Hot-Rod Ford Lobeck Roadster’33
Tapoter un texticule couillu concernant une jeune et jolie femme sexy en diable, tout comme scribouiller un article illustrant les photos d’un bôôôôôô Hot-Rod sont mis-à-mal (mâle) si le décor (l’arrière-plan photo) est merdique ! C’est le cas avec ce Hot-Rod Ford Lobeck’33, les fonds “bucoliques” sont disparates, les câbles téléphoniques/électriques et leurs poteaux sont visibles, rien n’est soigné ni correctement cadré !
Le Hot-Rod est lui-même mal présenté avec un changement de jantes sans suivi et des angles de vue d’un amateurisme désuet… Je me heurte donc avec ce “set” à toute une série de contraintes intériorisées qui m’interdisent toutefois (par professionnalisme) de prendre de front cet ensemble de problèmes, comme je vais toutefois le faire. Trois au moins sont déterminantes.
La première de ces contraintes intériorisées pourrait être appelée l’obligation d’écrire des articles sur mon Web-site afin qu’il “tourne” et intéresse les internautes. Nous vivons dans une société, en voie de disparition, où la lecture demeure l’objet d’une forme de sacralisation. Cette sacralisation se porte de manière privilégiée sur un certain nombre de textes dits “canoniques” dont la liste varie selon les milieux, qu’il est pratiquement interdit de ne pas avoir lus, sauf à être déconsidéré…
Il existerait 468.005 journalistes dans le monde et 96.886 médias… En sortir quelques-uns devient un exploit… En presse automobile française, je me conterais des 3 mammouths préhistoriques de l’écriture les plus caractéristiquement lénifiants : René Bellu, José Rosinski, Gérard Crombac, tous décédés… Et bien, pas un seul n’a tapoté où scribouillé un texte sur les Hot-Rods !
La seconde contrainte, proche de la première mais cependant différente, pourrait être appelée l’obligation de tout connaître de l’automobile et de toutes les automobiles. S’il est mal vu de ne pas tout lire et tout en savoir, il l’est presque autant d’avouer de n’avoir fait que feuilleter chaque livre d’atelier, chaque fiche technique, chaque communiqué de presse et chaque écrit paru y concernant, intégralement, dans toutes les langues du monde et au-delà… Problème majeur et épique, aucun Hot-Rod sauf le Plymouth-Prowler, ne dispose de ces documents ni même aucun article n’en a été réalisé !
La troisième contrainte concerne les articles de presse concernant chaque automobile. Un postulat implicite de notre culture est qu’il est nécessaire d’avoir tout lu d’un sujet pour en écrire avec encore un peu de précision. Or, d’après mon expérience, il est tout à fait possible de tapoter un article couillu et passionnant en se foutant totalement des avis d’autres gens, y compris,
J’ajouterais et peut-être surtout : Avec ceux (et celles) qui n’y connaissent strictement rien ! Plus encore, il est même parfois souhaitable, pour écrire avec justesse d’une automobile (et particulièrement d’un Hot-Rod), de ne pas l’avoir essayée, voire de ne pas l’avoir vue en réel… Après tout, les internautes non plus !
Je ne cesserai d’insister en effet sur les risques, fréquemment sous-estimés, qui s’attachent à la réalisation d’un essai routier pour celui qui souhaite écrire un article voire un texticule ! L’obtention d’un rendez-vous au bout du bout du monde, les frais de voyage A/R et sur place, plus les hôtels, la bouffe et une pute, car c’est fini le temps où les constructeurs vous offraient tout cela pour écrire sur une Fiat Panda où une Renault R8…
Ce système contraignant d’obligations et d’interdits a pour conséquence de générer une hypocrisie générale sur les automobiles effectivement essayées. Je connais peu de domaines de la vie privée, à l’exception de ceux de l’argent et de la sexualité, pour lesquels il est aussi difficile d’obtenir des informations sûres que pour celui des bagnoles.
