Hot Rod Ford Coupe’37 HighTech
High-Tech est un terme appliqué pour la première fois aux Hot Rods au milieu des années 1970, en référence au Roadster Ford Model A de John Buttera. L’utilisation libérale des billettes d’aluminium et l’élimination du chrome par John Buttera étaient novatrices, ce sont des blocs d’aluminium qui servent de matière première pour le processus d’extrusion. Elles doivent être chauffées avant d’être pressées pour être extrudées dans la forme désirée. Pour des applications spécifiques, il est possible de trouver des services d’usinage CNC pour des billettes personnalisées.
Boyd Coddington a porté l’idée à un niveau encore plus élevé dans les années 1980, avec un design épuré, lissant tout en éliminant les charnières, les poignées de porte, les emblèmes et les garnitures. Aujourd’hui, les Hot Rods contemporain High-Tech sont associés à des lignes de carrosserie largement modernisées voire avant-gardiste avec des mécaniques à l’avenant et des couleurs de peintures sophistiquées. Ce coupé était en construction chez “Dave Tucci Hot Rods” à Marcy, dans l’État de New York.
Le propriétaire de la voiture avait donné carte blanche à Dave Tucci pour construire “Quelque chose d’absolument extraordinaire” sur base d’un texte qu’il avait écrit pour le magazine “Rolling Stones” pour situer le monde tel qu’il le ressentait. Dave Tucci a commencé par lire ce texte, en est sorti totalement chamboulé et a, en conséquence, créé un Hot Rod High-Tech différent… Je suis dans l’incapacité de vous conter en quoi ce texte a amené Dave Tucci à recréer ce Hot Rod, si ce n’est qu’à le publier… C’est un peu long, mais vous êtes surement habitué de mes textes qui sont généralement aussi long…
Le tragique, le baroque et le grotesque… Ce sont des formes de l’imaginaire qui expriment la condition humaine avec son cortège d’ambivalences, d’intranquillités, de déséquilibres et vertiges de même que l’énigme et le labyrinthe qui la constituent qui annoncent un destin secoué par le vertige du fragmentaire, du marginal, mondain, révélant le caractère visqueux, sinueux, vacillant et labyrinthique de la condition humaine… Etant donné que la vie ne connait pas de fondement certain, qu’il restera toujours des territoires inconnus et que les identités sont instables, les formes de l’imaginaire ne peuvent qu’exprimer une vie qui ne connait pas de répit et ou le tragique, le baroque et le grotesque sont des figures opposées a l’idée de totalisation de l’existence.
Cela veut dire qu’il s’agit de figures contraires a l’idée que nous nous faisons de la perfection et de l’harmonie humaine. En tant que figures qui de faits, déclinent notre condition fragmentaire, marginale, mondaine et profane, elles exposent aussi le caractère visqueux, sinueux, vacillant et labyrinthique de cette condition. Nous expérimentons la sensation de ne plus vivre dans une société heureuse et providentielle. Le vertige, la crise, le risque et la fin, voilà les mots qui identifient l’atmosphère de notre époque. L’effondrement des universels (notamment les idées de bien, beau et juste) et d’autre part la constatation que la société actuelle s’est transformée en une société de communication généralisée.
Et cela au moyen de l’implantation globale de multiples réseaux de communications électroniques, ce qui fait que les technologies de l’information et de la communication nous investissent et en conséquence nous vivons le vertige d’un temps accéléré, d’une mobilisation totale infinie. Nous vivons donc la mort du réel et sommes persuadés que nous sommes perpétuellement en situation de crise. Le paysage médiatique des réseaux électroniques de communication exprime cette crise d’une existence diabolisée, ontologiquement pervertie, qui nous précipite dans l’immanence et sert les forces du mal structurellement fragilisées amenant à ce que nous nous révoltions d’un sentiment de perte de ce que nous n’avons jamais eu et n’aurons jamais.
Ce sentiment est la conséquence de notre lobotomisation “merdiatique” nous amenant à une vision, à une conception contemporaine du monde sans fondement. La perception de la crise et les sentiments de perte et d’attente qui l’accompagnent sont mélancoliques, puisqu’ils ont un sens tragique, c’est-a-dire le sens d’un problème sans solution. Notre condition est, en effet noyée dans la contemporanéité faite d’abattements et de malaises. Nous vivons le sentiment de ne plus être capables de nous garantir un fondement solide, un territoire connu et une identité réelle. Nos pas sont aujourd’hui incertains, ambivalents et “intranquilles”, nous vivons dans le déséquilibre et l’inquiétude, figurant la condition humaine comme une énigme labyrinthique.
