Jay Leno & Joe Kugel’s ‘MyWay’ 427ci V8 Ford Roadster’32
Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’opportunité de discuter de Hot Rod’s avec Jay Leno. Cela s’est présenté autour et dans le Hot Rod de Joe Kugel’s qui en est le constructeur-propriétaire. Il en est avant tout, ressorti qu’il existe de nombreuses réponses philosophiques aux questions “Qu’est-ce que la technique ?” et “Qu’est ce qu’un Rod en 2024 ?”, d’autant plus que peu d’objets techniques ont pu se constituer en problèmes philosophiques, la plupart étant, comme le sempiternel marteau, juste des illustrations… Ne décrochez pas, vous rateriez beaucoup ! Parmi les rares faits techniques qui ont pu faire problème pour la philosophie et qui ont pu réellement se constituer en problèmes philosophiques, sont ceux que j’appelle “les techniques de la fin du monde” que sont par exemple la bombe atomique et le réchauffement climatique…
Pour le cas où ce ne serait pas évident pour vous, rassurez vous en lisant que ce ne l’était pas pour Jay Leno et Joe Kugel’s, j’ai du leur expliquer en quoi on devait envisager le réchauffement climatique comme un fait technique… Et nous voila donc en discussions techniques concernant la fin du monde dont tous les bavardages y relevant, ont le pouvoir d’ébranler les édifices philosophiques parce qu’elles minent et affaiblissent certaines habitudes de pensée, par exemple les habitudes de penser ce qu’est une technique, ce qu’est un monde, ce qu’est sa fin… Ambiance… Pour que les faits techniques comme la bombe atomique et le réchauffement climatique se constituent en “techniques de la fin du monde”, j’ai discouru qu’il n’était pas nécessaire que l’un et l’autre puissent réellement pulvériser la Terre, car au contraire, s’ils l’avaient fait il serait évidemment trop tard pour en parler. Pfffffffffffff ! Elémentaire selon moi…
Jay a alors souligné que leurs capacités de destructions précises n’était pas une question philosophique mais une question scientifique qui donnait à penser à la philosophie… Ainsi, Jay s’est entêté à rapporter qu’en 1954, les meilleures autorités scientifiques disaient unanimement qu’une guerre avec les bombes H mettrait probablement fin à l’espèce humaine et que l’usage de plusieurs bombes H serait suivie de la mort universelle… Jay s’est alors lancé dans une grande démonstratuion à l’américaine : “Patrice… While one A-bomb could obliterate Hiroshima, one H-bomb could obliterate the largest cities, such as London, New York Moscow. It is stated with very good authority that a bomb can now be manufactured which will be 25.000 times as powerful as that which destroyed Hiroshima. Such a bomb, if exploded near the ground or under water, sends radio-active particles into the upper air”.
Il a ajouté : “They sink gradually and reach the surface of the earth in the form of deadly dust or rain. No one knows how widely such lethal radio-active particles might be diffused, but the best of authorities are unanimous in saying that a war with H-bombs is quite likely to put an end to the human race. It is feared that if many H-bombs are used there will be universal death”... J’ai répondu que son explication n’en était pas une, mais un plaidoyer archi convenu typiquement américain, élaboré pour se blanchir… que c’était, de plus, sec, ennuyeux, nullement alarmiste et n’annonçant certes pas une fin du monde, mais seulement une série de dégradations du monde tel que nous le connaissons aujourd’hui, provoquées par les hausses de la température globale telles la fonte des glaciers, l’augmentation du niveau de la mer, la diminution des réserves d’eau et de terrain arable, et l’extinction d’espèces vivantes,…
J’ai enchérit pour lui couper la parole qu’il cherchait à conserver, qu’il fallait ajouter la détérioration des conditions de vie de certaines populations suivie de mouvements migratoires, et que ces changements étaient plus ou moins importants en fonction des actions entreprises par les communautés humaines. Pour les citoyens ordinaires que nous sommes, il est évident que la fin du monde par la guerre nucléaire ou par le réchauffement climatique n’a pas eu lieu, bien que les technologies nucléaires et fossiles aient causé de l’étouffement, de l’écrasement, de la destruction et de la disparition de certains aspects du monde. Cela étant, ces techniques de la fin du monde ont cependant créé la question philosophique de la fin du monde par la technique, parce qu’elles obligent à confronter en pensée la possibilité de la disparition du monde tout court, entendu d’abord comme monde habitable par les êtres humains…
Entendu ensuite, aussi, comme monde vivable par d’autres vivants, voire par tous les vivants… Nous sommes tombés d’accord que la bombe nucléaire a ouvert la question de la disparition définitive, sans restes, de toutes les possibilités d’existence, montrant ensuite comment le réchauffement climatique, qui a parfois été traité avec des arguments inventés à l’occasion du péril nucléaire, pousse à réinterpréter la question de la fin du monde en termes de dégradation croissante, voire de destruction de notre capacité d’être-au-monde… C’est ainsi que les techniques de la fin du monde auront retracé les contours de ce qu’est un monde : d’abord par rapport à son anéantissement total, ensuite par rapport à sa défiguration insupportable. Ces réflexions sont donc philosophiques, pas scientifiques. En fait, la positivité inhérente des sciences fait qu’il ne peut pas vraiment y avoir une science de la fin du monde.
