L’Hybris, le Hot Rod “hors-normalitude”…
L’illustration est symbolique… Mes fonctions me “spermettant” d’écrire des ectoplasmes littéraires concernant les automobiles improbables que sont les Hot Rod’s et Kustom-Car’s, vont cette fois être mises au service d’un exemple, à la fois détenteur de cette particularité et se proposant d’arracher la leur (ou leurs scalps) aux personnages que j’exècre souverainement… Certains d’entre eux se chargent d’ailleurs, seuls, de la dissolution de leur “eux-mêmes” : ce sont divers lanceurs de taupes dans mes plates-bandes que sont mes jardins d’écritures diverses. Ces “lanceurs”, tous atteints de maladies intellectuelles dégénératives, perdent toutes leurs crédibilités, ainsi que leurs dents acérées, au fil du temps qui passe.
De la surface de leur peau à la profondeur de leur squelette, c’est ainsi que se poursuit le voyage au cœur du sujet qu’est le Hot Rodding et le Kustomizing, en ce visé l’approfondissement de leur complète matérialisation, avec commentaires autorisés sur l’état général. Il y a de moins en moins de personnages loufoques, mais entre eux, de plus en plus, des récits de convergence se font jour. C’est toutefois un spectacle désuet semblable au numéro d’une troupe de danseur œuvrant dans l’obscurité ou s’immiscent des imbéciles éclairés… La coïncidence de la présence corporelle du narrateur que je suis est primordiale par rapport à la prestation. La corporalité du récit se déplace en effet sur le vain enjeu des sempiternelles “parts de marché” du fameux gâteau merdiatique…
Si vous écoutez le vide existentiel dans le puits sans fond de la bêtise humaine, vous croirez entendre au loin, les rugissements de moteurs V8 “Blowerisés”… L’aversion de chaque “je” à l’encontre de quoi et qui que ce soit en rupture, n’a d’autre raison que cette superposition d’affects en une danse macabre au cliquètements quasi squelettiques des moteurs… Le corps‐à‐corps se fait pugilat de l’un à l’autre, la convergence atteignant alors son point maximum…. La corporalité thématisée n’est, en fait, que l’étape ultime d’une tentative de synchronie entre l’écriture et le corps, qui n’advient jamais véritablement, mais que les adeptes du Kustomizing et du Hot Rodding essayent de toucher au plus près, asymptotiquement… Kekcekça ? Pfffffff !
Un développement asymptotique se produit lorsque l’une des quantités en jeu tend vers une limite infinie. Plus précisément, il s’agit d’une série divergente qui, lorsqu’elle est arrêtée à un terme convenable, permet de représenter une fonction avec une approximation suffisante. Par exemple, si vous avez une fonction complexe et que vous souhaitez l’approximer pour de grandes valeurs d’une variable, vous pouvez utiliser un développement asymptotique pour obtenir une expression plus simple qui capture les propriétés essentielles de la fonction…En médecine, le terme asymptomatique fait référence à l’absence de symptômes chez un individu atteint d’une maladie. Cela signifie que le patient ne présente aucune manifestation clinique de sa maladie, même si atteint.
Pendant la phase asymptomatique d’une maladie, la personne est capable de transmettre l’agent infectieux qui se développe dans son organisme, cela dépend toutefois de facteurs tels que la contagiosité de l’agent infectieux, les mesures d’hygiène et les contacts sociaux. Si la progression de la maladie est importante, elle peut entraîner une épidémie ou même une pandémie. En résumé, la progression asymptotique concerne à la fois les approximations mathématiques et les phases silencieuses de certaines maladies… Vous voilà plus savants mes Popu’s… Les conditions d’apparition de l’hybris demandent le plus faible ancrage némétique possible, au détriment de toute présence inhumaine non-stable qui tente de s’y inscrire dans le texte qui se forme dans la tête.
