L’esprit rat…
De plus en plus de ruines gagnent inexorablement du terrain et grugent nos sociétés comme des furoncles discrets, presque imperceptibles. Écrasés sous les dettes, les yeux rivés à nos écrans en quête d’argent à gagner sans trop en faire, peu relèvent la tête et regardent autour d’eux… La vie dans les ruines est agréable pour la mince strate sociale que constituent les maîtres à penser, ce sont des ruines confortables et climatisées pour lesquelles ils se battent et font surtout se battre les autres entre eux, bec et ongles, pour en garder le contrôle. Pour le reste de la déshumanité, pas de Ragnarök, pas de Cavaliers de l’Apocalypse, juste une suite sans fin de likes, de retweets, de remakes et de reprises de shows de téléréalité. La catastrophe finale sera l’apothéose du fétichisme de la marchandise. Nous sommes si bien divertis que nous devenons victimes de nos distractions, au point de suffoquer dans la vase générée par nos machines. Nous mourrons par asphyxie dans cette boue infecte avec un vague espoir de gagner 100 millions à la loterie, ce qui nous pousse à continuer de consommer et d’étaler nos déjections un peu partouze, l’âme en paix parce que c’est plus pratique ainsi.
Comment les gens peuvent-ils faire face au déclin, s’adapter à la situation, fuir ou se disperser et quels souvenirs, quelles traces conservent-ils de leurs ancêtres dans la désagrégation civilisationnelle ? Les seules institutions qui ne s’effondrent ni n’implosent, grugées de l’intérieur, sont les entreprises de profit et de répression, la démocratie libérale n’a aucune capacité à s’occuper d’autre chose que du maintien de l’exploitation du grand nombre par la minorité. Dans ces conditions, qu’on vote pour l’un ou l’autre ne changent que les illusions. Depuis que je pratique systématiquement l’écriture inclusive, j’arrive à désorienter une multitude de fâcheux et fâcheuses. Ma vie d’éditeur/commentateur désobligeant est devenue tellement facile qu’on pense surement en hauts-lieux pouvoir bientôt me remplacer par un algorithme, une “IA”, la vraie nature du progrès… La civilisation industrielle ne nous fait pas vivre plus longtemps, elle nous permet juste de mourir plus lentement. Est-ce que ce progrès valait les océans de sang du colonialisme, l’exploitation et la misère humaine ainsi que l’extinction de tout ce qui est trop vivant ?
Le capitalisme ne nous libère pas de la misère, il ne fait au mieux que la rendre plus confortable, au point que le bon peuple finit, contre son propre intérêt, par avoir peur de s’en libérer. Le silence est assourdissant, le cycle éternel. La politique mange l’éthique qui chie la politique. Je dois me rendre à l’évidence que ma mère avait raison : “Être sarcastique n’est pas un vrai job, avoir le sens de la répartie est le talent le plus inutile qu’on puisse imaginer”. Réfuter les niaiseries des chroniqueurs populistes de la presse à grand tirage, c’est comme enfiler un slip propre le matin en se levant, c’est facile à faire, mais c’est un éternel recommencement. Dans cet état de mauvais esprit, j’ai prévu d’écrire un essai sur la mort définitive du futur, mais j’ai remis ça à demain. Procrastination… Surement. Matérialiste et athée, j’aime bien dire “décompose en paix” lors des enterrements, quoiqu’on incinère de plus en plus tellement les prix des terrains et caveaux augmentent… La vie sexuelle des fossiles n’intéresse que les écrits vains… Bousiller mes yeux et cramer mes neurones, éditer des textes sur un écran, tend à volatiliser mon cerveau dont le contenu aspire à moins de folies, elles-mêmes perturbées par divers élément extérieur, appels et notifications.