La fin du monde achève toutes les sciences, et on dirait que seule la métaphysique peut survivre à leur effondrement. Il existe des théologies de la fin du monde, comme par exemple les apocalypses juive ou chrétienne ; il existe également des mythologies de la fin du monde, comme par exemple les mythes du Déluge ou de Ragnarök. On peut aussi concevoir la fin du monde cosmique, par exemple dans la forme d’une grande comète que le hasard fait s’écraser sur la Terre, cette destruction du monde diffère des apocalypses théologiques et mythologiques en ce qu’elle ne postule aucun nouveau monde post apocalyptique après la catastrophe. Si toutes ces figures de la fin du monde décrivent un destin funeste auquel il est vain de s’opposer, il existe encore une figure de la fin du monde qui est au moins partiellement provoquée par les êtres humains eux-mêmes, et auquel ils peuvent en principe faire quelque chose…
C’est la fin du monde par la technique ! La fin des Hot Rod’s… Les techniques de la fin du monde sont celles qui mettent en jeu le monde et l’existence humaine qui est plus généralement la vie. J’ai souligné que Heidegger appelait cela le “Da du Dasein”, et en ses termes on peut en déduire que la fin du monde est le devenir-impossible de l’être-au-monde… Le Dasein est un mot allemand souvent traduit par “Être-là” ou “Réalité humaine”. Mais ce terme est difficilement traduisible. Les philosophes ont formé le substantif “Dasein”, qui peut s’entendre au sens passif, comme le fait d’exister, l’existence…. et au sens actif, comme l’être qui est présent au monde en y existant. C’est à partir de ce second sens que Heidegger a formé sa notion de “Dasein”, par laquelle il désigne l’homme. Le “Dasein” est le concept fondamental de la philosophie existentiale de Martin Heidegger. Le “Dasein” est cette entité qui, dans son Etre, traite l’Etre comme un problème”. C’est l’Etre et le Temps.
Autrement dit, le “Dasein” est le fait, pour l’homme, d’être le “Là” de l’Etre, c’est-à-dire une ouverture et une présence à cet Etre. Ainsi, le “Dasein” est un étant en étroite relation avec ce qui le dépasse et ce qu’il porte, à savoir l’Etre. A partir du “Dasein”, Heidegger a défini plusieurs modalités d’existence de la réalité humaine : L’Etre-dans-le-monde (In der Welt sein) : le Dasein est en effet toujours, déjà, irrémédiablement engagé dans le monde. Le sujet ne peut jamais se retirer du monde, comme le fait le sujet cartésien par exemple… L’être-avec (Mitsein) : Le monde est monde commun. Ainsi, le “Dasein” doit toujours être pensé à partir de la problématique intersubjective. A partir de là, soit la “Dasein” accepte l’altérité irréductible de l’autre, soit de vivre dans le On (Dans Man), autrement dit sous l’emprise de l’autre, sous le mode de la quotidienneté… L’être-jeté : le Dasein vit toujours l’existence comme un fait non-choisi, à travers lequel il doit du malgré tout donner du sens.
