Filousophie uchronique et Hot-Rod Pédal-Car ?
Quel lien y-a-t-il ?… Patience et lisez ! J’avais une voiture à pédale lorsque j’étais enfant, elle n’était pas en noir & blanc comme çi-dessus, mais rouge vif, en tôle et vaguement basée sur une voiture de course des années ’30. Alors que je n’existais pas encore (quoique c’est bien moi sur les 4 photos N/B), c’était le jouet de mon pépé du temps où il était gamin. Du moins c’est ce qu’il m’avait dit. Mais il m’avait menti pour que j’en prenne soin façon relique ! J’ai réalisé que je pouvais atteindre la vitesse d’une voiture de course en pédalant comme Fangio en descente de notre rue ou ne passaient presque jamais d’automobiles. J’allais encore plus vite en allant jusqu’au sommet d’une petite colline voisine, en remplissant mes poches de cailloux et me laissant descendre après un départ digne d’une équipe de bobsleigh vue aux actualités du cinéma de quartier. J’ai toujours les cicatrices comme preuve que c’était une activité extrêmement divertissante, jusqu’à ce que tout tourne mal…
Crises sociales, politiques et écologiques bouleversent actuellement nos rapports au progrès, on n’y croit plus tellement, le progrès ! Pfffffff ! I l est noyé dans le flou des vaccins, dans l’amertume de la folie ambiante et “l’enragement” de ne pas avoir vu revenir un nouveau nazisme qui nous plombe ! Cela incite à regarder vers le passé plutôt que vers l’avenir pour explorer l’oubli et ranger les rêves dans des boîtes de survie à n’ouvrir que si la fin est proche, pour se souvenir de quelle nature sont les pièges et les vertus que l’on peut y puiser ! Relire le passé, réel ou imaginaire, pour réinventer le futur…
Notre relation au progrès s’est inversée. Pour mesurer l’ampleur de ce retournement, j’ai rangé quelques livres dans une des boites se survie et souligné quelques phrases de pages dont j’ai “corné” les coins ! Quelques lignes du philosophe allemand Walter Benjamin au début des années 1940, ressortent ainsi de l’oubli, dont une interprétation de “L’Angelus Novus” de Paul Klee renommé “L’Ange de l’Histoire”, une aquarelle peinte en 1920. Là où une chaîne de faits apparaît, il voit une unique catastrophe dont le résultat constant est d’accumuler les ruines sur les ruines et de les lui lancer devant les pieds. Il aimerait sans doute rester pour réveiller les morts et rassembler ce qui a été brisé. Mais une tempête se lève depuis le Paradis. Elle s’est prise dans ses ailes et elle est si puissante que l’Ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse irrésistiblement dans l’avenir auquel il tourne le dos tandis que le tas de ruines devant lui grandit jusqu’au ciel… Ce que nous appelons le progrès, c’est cette tempête.
Cet ange de l’histoire se trouve pris aujourd’hui, 80 ans après la réflexion de Walter Benjamin, dans une tempête contraire. C’est l’analyse de Zygmunt Bauman dans “Retrotopia”, son ouvrage posthume paru en 2019. “Le visage de l’Ange” de l’Histoire est désormais tourné vers le néant et ses ailes poussées en arrière par une tempête venue cette fois d’un avenir qui nous terrifie par avance. Cette tempête le jette vers le Paradis du Passé ; l’ange impuissant ne peut plus refermer ses ailes.
Ainsi se définit la rétrotopie, la volonté d’un retour à un passé plus ou moins mythifié. Nous rêvons de retour en arrière tant l’avenir nous paraît imprévisible et insécurisant. Tout semble pouvoir se produire, rien ne paraît plus véritablement acquis ou absolument certain. L’idée même de progrès est devenue suspecte. Non seulement le futur ne constitue plus le milieu naturel des espoirs et des attentes, mais il est devenu le réceptacle de tous les cauchemars.