Voilà comment se tue ma concentration. Les quotidiens se meurent et je trouve les crépuscules très jolis. La seule option est de se présenter comme la victime ultime, la über-victime, dont la condition justifie toutes les exactions. Voilà pourquoi plus on a de pouvoir, plus on doit être victimisé, c’est la morale des esclaves de Nietzsche. La course à la rentabilité et la vision “court-termiste” des grosses fortunes et de leurs multinationales, continuent de dérégler le monde. La balance est éclatée. Les privilèges des uns renforcent les inégalités que subissent d’autres. Pourtant, on s’évertue à justifier l’existence de ces inégalités et la domination de leur classe, à coups de discours prônant la méritocratie, pour ne citer que le concept le plus bancal du monde moderne. Leur confort se construit pourtant sur un mode de production dont ils sont les seuls bénéficiaires, ainsi que sur le labeur d’une classe travailleuse dont les droits ne cessent d’être dégradés par leurs logiques néolibérales. La notion de réussite est galvaudée, pervertie. On célèbre les mauvaises personnes, comme on fustige ceux qu’il ne faudrait pas.
Quand on regarde le parcours et l’influence des grandes fortunes françaises actuelles, on se rend compte que ce sont des gens qui ont détruit des emplois (par exemple, la grande distribution qui a tué le petit commerce), ou les ont transformés (comme Amazon, Uber etc. )… Le bilan sur l’emploi est négatif : ou bien il s’est réduit (d’où l’existence d’un chômage de masse structurel), ou bien il s’est précarisé. Quant à l’investissement ou la création de richesse, ce sont des fantasmes complets. Contempler le malheur des prolos permet aux bourgeois de se sentir bien… Durant mes derniers trois ans de vie de Français temporairement expatrié à Bruxelles, j’ai été frappé par trois choses : 1° l’augmentation du prix des loyers, 2° les travaux (interminables) du Palais de Justice dont des Magistrats corrompus ont collaboré avec le Groupe AXA en bande criminelle organisée pour parfaire le vol de ma voiture de collection LéaFrancis et 3° la surabondance de pick-ups sur toutes les routes de la capitale… De ma vie, je n’ai jamais vu une telle concentration de ces véhicules dans une même ville, spécialement dans un espace où ils semblent si peu utiles.
Dans le Sud de la France ou je me suis définitivement installé (à Saint-Tropez), comme dans les campagnes Franchouillardes que j’ai pu parcourir, les pick-ups n’étaient jamais ni plus ni moins que des outils de travail aux contrôles techniques défaillants depuis le passage à l’euro et dans lesquels on monte rarement sans une franche hésitation (peut-être les restes d’instinct de survie de nos cousins mammifères).. Parfois comme aux USA où j’ai vécu quelques années pour y éditer mes magazines TopWheels, ces pick-ups sont des carcasses rouillées et brinquebalantes façon Rat Rods Et quand je ne les croisais pas sur les routes sinueuses, j’imaginais les pick-ups comme les fidèles destriers de quelques cowboys modernes, taciturnes et empreints d’une masculinité plus ou moins toxique, issus de quelques illustres chefs d’œuvres et navets du cinéma hollywoodien. Quelle ne fut ma surprise, donc, de découvrir dans la fameuse capitale européenne qu’est Bruxelles dont on me chantait tant les louanges, les plus immenses et les plus luxueux pick-ups qu’il m’eut été donné de croiser sur ma route, monstres rutilants de tôle et de chrome, toisant la plèbe du haut de leurs pare-chocs indécemment surélevés…
Tout cela dans le bruit et la fureur de leurs moteurs vrombissants ! “Pourquoi ?”, me demandais-je presque chaque jour de ces années Bruxelloises, pourquoi tant de pick-ups à Bruxelles ? Quelle est leur fonction, si ce n’est polluer et encombrer un peu plus une ville qui l’est déjà suffisamment ? Souvent, la question venait comme une évidence alors que je manquais de me faire percuter par l’une ou l’autre de ces montagnes de métal pour lesquelles, semble-t-il, les règles élémentaires de civisme ne sont qu’une formalité. Et c’est lors d’un de ces derniers accès de colère que, prenant à bras-le-corps ce questionnement qui en devenait presque existentiel, me sentant comme sur le point de percer un faux-raccord de ce Truman Show permanent dans lequel je soupçonne parfois de vivre, je me plongeais dans l’Internet pour trouver des réponses… Et de découvrir, en quelques clics et recherches hasardeuses, qu’une très sérieuse étude de l’Université d’Helsinki publiée en 2019 avait peut-être la clé de mon tourment : “Les voitures de luxe sont plus susceptibles d’être conduites par des connards”, et cette vérité ne semblait s’appliquer que chez les hommes.
