Airborne Eight 721ci 11.900cc 1.400cv Monstrueuse abomination…
L’étude de certains de mes articles montre à quel point leurs abords et effets parfois trop fantastiques, sont susceptibles d’être lus de diverses façons selon les liens que mes internautes établissent avec les divers contextes dans lesquels ils sont écrits. Cependant il est un type d’automobile qui, sous une multitude d’aspects, concourt à créer des cauchemars. Il s’agit de Customizations monstrueuses, qui ont été créées suite à des rêves d’angoisses et cauchemars. Les figures des monstres ont évolué depuis les représentations : Mythiques comme Méduse. Epiques comme Polyphème. Tragiques comme Médée.
Les imaginations modernes ont créé leurs propres monstres automobiles sans toujours se délier du substrat mythique que quelques Blogs dédiés au Kustom publient avec naïveté. Mais parfois, ces Kustomisations conduisent les internautes vers des zones de profond malaise intimement liées à certains aspects issus de développements euphoriques, ignorant que Darwin a proposé la théorie de l’évolution ! Cela se situe au delà de leur compréhension, hors les limites de leur raison, avec la tentation d’accéder à des zones profondes d’eux-mêmes afin d’explorer des espaces de tentation par la chimie et des drogues !
Il s’agit d’un vrai cauchemar à la fois personnel et métaphysique qui engendre chez eux des visions angoissantes pleines d’horreur et de terreur. Cet article va tenter d’en recréer les effets, quoiqu’aussi effrayant que soit une Kustomisation monstrueuse, la décrire est plus effrayant encore ! Nul autre que moi n’ose publier ces Kustomisations dantesques, aucun ne parvient à décrire en mots et phrases ces folies et le chaos des cris inarticulés des “ceusses” qui se retrouvent confrontés à ces hideuses contradictions de toutes les lois de la matière et de l’ordre cosmique.
Pourtant les monstruosités abondent, tant elles peuvent s’incarner aujourd’hui dans toutes les formes imaginables ! Il convient cependant de distinguer qu’existe une différence entre le Kustom qui relève de la simple tératologie et le Custom qui est un engin violant les normes à un moment précis de l’histoire de notre civilisation. Ce n’est pas toujours facile, car, comme on peut s’en rendre compte, la Kustomisation présente de multiples facettes et par métaphore, les Kustomiseurs sont perçus comme des aliens qui se situent dans la transgression totale des lois morales et sociales communément admises.
Elles sont présentées comme des lois de la nature humaine qui les renvoient à l’anormalité, à l’aspect disparate ou composite ! D’ailleurs, les Kustomiseurs ne se reproduisent pas, il sont sans descendance, ils sont par essence seuls chacun de leur espèce. Ces différents aspects présentent donc un point commun chez les internautes après l’étonnement ou la sidération, non pas l’admiration mais la peur, la terreur, l’horreur, l’épouvante. Pour reprendre quelques remarques de divers internautes, le Kustomiseur est un écart par rapport à toutes les normes, il est une figure de l’excès, il effraie, menace !
Mais en même temps il est fascinant. Ces notations sont utiles, mais elles laissent de côté l’aspect parfois évolutif de notre époque, qui est à la fois un recyclage de l’imaginaire ancien et une prolifération de formes nouvelles. Nous vivons dans une époque où, grâce aux divers médias, nous vivons dans un flot continu d’échos du monstrueux quotidien. Ainsi, l’horreur est devenue banale et n’a plus rien d’exceptionnel… Bon, c’est pompeux et alors ?… Je dois prouver ma bonne foi avant de m’attaquer aux critiques. Alors voilà la situation, migré en Australie pour un reportage exclusif sur l’engin illustrant cet article…
Je me suis levé à 6h30 en n’ayant dormi que 3h pour l’occasion après 15 heures de voyage. Chacun de mes pas (que j’opérais très inadéquatement à travers mon regard ensommeillé) était motivé par le bonheur futur d’enfin pouvoir parler avec des figures emblématiques du Customizing Australopithèque en attente d’entrer dans le Show-Kustom & Hot-Rod de Sydney. J’avais enfilé mon plus beau jean (tous les autres étant troués à l’entre-jambes, suraccentuant mon look de semi-clodo-richissime. Je me suis assis dans la salle de conf’, les jambes écartées, le visage apaisé, illuminé, par tous les spots directionnels.