Mesurons à quel point tout s’est accéléré depuis quelques décennies. À la fin du XIXe siècle, un enfant avait sa trajectoire toute tracée. Il prenait le métier de son père qui était souvent aussi celui de son grand-père, il vivait à proximité de son lieu de naissance, souvent même dans la maison qui l’avait vu naître. C’était “Le monde de la sécurité” dont parle Stephan Zweig. Cette stabilité a volé en éclats. Un enfant né en 2019 aura la possibilité de changer de sexe ou d’épouser quelqu’un du même sexe que lui, c’est-à-dire de s’affranchir des déterminismes biologiques, culturels et sociaux puissants ! Il pourra abandonner sa religion ou décider d’en changer, faire sa vie de l’autre côté du globe en exerçant un métier qui n’existe peut-être pas encore à l’heure où j’écris ces lignes…
Ces changements fulgurants à l’échelle de l’histoire humaine, que le philosophe allemand Hartmut Rosa désigne sous l’expression “d’accélération sociale”, ont de quoi déboussoler. Ils génèrent un climat anxiogène bien compréhensible. Parallèlement, l’évolution du capitalisme s’accompagne d’une montée de l’individualisme et des inégalités. En réaction, les populismes fustigent les élites progressistes qui encouragent des transformations toujours plus profondes dans les structures économiques et sociales. Ces transformations provoquent des crispations identitaires et des replis nationalistes. Le modèle communautaire tribal, contraire à la valeur d’égalité en droit, se voit réhabilité…
L’obscurantisme religieux retrouve de la vigueur, comme les discours antisciences. À cette crise intellectuelle, politique et sociale s’ajoute la crise écologique qui remet totalement en cause notre modèle de développement économique, mais pire encore, nous venons d’être piégé par une pandémie fabriquée par des frères humains, prétexte à nous injecter des produits expérimentaux également créés qui laissent supposer en une manipulation génétique. On ne sait pas ! On suppose, on extrapole, on constate qu’on nous dupe, qu’on nous ment. Les principes et valeurs de notre culture universelle européenne s’épuisent et aucune pensée positive nouvelle n’arrive à prendre en charge la complexité des problèmes qu’on sème devant nous. Des réponses urgentes et inédites devraient s’imposer, mais dans ce climat, on se rend compte qu’on a été trahi. Le seul point fixe auquel se raccrocher est le passé que les rétrotopies fabriquent et idéalisent, car l’Age d’or n’a jamais existé.
Par quels moyens décadenasser le présent et le mettre au service du futur sans pour autant retomber dans les écueils du passé ? Peut-être par le truchement de l’imaginaire, plan intermédiaire entre la réalité concrète perçue par les sens et le monde abstrait de la raison, un plan constitué de souvenirs, de sensations, d’anticipations, de simulations et de fictions qui structurent nos représentations, influencent nos décisions et motivent nos comportements. Ainsi, l’imaginaire joue un rôle déterminant pour modeler l’avenir. L’une de ses manifestations, l’uchronie, l’histoire refaite en pensée telle qu’elle aurait pu être et qu’elle n’a pas été, apparaît comme particulièrement prolifique à cet effet.
Le roman de Laurent Binet, “Civilizations”, grand prix du roman de l’Académie française, s’inscrit dans cette veine. L’auteur propose une autre histoire de l’Occident. Entre 989 et 1020, il y est avéré que des marins vikings, peut-être quatre-vingt-dix hommes et femmes au total, abordèrent les rivages de Terre-Neuve et construisirent trois salles communes et de multiples huttes en tourbe. Et si certains d’entre eux avaient prolongé leur périple en longeant la côte Est de l’Amérique ? C’est l’hypothèse qui sert de point de départ à Laurent Binet. Ces navigateurs apportent aux peuples autochtones qu’ils rencontrent la maîtrise du fer, des chevaux et, se mêlant à eux, les immunisent contre leurs maladies.
À partir de cette bifurcation, c’est une toute autre histoire qui s’écrit. 500 ans plus tard, Christophe Colomb débarque à Cuba, mais la conquête tourne court face à de redoutables Cubains. Il meurt en captivité sur l’île. Quelques années plus tard, c’est Atahualpa, empereur inca en déroute sur son propre continent, qui est contraint de débarquer à Lisbonne avec une poignée d’hommes et de femmes. Il entre en Espagne et les circonstances l’amènent à devenir rapidement maître de la péninsule en capturant Charles Quint… Très vite, par le jeu des alliances, Atahualpa conquiert une grande partie de l’Europe nommée le “Cinquième Quartier”. La très tolérante religion du soleil des Incas fait de plus en plus d’adeptes et s’impose face à l’intransigeance de l’Inquisition catholique et de la Réforme luthérienne. Les terres ne sont plus accaparées par un petit nombre ; un système agricole coopératif est instauré et met fin à la féodalité. À partir de ces nouvelles prémisses se dessine une autre modernité, une modernité vierge du colonialisme, du capitalisme, et surtout de l’occidentalocentrisme. En finale, pas de nazisme, pas de guerre atomique, pas de laboratoire français à virus en chine, pas de bouillon de chauve-souris, pas de covid, pas de vaccins…
Des récits uchroniques permettent ainsi de dépasser la déploration du présent par l’exploration et la transformation du passé. À la lecture de “Civilizations”, on mesure le caractère crucial de l’événement qui vient rompre avec les déterminismes sociaux et les séries causales. Pour nous qui les contemplons longtemps après que l’histoire du monde a rendu son verdict, les augures semblent toujours d’une clarté implacable. Mais la vérité du présent, quoique plus brûlante, plus bruyante et pour tout dire plus vivante, s’offre bien souvent dans une forme plus confuse que celle du passé, ou parfois même de l’avenir.
Comme le rappellent Gilles Deleuze et Félix Guattari dans un texte de 1984 : “L’événement lui-même a beau être ancien, il ne se laisse pas dépasser : il est ouverture de possible. Il passe à l’intérieur des individus autant que dans l’épaisseur d’une société”. L’histoire se situe toujours sur une ligne de crête, elle bascule tantôt sur un versant, tantôt sur un autre. L’imaginaire peut explorer ces versants abandonnés, il libère les potentialités qui ne se sont pas actualisées au cours de l’histoire et les rend présentes. Jacques Derrida nomme “Hantologie” la manifestation de ces spectres du passé qui hantent le présent, le désir de ces futurs jamais réalisés.