Comme touché par la grâce, j’ai contacté Jan-Erik Lönnqvist, le cerveau derrière l’étude et professeur de psychologie sociale à l’École Suédoise des Sciences Sociales de l’Université d’Helsinki. Allait-il pouvoir m’éclairer sur les pick-ups également ? En recherchant d’éventuelles études reliant le type des véhicules conduits et la psychologie de leurs propriétaires, je suis tombé sur un travail qui montrait que les conducteurs de voitures de luxe auraient plus tendance à manquer d’empathie et à être plus égocentriques, ce qui était résumé dans cette étude en les nommant sobrement “Assholes”....Je suis donc allé discutailler avec Jan-Erik Lönnqvist qui m’a dit que pour mener ce travail, il s’était basé sur le modèle des “Big Five” de description des personnalités et un échantillon de 1892 automobilistes en Finlande… Ensuite, les participant(e)s ont répondu à un questionnaire très large, visant à croiser différents paramètres, notamment des caractéristiques socio-économiques. Et les principaux résultats de cette étude sont qu’effectivement, les automobilistes masculins présentant le moins d’amabilité, étaient beaucoup plus susceptibles d’acheter une voiture de luxe.
Évidemment, les résultats étaient un peu plus complexes que ça, puisque Jan-Erik Lönnqvist a aussi constaté que les personnes particulièrement consciencieuses pouvaient également être attirées par ces véhicules, qu’ils associaient à la fiabilité et à la robustesse. Après la publication de son étude il a eu droit à son quart d’heure de gloire, parce qu’il s’intéressait à quelque chose de très concret et très commun en partant d’une question très générale pour mettre en relation un certain type de voitures un certain type de conduites et un certain type de personnalités. Il a aussi reçu beaucoup de critiques, notamment de la part des détenteurs de ces voitures, ce qu’il a aussi interprété comme un résultat intéressant. Un des importateurs de ces véhicules a même tenté de le poursuivre en justice pour diffamation… Certaines personnes lui ont hurlé dessus au téléphone, en lui disant qu’ils possédaient eux-mêmes ce type de voitures mais n’étaient en aucun cas agressifs ou égocentriques… Beaucoup l’ont pris très personnellement, les réactions semblaient en dire autant que l’étude elle-même. L’idée de celle-ci ? Eh bien, il a souvent vécu la même chose que beaucoup de gens.
Une berline allemande luxueuse qui double à toute vitesse sur la route, est toujours conduite par un homme. Comme il constatait pas mal cette tendance, il s’est donc demandé quelles en étaient les raisons et si quelque chose clochait avec ces gens. Donc il a poussé la question un peu plus loin, constatant ces comportements plus sur d’autres véhicules que les seules berlines de luxe : en majorité les SUV 4X4 suivis des pick-ups de luxe dont certains à 6 roues, qui sont très populaires chez les familles ou chez les personnes plus âgées car ces véhicules sont plus hauts, donc plus confortables. J’en suis donc naturellement venu au principal sujet de mon questionnement, les énormes pick-up hyper luxe quasi exclusivement conduits par des hommes d’une manière assez peu courtoise. En creusant un peu, j’ai lu dans un article récent de la presse automobile américaine que les ventes de pick-ups explosaient car ces véhicules devenaient de plus en plus luxueux, performants et chers. De plus, la folie des pick-ups touchait les Hot Rods et Rat Rods tel celui qui illustre cet article.
En me basant sur l’étude de Jan-Erik Lönnqvist et avec un peu plus de recul, j’ai compris que le plus important tenait dans le prix élevé du véhicule.
C’est ce qu’on appelle la consommation ostentatoire : En possédant quelque chose de cher, on montre son statut social privilégié…. Waouhhhh ! Donc pour avoir l’air “A l’aise” et “Gonzo” il faut rouler en Pick-up Rat Rod… CQFD ! Aujourd’hui, je m’intéresse moins aux différences individuelles qu’à une forme de fonctionnement social commun qui vise à vouloir montrer sa réussite et son statut élevé par des symboles visibles. Pour y parvenir, on passe par un certain type d’habit, de téléphone ou de voiture, mais concrètement ça revient toujours à construire son identité par la consommation, en montrant qu’on appartient à tel ou tel groupe de gens qu’on identifie comme “ayant financièrement réussi”... Concernant le coté Gonzo très prisé aux USA et en Russie (malgré la guerre en Ukraine) un pick-up Gonzo assez amusant ne se voit nulle part en Europe…, alors qu’on pourrait leur trouver un réel avantage. Donc concernant leur utilité à Bruxelles, je suis resté dubitatif, amplifié par le fait que les “fiscards” veillent et relèvent N° d’immatriculation et identité pour des impositions d’office pour signes extérieurs de richesse….
