Hot Rod Ford’T’Bucket…
La collection automobile personnelle (dans le sens où son garage/hangar n’est pas un musée ouvert au public) de Jeff Wasserman est diversifiée, incluant divers Muscle-Car’s des années ’60, quelques répliques et Hot-Rod’s, dont ce Ford’T au look style 1915, construit dans le style Rock’N’Roll des folles années’60’s. Ce modèle’T-Bucket est le premier des Hot-Rod’s de Jeff, à la fois en termes d’années de fabrication et en termes de durée de possession.
Son apparence actuelle est très proche de celle à laquelle il était lorsque Jeff Waserman l’a construit pour la première fois. Pratiquement chaque partie ajoutée et chaque procédure effectuée est accompagnée d’une histoire soporifique, sa construction ayant été toutefois inspirée (selon lui) par les deux plus célèbres Hot-Rod’T-Bucket des USA. Vous devez vous dire que toutes ces explications sont un gloubi-boulga d’épinards hachés sans aucun intérêt…
Pour concevoir que ce T’Bucket aurait un quelconque intérêt historique en dehors d’être publié sur ce web-site, il faut être passablement crevard ! Comme je sais d’avance que vous adhérerez à mon pré-commentaire car vous fatiguiez de lire des textes somnifères bourrés d’éléments techniques à la manière des pigistes des mag’s concurrents de C&F, qui n’existent plus (ce dont vous et moi n’avons strictement plus rien à foutre), on passe au paragraphe suivant !
Vous causer de ces engins alors qu’ils sont considérés depuis quelques années comme des Kit-Car’s dans toute l’Union Européenne donc tous légalement interdits de circulation pour soi-disant : 1° favoriser nos industries (qui pourtant ont été anéanties par les mêmes politiques) et 2° contribuer à un monde écologique plus sain (tout en fabriquant des armes destinées à anéantir ceux qui gênent), commence à me poser des problèmes existentiels…
Que soit, je continue avec persévérance mon sacerdoce en faisant la messe pour les fidèles amateurs d’automobiles extraordinaires (hors du commun) tout en me demandant si je ne devrais pas plutôt réaliser des articles sur les animaux domestiques… En 1961, peu avant son 18e anniversaire (ce qui lui fait donc 80 ans en 2022), Jeff a dépensé 20 $ pour une Ford’T de 1915 et avec l’aide d’un ami Hot-Rodder, il s’est lancé dans la construction d’un Hot-Rod T’Bucket…
Les pièces pour Hot-Rod’s n’étaient pas facilement disponibles en 1961, de sorte que chaque Hot-Rod devait être construit à partir de presque zéro. Avec l’argent de son grand-père, Jeff a acheté un bloc V8 327ci injection à Harry Mann Chevrolet (célèbre concessionnaire de Los Angeles), et l’a installé dans son bitza avec une boite récupérée d’une épave de LaSalle 1937, et un pont AR d’Oldsmobile. Le tout sur un châssis “maison” avec la carrosserie du T’Bucket.
A l’époque, le Hot-Rodding c’était ça. Quelques années plus tard, en 1966, le “Rearend Olds” a été remplacé par la suspension d’une Corvette qui avait été sectionnée à un passage à niveaux et le T’Bucket est devenu le premier Hot-Rod à utiliser une suspension arrière indépendante Corvette (gag !)… En 2011, le T’Bucket T a été reconstruit, sur un châssis de Ford A pré-équipé d’un essieu super Bell de quatre pouces et d’un autre “Rearend Corvette” de 1965…
Passionnant, n’est-il pas ? Pffffffff ! Ahhhhh ! J’allais oublier les pneus radiaux BFGoodrich 155AV et 275AR en 15 pouces qui ont été montés sur des jantes Wheel Smith… C’est le moment de personnaliser l’article en publiant en extrait des mémoires de Jeff Wasserman : “J’avais commencé à construire la voiture en octobre 1961, je l’ai mise en service en novembre 1963, je l’ai fait immatriculer en février 1964, ensuite je l’ai transformée en 2011”... Waouhhhhh !
Le T-Bucket de Jeff est comme une pierre tombale qui dispose d’un emplacement précis dans le partage de l’espace de son garage avec plus d’une douzaine d’autres voitures, la plupart d’entre elles étant figées là depuis des décennies. C’est cet aspect qui m’a intrigué chez les vieux collectionneurs, raison pour laquelle au début de l’été 2022, alors que j’étais aux USA, par hasard j’ai rencontré Jeff qui a saisi l’opportunité pour que son Rod fasse l’objet d’un article !