Cela dans le mouvement permanent d’un voyage de traversées sans fin. Toute l’histoire de la culture occidentale est un parcours organisé par le logos, une parole qui est aussi LA RAISON pré-établie par la symbolique, une parole qui réunit ce qui se trouve structurellement dispersé. La révolution des images, commencée avec les machines optiques au XIXe siècle et conclue avec les machines informatiques et électroniques au XXe siècle, a déplacé la civilisation occidentale de la parole vers l’image d’un monde séparé et dispersé dans une multiplicité. Ce malaise de civilisation qui comprend des menaces, des peurs et des risques, se décline en divers thèmes, ceux de la crise et de la fin.
Tout au long des dernières décennies, nous avons été régis par ces vertiges qui ont pris Ie nom de “Crise de la raison historique”, “Crise du sens”, et enfin “Crise de l’humain”, avec l’effondrement des croyances traditionnelles et un processus de délégitimation de l’autorité générale. Nous entendons parler aussi d’autres vertiges : Crise des grands récits (Lyotard)… Fin des idéologies (Bell). Crise de la vérité (Heidegger). Adieu au corps (Le Breton) et Avènement du dernier homme (Fukuyama). En même temps, l’idée de crise de l’humain s’est accentuée au fur et a mesure qu’on nous parlait de vie artificielle, de fécondation in vitro, de mères porteuses et de clonages, de réplicants et de cyborgs, de l’adieu au corps et a la chair, du post-organique et du trans-humain.
Et au fur et a mesure que l’interaction humaine par ordinateur se développe, avec l’Internet, les jeux électroniques et les nouveaux réseaux asociaux, les figures traditionnelles de la famille et de la communauté deviennent instables et sont reconfigurées en permanence. Par-dessus tout, nous nous rendons compte que ce qui est en train de rendre problématique l’humain, c’ est la complète immersion de la technique dans l’histoire et dans les corps. Les expressions majeures de cette immersion sont les biotechnologies et l’ingénierie génétique, outre le développement de la culture cyberspatiale. Dans ces circonstances ou bios et techno s’amalgament et ou la figure même de l’homme devient problématique, la parole en tant que logos est entrée en crise.
L’homme n’est plus un “animal de promesse”, comme l’avait défini Nietzsche, parce que sa parole n’est plus capable de promettre… Aujourd’hui, il s’identifie surtout aux figures qui accentuent sa condition transitoire, tâtonnante, contingente, fragmentaire, multiple, impondérable, nomadique et solitaire. Ce malaise du temps nous renvoie a un imaginaire tragique, baroque et grotesque. Le tragique est une figure que nous voyons normalement associée a la littérature. Le baroque est une figure qui signale un mouvement et un moment de l’histoire de l’art occidental. Le grotesque est une figure qui exprime une sensibilité esthétique.
En tant que formes de l’imaginaire, le tragique, le baroque et le grotesque sont toutes les trois des figures qui expriment la condition humaine : son ambivalence et ses intranquillités, son déséquilibre et ses vertiges. La grande énigme de l’univers et le labyrinthe intellectuel qui la constituent sont les formes d’une vie qui ne connait pas de répit. Le tragique, le baroque et le grotesque sont des figures opposées a l’idée de totalisation de l’ existence, ce qui veut dire qu’il s’agit de figures contraires a l’idée de perfection et d’harmonie humaines en tant que figures qui déclinent notre condition fragmentaire… Voilà, puisse mon Hot Rod dont je vous confie la fabrication, refléter tout ce que je viens de vous résumer. Ce texte est également envoyé à Rolling Stones.
Voilà… Vous comprendrez ou non, mais c’est ce qui a amené Dave Tuci, comme touché par la grâce de l’écriture, à pré-réaliser ce Hot Rod… En effet comme l’auteur est décédé, il n’a pas eu ni les moyens financiers, ni le courage de continuer, laissant ce job à des amis qui s’en sont super bien sortis…Les phares ont été éliminés des ailes et, remplacés par ceux de deux Kawasaki Ninja ZX-9R intégrés à la calandre personnalisée en aluminium par “Alumicraft”. Le toit a été Top-Chopé et complètement reproportionné, avec les montants B retirés, la pose d’un pare-brise Saab 900 coupé affleurant.
