwwood Woody Gilmore… Problème il ‘y a que trop peu à en dire, sauf des photos N/B éphémères d’une époque révolue dans laquelle les gens n’en ont plus grand chose à foutre (j’ai hésité entre à faire et à foutre, j’ai pris la version plus vulgaire, sciemment)… Pour trouver plus il faut mettre son surnom “Woody” et ajouter “Drag Racing”… Ca donne “Garwood Woody Gilmore Drag Racing”…Né le 2 février 1933 aux USA, décédé le 3 juillet 2020 à 87 ans aux USA. Il s’est fait un nom respecté dans la communauté des Hot-Rodders et surtout des Dragsters en fabriquant des châssis “à l’ancienne”, les fameux “rails” des années’60 avec moteur avant qui cachait toute la vue et qui enflammait le pilote lorsqu’il explosait…
En parcourant les petites annonces de vieux mag’s papier déclassés qu’on trouve sur eBay on découvre un projet qui depuis des années qu’il n’existe plus, semblait “tomber ensemble”, et si on oublie que tout cela n’existe plus et qu’on ne fait pas attention, on pourrait même finir par commander de l’inexistant, autant transporter de nouvelles ordures pour les déverser dans son box pour qui a l’espace et l’argent pour croire en en Jésus Dragsterman… Ahhhhh ! Ces vieux méchants dragsters à moteur avant de la vieille école qui donnent des frissons nostalgiques aux pépères de plus de 80 ans qui survivent encore. On pense alors aux Dragsters Vintage de Garwood Woody Gilmore équipés de V8 Hemi…
Il s’avère que ce type, Garwood Woody Gilmore, était un constructeur assez important et prospère. En tant que l’un des rares constructeurs de châssis professionnels des années 1960, Gilmore et d’autres ont expérimenté la conception de châssis pour maximiser la traction et ont mis au point des châssis standardisés pour améliorer la concurrence. Les efforts de ces constructeurs aboutiraient à l’évolution du dragster moderne à moteur arrière dans les années 1970. Gilmore a fabriqué pas mal de châssis, mais son nom finit par être beaucoup utilisé avec des châssis de ce style. Alors, un rail est-il un véritable Gilmore ou une copie proche ? Malheureusement, il est difficile de le dire à partir de photos, il y a des preuves pour et contre.
C’est l’essieu avant, qui était typique des constructions de Gilmore. Le récit du vendeur de l’histoire de la voiture a aussi son importance, s’il prouve que l’épave qu’il cherche à vendre depuis plus de 10 ans avait été initialement utilisée par l’équipe de Gene Adams, John Mulligan et Jack Wayre, si vous entrez les noms de ce trio dans votre barre de recherche, vous rencontrerez pas mal de hits, y compris un site sur John Mulligan, qui montre des photos dragsters de Gilmore. Il n’y a pas de chaîne cinématique dans les dragsters actuels. J’imagine ces vieux rails avec une nouvelle couche de peinture, du caoutchouc gras enveloppant les roues ET un bon vieux V8 354ci HEMI reconstruit avec des caches-soupapes chromés et une injection mécanique avec un big Blower. I
Il faudra du travail et de l’argent pour y arriver, mais les sensations nostalgiques en valent la peine. 12.000 $ pour un vieux dragster, et 3.000 $ de plus pour le bloc HEMI, rien que pour le faire fonctionner dans le jardin à minuit… Quel panard… Le roadster Hot Hod vedette américaine de cet article a été réalisé par Gilmore, la carrosserie est en acier qui a fait l’objet d’une construction sur mesure. C’est H.A.T. Racing de San Rafael, en Californie, qui l’a restauré à neuf entre 2002 et 2004. Dotée d’une carrosserie personnalisée finie en noir sur une sellerie grise, la voiture est propulsée par un vrai vieux et authentique V8 Flathead qui a été réalésé et poussé à 305ci et équipé d’un collecteur d’admission Navarro, d’un arbre à cames Isky, de culasses Baron Racing Equipment.