Un reportage dans GatsbyOnline…. Waouhhhh ! Pour aller chez lui, c’est 200 miles d’une route à deux voies emmêlées dans les contreforts des Appalaches. La route est quasi vide de tout trafic, il n’y a rien entre ici et là, sauf quelques cerfs, une ligne jaune et l’asphalte qui demande un peu de courage car il y a des trous partout ! Il n’y a rien à écrire du V8 si ce n’est qu’une curiosité de l’âge d’or du pétrole. Mais pourquoi s’attarder quand il y a des kilomètres à manger ?
Au volant, j’appuie sur l’accélérateur et c’est violent, la voiture essayant de pousser l’univers à travers mes globes oculaires. Je n’enregistre que l’utile pour l’article, que je stocke quelque part au-delà de ma conscience, c’est important, mais moins que de garder la voiture entre les lignes. L’arrière dérape à chaque changement de rapports. Officiellement, 60 mph tombe en 3,6 secondes. Mais cela ne vous dit pas ce que c’est que conduire cette voiture et de s’accrocher.
Johnny Cash gazouille dans mon oreille alors que le claquement des gaz d’échappement résonne à travers les arbres. J’ai combattu des engins plus dingues et fantasques, mais je ne me souviens vraiment plus quand j’ai fait l’essai d’une autre charrette à bœufs. Bon, tout ça pour rien d’autre que jouer au zouave !
Ce sont de rares moments de triomphe arrachés à des jours difficiles et terrifiants. Ces premières émotions étaient on ne peut plus claires…
Un moteur volontaire peut mettre tout le reste derrière, tant qu’on reste sur la route. Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire dans chaque virage. Par miracle je suis resté sur la route, m’attendant à des retournements. C’était très bien quand même. Nous avons eu le temps de faire connaissance. Il faut traiter la bête en accélérant avec respect… et le T’Bucket creuse sa voie, écharpe mes entrailles de travers en travers avec des chocs magnétorhéologiques intenses.
Une pile de lignes droites juste assez longues suivies de virages, la route se déroulant encore et encore. Finalement, nous étions dans la brume aux altitudes plus élevées au moment où la chaussée est devenue humide et glissante. La route allant de sommet en sommet, les forêts débordant de chaque côté. Et il faisait froid !Rien d’autre qu’une forêt ininterrompue à perte de vue, le ciel sombre de gris, de bleus et de noirs grimpant et plongeant dans des cols.
Il y a des endroits où les murs sont proches, et d’autres moins… Avec autant de puissance (gag !) sous mon orteil droit, la chose prudente aurait été de retourner à l’hôtel ! Les freins étaient étranges, la pédale était parfois longue ou parfois molle… Je me suis rappelé que je devais rentrer, même si la partie cro-magnon de mon cerveau criait pour plus d’accélération. En finale, je me suis dit que toute la puissance de l’univers est inutile dans ce genre d’engin.
Un tel Hot-Rod m’a fait me demander où se situent les limites de la logique, cette machine étant la preuve qu’il n’y a peut-être pas de plafond et que tant qu’on pompe du pétrole, il y aura toujours des hauteurs automobiles plus élevées à poursuivre, le tout dans des ensembles de plus en plus inutilisables. Des machines qui sont tellement plus que le décompte de leurs chiffres. Bref, il est temps d’en terminer…
Jeff a déménagé de Los Angeles à Somis, au milieu des vergers du comté de Ventura. Sa maison a été construite en 1978 avec un garage pour trois voitures, un atelier et un garage supplémentaire de la taille d’un camping-car de 45 pieds de profondeur. Au moment où Jeff a emménagé, la capacité du garage était passée à 18 voitures, beaucoup d’armoires et des planchers recouverts de moquette avec des tapis en caoutchouc posés sous les voitures…
La collection de Jeff est diversifiée à certains égards et similaire à d’autres. Six de ces 10 voitures sont des Ford d’avant-guerre, les autres sont des Chevrolet d’après-guerre. Jeff a possédé la plupart d’entre elles pendant des décennies (par intermittence dans certains cas), les a tous construits et reconstruits, et est vraiment passionné par chacune d’entre elles. “Je ne suis pas quelqu’un qui achète et vend des voitures tout le temps”, m’a dit Jeff Wasserman.
“Quand j’achète une voiture, c’est parce que c’est quelque chose que j’aime vraiment. J’ai vendu des voitures à l’occasion, mais pas souvent. Quand j’ai vendu ma Chevelle, j’ai fini par en acheter une autre comme celle-ci. Quand j’ai vendu ma Corvette, je l’ai rachetée. Quand je dis que j’aime une voiture, ce n’est pas que j’aime ce genre de voitures ! J’aime cette voiture spécifique”. Toutes les voitures de Jeff Wasserman sont construites dans le style des années 60…