L’uchronie ne se réduit pas à une simple fictionnalisation du passé, elle ne constitue pas non plus un refuge contre le réel ou un refus du réel. Son but n’est pas de nous divertir ou de faire diversion. L’uchronie remplit une triple fonction.
1-L’uchronie permet d’abord de nous rassurer. Nous vivons dans la peur du futur, mais ce sentiment mérite d’être tempéré. Car le monde actuel pourrait être encore pire. L’uchronie nous fait toucher du doigt ces possibles auxquels nous avons fort heureusement échappé. Pour s’en convaincre, il suffit de se replonger dans “Le Maître du Haut Château” de Philip K. Dick, roman qui dépeint un monde situé dans les années 1960 résultat de la victoire des forces l’Axe sur les Alliés. Allemands et Japonais se partagent le monde. Ce récit nous conforte dans l’idée que notre monde actuel n’est certes pas le meilleur des mondes possibles, mais pas non plus le pire. L’avenir se profile de la même manière. La fatalité n’existe pas. L’uchronie nous enseigne que l’avenir est ouvert et que l’agir humain a prise sur lui.
2-L’uchronie, ensuite, par cette archéologie, permet de valoriser les ressources inexploitées du passé en les transposant dans le contexte actuel. Le passé recèle en effet d’innombrables idées pertinentes qui n’ont pas trouvé la réussite. Un ouvrage collectif : “Rétrofutur” compile ainsi des innovations laissées sans suite au cours de l’Histoire : “Le bélier hydroélectrique” de Joseph Montgolfier (1792), “Le moteur pyréolophore” de Claude et Nicéphore Niépce (1806), “L’effet Magnus et de ses applications” (1852), “La thermopile” de Charles Clamond (1869), “Le tricycle et le bateau électrique” de Gustave Trouvé (1881), “La pile” de Charles Féry (1918)… De quelle société toutes ces innovations auraient-elles pu accoucher ? Ces idées vite avortées auraient pu en effet donner un autre visage au développement de notre civilisation industrielle. Elles auraient pu en modifier la logique et peut-être l’issue. La crise actuelle n’était sans doute pas inéluctable… Ces innovations mériteraient de sortir de l’oubli pour être expérimentées et perfectionnées. C’est d’ailleurs le cas pour certaines d’entre elles.
3-L’uchronie, enfin, grâce à une vision “autre” de ces futurs perdus peut agir comme autant de contrepoints qui interrogent nos évidences. Ces évidences masquent notre horizon et expliquent notre impuissance à nous projeter. La confrontation à ce qui aurait pu se produire autrement permet d’ébranler les fondements de nos croyances, de les déconstruire, de les relativiser, de les dépasser. Parmi les évidences à questionner, celle qui érige le capitalisme en système indépassable, sans alternative crédible. La fiction de Laurent Binet imagine qu’un autre héritage aurait pu nous être légué. De même, est-il temps de changer de systèmes politiques et économiques en se révolutionnant et en osant désobéir !
“Quand le présent a abandonné le futur, nous devons écouter les reliques de ce dernier dans les potentiels non activés du passé”, résume le philosophe britannique Mark Fisher. L’uchronie permet de retrouver les imaginaires du passé et d’en exhumer les futurs perdus (expériences, idées, inventions…) pour ouvrir le champ du possible. L’uchronie comme la rétrotopie fantasme notre passé. Mais si la rétrotopie nous condamne à en revivre les aspects les plus sombres, l’uchronie, en réinventant l’histoire, peut générer des solutions créatrices pour résoudre les crises actuelles.
C’est dans ce contexte récréationnel, après m’être battu avec le Covid durant 3 semaines en laissant mon corps générer des anticorps détruisant le Covid et en refusant les vaccins plus que douteux, que j’ai structurellement changé ! Plus question de perdre temps et argent dans la presse-papier qui “partouze” coule en désastres. Je continue uniquement Gatsby, Chromes&Flammes ainsi que SecretsInterdits exclusivement en numérique. Une adresse d’entrée commune : www.GatsbyOnline.com et je m’amuse dans la rédaction des articles, car tel est mon plaisir !
Les voitures à pédales que vous voyez illustrées ici sont pour la plupart mes vieux jouets restaurés qui m’ont poussé à écrire tout ce qui précède. L’un d’entre-eux, bleu clair avec flammes est l’œuvre unique de Roy Brizio Street Rods, l’un des constructeurs de Hot-Rods parmi les plus connus et respectés aux États-Unis et dans le monde. Le design est basé sur une Ford’32 Hi-Boy, avec une carrosserie entièrement métallique, des enjoliveurs chromés, deux (fausses) sorties d’échappement, des clignotants Arlen Ness, des phares et des feux arrière fonctionnels. Voilà, voilou ma “Filousophie”, mais bof ! J’en termine ici, la vie est courte, ne perdez plus votre précieux temps !