Je pensais que non seulement ces véhicules qui deviennent effectivement de plus en plus chers et luxueux, permettaient aussi de cacher plus facilement le caractère ostentatoire de cette consommation en la présentant comme un achat utile, là où les voitures de sport Ferrari, Lamborghini et Bugatti sont moins défendables. En façade, on se réfugie derrière l’attribut familial et pratique, mais on montre surtout son statut. Et si c’est électrique, on peut même avoir l’excuse d’être un bon citoyen, alors que ces énormes voitures restent des désastres écologiques quoi qu’il en soit… C’est comme acheter du café chez Starbucks, on sait que quelques centimes seront reversés à une association ou à un fermier producteur, alors on s’achète aussi une bonne conscience. Effectivement, le cadre de ces symboles semble si grossier qu’on peut aussi bien les détourner pour s’en dédouaner, comme un genre de greenwashing, appliquée à cette consommation ostentatoire. Je pense que c’est ce que fait Bill Gates en montrant une vie apparemment ordinaire, comme pour se dédouaner de son immense fortune et se prémunir d’une forme de haine ou de critique.
C’est une manière de s’acheter une sympathie, un peu comme avec l’exemple du café Starbucks. La plupart des gens savent très bien que la méritocratie est un principe bancal dans une société inégale. En fait, ces personnes se dirigent vers ces véhicules pour avoir une excuse… Je vais prendre l’exemple d’Andrew Tate. Sur certaines vidéos Youtube, on le voit déclarer qu’on aurait beaucoup moins de problèmes dans le monde si les hommes se promenaient avec des épées. Sur une autre vidéo, il se pavane devant la caméra autour d’une vingtaine de voitures de luxe. C’est tellement grotesque, c’est presque comme si c’était directement adressé à des gamins de 10 ans qui pensent encore que c’est cool d’avoir une grosse épée et des grosses voitures. Le symbole phallique, la tentative de pallier un manque, c’est presque trop gros pour être vrai. Donc pour en revenir aux SUV et aux pick-ups, leur intérêt est peut-être qu’ils permettent à la fois de montrer un symbole de statut et de pallier les insécurités, en tombant moins dans le cliché. Ça ressemble moins à un fantasme d’enfant et plus à un comportement d’adulte, mais ça reste la même chose.
D’ailleurs, comment expliquer que les constats qui résultent de l’étude de Jan-Erik Lönnqvist, ne touchent quasi exclusivement que les automobilistes masculins ? C’est difficile ! Le sens et la symbolique d’un statut est différent dans la socialisation masculine ou féminine. Peut-être que la construction culturelle autour du fantasme du “mâle alpha” englobe le fait d’avoir une voiture qui représente le luxe et la réussite, donc c’est un désir qu’on peut retrouver chez les hommes qui aspirent à ce fantasme, qui sont souvent les “connards” peu agréables dont il est question dans l’étude. Et je pense qu’à l’inverse, les hypothétiques fantasmes des “femelles alpha” qui ne sont sûrement pas plus agréables que les hommes de l’étude, se construisent certainement sur d’autres valeurs et d’autres symboles de statut, ce qui peut expliquer que la symbolique de la voiture de luxe s’applique moins. Ce sont des suppositions, mais je pense que les différences d’idéaux et de socialisation selon le genre peuvent expliquer cette différence. Y aurait-il quelque chose à creuser du côté du fantasme culturel et du rêve américain ?