Le simple énoncé prometteur d’un colloque m’a enthousiasmé quoique cette première intervention n’était pas directement dans le sujet mais restait détaillée et intéressante, je me suis promis de me renseigner au sujet des “reenactments” (mot qui revenait constamment, qui sert à dire “performance” en gros, mais pour bien insister sur le fait de rejouer en subvertissant le modèle originel, de “re-présenter” tout en s’en éloignant… et de la possibilité de subvertir le réel, le Système Mondial, le capitalisme des images, tout, quoi. le panard total et global !
Première pause, j’entends un vieil homme enchapeauté s’agacer : “Finalement, ils ne font que raconter des conneries simplement pour se taper dessus, c’est vain…!” J’ai supposé qu’il parlait des Ukrainiens et des Russes , mais je n’en étais pas sûr, trop content de pouvoir jouir d’une tasse de café gratuite (plus tard, il a fallu me battre contre les organisateurs pour leur chiper des gobelets et un peu d’eau chaude, c’est tellement Français, j’adore). Soudain, chacun chacune a commencé à faire une blague récurrente étrange, s’excusant d’être entraînés par la surenchère du prix de l’essence qu’ils n’avaient plus envie d’approuver !
Y allant de critiques aussi acerbes que motivées envers les américains qui, comme nous le savons, sont de fieffés pollueurs), au fil du colloque donc, des failles sont apparues sous forme de dialogues sclérosants du style :“C’est au fond l’essence même de la pub de promettre le bonheur au beau milieu de la plus grande misère”... Rompu à la critique anglo-saxonne cela m’a confirmé que parler de l’essence du capitalisme c’est comme causer qu’un poisson qui pourrait parler raconterait d’abord de l’eau dans laquelle il nage ! C’est une intention louable et nécessaire même que de révéler les présupposés idéologiques.
Mais en l’occurrence, le minimum est de reconnaître que c’est une mise en abyme… Un des effets d’une telle absence de recul est de tirer une conclusion ! Mon mauvais esprit ne s’est pas limité à quelques giclées de venin, tout nourri que j’étais de la frustration de ne pas pouvoir envoyer de textos à mon chien Cocker Blacky resté à Saint-Tropez. Il m’est alors venu l’idée d’aller visiter le plus grand show du Kustom Australopithèque d’Australie pour en réaliser une analyse en comptant sur mon génie pour espérer y découvrir “LE” Kustom qui attirerait des millions d’Internautes qui s’abonneraient à GatsbyOnline.
C’est ainsi que j’ai découvert le parfait exemple de ce qu’est un Kustom monstrueux, l’Airborne Eight, un des constructeurs autrefois fiers de l’industrie automobile américaine qui ont maintenant disparu depuis longtemps, tels Cord, Hupmobile, Stutz et Airborne…. Sachez tout d’abord, que l’Airborne Four au début des années’20 a été un échec car ne pouvant pas monter les rues en pentes de San Francisco ainsi que sortir des parkings souterrains. Est alors arrivé l’Airborne Six, surnommé “Pinocchio-Car” en raison du long nez de son capot, nécessaire pour s’adapter à un moteur 6 cylindres en ligne.
Avec l’Airborne Eight équipé d’un V8 Ford 1935, une nouvelle ère devait s’ouvrir, mais c’est un tombeau qui s’est ouvert qui a engloutit la société qui construisait cette horreur durant la Grande Dépression. Dieu seul sait comment l’une d’entre-elles s’est retrouvée en Australie ou elle est restée dans un musée local jusqu’en décembre 1983 où un Kustomiseur du cru dénommé Bluey et demeurant à Sydney en est tombé fou d’amour et l’a acquise dans l’idée d’en faire un engin extraordinaire. Il l’a d’ailleurs mise au centre de sa collection d’américaines: Falcon, Torino, Chevy.
Imperturbable, Bluey a commencé à réaliser des plans pour une nouvelle carrosserie sauvage contenant des pièces de 68 modèles de voitures différentes. Un bijoutier de Bluey a même d’avance sculpté les insignes de ce qui s’appellerait l’Airborne-Eight en cire verte, puis les a coulés en bronze phosphoreux. Ce qui était quelque chose d’affreux à été transformé en pick-up Airborne Eight 1935, qui ressemblait remarquablement à une moche Ford de la même époque. Pour arriver à ce pitoyable mais complexe résultat, des “œuvres d’art” ont été créées par un artiste désœuvré nommé Scotty Harrod.
