Transgressif…
Toute aventure à son héros… Mais il y a plusieurs types de héros. Le héros transgressif qu’on voit en se regardant dans un miroir, qui à pour vocation de transgresser ce qui est établi, ne peut donc refléter ce qu’il n’est pas… Le héros positif qui est le héros traditionnel, beau, fort, intelligent, hors du commun, courageux, vertueux, est une illusion… Le héros négatif est le vrai héros populaire qui tente de survivre, corrompt, est corrompu, immoral et amoral, violent, sans états d’âme… L’anti-héros est banalement ordinaire, laid, ses relations à la société sont négatives car il vit dans un monde qu’il ne comprend pas…
Le héros collectif à la faculté de se fondre dans la masse pour être le plus commun possible quitte à être à la fois positif et négatif, tout et simultanément rien… Le héros épique correspond au héros positif traditionnel sauf qu’il s’avère être l’inverse tendant à sans cesse agir de même… Pas facile.. Sachez avant de continuer votre lecture, que toute reproduction totale ou partielle de chaque type de héros, sans accord préalable de celui-ci, par écrit, avec témoins et validation par huissier assermenté est interdite. Ayant défini les héros possibles et potentiels, on peut se pencher sur l’utilisation des héros…
Soit à l’unité, soit en bande organisée ou désorganisée selon l’humeur de l’écrivain. Le roman qui relate de hauts faits et surtout d’amour est méprisé car considéré comme futile étant une lecture pour “femmes”. Le roman est préféré épique et contenir une portée morale pour montrer tous les aspects de la nature humaine avec réalisme et naturalisme. Mais de plus en plus de lecteurs critiquent les représentations trop réalistes du réel ainsi que les transformations de vies en destins de personnages créés pour les accomplir dans l’imaginaire d’une vie avec un sens qui n’en est pas un…
Le conte philosophique s’il s’agit d’un récit plutôt bref, en prose et qui contient une morale qui se rapproche donc de l’apologue avec des éléments merveilleux ou exotiques, est considéré comme un conte candide. L’alternative pousse donc vers le roman engagé qui défend un certain nombre de principes moraux, philosophiques et/ou religieux, implicitement ou explicitement. Le problème est que pour en écrire il faut avoir l’expériencedonc le vécu du thème choisi… C’est considéré comme roman à thèses de principes philosophiques qui se désigne aux lecteurs comme porteur d’un enseignement.
Cela afin de démontrer la validité d’une doctrine. C’est considéré comme rébarbatif… L’étymologie du mot “Transgressif”, provient du verbe “Gradior”, qui veut dire :“Franchir une ligne”, et de “Trans”, qui signifie passer de l’autre côté. La transgression désigne l’ensemble des actions qui sont en contradiction avec les règles (lois, règlements intérieurs) ou les normes (les “méta-règles” souvent tacites). La transgression présuppose donc l’existence d’une norme et d’un comportement de transgression de cette norme. Néanmoins, la notion reste relative dans la mesure où il n’y a pas d’unité de comportements.
C’est-à-dire qu’on ne peut établir de rapports directs, ou comparer sur le même plan, le vol, le meurtre, le manque de politesse, l’habillement excentrique ou la consommation de drogue. Le point commun de tous ces comportements est indirect : ils sont, en définitive, tous condamnés par différentes normes sociales, partagées, reconnues ou pas, notamment par le droit. En d’autres termes, ce qui caractérise le mieux la transgression, c’est la réaction sociale qu’elle suscite, elle subit un processus de stigmatisation. La transgression est trop souvent assimilée à de simples déviances ou à de purs dysfonctionnements.
La transgression revêt, dans l’opinion commune, une connotation péjorative. Elle peut même représenter, comme dans la tradition judéo-chrétienne, l’incarnation du mal. Pourtant, plusieurs auteurs comme Bataille et Camus ont donné une place prépondérante à la transgression, et ceci dans le cadre de la civilisation. Pour Bataille, l’expérience de l’excès est constitutive de l’humanité, constitutive de l’homme souverain. Et l’excès vient au monde essentiellement par la transgression. Camus affirmant, dans son livre “L’homme révolté”, la citation suivante : “Je me révolte donc je suis”...