Ces véhicules sont tellement associés aux États-Unis, aux grands espaces, à des symboles de puissance et d’aventure, que c’est un imaginaire qui doit être intéressant d’un point de vue commercial. Je pense qu’il faudrait aussi s’intéresser à politisation des États où les pick-ups sont les plus vendus, pour voir ce qui en est dans ces régions, car un certain produit de consommation peut être fortement valorisé dans certains milieux, et être au contraire complètement gênant et discréditant dans d’autres. Par exemple, quand j’ai parlé de cette recherche à des amis des États-Unis, et encore plus à mes voisins milliardaires de Saint-Tropez, j’ai constaté un consensus inverse. Au sein de ce milieu d’hyper-riches, posséder une voiture luxueuse est un comportement pointé du doigt, car cela attire les fiscards et gabelous qui tirent à vue en établissant des impositions d’office pour signes extérieurs de richesse, tandis qu’avoir une voiture ordinaire, fonctionnelle et peu onéreuse (comme ma Smart que j’ai depuis plus de 20 ans) et même mon Grand Cherokee de plus de 20 ans lui aussi et 310.000kms, n’attirent pas leur attention… C’est donc la norme adéquate pour avoir la paix…
Quid des Hot Rods et Kustoms ainsi que des Hot et Rat Rods en Franchouille ? Le week-end dernier par exemple, j’ai réalisé en discutant avec des représentants de l’ordre que les vieilles choses ne concernaient que le contrôle technique et qu’une Smart et une vieille Jeep ne tombaient pas dans les signes extérieurs de richesse… Donc, OK, tout va au mieux… et rouler dans du bon marché et passe-partout apporte la paix et la tranquillité.. Mais en fait, c’est aussi un symbole de statut : dans un Rat Rod on fausse les règles du jeu… on montre que l’individu à son volant se fiche de ce à quoi sa voiture ressemble, qu’il n’est pas matérialiste, qu’il n’est pas victime de ces logiques de marketing et qu’il sait très bien que son bonheur ne dépend pas d’une nouvelle voiture, contrairement aux personnes attirées par les voitures de luxe. On reste malgré tout dans le spectre de la consommation ostentatoire, ici refaçonné autour d’une certaine culture, caractérisée par un certain capital culturel. Bien que la consommation ostentatoire semble se retrouver d’une manière ou d’une autre dans beaucoup de milieux.
Du coup, autre question : Est-ce que la propension à ce type de consommation pourrait être le symptôme de cultures déviantes plus ou moins inégales (et illégales), avec une plus ou moins forte propension à l’idéal méritocratique ? En opposant, par exemple, la culture et les valeurs d’un pays comme la France à celles des États-Unis. Dans certaines cultures, et particulièrement la culture nord-américaine, l’idéologie méritocratique est très forte. Si on a de l’argent, ça veut dire qu’on le mérite et qu’on est une personne de valeur car on a travaillé pour l’obtenir. Le pouvoir et la réussite sont en haut de l’échelle. Dire que ce type d’idéologie n’existe pas en France serait un mensonge, mais c’est tout de même moins commun. En France, des valeurs comme la justice sociale et le bien commun sont plus populaires. La plupart des gens savent très bien que la méritocratie est un principe bancal dans une société inégale. Et s’il y a une forme de reconnaissance à montrer sa réussite dans des pays qui valorisent ces traits, ce type de comportement sera peut-être moins bien accueilli en France, où montrer sa réussite dans un monde capitaliste revient à montrer son affinité avec ce système.
Je dirais donc que plus un pays a un idéal méritocratique, plus c’est normal et valorisé de montrer des signes manifestes de richesse et de réussite. Et cet idéal est encore plus présent dans les pays marqués par un fort capitalisme et un marché peu régulé. Face à la destruction écologique du monde, la radicalité comme seule option devient la règle. Il faut également souligner que suite aux sanctions boomerang contre la Russie, le litre d’essence est maintenant à 2 euros… Comment saboter un pipeline ? Comment se tirer une balle dans le pied ? Fin 2019, l’Agence Internationale de l’Énergie rapportait que le secteur du SUV (4X4) était le deuxième facteur le plus important de l’augmentation mondiale des émissions de CO2 depuis 2010. Le secteur de l’énergie arrivait en tête, suivi du boom de la flotte des SUV. Si les conducteurs de SUV étaient une nation, en 2018, elle aurait été à la 7e place pour les émissions de CO2. En 2021, l’AIE actualisait l’étude et ce pays imaginaire devenait le 6e plus gros pollueur mondial. Des initiatives citoyennes s’activent où des individus s’organisent pour réagir contre la surpopulation de SUV, notamment des opérations de dégonflage des pneus.