L’intention de l’équipe n’était cependant pas de construire quelque chose de beau, mais quelque chose d’exceptionnel : “Je voulais que ce soit fait en huit mois et je ne pouvais pas me permettre des frais de peinture. Ensuite, le patron du garage “Indian Automotive” a eu pitié de mes vains efforts désargentés et m’a proposé de me laisser un vieil hangar pour le construire. Il m’a jeté les clés et m’a dit de m’assurer que quelque chose d’Australien sort de l’autre bout”…
Bluey a découvert des tuyaux et des ferrailles derrière le hangar qui pourrissaient là depuis trente ans et il a tout utilisé pour construire son oeuvre d’art !
Elle allait devenir la fierté de l’Australie et la preuve que ce continent pouvait rivaliser avec les USA en matière de Kustom-Cars. C’est alors qu’un autre SDF aussi pitoyable que l’équipe, nommé Little Dave, a débarqué et a joué un rôle déterminant dans la réalisation du Kustom, s’occupant des soudures. Dave a commencé à dire alentours à la population locale en majorité australopithèques que l’engin allait être trop beau pour être vrai, et il s’est dit qu’il devait absolument arriver à peindre son véhicule qui allait se positionner au niveau des plus beaux Kustom du monde ! Alors Bluey s’est lancé dans le peinture.
Il a d’abord ramené le tableau de bord à sa maison et l’a peint. Puis repeint. Et repeint encore. C’est ainsi qu’une construction de huit mois s’est transformée en huit ans ! Les seuls outils dont disposait l’équipe étaient un poste à souder MIG, un marteau, une clé anglaise, une scie à métaux et quelques autres outils piqués un à un dans divers supermarchés. Au fur et à mesure que la construction progressait, Bluey l’a envisagée comme un hommage à son ami d’enfance et idole : Billy Swillborne parce qu’il était son héros lorsqu’il était enfant : “Il avait une grosse cicatrice sur une épaule et était donc connu sous le nom de Scar”.
Il a ainsi décidé de donner à la voiture une cicatrice propre sur le côté gauche du toit. Le concept a également donné à Bluey une chronologie ferme des pièces avec lesquelles travailler : “Billy est né en 33 et est mort en 67, alors j’ai décidé de n’utiliser que des pièces de voitures de cette époque, qui ont fini par être 68 voitures. Et ce n’est que la carrosserie, je ne compte pas les pièces de la motorisation dans ce décompte”... Les pièces ont été collectées pendant de nombreuses années en parcourant des shows d’échanges ce qui lui a suscité beaucoup de travail de détective.
Au fil des ans, les gens ont commencé à entendre parler de ce projet top secret sur lequel il travaillait et des gens lui proposaient des pièces et lui offraient un peu d’argent. L’Airborne Eight a fait ses débuts sur la scène Kustom et Hot-Rod au “MotorEx 2012” de Sydney, elle a parcouru près de 4.000 km, pour cela dont un retour triomphal à la “Valla-RodRun”, théâtre de la découverte de l’épave 30 ans plus tôt. Cette fois, Bluey a gagné une place dans le Top-Ten et le “Top Engineered-gong” australien et remporté de nombreux prix, y compris le choix de Charley Hutton au “Goulburn-Hot-Rod-Shakedown”.
Et Bluey a continué de bricoler sa voiture. Il a construit une nouvelle face avant et une nouvelle extrémité arrière ainsi qu’une remorque caravane pour y loger dans ses voyages. Il a également peaufiné l’intérieur pour créer la sensation d’être dans un concept-car : “Je connais la tondeuse depuis que j’étais un peu fella. Quand j’ai parlé de recouper la voiture, on m’a dit que mon argent difficilement gagné dans les shows n’était pas bon là-dedans. J’ai dit que c’était correct, mais que je paierais pour améliorer l’intérieur en cuir”... Il est fou avec cette chose, il est sorti de la route de trop boire d’alcool et….
Il s’est retrouvé dans un hôpital essayant de dire à une jeune infirmière courageuse qu’il était le Roi d’Australie de la Customisation : “Quand j’ai construit mon Kustom, les gens m’ont dit que ça ne marcherait pas et que je ne le ferais jamais rouler. J’y ai placé plusieurs V8 divers mais à cause de l’accident causé de la faute d’un tracteur inconscient qui m’a coupé la route, j’ai obtenu 500.000 Dollars de compensation parc que c’était une oeuvre d’art roulante… Du coup j’ai acheté un autre moteur V8 !” … S’il y a une chose pour laquelle les fous sont géniaux, c’est qu’ils y vont dans l’excès.