En ce cas, je suis pantois de constater que je vais sans nul doute imaginable, assister à une manifestation particulière de haute loufoquerie… Oui, mes Popu’s, l’hybris où l’excès et la démesure se conjuguent désormais directement avec le corps de l’auteur que je suis. S’il ne s’agit pas pour moi, d’établir ici de un pacte autobiographique, c’est certainement parce qu’un tel contrat restreindrait mes possibilités. A la place, mon texte témoigne que j’habite pleinement mon propre corps, mais plus encore : que je l’habite trop (longtemps, quoique je m’habitue à mes 75 printemps et serais heureux de compter jusqu’à plus 100… Ce qui en cela prolonge les commentaire à en écrire, les indices les plus profonds de cette évolution apparaissant avec le rapport à l’art. Pas, ou pas encore ?
C’est tout mon moi qui se trouve mis à contribution dans ce web-site ou vous pouvez observer, érigés en “leitmotivs”, mes 4.500 articles référencés. Ils sont comme forgés et j’y prend un malin plaisir comme si je visitais des musées, à faire l’éloge des parquets, des cadres, des gardiennes et éventuels gardiens… c’est-à-dire de tout, sauf des chefs d’œuvres exposés… Ouiiiiii… Je refuse d’adopter la perspective normale du visiteur de musée lambda, le “je” se définit dans sa position inexpugnable de corps en trop. En me singularisant à l’extrême, je reformule tout prométhéisme tel celui d’un esprit fort, se gaussant d’un rapport avec le pouvoir divin du vide abyssal renommé par les religions scélérates, que tous les autres spectateurs et spectatrices octroient aux artistes exposé(e)s.
Ce sont ceux et celles qui échappent au pouvoir de sidération de l’institution, à l’agrément consensuel, et aux néméens. (toutes et tous en mal de sexe plutôt que d’amour)… L’hybris réapparaît dans ce positionnement corporel inédit, où les règles que toutes et tous adoptent, sont transgressées. C’est que je ne daigne jamais quitter ma place toujours chèrement acquise lors des spectacles de tout et n’importe quoi réalisés par des n’importe qui, seul sur ma chaise et sous des trombes d’injures entrecoupées de cris d’admiration puis de bébêtisassions quasi-lunaires, et c’est à mon esprit que s’adressent les applaudissements finaux même si l’adversité me lacère le corps me rendant méconnaissable (un visage lacéré perd toute ressemblance)…
Il arrive donc que je me retrouve dans cette non‐ressemblance dans un anonymat salvateur… Je me propose de dénicher au dos des œuvres, les véritables sujets d’émerveillement. J’y découvre en tremblant d’émotion des rébus gravés au couteau, des signes cabalistiques, des collages, des têtes de clou, des taches, des inscriptions cryptées qui recèlent tout le mystère de la création ; j’y vois enfin la farouche individualité des créatifs se dresser contre la société. La confusion même de leurs gestes et de leurs pensées est en effet un chaos fécond qui annonce un nouveau monde ; lequel existera, n’en doutons pas, quand nous oserons retourner (c’est‐à‐dire remettre à l’endroit) tous les tableaux du monde y compris des musées et salles d’expositions fussent-elles éphémères.
Ouiiiiiiiiiii ! Que de choses insoupçonnées de toutes et tous, au dos des tableaux et au tréfond des Hot-Rods et Kustom-Cars ! L’énumération accumulative de ce qui s’y trouve, fonde cette fois le sujet comme pareil aux artistes-créateurs dont je cause, à plus d’un titre : leur gestuelle créative étant l’expression d’un chaos fécond décryptant les mystères. Sont-ce-t-ils fous ? Travaillent-ils à un dérèglement de tous les sens ? Leur hybris se manifeste dans son unicité, dans le corps en trop qui porte sur l’œuvre accrochée un regard latéral, occupant ainsi dans l’espace une position unique, imprévue, transgressive. L’hybris, cette démesure ou mégalomanie, peut être tempérée par la présence de la Némésis, une déesse de la mythologie grecque qui incarne la colère des dieux…
Son nom dérive du verbe grec νέμειν (Némein), signifiant “répartir équitablement, distribuer ce qui est dû”. Elle veille à l’équilibre et à la justice distributive, châtiant ceux qui vivent un excès de bonheur ou font preuve d’orgueil excessif. Ainsi, la Némésis rappelle que chaque action a des conséquences, et que l’hybris ne reste pas impunie par ceux qui n’osent pas accomplir le geste nécessaire pour faire de toute révolte une révolution. Ce nous figure l’autre versant qui se manifeste à travers ma série de plusieurs milliers de textes “Pongiens” consacrés à des automobiles du monde… Avec Francis Ponge, les objets deviennent “objeux”. Ils ne sont plus natures mortes, mais mondes vivants à observer et à écouter attentivement.