J’allais oublier les carburateurs triples Stromberg 97. Le châssis ex Garwood « Woody » Gilmore qui l’a fabriqué sur mesure, utilise toujours son fameux essieu avant percé, des tiges en épingle à cheveux, une suspension arrière triangulée à quatre bras avec coilovers réglables et un essieu arrière Winters Quick Change abritant un différentiel de 4,10: 1. L’équipement supplémentaire comprend un capot à persiennes, un pare-brise en V, un volant alu à monture de bois, des compteurs Stewart-Warner, des freins à disque avant Wilwood, des jantes knock-off Rocket Racing de 16 pouces garnies de pneus Excelsior Radial d’une largeur de section de 6 po à l’avant et de 7,5 po à l’arrière, sans oublier le double système d’échappement Hushpower sortant par la jupe arrière.
Les sièges baquets à dossier bas sont rembourrés en couleur gris pierre et complétés par un tableau de bord peint ainsi que des panneaux de porte de couleur coordonnée plus des tapis gris. Les autres équipements comprennent un levier de vitesses et une poignée de frein de stationnement montés au sol, un chronomètre d’avion Ernst Benz, des poches de carte de panneau de porte, un rétroviseur surélevé et un tapis de sol en caoutchouc dans le plancher du conducteur. Un réservoir de carburant poli est monté dans le compartiment du coffre. Le V8 à tête plate utiliserait un bloc de fabrication française d’époque, si un lecteur/internaute peut m’en dire plus, sans doute que le système “delco” fixé en bout de vilebrequin, donc horizontalement à l’avant.
Il a été modifié avec un alésage de 3.375 et une course de 4.250 pour déplacer 305ci avant d’être reconstruit en utilisant les composants ci-après par Lorry Azevedo: Pistons Ross. Bielles Crower. Arbre à cames Isky. Carburateurs Triple Stromberg 97mm avec piles d’admission chromées. Collecteur d’admission Barney Navarro. Culasses Baron Racing Equipment et en-têtes d’échappement de longueur égale fabriqués sur mesure… Quand on parle de moteur à huit cylindres, on pense le plus souvent aux V8, particulièrement associés aux voitures américaines. Des constructeurs allemands, britanniques et italiens peuvent rapidement venir à l’esprit également, ce qui n’est pas le cas des marques françaises.
Et pourtant, l’histoire des automobiles à moteur huit-cylindres en France est aussi riche que complexe entre innovations, partenariats et projets avortés. Le V8 est né en France. De sources concordantes, le premier V8 installé sur une voiture fut l’œuvre d’un Français, Clément Ader sur le châssis d’une automobile de course en 1903. Puis un autre Français, Alexandre Darracq, se fit remarquer en 1905 avec une voiture à moteur V8 taillée pour les records. C’est ensuite De Dion-Bouton qui lança le premier V8 produit en série, en 1909. Plusieurs modèles de la marque en furent donc équipés dans les années qui suivirent. Panhard & Levassor, Talbot, Georges Irat ou encore Matford (association de Ford avec le Français Mathis).
Ces entreprises toutes disparues aujourd’hui, proposaient des voitures à moteur huit-cylindres en V durant les premières décennies du 20ème siècle. Ce fut également le cas d’un constructeur encore majeur aujourd’hui : Renault. Au début des années 1930, la firme au losange proposait une gamme de modèles huit-cylindres composée des Nerva et Reinastella. Rappelons qu’en ce temps, de nombreuses carrosseries coexistaient sur des châssis communs. Bien, je ne vais pas vous abandonner sans vous proposer de regarder une vidéo concernant la bête? Ensuite, tout va devenir surréaliste, car j’ai dialogué avec, rien que moins que l’esprit de Garwwood Woody Gilmore dans son au-delà…
-Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés, nous dit-on, enfants, car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. J’ai appris suite à ce dialogue, au moins ceci : de ne pouvoir sortir de nous-même, qu’au moins on a le soin toujours de n’en rien imposer jamais ni surtout d’en exhausser le repère. Jamais autant qu’en ce moment de dialogue, je n’aurai éprouvé, de laisser tout infuser, pénétrer, déformer. Mes articles constituant GatsbyOnline, à ce titre, ne prétendent rien ; encore moins à immortaliser, quoique, cela durera combien de temps de mon vivant ? Et ensuite lorsque je serais mort ?