C’est un sujet complexe. On a besoin d’actions politiques, notamment dans le sabotage organisé et les actions visant à réduire les marges économiques des géants. En ce sens, l’utilité de ce genre d’actions reste aléatoire et ne sont pas d’une réelle efficacité, dans la mesure où si elles peuvent faire prendre conscience d’un problème global, j’imagine mal les détenteurs de SUV se remettre en question après avoir découvert leurs pneus dégonflés un petit matin. Donc je crains une certaine polarisation et des réactions brutales pour atteinte à la propriété d’autrui, ce qui reste à double sens car le bien commun général l’est aussi… Ce sont eux aussi des victimes du capitalisme et du marketing, car ils n’auront jamais ce qu’ils pensent obtenir en achetant ce qu’on leur vend, ils n’en seront jamais satisfaits. Mais bon, qui voudrait abandonner son SUV ou son pick-up, même après avoir compris qu’il ne rendra jamais heureux ? Et si ce n’est pas celui-ci, peut-être qu’un plus gros, plus luxueux et plus performant y parviendra ? Donc la position est mitigée. Ce genre d’actions suscite la haine et la polarisation. Alors je n’imagine pas les réactions si les actions étaient vraiment violentes… C’est un sujet assez déprimant.
Le pick-up Chevy 3600 358ci NASCAR V8 / 820cv 4 vitesses qui illustre cet article, fait maintenant son entrée en fanfare avec ses 40 litres aux 100kms soit 80 euros aux 100kms… Waoouuuhhh ! C’est selon la Nascar le plus rapide Pick-up dans le monde des Hot et Rat Rods construits sur mesure par des fous furieux. Iil y a de belles voitures, et il y a des voitures qui font de grands spectacles et reçoivent des trophées pour s’y être présentées. Mais de temps en temps, vous rencontrerez des engins totalement hors-normes comme cette Chevrolet 1947 type 3600, qui tombe dans la classification Rat Rod . Mais laissez-le et vous ne saurez jamais que ce 3600 est capable de grimper à 200 mph ! (300km/h environ). Ce n’est pas une faute de frappe, cette vieille Chevrolet pourrie a été complètement modifiée avec un châssis personnalisé, un V8 358ci NASCAR de plus de 800cv capable de surpasser presque tout ce qui roule . Cela a déjà eu un impact considérable aux USA car ce Rat Rod est devenu l’une des plus grandes attractions dans diverses manifestations. L’engouement pour ce Rat Rod a fait irruption sur la scène du Hot Rodding au cours de la dernière décennie.
Il est rapidement devenu l’un des Rat Rods parmi les plus marquants et convoités et les plus recherchées en raison de son attrait pour ses performances et son look cool, quoique méchant. Une vie d’utilisation chez des bouseux a laissé ce 3600 avec une carrosserie qui serait normalement destinée à la décharge. Cependant, quelqu’un a fait le bon choix en choisissant de ne pas le restaurer et de le laisser dans son état actuel. C’est en soi la beauté de ce manège, c’est un manège que vous pourriez acheter et renter chez vous (aux USA) par la route… C’est 100% légal aux USA, donc vous pourriez le conduire sur routes ouvertes sans vous soucier de ramasser quelques entailles dans la peinture. Les défauts donnant à la carrosserie un caractère unique et un aspect général très modeste incitant les gens à vous donner quelques pièces pour l’essence…. Mais attention ce Rat Rod est bien plus qu’un simple engin de week-end. Étant donné que le moteur produit plus de 800 chevaux et que le poids total est juste au nord de 1800 lb, vous avez un rapport puissance/poids qui rendrait jalouse une toute nouvelle Lamborghini.