Or, l’excès fait l’objet d’un refoulement au plan de l’existence, et plus globalement, au sein de la civilisation. Nous pouvons nous demander en quoi la transgression serait un besoin d’essence anthropologique ? L’existence, passerait-elle par la transgression ? La transgression serait-elle un mode de construction identitaire ? L’animal humain est un être d’instinct ayant besoin d’excès et d’effervescence. C’est dans l’usage ritualisé de ceux-ci qu’une communauté se constitue en tant que telle. L’existence individuelle et sociale ne s’élabore pas en dépassant cette constante anthropologique.
C’est la part d’ombre de l’humain, mais en l’intégrant. En l’occurrence, il convient de comprendre la transgression et la signification de la violence, pour penser la cohésion sociale. Autrement, la dissimuler, ce serait, favoriser le retour du refoulé. Ce qui nous intéresse ici, c’est le fait que la transgression soit relative à la loi, au système social, au système politique, et à la dialectique sociale plus transversale qui peut s’instituer entre l’ordre et le désordre, la raison et le sensible. L’utilité sociale de la transgression va en paire avec la sémantique de la transgression comme phénomène..
Mais alors, quelle est l’utilité sociale de la transgression ? En quoi peut-elle s’insérer dans une démarche compréhensive de la dynamique sociale et culturelle ? Comment comprendre l’anomique ? L’intérêt principal de la notion de transgression dans sa capacité à nous permettre de saisir les désajustements, les inadaptations, les déviances, les contestations, c’est-à-dire la distance prise par rapport à la société établie et aux règles qui la définissent. La notion d’anomie, est une spirale de ruine individuelle et collective résidant dans la relation qui existe entre une situation de crise individuelle et de crise de société.
Elle montre en effet la correspondance existant entre une figure individuelle déchirée et l’accomplissement d’une mutation sociale globale. Symptôme révélateur, le fait anomique anticipe l’apparition du changement social, il est une expérience de “l’invention du futur”, même si cette expérience peut être douloureuse. La transgression porte en effet la limite jusqu’à la limite de son être, la transgression permet de localiser les frontières qui existent entre le niveau individuel et le niveau collectif. Plus encore, l’anomie provient du fait que ce sont des données extérieures qui s’imposent aux individus, non choisis.
Ils désignent la place qu’ils occupent comme le point d’imputation individuelle, le lieu sensible de la crise sociale générale. La transgression nous indique donc une frontière plus profonde, un conflit qui imprègne la relation entre l’individuel et le collectif, un conflit entre l’ordre intime et l’ordre réel. En interprétant quelque peu ce concept, nous définissons l’ordre réel, comme l’ordre collectif, celui des structures et de la raison, et l’ordre intime, comme l’ordre individuel, celui du sensible. A nos yeux, l’ordre intime et l’ordre réel correspondent à la distinction entre culture subjective et culture objective.
Avec cette distinction, nous comprenons mieux la structure psychologique et individuelle de la transgression en rapport à la société, et son état collectif. En toute hypothèse, la transgression proviendrait de l’inadéquation entre système psychique et social. Si la transgression est un besoin, c’est parce qu’elle représente une certaine structure du Moi, pris dans les déterminants sociaux ; un Moi qui accumule les ressentis, les affects et une charge émotionnelle propre et éminemment subjective. Le point d’imputation individuelle, lieu sensible de la crise sociale, signifie que s’opère une certaine condensation…
L’individu est symptomatique dès lors des conditions, des effets, et des conséquences, du système, de l’ordre réel, de la culture objective. Le Moi est l’instance vivante et mobile d’un système mortifère, une cellule de l’organisme social qui réagit au mouvement de l’organisme lui-même. L’individu condense tout ce qu’il reçoit du système, symboliquement, esthétiquement, affectivement ; il est enchevêtré dans ces normes dont il doit faire un apprentissage rapide, auquel il doit se soumettre pour se conformer à un sentiment d’appartenance, à la volonté du système de l’incorporer.
Il ne peut y avoir de droit de réponse pour lui, il doit passer par les langages, les codes préétablies, une histoire déjà écrite. Le système lui permet très peu de participer symboliquement, il n’organise pas cette participation symbolique, il n’ouvre pas sa culture à une redéfinition, ni son système politique, ordre mortifère. Par conséquent, ces ressentis et parfois ressentiments veulent s’exprimer mais n’y arrivent pas, ces passions bouillonnent, elles trouvent probablement un moyen d’expression dans quelques effervescences festives, musicales, tribales. Par la transgression, le Moi élimine la contrainte/système.