-A vrai dire vrai, une fois mort on n’existe plus que comme souvenir de divers, pour soi même, c’est le vide. Ce qui plaît universellement sans concept disait Kant, c’est ce qui ne se pense même pas. Histoires, atmosphères, vérités cachées dont on ne saura jamais si c’est moi qui les y surajoutaient ou si au contraire elles s’y trouvaient déjà, nichées à l’abri de mes indiscrétions en souterrain : à la fois pour autoriser le travail de l’’acier, la conservation de mes dragsters réalisés, mais pourquoi ne pas le dire, me ménager atelier à température supportable… Combien d’histoires ai-je racontés rescapées des ténèbres ! Combien de mythes à seulement éveiller qui collent comme l’imaginaire au réel, comme s’il s’agissait d’un mot de passe verrouillant l’entrée d’une caverne. —
-Anachorète, dos voûté, non sur quelques grimoires poussiéreux, qu’éclairaient à peine deux cierges, épuisé, barbu comme seuls savent l’être les sages ou les grands sages ; taciturne, maussade comme seuls peuvent l’être ceux qui se sont retirés du brouhaha des hommes ? Un juste, un de ceux qui par leurs silences parvenaient à rendre le monde sinon vivable en tout cas supportable ? Ne vous y trompez pas : c’est par cet enrobage que la vérité tient au réel ; que le réel conserve pour un petit moment encore l’épaisseur de la vie. L’ imaginaire a supposé un acte créateur initial comme un tumulte tempétueux bousculant tout sur son passage, écartant les ombres invinciblement ou comme un vacarme assourdissant déchirant subitement le silence des éternités.
-Sans doute, venu de nulle part, presque sans bruit et sans signe avant-coureur. Jamais de lumière sans ombre, nous le savons tous. Ici, de manière presque miraculeuse, le juste équilibre d’une ombre qui ne dévore pas tout espoir ; d’une lumière qui n’écrase rien. Elles s’épousent l’une l’autre. Qui aurait l’outrecuidance et la cuistrerie de barrer l’accès à mes propres sensations ? Je sais, et je crois l’avoir su toujours, que quelque pas que l’on avance, quelque ligne que l’on écrive ou quelque métier que l’on exerce, non seulement beacoup n’inventent rien, n’innovent jamais et parviennent au mieux à répéter ce qui toujours ponctue le temps ; mais surtout n’y réussissent qu’à condition de tremper leur vigueur au plus intime…
-Ils me lassent et m’inquiètent toujours plus ceux qui sempiternellement savent et s’empressent de leçon donner. Il n’est pas, dans les rais de l’être, de recettes pour ainsi fuser si droit et ne rien détruire pourtant ! La lumière elle-même hésite entre corpuscule et onde. Que regardons-nous ? Pire, que voyons-nous qui promenons nos yeux avec la paresse de nos certitudes et la précision vengeresse de nos outils ? En réalité nous ne parvenons jamais qu’à recouvrir êtres et choses, d’histoires, les nôtres, celles de notre culture, ou bien des récits plus anciens encore dont les grecs n’eurent pas tort les nommant mythes, de les supposer si anciens que sans doute ils furent racontés d’abord par des dieux.
-La stupidologie, quel cirque ! Je veux de ce que je parviens encore à entendre et voir, ne retenir que la part d’enchantement qui m’élève ; non pas oublier mais enrober la rugosité de cette couche de rêve, d’imaginaire ou d’inquiétude qui nous rend désireux d’apprendre. Je ne puis l’oublier : jamais la raison n’aura fait agir quiconque. Oui bien sûr ces grandes étendues ; oui, sans doute ces incroyables paysages lunaires à couper le souffle. Mais pourquoi donc cette étrange réticence ? Je pourrai théoriser, bien sûr – l’envie ne m’en manque jamais – et rappeler combien ces espaces vierges sont presque toujours des promesses de conquêtes à moins que de colonisations impossibles, souvent agaçantes et que l’on réduit à des prétextes esthétiques, faute de mieux !