Les portes ont été remodelées et les ailes arrière ont été prolongées autour du cul de la carrosserie jusqu’à l’endroit où sortent les échappement sortent. Un des détails techniques parmi les plus ingénieux sont les charnières de porte invisibles dont la conception permet au bord avant des portes affleurantes de pivoter dans le corps de carrosserie lorsqu’elles s’ouvrent. C’est une ingénierie remarquable qu’il faut voir en œuvre pour l’apprécier pleinement. La carrosserie sauvagement redessinée a été montée sur un châssis réalisé par “Fatman Fabrications”.
Afin d’obtenir cette position de quasi-raclage de la chaussée (sic !), les rails du châssis ont été “Z’d” à l’avant et soulevés à l’arrière. Une suspension avant indépendante provenant d’une Mustang II avec des axes abaissés de 2 pouces et une suspension arrière à quatre bras ont été construits sur mesure par Dave Tucci. Les ondes de choc “RideTech” étant contrôlées par un système de gestion “AccuAir e-Level”… Dave Tucci était en train de construire l’intérieur lorsque le propriétaire est décédé subitement.
Dave Tuci n’étant plus payé et le propriétaire n’ayant pas d’héritier, Dave Tuci a remisé le Hot Rod presque terminé sous une bâche dans un coin de son atelier. Quelques années plus tard John Ryan et son ami, Mike Jensen de “Mike’s Auto Restoration & Customizing”, informés de cet abandon ont proposé de racheter le Hot-Rod en l’état… Ils pensaient refaire la peinture et terminer l’intérieur lorsqu’ils sont tombés sur le texte écrit par le propriétaire original, texte qui avait façonné le look High-Tech du Hot-Rod. Ils ont alors décidé de continuer ce qui était selon une “oeuvre” dictée par un penseur avant-gardiste…
La Ford 1937 a été retravaillée en détails au niveau supérieur, allant même jusqu’à concourir pour le prix Ridler à l’Autorama de Detroit… John Ryan estime qu’au moment où tout a été réalisé/terminé, il y avait déjà 10.000 heures dans la préparation. Lorsque la tôlerie complète a été perfectionnée, et que Mike Jensen a peint le Hot Rod en utilisant un mélange personnalisé de peinture House Of Kolor-Liquid Metal, l’estimation est passée à 15.000 heures, plus les pièces… Les ailes du coupé sont remplies de grandes jantes en billette provenant de chez Colorado Customs, usinées selon un design fourni par Dave Tucci.
Des pneus Pirelli P Zero Nero des séries 215 et 295 ont été montés sur les jantes 17×8 et 20×10 avec des freins à disques Wilwood à six pistons en 10 et 12 po… “Prestige Motorsports” à Concord, en Caroline du Nord, a construit le moteur Ford 351W avec des culasses “Air Flow Research” et des composants internes Hi-Performance. Les piles du système d’injection Borla et les caches- soupapes à ailettes ajoutent un plus à l’ensemble. Le moteur Ford de 550 chevaux est relié à une transmission GM 700R4. Sur les essieux arrière Strange, un différentiel Ford de 9 pouces est chargé de rapports en 3,55 :1.
L’intérieur est un autre exemple de style high-tech imaginatif… “Hix Design”, à Norman, dans l’Oklahoma, a construit les sièges baquets, ainsi que les panneaux des portes et du coffre. Le sol est recouvert de panneaux de cuir et d’aluminium au lieu de moquette. Le tableau de bord fabriqué sur mesure est lisse. Les nacelles de compteurs fraisées en forme de balle “Classic Instruments” et la boule de changement de vitesse suspendue étaient des ajouts de Dave Tucci qui ajoutent une apparence de vision du futur des années 1950…
Ryan et Mike ont atteint l’objectif d’amener le coupé au 50e Autorama de Détroit, où il a fait une énorme impression, même s’il n’a pas remporté le prix Ridler… Une montagne d’autres récompenses et une vague d’attention ont suivi au “Hot August Nights” où il a remporté le “Street Rodder Top 100″… Présenté en première mondiale dans www.ChromesFlammes.com et www.GatsbyOnline.com vous compatirez à cette histoire touchante venant d’un visionnaire Hot-Rodder malheureusement décédé dans d’étranges circonstances jamais élucidées…