En saisissant ce qu’ils sont vraiment, le poète, savamment, les renomme et révèle ainsi leur singularité… En 1947, Jean-Paul Sartre à inauguré la gloire de Francis Ponge par un texte intitulé “L’Homme et les Choses”, dans lequel il le consacre en tant que “poète des objets”. Une étiquette qui ne le quittera plus et fera de chacun de ses textes sur les choses, des bibelots littéraires, au sens d’objets de peu d’importance sanctuarisés par l’écrit. D’où vient cette passion de Francis Ponge pour les choses ? D’abord, d’un éloignement émotionnel vis-à-vis de la poésie classique, de ce lyrisme plaintif autocentré sur l’homme qui lui donne, de son propre aveu, la nausée. La passion de Francis Ponge pour les choses provient ensuite d’une volonté de donner la parole au “monde muet”…
Et ainsi de reconnaître ses qualités d’autonomie et d’expression. Il veut s’attaquer au fait que “personne n’enlève la peau des choses” et mener une action véritable. Il a trouvé son leitmotiv : “Ce qui me pousse à écrire, c’est l’émotion que me procure le mutisme des choses qui nous entourent. J’ai le sentiment d’instances muettes de la part des choses, qui solliciteraient de nous qu’enfin l’on s’occupe d’elles et les fassent parler”… Pour lui, l’image que l’homme a de la nature et des choses est fausse. Sous leur apparence de calme, de sérénité, il règne en réalité un désordre inouï, d’où s’échappent des sons que nous n’entendions pas avant que Ponge n’abatte les murs dressés devant nos oreilles. Considérer les choses dans leur essence comme dans leurs détails est un art difficile.
Mais Ponge n’est pas dupe. Étant lui-même un homme, il ne pourra totalement les considérer sans qu’elles soient dépourvues de toute influence : “L’oiseau trouve son confort dans ses plumes. Il est comme un homme qui ne se séparerait pas de son édredon”, écrit-il dans “Notes prises pour un oiseau”. Il ne s’en formalise pas, puisqu’il ne s’agit pas de créer une vérité pure. L’essentiel est de ne pas être “homocentré” et d’observer avec modestie le spectacle qui nous environne. Autant de réalités objectives dont le sujet propose que nous nous passions, structurant systématiquement ces propositions par un impératif de la deuxième personne du pluriel. L’hybris se manifeste clairement dans ces tentatives follement orgueilleuses pour retourner le monde tel qu’il va en son envers…
C’est-à-dite tel qu’il faudrait qu’il soit… Mais l’objet présenté ne l’est plus ici tout‐à‐fait selon les modalités qui prévalent dans le roman. L’oiseau est moins, comme l’animal Palafox ou les hippocampes de L’œuvre posthume de Thomas Pilaster, susceptible d’un changement brutal d’essence. Le caractère “Pongien” de son traitement en fait un objet circonscrit, épuisable dans sa description ; même si cet épuisement est de nature très largement ludique, et prétexte à son propre traitement, il est la fondation d’un discours collectif, où pointe le politique. La convocation constante de la collectivité rend l’orgueil de l’hybris susceptible d’être partagé ; il fonde un “Neimen” impossible, mais à la construction duquel il faut pourtant s’atteler…
Et cela dans un équilibre jubilatoire entre hybris et némésis, qu’aucune résolution ne vient véritablement sanctionner. Ahhhhhhh ! Mes Popu’s… Pour terminer, je suggérerai à défaut de pouvoir vraiment la traiter, l’idée suivante : “Le dernier stade de la corporisation ne réside‐t‐il pas dans la critique, là ou il n’y a plus d’esquive possible, malgré la délégation des armes du combat, la plume plutôt que les poings et les armes et bombes”. L’implication est directe, on observerait d’ailleurs qu’on n’est paradoxalement plus dans l’épidictique, ou en tout cas plus seulement. S’il reste une démonstration de virtuosité, l’exercice perd en ludique comme en autarcique : il porte sur la justification de la présence de l’œuvre dans le monde. Un monde némétique…