-Est-ce cela ? En réalité, la trace plutôt, qui vient de très loin, d’une angoisse enfantine. Quel âge avais-je ? Je ne sais, entre six et huit ans, sans doute – je me réveillais en sueur et tremblant. De quoi avais-je rêvé ? Oh de rien de bien particulier ! de rien justement ! Cette angoisse qu’enfant j’avais été incapable de nommer, j’en perçois encore les ultimes échos. J’avais devant moi un monde que n’habitait personne ! Plus personne ! C’est peu de dire que ceci ne me fascina pas. Mais ce qui me fit alors peur, je ne voudrais pas le réinterpréter rétrospectivement. Peur de la solitude ET de me retrouver subitement sans parents, seul non pas même à errer dans un monde vidé, mais le survoler ? Peur du néant ? Angoisse existentielle ? Protagoras ?
-Combien faute d’une conscience pour le percevoir, importe peu qu’il y ait de l’être ou non ; qu’être et néant s’équivalent dans l’absence de conscience. Autrement dit, en parfait idéaliste que je n’étais pas, voici que je doutais que le monde existât ; qu’il y eût hors de ma perception et de ma pensée, une réalité qui subsistât et lui fût totalement étrangère. Je n’avais évidemment pas de mots pour le dire, mais voici qui ressemble outrageusement au solipsisme. L’histoire raconte assez bien comment Descartes se sort du doute et combien il lui faut, de méthode mais de volonté surtout, pour ne pas se perdre ; je n’oublie pourtant pas ce que lui aussi, perçoit : que le monde nous est donné d’égale manière, dans le rêve et l’état diurne.
-Et si, bigre, nous n’étions que les piètres personnages, détestables et acteurs d’un bien mauvais rêve ; d’une épouvantable pièce de théâtre ? La distinction entre être et apparence, être et néant est-elle même fallacieuse ? A bien regarder ce que disent Hegel, Marx, mais tellement d’autres finalement, les traces que nous laissons dans le monde ne sont que des preuves que nous nous donnons, cherchons surtout à nous donner, certes de notre puissance mais d’abord de notre existence. Que notre rapport au monde fût dialectique, cela signifie qu’en fait de nature brute, pure et nette, il n’y eut jamais ; il n’y a plus ni n’existera plus jamais. Celui qui le premier pose ses traces, clôture un champ, dit c’est à moi, celui-là ne fait pas qu’inventer la propriété, il se prend pour Dieu.
-C’est bien pour cette raison que dans toutes politiques, il y a du religieux qui ne demande qu’à commander et imposer. J’aimerais pouvoir pourfendre le grand coupable de toutes les violences humaines et dire de lui, comme le fit Rousseau que ce n’était qu’un imposteur mais qu’il est surtout le père de toutes les misères humaines, ce qu’un Marx avalisera qui voudra l’abolition de la propriété : “Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne ! » (Rousseau, Second discours)
-Mais je crains bien, et l’histoire nous en donne des signes répétés, péremptoires et désespérants, je crains, oui, que les zélateurs de pureté, les idolâtres d’immaculé, les contempteurs de souillure et les laudateurs de virginité ne soient pires encore. Si les premiers se prennent pour des Dieux en voulant forger un monde qui eût un sens humain, les seconds s’érigent en prophètes, et, parlant à sa place, l’escamote bien vite, bien plus efficacement que s’ils avaient été déicides. Alors oui, je puis bien regarder cette terre comme s’il se fût agi d’un Paradis Perdu mais de quelle culpabilité ne nous afflige-t-on pas, que rien ne vient racheter vraiment, pour mériter de l’avoir ainsi perdu ?
-Quel ange, dans la pénombre des temps si anciens qu’on les croit légendaires, aura à ce point désobéi quel Prométhée aura ainsi si présomptueusement fomenté l’idée de pouvoir berner, qu’il devienne désormais impossible de seulement imaginer vivre en paix. Le principe du mal réside dans la tension de la volonté, dans l’inaptitude au quiétisme, dans la mégalomanie prométhéenne d’une race qui crève d’idéal, qui éclate sous ses convictions et qui, pour s’être complue à bafouer le doute et la paresse, vices plus nobles que toutes ses vertus? s’est engagée dans une voie de perdition, dans l’histoire, dans ce mélange indécent de banalité et d’apocalypse… Les certitudes y abondent : supprimez-les tous, supprimez surtout leurs conséquences .