Dans le milieu des spécialistes, en raison de la triple contrainte que je viens de signaler, le mensonge est général, puisqu’il est à la mesure de l’importance qu’y occupe la bagnole pour pouvoir l’évaluer, dans les conversations avec des journalistes, il ne faut plus se poser de questions s’ils disent ou non la vérité quand ils en parlent, c’est très rarement le cas.
Mensonges aux autres, mais aussi, et sans doute d’abord, mensonges à soi, tant il est parfois difficile de reconnaître devant soi-même que l’on n’a pas essayé et même pas vu telle bagnole pourtant considérée comme essentielle dans le milieu que l’on fréquente… et tant est grande, dans ce domaine comme dans tant d’autres, notre capacité à reconstruire le passé, pour le rendre plus conforme à nos vœux.
Ce mensonge général qui s’instaure dès que l’on parle des bagnoles est l’autre face du tabou qui pèse sur les angoisses journalistiques tant ils vivent dans la précarité ! Aussi est-il impossible d’espérer se sortir indemne de ce genre de situation sans analyser la culpabilité inconsciente que suscite l’aveu de n’avoir pas vu ni essayé les voitures dont causent les journalistes automobiles.
Ceci écrit, ne croyez pas pour autant qu’un journaleux qui présente une automobiles extraordinaires puisse en réaliser un commentaire réel, car un essai n’a rien en commun avec le fait de l’acheter, de payer les taxes, les entretiens et les frais de maintenance et réparation… ainsi que les frais alternatifs, tels qu’amendes et autres joyeusetés.
Ce Hot-Rod a été vendu aux enchères à Vancouver/Colombie-Britannique/Canada pour 95.000 $ le 02 Juillet 2022 avec 11.000 miles affichés réalisés après 4 ans de construction et 10 ans d’usage par Barry Lobeck. Cette Ford Roadster de 1933 n’est pas une voiture de 1933 et n’est pas, non plus, une Ford Roadster, c’est un Hot-Rod immatriculé comme étant (faussement) l’indication du document officiel servant de Titre de circulation.
C’est une carrosserie/reproduction type “Speed33″ de chez ASC (American-Speed-Company) en acier sur un châssis fabriqué artisanalement et motorisé par un nouveau V8 383ci ZZ383 Stroker de chez GM-Performance équipé de avec transmission automatique 4 vitesses 700R4 avec overdrive et convertisseur de couple anti-décrochage et blocage.
Un collecteur Inglese et 4 carbus Weber sur un collecteur de liaison et d’admission apparié et usiné par Wilson Manifolds a été ajouté par la suite avec un radiateur Walker équipé de poulies serpentines de Billet Specialties, d’un ventilateur de refroidissement automatique, d’un réservoir en acier inoxydable et de diverses quincailleries en acier inoxydable.
Les autres caractéristiques comprennent un capot Rootleib en 3 pièces, des sièges en cuir chauffants, l’habitacle en tissu Haartz, la climatisation, des freins à disque aux 4 roues ! Fini dans un bleu foncé Jaguar sur un intérieur beige, le Hot-Rod est immatriculé “Ford Roadster 1933” (un titre officiel de circulation “clair” de la Colombie-Britannique au nom du vendeur) et a remporté un certain nombre de prix depuis son achèvement.
Deux jeux de jantes sont fournis, des knock-off Halibrand et des jantes à rayons (fil) beige (d’origine) montées avec des BFGoodrich. La plaque d’immatriculation arrière s’abaisse pneumatiquement lorsque le moteur est mis en marche et se rétracte lorsqu’on le coupe, bien qu’un interrupteur de remplacement soit situé sous le tableau de bord pour garder la plaque rétractée.
Les poignées de porte ont été supprimées, ce sont des interrupteurs de déverrouillage des portes qui commandent leurs ouvertures, il sont situés sous le châssis. L’intérieur comprend des sièges chauffants en cuir beige réglables en hauteur, des panneaux de porte et des tapis beiges avec des bordures en cuir assorties.