Cela s’opère par la déliaison sociale, c’est-à-dire l’anomie, il s’affranchit de l’intégration sociale rigide, et parfois – en bloc – de la société tout court. Nous analysons la transgression comme une décompensation individuelle, dans une société qui assure l’homogénéité, force de l’hétérogène, force intime et vitale, dénouant les maillages d’un ordre réel inadéquat. Le caractère intempestif et virulent de la transgression s’explique par la nature de décompensation de ce phénomène. Par-delà la spécificité française, le printemps de l’année 1968 représenta une remise en cause globale du mouvement de la civilisation moderne.
Dans le monde entier, une multitude de mouvements sociaux et culturels remettront en cause le modèle occidental, ce qui a pris le nom, aux États-Unis, de “contre-culture”. Ce terme désigne des valeurs minoritaires qui entrent en opposition avec les valeurs dominantes soutenant un projet de société et un mode de vie déterminé. La contre-culture représente un processus de remise en cause culturelle des critères qui définissent le progrès de l’humanité. Les années 1960 et 1970 marquent le commencement d’une désillusion vis-à-vis du grand récit moderne et de ses avatars.
Cette fin des grands narratifs revêt une fonction libératoire et ouvre la voie à une déconstruction et une reconstruction, c’est-à-dire à la possibilité d’une destruction créatrice. Comme l’évoque Lacan, une respiration mentale semblait indispensable à l’homme moderne, une respiration dans laquelle son indépendance, pas seulement d’un maître mais également de n’importe quel Dieu était affirmée, un espace pour son irréductible autonomie en tant qu’individu, en tant qu’existence individuelle. En effet, on peut émettre l’hypothèse d’une réaction à un processus de complexification des moeurs…
Et ce par couches successives et sédimentées qui sont instituées par des dispositifs d’extrême normalisation contraignant l’individu à une intégration rigide des normes sans possibilité d’adaptation ou de réciprocité. Pour s’arracher d’une telle mainmise (hiérarchique, ritualisée, traditionaliste, autoritaire), c’est toute une partie instinctuelle qui se réveille (innovante, imaginative, transgressive, sexuelle). La transgression est une déconstruction mais aussi une respiration ; elle est destruction, mais, dans le même temps, appropriation et reconstruction… Et c’est cet aspect progressiste qu’il faut souligner.
Car la transgression ravive le système, qui est une structure mortifère : il faut reconnaître, que toute chose s’use, perd de son intensité originelle, c’est ce que l’on constate dans le fait social, ce qui préside à l’agrégation, à la socialité perdant de son importance, perdant de sa force primordiale. C’est alors que l’on peut dire que l’excès qui recherche l’intensité permet l’accès à une forme renouvelée. D’autre part, les forces anomiques sont autant de révélateurs de la structure du social, Repérer l’anomique, c’est mettre à jour l’organicité du tout, c’est mettre à jour les contradictions des systèmes et ses conséquences.
La transgression permet donc de recomposer les normes, de mettre en rapport le système avec soi, exprimant, le souci du qualitatif. C’est donc une forme d’humanité qui s’exprime. Il faudrait reconnaître, dans les formes transgressives politiques contemporaines, la présence d’un existentialisme qui se fait jour, reconnaître ces forces agissantes qui sont la manifestation d’un besoin d’existence fondamentale, mais aussi, par rapport à un système d’imposition, réticent à se remettre en cause, la transgression traduit la nécessaire expressivité de chacun dans son accommodation psycho-sociale de l’ordre systémique.
Il y a par ailleurs un aspect régulatoire méconnu derrière la transgression, l’acte transgressif peut être l’instrument de conciliation de contraintes contradictoires. La tension transgressive est inéluctable lorsqu’on pratique et pense le vécu social dans la différence. Il n’y a pas d’harmonie sans cette tension essentielle : “l’imbrication absolue de la subjectivité et du collectif qui dans un va et vient incessant se génèrent et se soutiennent mutuellement”… Bien qu’elle se vive parfois dans la violence et le combat. Plusieurs perspectives s’offrent pour comprendre et répondre à l’enjeu de la transgression.