Ainsi, l’homme n’est pas “Causa sui generis”, il est un accident. L’Etre-pour-la-mort (Sein zum Tode) : la mort est l’horizon ultime du “Dasein”, la frontière qui donne du sens aux projets du “Dasein”. La finitude est la possibilité ultime du “Dasein”… Le Souci : Le souci est le mode du “Dasein” en tant qu’ouvert sur la compréhension de l’Etre… La temporalité : La temporalité privilégiée du “Dasein” est le futur car il est le lieu de la projection humaine… Depuis Heidegger, et jusqu’à Derrida au moins, on pense souvent que la fin de l’être-au-monde par excellence est la mort, mais on peut aussi trouver chez Heidegger l’ébauche d’une pensée de la fin du monde par la technique. Alors qu’en principe, la technique peut pétrifier le monde en sorte qu’il ne fait plus que subsister au sens nominal, ce qu’on peut prendre, pour une mort du monde, implique la mort des êtres humains et aussi d’autres vivants qui habitent ce monde : mais la mort des habitants d’un monde n’est que la conséquence de la mort du monde.
Ce n’est pas l’origine à partir de laquelle on commence à penser le monde de l’être-au-monde… Ce retournement devient évident si on réfléchit sur la pensée Heideggérienne de la technique. Sous un système totalitaire on peut penser que le monde est mort même si des êtres humains continuent à y vivre, la “technique de la fin du monde” est alors une technique de gouvernance et pas une technologie machinique, et les gens continuent à vivre dans le nouveau monde… Mais ce monde est mort, c’est ainsi que meurent les mondes totalitaires… L’Amérique est totalitaire et l’Europe le redevient ! D’ailleurs de plus en plus de nations redeviennent totalitaires, l’Etat Juif d’Israël devient totalitaire ET génocidaire envers les natifs Palestiniens comme l’Etat Nazi Allemand “génocidant” non pas les ressortissants d’un pays (les Palestiniens), mais des citoyens multi nationaux y compris allemands, qui ne faisaient que s’afficher Juifs au dessus de leur nationalité.
Sur ce il fut décidé de boire quelques bouteilles de vin Californien à la santé de Heidegger, de Trump et Poutine… J’ai alors dit que quoiqu’il puisse apparaitre à tout esprit rationnel, qu’il soit celui de politicards bavasseurs glumeux, de journaleux rhapsodes calamiteux, de ministres spécialistes des retours de dons à l’Ukraine, et même de clampins d’exécutions de leurs basses-œuvresques dans une “dictatucratie” comme le deviennent les pays occidentaux peuplés de masses d’aèdes de comptoirs sans talent ni sensibilité, ces bouffons de l’art officiel, ces castrats du sérail de la bien-pensance, ces créatures culturellement proprettes, il ne sert à rien d’en écrire des texticules explicatifs, tel que je procède, y soulignant les dérives totalitaires aux mêmes auteurs/décisionnaires des basses-œuvres qui qui ne sont en réalité que les chiens de garde largement surpayés par les gens qui détiennent une part du pouvoir…
Que ce soit de et à gauche ET de et à droite de l’échiquier, tant que nous n’auront pas “startés” les ultimes insultes les concernant dans les clous qui seront utilisés dans une sorte de crucifixion finale, en respectant les étapes d’une sorte de chemin de croix, et les procédures légales qui ne sont que des illusionnements, tout en évitant de se faire clouer sur une croix… J’ai été applaudi comme étant le meilleur et le plus lucide éditeur de presse de l’univers… J’ai rétorqué que la véracité dans mes déclarations que l’on ne peut éviter car je ne lâche rien, est le devoir formel de l’homme envers chacun, quelque grave inconvénient qu’il puisse en résulter pour lui ou pour un autre et quoique, en y en altérant la vérité, je ne commette pas d’injustice envers celui qui me force injustement à les faire, j’en commets cependant une en général dans la plus importante partie du devoir par une semblable altération…
Et, dès lors, celle-ci mérite bien le nom de mensonge. En effet, je fais en sorte, autant qu’il est en moi, que les déclarations ne trouvent en général aucune créance, et que par conséquent aussi tous les droits, qui sont fondés sur des contrats, s’évanouissent et perdent leur force, ce qui est une injustice faite à l’humanité en général. Sur ces paroles trois autres bouteilles ont été ouvertes… En finale nous avons alors, seulement, discourus sur le Roadster Ford’32 qui a été construit sur une période de six ans par son propriétaire Joe Kugel de Kugel Komponents situé à La Habra, en Californie. Surnommé “MyWay”, ce Hot Rod avait déjà été présentée dans un épisode de Jay Leno’s Garage en 2023, et la voiture avait reçu le prix de l’ingénierie exceptionnelle au Grand National Roadster Show 2023 ainsi que remporté le Hot Rod Editor’s Pick début de cette année 2024.