Le moteur qu’a pu acheter Bluey est un excellent exemple du phénomène, il a été développé et construit par l’équipe de Sonny’s Racing Engines (SRE) en Virginie USA, il fonctionne à l’essence de pompe régulière et développe 1.400 chevaux ! Ce chiffre de puissance obscène est possible pour plusieurs raisons, mais peut-être surtout à cause de sa cylindrée de 727ci (11.900cc) et des 54 ans d’expérience dans la construction de moteurs que l’équipe de SRE a accumulées depuis la fondation de la société par Sonny Leonard à Lynchburg, en Virginie, en 1968.
Les moteurs construits par SRE ont maintenant remporté 17 championnats du monde à travers les compétitions PDRA, IHRA et ADRL et la société fabrique des moteurs pour les courses de dragsters, la traction de camions, les Muscle-cars et les applications marines extrêmes. Produire plus de 1.000 chevaux à partir d’un moteur V8 à essence ordinaire n’est pas une mince affaire, il suffit de demander aux ingénieurs de Bugatti, Koenigsegg, Hennessey. Alors que les entreprises susmentionnées ont toutes tendance à se tourner vers une ingénierie extrêmement complexe pour atteindre leurs puissances de sortie.
L’équipe de SRE utilise une combinaison de savoir-faire éprouvé, chaque V8 SRE 727ci est doté d’un bloc en alliage Sonny/Brodix avec une came surélevée de 1,0 po et des chemises d’eau spéciales à haut débit pour un refroidissement amélioré. Une paire de culasses hémisphériques à port CNC entièrement interne de Sonny est ensuite ajoutée avec une manivelle à billettes Bryant, des bielles en acier Carrillo, des pistons d’endurance BME, des soupapes d’admission en titane et des soupapes d’échappement Manley Inconel, des ressorts de soupape PSI, des tiges de poussée Trend et un allumage MSD.
Un démarreur à couple élevé MSD et un arbre à cames Comp Cam de 60 mm complètent ce V8 SRE 727ci équipé d’une injection électronique de carburant ainsi que d’une pompe de direction assistée et même d’un compresseur de climatisation, ce qui le rend idéal pour une application de tramway (gag !), d’ou sa nouvelle vie dans l’Airborne Eight de Bluey. Les prix d’un moteur complet sans aucun des ajouts sont de 57.400 USD. Le moteur acheté date de 2016, il n’a jamais été utilisé ni même monté sur une voiture car le projet pour lequel il a été commandé ne s’est jamais concrétisé. En conséquence, il a été stocké.
Et c’est Bluey qui se l’est payé avec une partie de l’argent de l’assurance, une autre partie servant à la réparation de son Kustom d’enfer… “Je m’apprête à suicider mon ambition une deuxième fois. La première fois c’était quand j’ai survécu au jour de mes trente ans, en constatant que je restais terriblement séduisant mais célibataire, que je n’étais pas mort de fatigue en défendant les pauvres, et que je n’avais même pas perdu la vie en tentant de détruire le système du capitalisme mondial. La deuxième fois est de construire Airborne Eight. Car je me suis attaqué à ce truc que personne ne connaît vraiment”…
Tout ça fait peur, car ce truc qui pourtant est manifestement l’institution la plus cool et la plus alternative que Bluey pourra liker sur Facebook et sur GatsbyOnline ! Pour tous ceux qui pourraient le trouver fou, je peux sans exagérer affirmer que je ne fait que prolonger les critiques que divers philosophes australopithèques lui ont eux-mêmes adressés au moment de leurs interventions sous la forme de petites vannes supposées le rassurer sur le second degré dont ils sont capables…Il se trouve que Bluey s’intéresse maintenant à la philosophie et la culture populaire !
Il a d’ailleurs lu et relu plusieurs fois d’affilée à hôpital toute la série des Kill Zone, Call of Duty, Assassin’s Creed, Lost Planet, Infamous etc… et depuis deux jours, Zelda Skyward Sword… Je me permets de vous faire remarquer, au passage, que les Kustomiseurs-philosophes-Australopithèques (et Australiens) n’ont rien à envier aux producteurs/ réalisateurs/ scénaristes de blockbusters en ce qui concerne le pompeux des titres et les promesses non tenues qui s’ensuivent nécessairement dans un échantillon de titres pour mesurer le faste de l’onomastique philosophique ! Et paf dans la gueule…