Dans la société postmoderne, il ne sert à rien de réprimer la violence sans la comprendre, il ne sert à rien de la divulguer, il faut, au contraire, l’intégrer. On peut le faire en l’ homéopathisant, en lui trouvant des formes passables d’expression. Il faut se souvenir que cette violence est significative de la perdurance du monde des instincts. En criminalisant quelque chose qui est de notre nature, ou de notre manière d’être (violence, force, agressivité) en comprimant les passions, on oriente ces forces vers des formes perverses. Par conséquent, la violence doit faire l’objet d’une perpétuelle négociation.
Elle doit rentrer dans le jeu social sous peine de se jouer du social dans des formes sanguinaires dont les histoires humaines nous montrent le paroxysme et les ravages. La transgression trouve son origine dans un processus inconscient. De plus, elle a constamment été l’objet de refoulement, ce qui correspond ainsi à des couches accumulées de refoulement, et à une progressive sédimentation de la violence en germe. Il existe sûrement des nœuds plus localisés que d’autres dans les champs sociaux, dans certains milieux sociaux. En censurant la forme transgressive, on favorise l’émergence brutale de ces éléments.
On favorise le retour du refoulé, et son irruption barbare sur la scène sociale. La compression des passions, contient des effets politiques puisque de multiples fanatismes et autres terrorismes divers en font foi. Le traitement de la transgression est une question d’autant plus importante qu’elle est
liée à la possibilité de la réémergence de formes politiques totalitaires et fascistes. Le fascisme signifie étymologiquement réunion/concentration, l’effervescence affective aboutit ainsi à l’unité. Le fascisme réalise, en fait, une instrumentalisation de la transgression qui n’a pu s’exprimer.
Elle ne peut s’exprimer autrement. A défaut de formes passables d’expressions, on constate une sorte de canalisation/condensation de l’effervescence active de l’hétérogène dans les forces fascistes qui vont exalter cette violence sourde et bientôt la diriger – concrètement – contre leurs adversaires politiques. Ce qu’il pouvait y avoir de sain, en tant que motifs psychologiques, dans la transgression, se transforme, sous l’impulsion fasciste, en paranoïa et en psychose, le fascisme exaltant une violence faite d’impulsions sadiques – teintées de destructivité et de haine de l’autre, de tendances masochistes.
La transgression exprime une centralité souterraine qui, soit s’exprime par des formes passables et une certaine attitude compréhensive ou compassionnelle à son égard, soit pourrit dans la violence et l’instrumentalisation politique extrémiste. Dans ce cadre, il s’agit d’orienter la transgression vers sa positivité, c’est-à-dire dans l’optique d’une prise en compte de la signification de l’excès, dans l’optique de la possibilité d’une contribution de la transgression à une forme de progrès culturel, à la cohésion sociale par rapport à la flexibilité d’un pouvoir, changeant n’apparaît plus nécessairement lié à sa destruction.
Les formes du pouvoir, peuvent même être considérées comme un champ libre, ouvert à toutes possibilités d’effervescences et de mouvements. Lorsque la société homogène subit une désintégration critique, les éléments dissociés n’entrent plus nécessairement dans l’orbite de l’attraction subversive. La société démocratique est donc une organisation qui accorde une place à la transgression, en d’autres termes, à la déconstruction, dans le système politique et social. La prise en compte de la transgression favorise les conditions de l’auto-organisation, voire de l’auto-éco-organisation.
C’est par rapport à une certaine économie du système et de ses éléments. En tous les cas, il faut ménager des zones d’amortissement, qui résorbent la tension du contact avec la surface. Plus théoriquement, il est nécessaire de développer un système de connaissances permettant de prévoir les réactions affectives sociales qui parcourent la superstructure, un système de connaissances, portant sur les mouvements sociaux d’attraction et de répulsion, traversant les formes de pouvoir radicales à la profonde subversion qui continue à poursuivre l’émancipation des vies humaines.
L’époque contemporaine, et sa forme démocratique particulière, est menacée par l’irruption violente des pulsions barbares d’individualités et de groupes sans expressivité, pressurées par les forces contraignantes de la société. Elle est aussi marquée par l’indifférence schizoïde qui cultive la passivité, un défaut de transgression nous menace, dans une société qui épure toute forme d’entrave, tout risque, au détriment de la créativité, issue des variations mouvantes de l’ordre intime… Voilà, voilou, c’est tout…