La puissance provient d’un V8 Dart 427ci avec des culasses Edelbrock et un système d’injection de carburant Borla à 8 carbus. La transmission manuelle à cinq vitesses Tremec TKX est liée au pon/différentiel arrière Ford de 9 pouces (il est à glissement limité). Ce Hot Rod roule sur un châssis Kugel et les composants des suspensions indépendantes sont équipése de combinés filetés réglables QA1 et de ressorts Eibach. La direction à crémaillère est une Flaming River, les étriers des freins sont des Wilwood et le booster est unHydratech. À l’intérieur, le cuir rouge est accentué par une quincaillerie en aluminium billette et des commandes Restomod-Air, des compteurs Classic Instruments et un système audio dissimulé… Parmi les autres points forts de la construction, je cite le travail brillant de Cerakoted, les jantes en billette Curtis Speed 15″ fabriquées sur mesure et un système d’échappement double en acier inoxydable.
Ce Hot Rod Ford qui se veut plus Street Rod que Hot Rod est maintenant proposée en vente avec sa grande collection de trophées, une housse de voiture et… elle dispose d’un titre de roulage californien “propre”, l’indiquant comme étant une Ford de 1932… Le propriétaire vise 350.000$, je pense ce montant peu en relation avec les réalités du monde… Vous avez déjà vu les photos du châssis, les regarder à nouveau est plus explicite que les commenter… La carrosserie 100% aluminium est une Brookville, l’assemblage étant l’oeure se Stone’s Metal Shop de Gardena, en Californie. La peinture PPG grise a été appliquée chez Mahoods à Anaheim. Le brillant extérieur a été fini en Tungstène (C-111) Cerakote. Les jantes Cerakoted Curtis Speed sont en aluminium billette et mesurent 15×7 AV et 15×10 AR, elles sont enveloppées de pneus Dunlop Direzza DZ102 205/55 AV et 295/55 Mickey Thompson Street S/S AR. Des capuchons de style Centerlock recouvrent les écrous de jantes.
Comme déjà écrit, les freins sont à disques aux quatre coins (sic !) utilisent des étriers Wilwood, avec des rotors percés et fendus et un booster Hydratech est à l’intérieur gauche du châssis. Bill’s Auto Upholstery de Brea, en Californie, a garni l’habitacle de cuir BMW Vermillion Red et de tapis gris à tissage carré avec bordures rouges. Les sièges baquets en acier et fibre de verre s’inclinent vers l’avant sur des supports articulés. Des sorties d’aération perforées pour le système de climatisation Restomod Air sont intégrées au tableau de bord personnalisé, qui a été fabriqué par EVOD Industries avec les enjoliveurs et la quincaillerie des portes. Un système audio compatible Bluetooth est connecté à des haut-parleurs montés dans la cloison. Le volant Curtis Speed est monté sur une colonne de direction inclinable Flaming River qui a été peinte pour s’adapter à la carrosserie. Les Classic Instruments comprennent un indicateur de vitesse de 120 mph, et tachymètre avec une ligne rouge de 6 200 tr/min.
Il y a aussi des compteurs pour la température du liquide de refroidissement, la pression d’huile, le niveau de carburant et la sortie de l’alternateur. Le compteur kilométrique à six chiffres indique 5.167 miles, ce qui représenterait la distance réelle depuis l’achèvement de la construction. Le coffre est garni pareil que l’habitacle, et des panneaux amovibles permettent d’accéder à un amplificateur Kicker, à une batterie XS Power, à un interrupteur de coupure générale et à des compartiments de rangement de chaque côté. Le V8 427ci a été construit chez Redline Performance à l’aide d’un bloc en fonte Windsor de Dart et de culasses Cleveland d’Edelbrock. Les composants supplémentaires comprennent des fixations ARP, un distributeur MSD, un entraînement d’accessoires Vintage Air Front Runner, une pompe à carburant électrique Walbro dans le réservoir et un ventilateur de radiateur électrique Cooling Components.