-Cioran avait raison qui prétendait que nul n’y échappait sauf peut-être les sceptiques, les fainéants ou les esthètes ! J’ai sans doute de l’estime pour tous ceux qui désirent préserver leur espace et sans ont-ils raison chaque fois qu’ils tenteront d’en réduire la marque et l’empesage. Mais cruellement tort chaque fois qu’ils espéreront en supprimer toute possibilité. J’ignore si c’est pour son plus grand malheur, mais l’homme n’est homme qu’en étant prédateur ; je sais juste ce qu’il y a d’héréditaire dans le choix qu’il faut sans cesse reconduire, au risque, de génération en génération, de se tromper, d’errer et de se nier : c’est affaire ici de manducation. Fruits ou animaux, l’homme ingère, digère, assimile, soumet le monde.
-Tragédie, peut-être ; destin sans doute, cet être-là ne subsiste que de détruire et tuer ; à charge pour lui de ne le faire qu’à la juste mesure de la nécessité. Mais l’histoire fait le partage entre ce qui se détruit et qui le détruit. Il faudrait être niais pour oublier combien la nature peut sécréter, elle aussi, de massacres, la philosophie a fait depuis longtemps justice de ce faux couple antinomique nature/culture. Il n’est point de paradis perdu ! Et ceci s’entend doublement : ce paradis sait à l’occasion revêtir toutes les apparences de l’enfer. De ne l’avoir jamais connu, nous ne saurions le perdre jamais. Au reste, il nous perd au moins autant que nous ne le perdrions.
-Point n’est besoin d’imaginer une quelconque révolte des anges non plus qu’exciper d’une malignité des hommes. Il suffit peut-être de se souvenir de ce qu’Anaximandre suggérait : “Vivre est déjà injuste ce qui justifie cette nécessité qui nous fait peut-être vivre mais surtout disparaître”. Sophocle ne dira pas autre chose qui caractérise le fond grec du tragique : assurément vaudrait-il ne pas être né ; mais qu’au moins on meure le plus tôt possible. Alors oui ce cauchemar d’enfance : parce que, du vide absolu à cette cohorte dépareillée ; du néant à la pesante tentation d’être, de l’inexorable dégradation à l’éclosion entêtée il n’est peut-être pas si grande différence qu’on imagine parce que la vie est autant enthousiasmante que blessante, la mort autant terrifiante que libératrice.
-Il est des espaces où l’ambivalence de l’être éclate. Lorsqu’on se refuse à admettre le caractère interchangeable des idées, le sang coule… Sous les résolutions fermes se dresse un poignard ; les yeux enflammés présagent le meurtre. Jamais esprit hésitant, atteint d’hamlétisme, ne fut pernicieux : le principe du mal réside dans la tension de la volonté, dans l’inaptitude au quiétisme, dans la mégalomanie prométhéenne d’une race qui crève d’idéal, qui éclate sous ses convictions et qui, pour s’être complue à bafouer le doute et la paresse, vices plus nobles que toutes ses vertus , s’est engagée dans une voie de perdition, dans l’histoire, dans ce mélange indécent de banalité et d’apocalypse… Les certitudes y abondent : supprimez-les, vous reconstituez le paradis.
-Qu’est-ce que la Chute sinon la poursuite d’une vérité et l’assurance de l’avoir trouvée, la passion pour un dogme, l’établissement dans un dogme ? Le fanatisme en résulte, – tare capitale qui donne à l’homme le goût de l’efficacité, de la prophétie, de la terreur, lèpre lyrique par laquelle il contamine les âmes, les soumet, les broie ou les exalte… N’y échappent que les sceptiques (ou les fainéants et les esthètes), parce qu’ils ne proposent rien, parce que -vrais bienfaiteurs de l’humanité – ils en détruisent les partis pris et en analysent le délire. Je me sens plus en sûreté auprès d’un Pyrrhon que d’un saint Paul, pour la raison qu’une sagesse à boutades est plus douce qu’une sainteté déchaînée. C’était tout plaisir de dialoguer dans l’au delà avec vous…