En fait, le propriétaire précédent a affirmé qu’il avait été enregistré au Virginia International Raceway d’avoir atteint plus de 202 mph au volant de ce pick-up ! À son approche, il est toutefois difficile d’être pris pour un joueur de Golf ou de Cricket élégant. Bien sûr que la carrosserie n’a que des bosses et des défauts, qu’elle est rouillée… mais encore une fois, c’est sa beauté, de plus elle est solide et de la façon dont elle a été construite, elle ne peut qu’être appréciée. Sous la calandre, un séparateur en fibre de carbone de style NASCAR pendouille sous deux phares fonctionnels. Au-dessus des phares, vous trouverez un authentique crachoir western doré qui dépasse du capot et sert de filtre à air pour le V8 qui se trouve en dessous. Au-dessus des ailes avant les collecteurs en acier inoxydable soudés TIG ont été fabriqués sur mesure. Ils sortent du compartiment moteur et descendent vers des tuyaux latéraux qui font un rugissement incroyable. Outre la visière avant personnalisée et les poignées de porte chromées, le pick-up est presque exempt de tout excès de matériel. À l’arrière, vous verrez que le lit et le hayon ont été retirés pour faire place au châssis et à la suspension arrière personnalisés de style NASCAR.
Cependant, à l’arrière, se trouvent des feux de freinage/position à DEL fonctionnels enveloppés de garnitures qui furent chromées il y a longtemps…et un aileron arrière en fibre de carbone pour assurer la stabilité si vous décidez de libérer les 800 chevaux. Tirez les trois goupilles de capuchon et soulevez le capot au-delà du crachoir et vous révélerez le V8 Chevrolet SB2 d’exactement 820chevaux préparés et domptés par Richard Childress Sprint Cup qui produit un couple stupéfiant de 2013 lb/pi. Récemment entretenu par Petty Garage en début septembre 2023, le 358ci est alimenté par un carburateur Holley T32 à 4 corps qui envoie le carburant (comptez 40 litres/100km en pédale douce et 80litres/100km façon dragster). Sur les côtés de cette admission, de superbes couvercles de soupapes se trouvent au-dessus des collecteurs personnalisés uniques qui ont été construits spécifiquement. L’allumage est traité par une boîte MSD vers un distributeur MSD équipé de fils Federal Mogul Performance. Les accessoires comprennent : un système d’huile de carter sec éprouvé en course qui comprend un accumulateur d’huile automatique pour les démarrages lubrifiés.
Il y a aussi un radiateur à refroidissement arctique robuste, une pompe à carburant électrique, un boîtier de filtre à huile en aluminium C&R pratique et chaque ligne comporte des raccords à haut débit pour s’assurer que le moteur n’est jamais privé de carburant ou d’huile. Mettez cette merveille sur un lift de garage et vous croirez que vous êtes sous une machine de course de cent mille dollars. C’est d’ailleurs ce prix qui est à payer… La transmission manuelle EMCO à 4 vitesses a été approuvée par la NASCAR. La boite envoie toute la sauce (puissance) à un essieu arrière Quick Change Winters. Il est clair que le châssis en acier inoxydable soudé avec précision fabriqué sur mesure a été assemblé par un spécialiste qui travaille dans l’industrie du sport automobile, car le design peut être retrouvé sous une voiture de stock-car NASCAR. À l’avant, vous trouverez une suspension avant hélicoïdale Pro Shocks réglable qui est équipée d’une grande barre stabilisatrice et d’une direction à crémaillère. Un 4 bras entièrement réglable maintient l’arrière qui est équipé d’amortisseurs hélicoïdaux Pro Shocks et de ressorts Eibach.
Également à l’arrière, vous trouverez le réservoir de carburant de 32 gallons, le filtre à carburant et l’énorme système d’huile de carter sec. Mais ne vous inquiétez pas, les conduites de carburant et d’huile ont été soigneusement rangées et protégées correctement. La puissance de freinage est fournie par des freins à disque aux 4 jantes de 15AV et 20AR qui tournent sur des moyeux Wilwood. Les pneus avant 225/45ZR15 et arrière 33×22.00R20LT offrent une adhérence incroyable. Ouvrez les portes et vous trouverez un intérieur en aluminium extrêmement personnalisé qui poursuit le thème de la performance. En termes simples, “strap in and hang on” décrit parfaitement cet intérieur. Dépourvu de distractions comme une radio ou la climatisation, cet intérieur présente un design en aluminium personnalisé avec des pièces bronzées rivetées à la main. Vous remarquerez que le châssis inspiré NASCAR est flambant neuf et offre beaucoup plus de sécurité que l’extérieur ne le laisse entendre. Les deux sièges baquets en aluminium sont équipé de harnais. Devant le conducteur, un volant noir satiné à trois branches et des compteurs AutoMeter et les commandes d’allumage Longacre. Voilà… C’est tout…