Le système d’échappement en acier inoxydable revêtu a été construit à l’aide de collecteurs de 1-7/8 » de diamètre, de tuyaux de 2-1/2 » de diamètre et de silencieux Stainless Specialties. L’induction se fait par le biais d’un système d’injection de carburant Borla à 8 carbus gérés par un calculateur Holley. La transmission manuelle à cinq vitesses est de Tremec TKX et les essieux moteurs Kugel à 31 cannelures disposent de freins à disques montés à l’intérieur (In-Board). Ce Hot Rod a reçu le prix de l’ingénierie exceptionnelle au Grand National Roadster Show 2023 ainsi que le Hot Rod Editor’s Pick début 2024. La voiture est titrée par un VIN B5007227 comme étant définitivement une Ford de 1932. La dimension esthétique de notre rapport au monde s’y trouve surement si on se réfère à la distinction de l’art et de la technique, on peut ainsi considérer que le propre de l’art est de produire des formes qui se suffisent à elles-mêmes pour faire sens.
Ainsi comme le souligne Bergson dans un traité sur l’âme humaine, le propre de l’artiste est de nous présenter les chose “nues et sans voiles”.
C’est-à-dire de les faire apparaître telles qu’elles sont indépendamment de toutes les déterminations que nous pouvons leur attribuer et principalement en dehors de toutes considérations utilitaires. Il est donc permis d’en déduire que l’art crée précisément un rapport au monde non technique… Ouiiiiiiiii ! Car même si l’artiste doit pour créer recourir à des techniques, c’est pour mieux les dépasser afin de s’affranchir de toute finalité technique et de produire une œuvre dont on peut dire, à l’instar de Kant caractérisant le beau, qu’elle a la forme de la finalité sans fin. Si donc, notre rapport au monde ne peut être exclusivement technique, il convient cependant de souligner que sa dimension technique reste pourtant fondamentale. Que notre rapport au monde soit technique, personne ne peut en douter, en revanche ce qui est remis en cause.
C’est la thèse selon laquelle il ne serait que technique. La technique est une dimension incontournable de la culture humaine, il convient donc pour bien l’appréhender de lui donner toute la place qu’elle mérite dans notre existence sans pour autant la laisser nous envahir. Si notre rapport au monde ne peut se réduire à sa dimension technique nous ne devons donc pas pour autant reléguer la technique au rôle secondaire d’un accessoire ou d’un instrument jouant un rôle subalterne dans notre existence. Comme le revendique Gilbert Simondon dans le premier chapitre de son ouvrage “Du mode d’existence des objets” une maxime semblable de sa faculté de juger… La philosophie n’est pas l’art, mais elle a avec l’art de profondes affinités. Qu’est-ce alors que l’artiste ? C’est un homme qui voit mieux que les autres car il regarde la réalité nue et sans voiles. Voir avec des yeux d’artiste, c’est voir mieux que le commun des mortels.
Lorsque nous regardons un objet tel que ce Hot Rod, d’habitude, nous ne le voyons pas totalement en détails, parce que ce que nous voyons, ce sont des conventions interposées entre l’objet et nous, ce que nous voyons, ce sont des signes conventionnels qui nous permettent de reconnaître l’objet et de le distinguer pratiquement d’un autre, pour la commodité de la vie. Mais celui qui mettra le feu à toutes ces conventions, celui qui méprisera l’usage pratique et les commodités de la vie et s’efforcera de voir directement la réalité même, sans rien interposer entre elle et lui, celui-là sera un artiste. Mais ce sera aussi un philosophe, avec cette différence que la philosophie s’adresse moins aux objets extérieurs qu’à la vie intérieure de l’âme, il convient donc de réintroduire la technique dans la culture humaine car celle-ci ne peut se réduire à sa dimension instrumentale et utilitaire. Elle est aussi ce par quoi l’homme réalise certaines de ses potentialités et actualise des puissances naturelles…
Car sans lui, elles ne pourraient voir le jour. Il n’y a donc pas opposition entre la nature et la technique dans la mesure où la technique ne transgresse jamais les lois de la nature, ce qui est d’ailleurs impossible. La technique utilise en effet les lois de la nature. Comme l’écrit le philosophe anglais Francis Bacon dans son “Novum Organum”, indiquant “On ne commande à la nature qu’en lui obéissant”. Il convient donc de rendre à la technique la place qui est la sienne et d’éviter tout autant la technophobie que la technophilie. Réduire notre rapport au monde à sa dimension purement technique relèverait d’une technophilie aveugle, c’est-à-dire d’un amour immodéré pour la technique qui ignorerait jusqu’à l’essence même de la technique. Il s’agirait de l’aliénation d’un esprit qui ne parvient pas à s’émanciper de la fascination que lui procure sa propre puissance. Cependant percevoir les limites de notre rapport technique au monde ne doit pas pour autant nous conduire à une technophobie !
Elle est toute aussi aveugle et nous fait oublier non seulement tous les avantages que nous procurent bien des progrès techniques, mais qui également nous occulte que la production technique est l’une des formes de l’activité spirituelle de l’homme. Il est donc nécessaire de mieux comprendre notre rapport technique au monde pour ne pas être dominé par la technique. Parmi les critiques de la technique, la plus radicale est celle qui s’attache à remettre en question l’autonomie du système technique lui-même. C’est cette critique que développe Jacques Ellul dans son livre “La technique ou l’enjeu du siècle”... La technique y est présentée comme un mode d’appréhension du réel et de traitement des problèmes
qui oublierait l’humain et pourrait nous conduire insidieusement vers une certaine forme de barbarie, telle que j’ai personnellement du affronter durant la guerre des magazines Custom des Eighties/Nineties. Cela a amené la destruction totale des magazines papier…
Cette critique suppose que l’on établisse une distinction entre les fins poursuivies par la technique et les effets qu’elle entraîne. La technique est en effet la mise en œuvre de processus dont nous ne sommes pas toujours maître et qui peuvent être irréversibles. Nous sommes donc conduits à subir des effets que nous n’avons pas nécessairement prévus. L’univers de la technique se comporte donc comme une seconde nature à laquelle nous sommes contraints de nous adapter. En conséquence réduire notre rapport au monde à la technique consisterait à penser que les solutions des problèmes que pose la technique sont elles-mêmes techniques. Or, si ces solutions ont incontestablement une dimension technique, elles ne peuvent s’y réduire. Elles doivent être déterminées par une réflexion sur l’essence de la technique elle-même, sur son mode de fonctionnement, sur la genèse des objets techniques et les processus d’individuation et de concrétisation qui sont à l’œuvre lors de leur conception.
Il doit en être de même avec les rapports qui s’établissent entre les procédés, les objets et le mode de pensée technique pour produire le système technique dans lequel nous sommes insérés. Il s’agit donc de promouvoir cette nouvelle science qu’est la mécanologie, une science des machines qui n’est pas la mécanique, mais qui est science des effets produit par les machines et leur fonctionnement. Il s’agirait à proprement parler d’une véritable technologie, d’une science de la technique qui nous conduirait à ne plus grande maîtrise du monde par la technique. Il s’agirait de penser notre rapport technique au monde pour en comprendre la véritable nature et la véritable signification afin de ne pas réduire notre rapport au monde à sa dimension technique. Si notre rapport au monde ne peut se réduire à un rapport technique, c’est parce que l’essence de la technique n’est pas elle-même technique, mais éthique et métaphysique.
Ce qui fait que l’homme est un être technique c’est la place particulière qu’il occupe dans la nature. Il n’y est certes pas comme un empire dans un empire, mais il n’y est pas non plus comme une chose parmi les choses. L’homme pense, il a conscience de son rapport au monde ou plus exactement il existe comme conscience constitutive d’un monde, il est en mesure d’établir une distance par rapport à lui-même et par rapport au
monde. Si l’homme a la capacité de parvenir à se penser comme agent transformateur du monde, il y a également la nécessité pour lui de s’interroger sur le sens de son action sur le monde. Si l’on considère que toute conscience est nécessairement morale, le rapport de l’homme au monde est donc nécessairement éthique parce qu’il est technique ou en tout cas pour les mêmes raisons qu’il est technique. Et c’est l’éthique
qui donne son véritable sens à la technique pour des raisons qui relèvent de la dimension métaphysique de l’homme.
L’homme est dans la nature “l’être pour qui il est question de son être”, parce qu’il est la partie capable de penser le tout, parce qu’il est capable de transcender son rapport à la nature en constituant un monde dont la dimension technique bien qu’essentielle ne peut être exclusive, l’homme est en mesure de dépasser la technique. Il est capable de faire en sorte que la technique prenne sens en donnant à l’homme la possibilité de dépasser son rapport technique au monde afin de constituer ce monde comme un horizon de sens. Ainsi comme la mécanique crée les conditions d’une mystique, elle permet à l’homme de s’affranchir de certaines contraintes matérielles pour s’élever vers un mode de pensée qui est pour lui-même sa proprefin. Tout ceci ayant comme jaillit de ce Hot Rod, il me semble que nous devrions en profiter pour faire la fête et d’y amener quelques nanananas bandatoires capables de nous révéler les secrets de l’univers…